Pas mal de choses, je pense, n’arriveront jamais dans ma vie. Me faire agresser par un ours, par exemple, ou encore porter une cravate, ou bien boire une bière sans alcool. Jusqu’à très récemment, je pensais que le fait d’aimer les Daleks se classait avec certitude dans cette catégorie. Comment ne pas profondément haïr ces bestioles à la voix insupportable, au design abominable et toujours embarquées dans les pires storylines que le monde ait jamais connu ?
SAVE THE DALEKS. SAAAVE THE DALEKS !
Alors, quand j’ai commencé à ressentir l’ombre d’un sourire apparaître sur mon visage lors de leur apparition, quand la satisfaction de les revoir a commencé à poindre au fond de mon estomac, je n’ai pas voulu y croire. Je me suis plongé dans le déni et dans l’alcool (d’où le retard de cette critique). Je pensais que c’était impossible, mais leur petite voix toute mignonette m’a fait rire, leur façon binaire de penser et leurs manières de petits enfants autistes alarmés m’ont amusé. Je me suis rendu compte à quel point ils s’avéraient être des ennemis originaux. En bref ce salopard de Moffat a réussi à me faire aimer les Daleks.
Je sais bien ce que vous pensez… Goulou, ce grand homme, aime les Daleks ? Mais c’est absurde ! Je suis de votre avis. Avant la sortie de l’épisode, et en visionnant le trailer dans lequel ils apparaissent, je m’étais dit que le seul moyen pour Moffat de me faire changer d’avis à leur sujet aurait été d’employer tout son génie scénaristique dans un scénario tarabiscoté. Et ben figurez-vous que non. Que nenni. Le scénario de cet épisode est on ne peut plus simple et suit un schéma des plus classiques. A vrai dire il vient même rejoindre les épisodes de l’ère RTD dans sa construction. Un fil rouge clair et concis, une introduction, une résolution, des péripéties entre les deux, et basta.
Pourtant, loin de m’avoir frustré, ce retour aux sources m’a fait réaliser que la saison 5 et 6 avaient manqué de ce genre de narration sommaire, qui favorise largement la montée en puissance et les phases épiques. Certes, Moffat savait, quand il le voulait, nous sortir un petit épisode de pur fun en boîte, mais ce fun était tronqué par les divers détours scénaristiques. Ici, on va droit au but, on s’amuse, et on rigole devant les petites phrases chocs du docteur, la stupidité des Daleks et ce sens du second degré propre à la série. On se retrouve enfin avec une aventure Whoesque totalement décomplexée, dont le seul but est de divertir.
EGGS... EGGS... !!
Les avantages sont nombreux. Tout d’abord, si il s'avère que ce season premiere donne le ton pour le reste des épisodes, il y aura sans doute davantage de points culminants dans la saison, ainsi qu’une gestion du rythme beaucoup plus efficace. Il sera également plus facile pour Moffat de jouer son rôle de showrunner et de rendre les épisodes cohérents les uns par rapport aux autres (car il faut avouer que c’était l’un des principaux défauts de la saison 6).
Ensuite, pas de scénario alambiqué signifie plus de temps pour le développement des personnages. Et ça, selon moi, c’est quelque chose qui peut faire toute la différence entre une bonne saison et une très bonne saison. Il suffit de voir comment le final de la saison 2 et les adieux à Rose sont émouvants pour s’en rendre compte.
Je pense que c’est pour ça que, petit à petit, les scénaristes cherchent à se débarrasser d’Amy et de Rory. Ils furent certes de très bons personnages en leur temps, mais ils commencent à devenir encombrants. Tous deux sont placés sous l’égide du retournement temporel et scénaristiques, ils sont en quelques sortes les symboles de cette période. Si Moffat veut continuer sur sa lancée et offrir un divertissement plus simple, il est nécessaire de les écarter de la suite de l’histoire. Il faut faire table rase, offrir de nouvelles bases moins obscures.
C’est aussi pour cette raison que la rapidité avec laquelle sont expédiés leurs problèmes de couple ne m’a pas gêné. Elle me semble aller dans cette même optique : pour les envoyer lentement sur la touche il faut minimiser leurs problèmes, les rendre moins importants, les inscrire dans une routine, de façon à ce que le spectateur ne voie tout ceci que d’un œil lointain et laisse inconsciemment la place au prochain compagnon.
DOCTOR WHOOO ? DOCTOR WHOOOO ?!
En tout cas c’est ce que me semble faire Moffat : préparer le terrain pour Oswin Oswald. Et personnellement, je serais très heureux de lui laisser la place, car le peu qu’elle nous a montré d'elle dans l’épisode en fait déjà un personnage excellent. Elle est guillerette, vive d’esprit, et surtout, SURTOUT, enfin au courant de tout ce qui se passe dans l’espace. Non mais c’est vrai, quoi. Jusque-là, tous les compagnons étaient des sales ignorants qui menaient leur petite vie tranquille sur Terre. Oswin Oswald, c’est le real deal, elle s’est crashée avec son vaisseau spatial, hack le système des Daleks et est dotée d’un esprit d’initiative au moins égal à celui du Docteur.
Ah, et puis surtout c’est une Dalek. Franchement, les autres compagnons ne font pas le poids.
Oui, parce que malgré l’apparente simplicité du scénario, ce petit roublard de Moffat trouve quand même le moyen de nous glisser un petit twist final totalement inattendu (peut être justement parce que le scénario était apparemment simple). Donc allez, je tire une nouvelle fois mon chapeau. Si par la suite Big M et ses sbires pouvaient nous pondre des scripts aussi basiques tout en y ajoutant avec modération des idées de ce genre, je serais aux anges. En tout cas, j’espère ardemment que cet épisode est annonciateur du reste de la saison.
...TERMINATE !!
Au final, c’est un beau season premiere que voilà. L’image est toujours belle, la réalisation toujours de haut niveau, le budget semble avoir été revu à la hausse. Et puis pour une fois, la forme sert un fond plus classique, qui s'avèrera certainement plus efficace sur le long terme. Je pense qu'on est bien parti pour une série de stand-alone purement divertissants, et autant vous le dire : ça me fait plaisiiiir.
J'ai aimé :
- La simplicité du scénario.
- Oswin Oswald.
- Les Daleks (sic)
Je n'ai pas aimé :
- Peut être une petite longueur au milieu de l'épisode.