Critique : Dracula 1.01

Le 27 octobre 2013 à 12:03  |  ~ 10 minutes de lecture
En cette saison 2013-2014, NBC a décidé de revisiter le mythe de Dracula. Au milieu de True Blood, de Vampire Diaries ou de Being Human, cette nouvelle adaptation parvient-elle à s’illustrer ?
Par Cail1

Critique : Dracula 1.01

~ 10 minutes de lecture
En cette saison 2013-2014, NBC a décidé de revisiter le mythe de Dracula. Au milieu de True Blood, de Vampire Diaries ou de Being Human, cette nouvelle adaptation parvient-elle à s’illustrer ?
Par Cail1

Qui n’a jamais entendu parler de Dracula ?

Depuis la publication du roman de Bram Stocker en 1897, ce personnage est devenu un véritable mythe dans la littérature fantastique. Un statut que le plus célèbre des vampires doit également au cinéma, où l’on dénombre plus d’une centaine de films le concernant. Le plus connu étant très certainement celui de Francis Ford Coppola en 1992.

Autant dire que lorsque la rumeur sur une nouvelle adaptation télévisée commençait à trainer, nous étions en droit d’imaginer le pire. Les questions étaient nombreuses et tous les doutes étaient permis : Comment la télévision allait pouvoir s’emparer d’un tel mythe sans le dénaturer ? Comment une série pouvait parvenir à renouveler un genre qui depuis quelques années n’a cessé de proliférer jusqu’à l’excès ?

Maintenant que le premier épisode a été diffusé, voyons voir si la nouvelle série de NBC est parvenue à créer l’exploit et à réussir l’irréalisable (oui, j’exagère un peu… un tout petit peu…) !

 

L’adaptation d’un mythe

 

Impossible de débuter cette critique sans aborder la question de l’adaptation. Un point plus qu’important étant donné que la série se présente comme une version modernisée d’une œuvre datant d’il y a plus d’un siècle.

Tout d’abord et contrairement à Sleepy Hollow, autre nouveauté de la saison qui a choisi de situer son action dans le monde contemporain, Dracula se déroule à la même époque que l’œuvre originale, dans le Londres victorien. Le travail de reconstitution de cette période est sans aucun doute l’une des plus grandes réussites de cet épisode (voir deuxième partie).

 

Dracula

 

En choisissant de mélanger plusieurs éléments fidèles au livre de Stocker avec des choix scénaristiques plus libres, la série parvient à créer son propre arc narratif. Si on retrouve bien les thèmes originaux de Dracula (le pouvoir, la science ou l’industrialisation) et les mêmes protagonistes (Mina, Renfield, Harker ou Van Helsing…), ces derniers évoluent dans une histoire très différente.

Les scénaristes semblent avoir choisi la carte de la vengeance pour lier le destin de chaque personnage. Ici, Dracula et Van Helsing sont dans le même « camp » et partagent un objectif commun : mettre fin à l’Ordre du Dragon. Pour ce faire, les deux hommes ont organisé un plan pour se venger de ceux qui ont participé aux meurtres de leurs proches.

Cette nouvelle version de Dracula fait donc la part belle aux manipulations et aux conspirations en tout genre. Un aspect inédit qui permet à la série de se constituer une identité propre, en mêlant notamment dimension historique avec intrigues surnaturelles. Ces choix scénaristiques sont aussi l’occasion de développer plusieurs conflits et d’offrir à la série plusieurs possibilités narratives qu’elle sera libre d’explorer ou non par la suite. Il faut dire que ce petit jeu de dupes organisé par les deux hommes correspond beaucoup plus à un format télévisé, où le but est de créer du conflit et du rebondissement. Espérons juste que la série ne cédera pas non plus à la facilité…

 

C’est beau… Vraiment très beau… Un peu trop beau…

 

S’il y a bien une chose qui frappe lorsqu’on regarde ce premier épisode, c’est sa qualité esthétique indéniable. En effet, on ne peut qu’être subjugué par le soin apporté aux décors et aux costumes. Il est évident qu’un grand travail a été effectué afin de reconstituer de la manière la plus réaliste possible la période victorienne dans laquelle se déroule la série. Les scènes de bal ou d’opéra font figures de démonstration et prouvent l’énorme potentiel esthétique du show. Le budget doit être conséquent pour parvenir à un tel résultat.  Un effort d’autant plus louable qu’il permet à la série de développer un univers vraiment singulier.

