Ce pilot d’Elementary, je ne l’ai pas trouvé complètement mauvais mais pas bon non plus. Il se place dans la catégorie des épisodes bof, ces épisodes que j’ai pu regarder mais qui ne laisseront comme trace dans ma mémoire que le fait de les avoir regardés. Aussi, comme la critique de cet épisode insipide s’annonçait tout aussi insipide pour moi comme pour vous, je me suis dit qu’il serait mieux de la rendre plus fun, plus… sanglante.
Et quoi de mieux que de faire s’affronter Sherlock et Elementary dans un face à face où seuls les plus forts survivent ? Alors oui, j’en entends déjà me dire que les deux ne sont pas comparables, qu’il ne faut pas le faire, que ce n’est pas bien : bah tiens, j’vais me gêner ! La question que tout le monde s’est posé en regardant la série c’est : « en quoi va-t-elle être différente de Sherlock ? » donc autant les mettre face à face ! Et pour être sympa et éviter que l’on m’accuse de choisir le meilleur épisode de Sherlock, je ne ferai la comparaison qu’avec le pilot de celle-ci : pilot contre pilot, Holmes contre Holmes, BBC contre CBS, Grande Bretagne contre USA.
A ma droite donc, le tenant du titre, j’ai nommé Sherlock. Crée par Steven Moffat et Mark Gatiss, la série relate les enquêtes de Sherlock Holmes et John Watson dans un Londres contemporain, les rôles titres étant portés par Benedict Cumberbatch et Martin Freeman.
A ma gauche, le challenger Elementary, nouveauté de la saison sur CBS. La série a été créé par Rob Doherty et relate les enquêtes de Sherlock Holmes et Joan Watson dans un New York contemporain, les rôles titres étant portés par Jonny Lee Miller et Lucy Liu.
Les combattants sont désormais sur le ring, l’arbitre récite les consignes alors que la foule est déjà en délire. Les bookmakers enregistrent les derniers paris, la cote pour le match est à 49 contre 1 pour Sherlock. L’arbitre s’éloigne et le son de la cloche retentit : c’est parti pour le premier round !
Round 1 : la filiation à l’œuvre de Conan Doyle
Qui dit adaptation de Sherlock Holmes dit forcément respect plus ou moins fidèle de l’œuvre originale. Celle-ci est composée de quatre romans et de cinquante-six nouvelles, formant le canon du mythe Sherlock Holmes.
En bon fan de l’œuvre, Steven Moffat nous a offert un épisode pilot très fidèle au premier roman dans lequel le célèbre détective apparaît, A study in Scarlett. Outre la trame assez similaire, l’auteur s’est amusé à placer des clins d’œil pour les spectateurs qui auraient lu les aventures et n’hésite pas à détourner certains aspects pour mieux contrer les attentes des dits lecteurs. Au final, l’adaptation s’approche plus d’une transposition à l’ère moderne, la matériel de départ se retrouvant dans l’épisode à de multiples reprises.
Elementary décide quant à elle une autre approche. Exit London, c’est désormais à New York que va officier le célèbre détective. Ce choix peut se comprendre, la série étant destiné à un public américain, cela permet de poser plus facilement des références culturelles propres aux États-Unis et de placer les téléspectateurs dans un décor connu.
L’autre gros changement concerne Watson : au lieu de revenir de la guerre en Afghanistan, il revient d’Asie où il a subi une opération de changement de sexe : ce n’est donc plus John Watson mais Joan Watson. Si le fait de former une fois de plus un nouveau duo au sexe opposé ne me dérange pas plus que ça, la série se ferme un pan de l’œuvre de Doyle, toutes les allusions à une relation gay entre le détective et son acolyte sont perdues. Est-ce un choix délibéré de la production pour éviter de choquer les mœurs ? Peut-être. En tout cas, le pilot semble exclure pour le moment toute relation amoureuse entre les deux personnages principaux et c’est tant mieux.
