Cinq jours à tenir
Cela fait un an que House a détruit le salon de Cuddy et environ neuf mois qu'il accomplit sa peine de prison dans un pénitencier du New-Jersey. La commission de libération sur parole se réunit pour discuter de son cas et lui promet sa libération s'il reste tranquille pendant cinq jours. Seulement, dans la prison, House n'a pas que des amis et en particulier Mendelson, le leader de la fraternité arienne, qui lui réclame une taxe de vingt cachets de Vicodin.
Résumé de la critique
Un épisode convenable que l'on peut détailler ainsi :
- une intrigue classique dans un décor original
- House et la soif d'indépendance
- House obligé de devenir sociable
- un season premiere moins ambitieux que d'habitude mais efficace
Same Doc', other House
Loin de l'environnement habituel du Princeston Plainsboro, le scénario nous fait retrouver Gregory House en prison où sa peine est sur le point de s'achever sur une libération sur parole. Pour sortir, il doit tenir cinq jours sans créer le moindre problème et donc s'assurer que ses camarades de prison le laissent tranquille en évitant les conflits. Evidemment, le lieu et le caractère de House ne vont pas lui rendre la tâche facile, surtout que le chef de la fraternité aryenne lui réclame tous ses cachets de Vicodin (soit vingt pilules), l'obligeant à souffrir le martyre pendant ces cinq jours.
Je reviendrais un peu plus tard sur l'aspect rédemption de cet épisode, celle d'un homme qui avait perdu toute notion de bien et de mal, pour parler d'abord de la structure de l'épisode. Au contraire du season premiere de la saison six auquel il fait un peu écho avec cet univers clos, cet épisode va se révéler assez classique, oscillant entre le patient du jour et une mythologie plus forte que d'habitude. Pour décrire l'environnement de la prison, les scénaristes ne font pas dans l'originalité, s'inspirant d'oeuvres comme Oz en créant un vilain à la Schillinger interprété par Jude Ciccolella.
De l'autre côté, le patient du jour permettra d'introduire le personnage du Docteur Adams qui va se retrouver devant deux choix envisageables : obéir à sa hiérarchie ou croire House. Toujours aussi doué pour semer le chaos et créer le trouble autour de lui, Greg va montrer une assez bonne faculté d'adaptation à l'univers de la prison, s'arrangeant surtout pour assurer la tranquillité d'esprit de son effrayant codétenu. Au final, l'épisode fournit ce que l'on attend de House tout en optant pour un style minimaliste mais efficace, essayant avant tout de reposer clairement les bases de la série en l'impliquant beaucoup plus House dans le cas médical du jour.
Gregory House ou le refus d'évoluer
C'est un héros fatigué et visiblement un peu moins en colère que l'on retrouve cette saison, obligé de s'adapter à son nouvel univers où le rapport de force n'est pas du tout à son avantage. Pourtant, malgré son air fatigué et moins hautain, House n'a pas vraiment changé en profondeur, l'arrogance reprenant vite le dessus dès qu'il se sent en position de force. La quête des vingt Vicodins devient le symbole de sa soumission, garder ainsi ces cachets en réserve pour un autre représentant l'épreuve la plus terrible pour un addict comme lui.
La question se pose assez vite de savoir si House préfère la liberté dans le sens physique (quitter la prison en faisant profil bas) ou la liberté à un niveau plus spirituel (être arrogant et voir son temps prolongé). Tout l'épisode se construit sur ce principe, Greg se montrant plus sociable avec ceux qui peuvent lui servir tout en gardant à l'intérieur sa soif de provocation. Chaque pilule de Vicodin devient un coup de poignard pour son orgueil et son geste final devant Mendelson un moment remarquable, celui d'un homme qui désire avant tout être libre et n'accepte d'obéir qu'à ses propres règles.
Plus les auteurs placent leur héros dans un environnement hostile, plus il s'affirme et moins il évolue, l'impression de changement de House n'étant motivé que par la nécessité, comme l'exprime parfaitement la première scène. Animal plus sociable qu'il ne le pense, House est finalement un personnage utopique, un point fixe qui refuse de bouger avec un orgueil agaçant là où les autres subissent l'agression du temps. Si l'humanité évolue, Greg reste figé, fidèle à ses principes et cette saison apparait dès lors, non pas comme celle du pardon, mais comme une réaffirmation de la nature première du show.