Malgré tout, cette beauté esthétique est à double tranchant et pousse parfois vers un aspect superficiel qui pourrait bien en dérouter plus d’un. Le problème, c’est que l’effort esthétique est si grand qu’il en devient parfois excessif. Un défaut tellement présent qu’on a parfois l’impression que la série cherche juste à dissimuler certaines faiblesses narratives grâce à de « belles scènes ». Si tel est le cas, il faut avouer qu’elle a réussi son coup, car malgré un scénario parfois bancal, on oublie très vite cet aspect pour se concentrer uniquement sur la beauté des plans. De là à dire qu’il s’agit d’un bon moyen pour détourner l’attention du spectateur, il n’y a qu’un pas qu’il est peut-être préférable de ne pas franchir.

 

Dracula

 

Surtout que les choix esthétiques de la série ne sont pas totalement exemptés de défaut. Quelques scènes, principalement celles où Alexander se montre sous son vrai visage (Dracula), s’avèrent moins surprenantes. Même si elles sont visuellement réussies grâce au jeu sur les lumières et sur l’obscurité, elles ne sont pas des plus originales et se contentent de renforcer l’aspect artificiel que j’évoquai précédemment. Il n’y a qu’à voir la scène de combat sur le toit avec l’utilisation des ralentis pour s’en rendre compte véritablement.

Même si cela permet de mettre en évidence le caractère contradictoire et complexe de Dracula, tiraillé entre passé et futur, classicisme et modernité, il faut avouer que ce mélange de réalisme et d’effets spectaculaires ne fonctionne pas toujours et a même parfois tendance à gâcher l’ensemble. Dommage !

 

Une série historique ?

 

Lorsque l’on adapte une histoire comme celle de Dracula à la télévision, il n’est pas surprenant d’y retrouver une multitude de références, principalement historiques.

Tout comme l’œuvre de Bram Stocker, la série de NBC situe son action pendant la période victorienne. C’est un moment où la Grande-Bretagne, plus grande puissance économique et militaire au monde, doit faire face au développement commercial et industriel des États-Unis. De nombreux dialogues évoquent cette « opposition » et permettent de donner une dimension beaucoup plus profonde au conflit entre les personnages. Autres références importantes à cette période : l’industrialisation, Darwin, la théorie de l’évolution ou encore Jack l’Eventreur…

 

Professeur Van Helsing - Dracula S01E01

 

Ces références historiques, nombreuses et pas toujours accessibles au plus grand nombre, en feront déguerpir plus d’un. Il faut se rendre à l’évidence : Dracula est une série qui s’adresse en grande partie à un public de connaisseurs ou de curieux, le seul capable de cerner pleinement les enjeux d’une telle histoire (et encore !). Les dialogues sont nombreux, les personnages parlent beaucoup et plus qu’une simple série de vampires, il s’agit avant tout d’une série avec un véritable fond historique. Le travail sur les décors dont j’ai déjà parlé témoigne d’ailleurs de cette volonté d’enseigner tout en divertissant.

Au final, on a souvent l’impression de flirter entre série fantastique, série historique, série à costume et série dramatique. Un mélange de tons et d’approches qui rend la compréhension générale de l’épisode assez difficile et pas toujours claire. Heureusement, les dernières minutes changent la donne et annoncent de manière plus précise quel sera le programme des prochains épisodes.

 


Cette nouvelle adaptation de Dracula risque fort de diviser les sériephiles : d’un côté, on peut reprocher à la série sa narration vraiment bancale et en même temps, on ne peut que saluer le travail qui a été fait pour retranscrire l’atmosphère de l’époque à laquelle appartient ce récit. Son créateur Cole Haddon ne semble pas vouloir choisir entre spectacle grand-public et série plus historique.


Dans tous les cas, elle a cet avantage de revenir aux fondements d’un mythe et de se démarquer des autres productions du même genre, True Blood ou The Vampire Diaries en tête. Plus adulte, plus sombre et plus authentique, le nouveau show de NBC s’avère assez difficile d’accès. Le format 10 épisodes semble donc être idéal et l’un des enjeux de la série sera de ne pas céder à la facilité, avec une histoire de vengeance qui pourrait très vite pendre des allures grotesques. À suivre de près pour le moment…

 

J’ai aimé :

  •  Le plaisir de retrouver les protagonistes et les thèmes de l’œuvre originale.
  •  Le soin apporté aux décors et aux costumes.
  •  Les références historiques qui offrent une certaine crédibilité aux différentes situations.

 

Je n’ai pas aimé :

  •  Certains choix esthétiques plus que douteux, comme les ralentis.
  •  L’aspect trop artificiel de quelques scènes.
  •  Un mélange de tons qui peut en dérouter plus d’un.
  •  Une intrigue souvent bancale et noyée sous les informations.

 

Ma note : 13/20 

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