Outre ces deux détails majeurs, l’enquête de l’épisode n’a rien à voir avec aucune des histoires de Doyle. Pas d’adaptation mais une nouvelle enquête qui est loin d’égaler les enquêtes originales (mais j’y reviendrai après). En faisant ce choix, les scénaristes ont également revu beaucoup de choses : Waston est toujours lié au milieu médical mais ce n’est plus un militaire. Les deux ne se rencontrent pas pour former une colocation mais Watson est chargé par le père de Holmes de le surveiller. Ah, et Holmes à un père avec lequel il a des relations troublées, père absent des nouvelles.
Bref, Elementary a décidé de dire adieu au canon et se prive de nombreux clins d’œil. En fait, de clins d’œil, je n’en ai noté absolument aucun et c’est bien dommage. La série donne du coup cette impression de n’avoir utilisé le nom de Sherlock Holmes que pour se vendre, pour surfer sur le succès des films de Guy Ritchie sans essayer de fournir quelque chose de plus conséquent, de plus proche de l’original. On évite quand même les clichés de la pipe et du Deerstalker mais je me demande quand même si ce n’est pas plus parce que c’est ringard que par respect de l’œuvre.
Alors oui, les Américains, en gros incultes qu’une partie est (oui, je dénonce), n’auront sûrement jamais lu les écrits de Doyle. Ce qu’ils savent de Sherlock Holmes se résume sur une page Wikipédia truffée de clichés et ils prendront pour argent comptant ce qu’Elementary leur offrira. Nul doute également que de ce côté-ci de l’Atlantique, cela ne dérangera pas certains.
Moi si, et je trouve dommage qu’une adaptation ne prenne pas la peine de fournir des références à ceux qui connaissent l’original et n’essaye pas de donner envie à ceux qui ne connaissent pas de découvrir ce personnage. Pour moi, Elementary ne met pas en scène Sherlock Holmes mais un enquêteur lambda, que le hasard a voulu qu’il se nomme pareillement au héros de Doyle.
Indubitablement, Sherlock assomme d’un uppercut du droit Elementary qui se retrouve propulsée dans les cordes. Fin du premier round, Sherlock vainqueur.
Round 2 : Sherlock Holmes et John/Joan Watson
Le premier round montrait qu’Elementary ne prenait de Sherlock Holmes que ce qui l’intéressait. Justement, pourquoi ne pas comparer les deux personnages ainsi que leur acolytes dans un second round ?
Côté BBC, Sherlock est interprété par Benedict Cumberbatch. Grand, élancé, le physique cadre parfaitement avec la description d’Holmes. Côté caractère, son Sherlock est particulièrement arrogant, n’hésitant pas à rabattre le caquet des autres. Accro aux patchs à nicotine, il n’a pas son pareil pour énerver son entourage et manquer de compassion. La performance de Cumberbatch est impressionnante, le rôle semble l’habiter et il a d’ailleurs été nommé deux fois pour le British Academy Television Award, l’équivalent des Emmy Awards Outre-Manche.
Côté CBS, c’est l’anglais Jonny Lee Miller que l’on retrouve dans le rôle titre. Côté physique, l’acteur correspond plus ou moins au Sherlock des livres : Jonny est toutefois plus physique Cumberbatch, il dégage moins cette impression de « petit con premier de la classe » qui fait le charme de l’autre.
Côté caractère, ce Sherlock-ci est caractériel et s’emporte assez vite. Ancien toxicomane, il a lui aussi beaucoup de mal à échanger avec les autres et manque de compassion, son seul intérêt sont les enquêtes. A noter quand même qu’il semble cacher un lourd secret qui devrait probablement revenir plus tard dans la saison, secret que les scénaristes ont eu la bonne idée de ne pas nous imposer dès le départ, histoire d’en garder un peu sous le pied.
