Michael C. Hall EST son personnage, Jennifer Carpenter confirme, saison après saison, qu’elle est une actrice incroyable, et puis Dexter c’est une ambiance unique, des musiques obsédantes et une tragédie formidable. Pourtant je ne vous cache pas qu’à l’aube de cette saison 5, je ne le sens pas …
Peut être est-ce dû au changement total de l’équipe de showrunners ? Ou peut-être au succès grandissant de la série qui risque d’emmener notre serial killer favori dans une quête sans fin ?
Pourtant, sur le papier, presque tous les feux sont au vert. Le casting de cette saison est bon : Peter Weller inoubliable « Mon nom est Murphy » Robocop, la très cool Julies Stiles vue dans la saga Jason Bourne, et la sympathique Marie Doyle Kennedy vue dans Tudors (mais si, Katherine Aragon la femme du mec de la pub Calvin Klein). Mais surtout le bon choix de cette année, c’est que les scénaristes aient décidé de refuser de nous infliger une sale ellipse temporelle magique qui aurait facilité énormément de choses. Rita tué par le Trinity, Kyle Butler l’homme le moins discret du monde qui s’est fait voir par tout Miami à peu près à toutes les occasions possibles au bras du Trinity (rappelez vous le chantier, salon des bricoleurs, Comic Con, commissariat etc..) Non, ils ont décidé de reprendre l’histoire là où elle s’est arrêtée, et surtout vivre avec Dexter tout son processus de deuil, évènement qui va probablement être l’un des moments charnières de sa vie. Si je vous raconte ça, c’est juste pour expliquer dans quel état d’esprit j’attaque cette saison.
C’est donc celui de quelqu’un d’heureux mais sceptique. J’ai mon Kinder mais je ne sais pas ce qu’il y a dedans. Bon assez fait durer le suspense Kinder, saison 5 c’est parti.
Comme je le disais plus haut, les scénaristes on fait le choix de reprendre exactement où la saison dernière s’était arrêtée. On retrouve donc Dexter, là ou nous l’avions laissé, chez lui, en état de choc, son fils dans les bras, les flics débarquant. L’introduction est, de mon point vue, réussie, on revient très vite dans l’ambiance désespérée de la saison dernière, Dexter ne sait plus où en il est, et lâche rapidement un « c’est ma faute » qui logiquement aura des répercussions. La réintroduction des personnages du commissariat se fait logiquement. Laguerta et Angel sont catastrophés, Masuka est lourd, et Quinn très suspicieux. J’avais d’ailleurs annoncé la saison dernière que son personnage se ferait dézuinguer, je m’étais trompé d’une saison, ça se fera pour cette année (j’espère).
Deb elle, de son côté fait front comme elle peut face à l'état catatonique de son frère et l’absence évidente de clarté dans ses propos. Cette scène-là est sombre et sonnait juste, elle nous montre un Dexter complètement à côté de la plaque, et les scènes suivantes vont confirmer cette impression :
Tout d’abord la scène aux pompes funèbres où Dex laisse tout en vrac pour partir flashbacker un coup sur Rita, laissant Deb dans une position délicate.
David Fisher se trouve dans cette image, saurez-vous le retrouver ?
Ou bien encore lors de la scène de l’annonce de la mort de Rita aux enfants.
Cette scène je l’appréhendais beaucoup (j’avais vu le trailer et je trouvais que c’était too much, les gamins qui reviennent avec des casquettes Mickey), autant je l’ai trouvée ici très bonne est vraiment décalée. Dexter avec des oreilles de Mickey fait preuve d’une maladresse glaçante et cruelle pour annoncer la mort de Rita aux petits, « il l’a tué, elle a été tué, mes condoléances » la scène est drôle mais met mal à l’aise, et la réaction d'Astor n’est pas dénuée de sens. L’année dernière, j’étais obsédé par le fait de voir Dexter craquer et je le sens ici sur le point de le faire, il est extrêmement instable et vu ce qu’il encaisse, je me dis que quand ça va sortir, ça va pas vraiment le faire pour lui.
Les enfants de Rita n’ont vraiment aucun humour, moi j’ai bien aimé sa mise en scène.
La suite va me donner raison mais entre temps, comme interlude nous avons le droit à ma chouchoute qui part chez Dex, faire un peu de ménage avec Quinn « le has been » et là, c’est le drame, dans un élan de compassion émouvant Quinn « le has been » va mettre une petite cartouche a tantine Debra.
Bah je râle mais ce n’est pas illogique, déjà parce que Deb est quand même bien destroy, qu'elle est complètement dépassée par les événements et que la saison dernière les deux se tournaient déjà gentiment autour. Et puis même si c’est un sale con, Quin à l’air de l’être un peu moins cette année. Il parait en tout cas plus mature et plus en adéquation avec l’atmosphère de cette saison. Du coup Quinn « le has been » va en profiter pour interroger le voisin et apprendre pour le bisou, suite à quoi il ira immiscer le doute dans la tête de Brandao euh Laguerta a propos de la culpabilité de Dexter. Bref attention à Quinn, cette saison il semble chaud-chaud et ce n’est pas pour rien si les scénaristes le font coucher avec Debra.