Le docteur Adams au banc d'essai
Le point le plus intéressant dans cet épisode réside dans le manque de liberté d'action de House, toujours soumis à une autorité qui l'empêche d'agir en totale indépendance. Dans le cas du malade du jour, cette autorité est représentée par le Docteur Sykes joué par Thom Barry, lequel refuse de prendre en compte son opinion. Conscient que ce médecin expérimenté ne lui donnera aucun crédit, House se rabat sur la proie en apparence la plus faible, le Docteur Adams (Odette Annable, assez convaincante).
Comme d'habitude, House va se servir de sa capacité à cerner les gens pour troubler la jeune doctoresse et imposer son influence sur ses choix, schéma bien connu de la série et pas très enthousiasmant dans le premier acte. D'habitude plus ambitieuse, la série propose un season premiere qui sonne, au premier abord, un peu faux, le docteur Adams ressemblant à ces personnages marionnettes que House manipule un peu trop bien. Surtout que le cas médical du jour est loin d'être captivant, l'environnement de la prison ne permettant pas aux scénaristes de sortir d'un certain minimalisme.
Pourtant, c'est lors d'une scène anodine où le docteur Adams délaisse House pour agir de son propre chef en testant la coagulation du sang du patient qu'elle s'impose enfin. Totalement imprévu, le cri de joie de Odette Annable devant son patient couvert de sang est l'une des meilleures scènes, montrant que la série n'a pas perdu cette subtilité d'écriture qui faisait sa force. La conclusion s'avérera beaucoup plus classique, mais cette courte séquence fait du Docteur Adams un personnage attachant et justifie l'intérêt que House lui porte.
Quelle liberté choisir ?
Pour House comme pour la série, un choix terrible se pose : la série doit-elle évoluer pour retrouver une nouvelle dynamique ? Doit-elle revenir à sa nature première, quitte à s'enfermer dans une mécanique assez prévisible ? Après avoir fait deux saisons de suite le choix de l'originalité, les créateurs du show marquent un désir profond de retour aux sources, ramenant le héros à son arrogance originelle et la série à une mécanique classique. Le temps d'une scène, Greg évoque la plus grande des énigmes concernant la matière obscure (saluons au passage le prix Nobel de Adam Riess à ce sujet) mais sert avant tout à confirmer la fascination de House pour les mystères.
L'ensemble paraît donc un peu facile, les scénaristes abusant des clichés dans ce milieu carcéral qui ne réserve que peu de surprise. Pour autant, revoir House se soucier des énigmes plus que de sa propre existence est plutôt agréable, marquant un retour aux sources nécessaires pour une série qui s'était égarée l'année dernière en impliquant de moins en moins son héros dans l'étude du patient du jour. Délaissant l'humour et les écarts inutiles, House réaffirme sa soif de revenir à ses origines, celle d'un homme qui impose sa loi aux autres, refusant obstinément de se plier aux règles.
En conclusion, un bon épisode de House, très classique dans sa forme et sans grand éclat, mais qui met fin aux errements ridicules de la saison passée. Plus impliqué dans la résolution du cas du jour, House se montre convaincant et se réaffirme comme un personnage incapable d'évoluer, préférant ruiner son existence plutôt que de se soumettre. Un retour aux sources nécessaire et plutôt ingénieux, mais s'il ne fait plus preuve de cette ambition séduisante qui avait marqué le début de la saison six.
J'aime :
- House égal à lui-même qui réaffirme sa soif de liberté
- le cri de joie du Docteur Adams devant son patient ensanglanté
- une intrigue simple, mais efficace
- la conclusion superbe avec l'envol symbolique des pilules de Vicodin
Je n'aime pas :
- un season premiere moins original que d'habitude
- un premier acte assez maladroit qui cumule les clichés
Note : 13 / 20
Du bon House qui revient fatigué par ces neufs mois de détention, mais fidèle à lui-même, réaffirmant même en plein coeur d'une prison sa soif de liberté et d'indépendance. Le cas médical est pas très bien exploité, mais parvient petit à petit à imposer le docteur Adams comme un personnage intéressant. Moins ambitieux que d'habitude, ce season premiere a le mérite de remettre la série sur de bons rails pour revenir à l'essentiel et tourner la page sur les égarements de la saison précédente.