Mais malgré de fortes ressemblances, Jonny peine quand même à imposer son personnage. Est-il bridé par CBS qui veut un personnage un peu atypique mais pas trop antipathique pour éviter que les spectateurs ne le prennent en grippe ? Là encore c’est possible, l’acteur est d’un niveau plutôt correct - il a d’ailleurs joué au théâtre en 2011 en duo avec un certain Benedict Cumberbatch. Mais j’ai eu énormément de mal à accrocher à ce Sherlock, beaucoup trop lisse, beaucoup trop plat, beaucoup trop banal. Si je suis reconnaissant que la série ne passe pas tout l’épisode à nous présenter la particularité de Sherlock Holmes par rapport aux autres et comment il fonctionne (coucou Mentalist), c’est quand même un personnage hors du commun et on a plutôt l’impression ici d’avoir juste un mec un peu bizarre. C’est dommage.
Côté Watson, c’est Martin Freeman qui hérite du rôle du compagnon pour la BBC. Son Watson est le complémentaire de Sherlock, dévoué et beaucoup plus humain. Il contrebalance parfaitement l’arrogance de son ami et le duo est complémentaire. Dès le début, les deux acteurs ont réussi à créer une forte alchimie entre eux et on sent qu’ils prennent autant de plaisir à jouer que nous à les regarder. Bref, c’est un duo qui roule et est parfaitement dosé, le pilot nous laisse l’impression que c’est un beau roman d’amitié qui commence.
Sur CBS, Watson est interprété par Lucy Liu. Alors, que l’on fasse changer de sexe à Watson, même si c’est proche de l’hérésie et mériterait de réintroduire certains appareils de torture de l’inquisition, je veux bien. Mais pourquoi avoir choisi Lucy Liu ? Il y a pas assez de chinoises comme ça dans le monde qu’il faut absolument choisir celle là ? Franchement, malgré tout ce qu’on pourra me dire sur son talent, c’est une actrice qui me laisse froid : elle n’a pratiquement aucune expressivité et, autant ça passe dans un Charlie’s Angels qui demande de laisser son cerveau au vestiaire, autant pour le rôle de Watson non quoi !
Je la trouve incapable de jouer la subtilité, elle a deux-trois expressions et c’est tout. Alors quand le rôle demande un peu de nuance, il n’y a plus personne. Bon, je suis sûrement de mauvaise foi mais ils auraient pu trouver quelqu’un d’autre. D’autant que le personnage de Watson n’a pas l’air si mal écrit que ça : on retrouve un personnage un peu tourmenté par son passé qui est vraiment en opposition avec Holmes, qui est sa facette humaine. Même si la Watson d’Elementary recycle quand même un bon nombre de clichés (chirurgien tourmenté par la mort d’un patient, tout ça), elle est au-dessus du simple side-kick auquel on a souvent le droit dans les séries américaines et le duo Holmes/Watson est relativement crédible (compte tenu du fait qu’ils sont tous deux très fades), ce dès le départ. Et ça c’est bien.
Mais franchement, s’ils voulaient absolument remplir le quota chinois, ils n’avaient qu’à mettre Jackie Chan : au moins on aurait rigolé. Mais pas Lucy Liu, elle ne se rattrape même pas sur l’intelligence physique ! Non, non et non, c’est le carton rouge assuré. L’arbitre signale une faute d’Elementary, Sherlock en profite pour lui balancer Watson dans la tronche et c’est donc eux qui gagnent le second round.
Round 3 : l’enquête
Alors bon, jusque là j’ai surtout tapé sur Elementary parce qu’elle ne se contente que de sauvagement piller la sacro-sainte œuvre et qu’elle a offert l’un des rôles principaux à l’actrice chinoise qui m’horripile le plus dans le monde (elle est chinoise d’ailleurs ?). Elementary et Sherlock sont avant tout des séries policières, faisons fi de leur particularité et voyons les comme elles sont, toutes nues (mouais, quoique…).