Mais revenons-en à Dexter qui, après ce trop plein d’événements et devant son incapacité à gérer la situation, décide de prendre la fuite en laissant tout en plan et délègue carrément Harrison aux mains de la fucking Debra qui trouve ça fuckinement culotté quand même de la part de son fucking brother.
Dexter brûle dès lors son contenaire, et fuit… et moi encore une fois je suis surpris dans le bon sens. Puisque, pourquoi pas ? Cette solution a déjà été évoquée par Dexter la saison dernière et je trouve ça assez cohérent. Et à ce moment de l’épisode, et après un léger bullet time mental dans lequel je me repasse les 35 minutes de l’épisode, je dois vous dire que je suis pour le moment sacrément surpris dans le bon sens (mais ça se sentait hein ?) vue la tournure que prennent les événements.
Avec ce premier épisode, on est très loin de l'ambiance blockbusterienne et easy way de la saison dernière. Les décisions et les événements ne sortent pas de n'importe où, n'importe comment. L’ambiance est grave et nous avons véritablement l’impression d’assister à une marche funèbre, celle de Dexter…
La série prend son temps, Le rythme est austère, les dialogues sont loin d’être dégueulasses, la tension est palpable et les acteurs (surtout Michael C. Hall) tip top. On pourra reprocher justement ce manque de rythme, ou bien encore l’utilisation pas très très fine des flashbacks et enfin noter quelques incohérences (je veux bien que Dexter ait tué le soir de son rendez vous avec Rita, mais franchement de cette manière ? Dexter mis a part la saison dernière, n’a jamais été aussi grossier. Là il attrape un mec sur un parking pour le tuer devant le resto sous les coups de 21h, et le fout dans son coffre… non…. désolé non…). Mais je pardonne, on nous explique grossièrement que la vie de Dexter a toujours été rythmée par le meurtre et ça j’aime, encore une fois, cela rappelle qui est vraiment Dexter Morgan, le mec de la saison 1 et 2.
Non vraiment, pour le moment ce n’est pas parfait mais vraiment chouette, puis arrive alors la scène que je souhaitai voir depuis un moment, Dexter va enfin craquer, et toute la tension de l’épisode va s’évacuer à travers une scène vraiment réussie.
Lors de sa petite escapade, Dexter va tomber sur un biker qui va le pousser à bout (sont cons ces bikers) à travers quelques insultes bien finaudes. Dexou va enfin pouvoir enfin se décharger de sa semaine et de quelle manière. La scène est extrêmement brutale, le massacre du type fait mal, Michael C. Hall me fait frissonner, son regard sans expression est juste tétanisant et le cri strident qu’il pousse sous le joug de l’émotion bluffant. Cette scène est parfaite, dégueulasse, et malsaine. Le type qui nettoyait son fils dans le bain l’année dernière nous disant qu’il était un chouette gars, n’existe plus à ce moment précis. Merci la vie.
Michael C. Hall vraiment stupéfiant
Voilà qui est Dexter Morgan, un fou capable d’exploser la gueule d’un innocent pour exprimer ses sentiments, un psychotique qui dans une crise de démence va voir l’apparition de son père mort pour le ramener à la raison. Et même si l'apparition d’Harry était prévisible, Dexter devait inéluctablement passer par cette phase là. Harry lui affirme qu’il doit vivre auprès des siens à Miami et se présenter à l’enterrement de Rita et y faire face. Arrive alors la dernière scène, celle du retour de Dex est son oraison funèbre, vraiment belle et qui encore une fois, sonne vraiment juste.
Bref je suis vraiment surpris dans le bon sens, ça ne vire pas dans le pathos gratuit, l’au-revoir à Rita était émouvant mais sobre, les larmes d'Astor aussi, l’orientation que prend la série me plait. L’infléchissement psychologique vers lequel tend la saison attise ma curiosité, et comme je pars du principe que cette saison et la dernière, tout peut arriver.
Plus de Trinity, Plus de Rudy, Plus de Miguel. Dexter va faire face à lui-même, n’est-ce pas le pire ennemi qu’il pouvait affronter ?
C’est une entrée en matière réussie et maîtrisée, les nouveaux scénaristes ont l’air d’avoir compris le personnage de Dexter et posent des bases solides pour la saison à venir… Maintenant et pour être honnête je n’ai aucune idée de ce qu’il va se passer mais je suis très impatient. En tout cas welcome back Dexter Morgan.
Les plus
- Michael C Hall au top du top du top
- Une ambiance parfaite
- Une suite parfaitement cohérente avec les nombreuses pistes explorées la saison dernière
- La petite ambiance Michael Bay a disparu
- Des musiques toujours au top
- Le massacre dans les chiottes
Les moins
- Ca peut être lent pour certains
- Ca peut être chiant pour certains
- Pas encore de réelle orientation (mais c’est le premier épisode hein ?)
- Des flashbacks auxquels il manque juste le son de la poudre des fées lors de flous pour être définitivement lourds dans leur mise en scène
Note : 14/20
Taoby