Et on débute par Elementary pour changer. L’enquête nous propose de résoudre le meurtre (avec beaucoup de ketchup) d’une riche bourgeoise des quartiers huppés de la Grosse pomme. Ce qu’il faut savoir avec les séries policières américaines, c’est que le coupable est soit un parfait inconnu (le fameux psychopathe qui aime violer les adolescentes qui se baladent la nuit dans les bois), soit le mari/femme/amant (rayez la mention inutile). Dans le deuxième cas, si le mari/femme/amant n’a pas été arrêté à la première coupure pub, s’il n’est pas soupçonné, s’il est montré que comme ça au tout début histoire de dire « coucou je suis là », c’est que c’est lui.
Et bien, vous n’allez pas me croire (si parce que vous avez vu l’épisode), le coupable c’était le mari. Voilà, donc au bout de allez, disons 5 minutes, je savais qui était le coupable et j’avais donc tout le temps pour râler sur Lucy Liu. Aucun suspense véritable, on sent bien d’ailleurs que l’enquête, les scénaristes s’en moquait un peu puisqu’elle ne couvre que 30 minutes de l’épisode, l’intérêt était plutôt de présenter les personnages. Du coup, on nous sert une enquête classique, vue et archi-revue sans intérêt.
Du côté du champion Sherlock, si l’on se cantonne uniquement à l’épisode pilot, ce n’est pas vraiment le meilleur de la série. Il y a également, là aussi, un bref moment où le spectateur à une longueur d’avance sur le détective, moment qui la fout un peu mal, Sherlock étant quand même censé être le type qui sait tout. Là aussi, l’intérêt du pilot était de mettre la machine en route et, il faut être honnête, l’enquête était du même acabit que celle d’Elementary niveau intérêt (notez que je prends sur moi pour ne pas enfoncer la série américaine).
Si l’on va un peu plus loin dans la comparaison entre les deux épisodes, ils suivent plus ou moins le même moule. Dans les deux cas, on passe d’abord par l’introduction du personnage de Watson, la réunion des deux, visite sur une première scène de crime, un peu d’enquête puis confrontation directe avec le tueur, Holmes qui fait un truc irraisonné avant que Watson ne mette un terme à tout ceci, coucou la police et Holmes et Watson s’en vont ailleurs. Bon, je simplifie beaucoup mais pas tant que ça.
Bref, Elementary semble ici accuser un petit coup de mou mais son adversaire sur le ring semble lui aussi bien essoufflé. Les deux ont un peu de mal à tenir la cadence et chacun retient son souffle pour les rounds suivants : l’arbitre déclare nul ce round !
Round 4 : les déductions
Bon, on l’a vu, Elementary ne fait pas dans le respect de l’œuvre de Conan Doyle. Néanmoins, s’il est une particularité qui est propre au personnage et associée à lui à jamais, ce sont bien les déductions ou comment, d’un simple regard, Holmes sait tout de ce qui s’est passé.
Sherlock a bien compris cet aspect-clé du mythe Holmes et propose, dans son pilot, quelques jolies séquences de déduction dont une réussie autour du portable de Watson. Holmes donne souvent le résultat de ses déductions puis, devant l’effarement de Watson et de la police, il détaille un peu plus ce qui l’a amené à déduire ça, à grand renfort de zoom sur les zones intéressantes et de texte incrusté. Une façon originale de les démystifier tout en affirmant une identité forte à la série. D’ailleurs, certains faits sont juste évoqués textuellement quand Holmes analyse, évitant ainsi de devoir offrir une séquence d’explication supplémentaire.
Elementary propose également son lot de déductions mais, je ne sais pas pourquoi, j’ai moins accroché. Peut-être est-ce le manque de conviction de l’acteur principal qui ne parvient pas à faire transparaître cet agacement du personnage principal à devoir toujours tout expliquer aux autres ? En partie possible, le Holmes de CBS donnant souvent plus l’impression d’être un bon flic à la limite du professeur d’école que d’être un génie incompris.
Le second point qui m’empêche de m’enthousiasmer pour ces déductions est la simplicité de celles-ci. C’est bête à dire mais elles ne donnent pas l’impression d’être exceptionnelles. La où le Holmes des livres déduisait d’un col mouillé le train que la personne morte avait pris ainsi que son origine, ce Sherlock Holmes déduit peu de choses et ce sont vraiment des indices très simples. Quand il trouve le deuxième fond de verre par exemple, je n’ai pas compris pourquoi les policiers ne l’avaient pas trouvé. Je veux dire, vu la quantité de bouts de verre par terre, c’était obligé qu’il y ait eu deux verres. Et même sans ça, quand quelque chose est tombé par terre, je me penche pour voir si quelque chose n’aurait pas glissé plus loin.
En fait, le souci c’est que les policiers présentés sont des truffes monumentales : je ne serais pas surpris de les voir avec des donuts. Et du coup, face à des simplets, il est normal que Sherlock paraisse brillant alors que bon, sur ce coup-là, il est juste un peu plus futé qu’eux. Je trouve ça un peu dommage de rabattre les autres personnages pour faire ressortir le génie de Holmes. Au contraire, c’est bien plus pertinent de considérer les autres personnages comme intelligents (ils sont quand mêmes flics, ils ont passés des examens non ?) et de construire un raisonnement au-dessus, le détective n’en sortirait que plus exceptionnel encore.
Enfin, le dernier point qui me fait dire que ses déductions tombent à plat est l’enchaînement des explications tout de suite après les faits. En fait, l’une des forces des nouvelles, c’était d’exposer une situation, de voir Holmes arrêter le méchant puis, après un petit temps où le lecteur a le temps de cogiter à comment on en est arriver là, de délivrer l’intégralité des explications et de voir les connexions logiques entre elles. Ici, Holmes affirme une petite chose et bim, l’explication suit tout de suite. Les scénaristes ne prennent pas la peine de monter une pyramide de déductions qu’ils démonteront ensuite. Non, ils sont toujours dans cette optique de simplifier la chose au maximum et donc ils évitent de surcharger le spectateur de trop d’éléments de peur de le perdre. J’ai vraiment eu l’impression d’être pris par moment pour un attardé, c’est particulièrement gênant.
En dehors de ça, la plupart des déductions tiennent la route et les explications fournies sont simples et compréhensibles. On note également la mise en place, de temps à autres, de petits effets et d’une espèce de filtre vert/page de journal pour les explications flashbacks. Pas franchement original mais ça passe bien. Enfin, la petite touche d’humour que fait Sherlock en avouant utiliser google parce que tout n’est pas devinable était bien vue.
Pour ce quatrième round, Sherlock semble avoir retrouvé des forces et sort un joli uppercut du gauche à destination d’Elementary. Le challenger vacille mais il ne tombe pas encore, le combat n’est pas terminé !
Round 5 : la réalisation
Maintenant que les catégories reines ont été abordées, il est de bon ton de se pencher sur les qualités techniques des deux séries. Parce qu’une série qui a un super visuel, qui a sa patte, c’est souvent très bon signe.
Et côté BBC, on peut vraiment dire qu’il y a un style Sherlock. Que ce soit les incrustations de texte, les ralentis, les décors ou les jeux de lumières, la réalisation du pilot de Sherlock est cinématographique. L’image est belle, soignée et on la série offre une identité visuelle forte.
Côté CBS, ce n’est naturellement pas le cas. Pourquoi dis-je naturellement ? Parce que les contraintes ne sont pas les mêmes. Elementary est une série « à la chaîne », où les délais de production et de post-production sont extrêmement réduits. Au contraire d’un Sherlock découpé au format mini-série qui peut prendre son temps, Elementary doit fournir son épisode hebdomadaire et du coup, les contraintes sont plus importantes.
Donc du coup, bah Elementary ressemble beaucoup aux autres séries de la chaîne. C’est bien visuellement mais pas exceptionnel, c’est classique. Je note quand même l’ajout d’une espèce de fond vert qui permet, comme dit précédemment, d’illustrer les flashbacks : sympathique mais anecdotique.
Pour le reste, la série se déroule dans un New York très propre : même quand ils prennent le métro, on a l’impression qu’ils ont nettoyé la station (enfin, ils ne sont pas sur la ligne qui va au ghetto, ça se sent). Je pense que c’est voulu, on essaye ici de se rapprocher de l’ère victorienne et du côté classieux de Londres, même si ça n’en a pas forcément la saveur.
Pour ce cinquième round, Sherlock défonce complètement Elementary en imposant sa touche dans la face : la série de CBS en restera marquée mais ne tombe pas encore.
Round 6 : la musique
Dernier round autour d’un point qui me tient beaucoup à cœur quand je regarde une série : la bande son. Je suis de ceux qui pensent qu’une bonne bande son permet une bonne immersion dans la série et impose, là encore, une certaine empreinte. Après tout, Life on Mars ne deviendrait-elle pas fade sans sa bande son ?
Côté Sherlock, la bande son est assurée par David Arnold, compositeur reconnu et qui a participé à de nombreux films et séries (Stargate, c’était lui par exemple). Avec tous les moyens qui vont avec, la bande son claque, est parfaitement reconnaissable et s’impose comme un pan essentiel de la série.
Côté Elementary, il semble qu’un thème plus ou moins principal ait été développé. Celui-ci, repris dans le générique (peut-on appeler ça un générique ?) est composé d’un violon anémique agrémenté de quelques fioritures d’usage. L’idée est de faire le lien avec la passion de Holmes pour le violon (mouais) et toujours de donner cette impression de bougeoisie, comme les décors en fait. Rien de bien transcendant donc.
Pour compenser l’absence réelle de thème, la série puise dans un catalogue de chansons existantes. Pas désagréables, ces chansons sont quand même assez connues. Celle que Lucy Liu écoute en faisant son jogging (Young Blood de The Naked and Famous, pour ceux qui veulent savoir) a été pas mal utilisée en publicité ces temps derniers (en plus de servir de générique à la Nouvelle Edition sur Canal +). Là encore, la série donne l’impression de s’appuyer sur des choses connues, qui fonctionnent pour pousser les téléspectateurs à rester au risque de se banaliser.
Une fois de plus, Sherlock avec sa propre bande originale écrase Elementary. En recevant un uppercut du gauche, Elementary vacille et se couche. Sherlock est donc grand vainqueur par KO.
Conclusion
Avec une victoire par KO, Sherlock n’a fait qu’une bouchée de son adversaire. Il faut dire que le gros défaut d’Elementary a été de se présenter comme une adaptation de Sherlock Holmes alors qu’elle ne l’est pas vraiment. Du coup, ça a été une véritable boucherie sur le respect de l’œuvre originale, la série de CBS n’avait absolument aucune chance : les deux séries ne jouent clairement pas dans la même cour.
Si l’on fait maintenant abstraction du côté Sherlock Holmes, Elementary n’est pas si mauvaise que ça. Certes, on retrouve une partie des ingrédients qui ont fait le succès de Bones, Castle, Mentalist et consœurs : des enquêtes simples qui reposent sur un duo complémentaire. Elementary est (et restera je pense) un divertissement pur, une série où on laisse le cerveau au vestiaire. Prévue pour durer huit saisons (avec un cross-over avec How I Met Your Mother dans lequel Holmes révèlera l’identité de cette f***ing mother), la série est complètement lisse et formatée, pile pour les téléspectateurs peu exigeants de CBS qui sont friands du format. Mais certains choix faits, comme celui de placer Watson au-delà du sidekick, l’élève un peu au dessus de ses homologues et je pense que c’est là-dessus que la série devrait s’appuyer.
Après tout, CBS avait matière à proposer un divertissement original et au moins aussi intéressant que son homologue britannique. Mais elle a préféré quelque chose de fade et formaté. Le seul point vraiment positif qui ressort de ce pilot est son duo d’enquêteur, plutôt réussi pour le genre sans pour autant transcender. Finalement, Jonny Lee Miller et Lucy Liu auraient pu s’appeler Gordon Brown et Queshua (nom typiquement chinois) que le résultat aurait été le même (et je n’aurais pas eu le plaisir de la voir explosée par Sherlock).
11/20