Ghost in the Shell
Le département de la défense se présente à Global Dynamics pour installer un nouveau système de sécurité et récupérer le générateur de réalité virtuel de Beverly. Une course contre-la-montre commence pour Fargo qui doit essayer de sauver Holly avant que celle-ci se fasse tout simplement effacer du système. Pendant ce temps, Henry propose à Carter de devenir son cobaye concernant son étude sur les perturbations des ondes cérébrales qui ont touché les habitants de la version virtuelle d'Eureka.
Résumé de la critique
Un épisode assez faible que l'on peut détailler ainsi :
- un épisode de transition raté
- le choix discutable de Fargo comme chef de Global Dynamics
- une intrigue morcelée et peu inspirée
- une mi-saison inquiétante
De l'existence des fantômes
Poursuivant l'intrigue de l'épisode précédent, les auteurs d'Eureka vont une nouvelle fois se concentrer sur Fargo, avec un épisode qui commence avec les funérailles officielles du docteur Marten. Un démarrage qui aurait pu être intéressant, cherchant à faire apparaître dans le comportement étrange de Douglas les anomalies qui vont pousser ses amis à découvrir l'existence du fantôme numérique d'Holly. Seulement, si le principe est plutôt bon, le déroulement du récit est réellement désastreux, l'épisode manquant de cohérence, laissant une désagréable impression d'improvisation.
Mais le principal problème reste ce sentiment d'avoir plusieurs coups d'avance sur les héros de la série, l'intrigue se montrant particulièrement explicite à plusieurs reprises. Ainsi, le comportement de Lupo est agaçant, empêchant l'histoire d'avancer efficacement, posant une question philosophique totalement inutile sur la nature de ce fantôme, surtout que les auteurs n'ont pas vraiment d'idée concernant la réponse. Un comportement qui profitera d'une justification trop tardive, l'équipe créative ne corrigeant que trop tard certaines fautes d'un récit tiré par les cheveux et prévisible.
L'épisode réserve quelques bonnes scènes, mais la menace qui pèse sur Holly est trop virtuelle et abstraite pour permettre au spectateur de comprendre les évènements en cours. Des lumières changent de couleur, des machines deviennent incontrôlables sans pour autant permettre aux scénaristes de faire vraiment exister Holly et la menace qui pèse sur elle. Mis à l'écart pendant une bon tiers d'épisode, l'absence de Jack et Henry de l'histoire principale entraine de gros problèmes lors de la phase d'exposition, le final manquant totalement de clarté. L'utilisation de Fargo comme personnage central s'avère discutable, posant la question de son évolution et de la justesse du choix de faire de lui le patron de GD.
L'évolution de Fargo
Interprété par Neil Grayston, le docteur Douglas Fargo était à la base un personnage mascotte de la série, scientifique spécialisé dans le déclenchement de catastrophes en tout genre. Plutôt crédible, il correspond à une image classique du scientifique maladroit, servant avant tout à fournir des références geek le définissant à l'opposé de Carter et Henry. Pendant les deux premières saisons, ce scientifique à la Gaston Lagaffe aura lentement gagné en popularité, profitant de storylines de plus en plus importantes utilisant avec succès le talent et l'expressivité étonnante de son interprète.
Seulement, cette saison, les auteurs ont visiblement décidé de le sortir du seul registre comique et de centrer toute la mythologie autour de lui et de son couple avec Felicia Day. Seulement, la qualité leur association la saison dernière dépendait beaucoup de la présence de Will Wheaton en antagoniste, offrant un joli clin d'oeil à la webserie The Guild au travers de ce trio sympathique. En centrant toute la mythologie du show autour de ce couple, les scénaristes d'Eureka s'éloignent lentement de Carter et, surtout se coupent de la ville qui est pourtant le coeur de la série.
De personnage mascotte, les auteurs d'Eureka ont fait de Fargo le patron de Global Dynamics, espérant ainsi faire oublier un Nathan Stark qui manque beaucoup à la série. En effet, Douglas ne possède pas le charisme de celui-ci, cette capacité à s'opposer au shérif Carter, détruisant avec son accession au poste de Directeur une bonne part du mystère qui entourait cette compagnie. Devenu de plus en plus une grande cour de récréation, le centre nerveux d'Eureka manque d'un cadre précis, perdant petit à petit toute sa crédibilité.
Des miettes de scénario
Si l'intrigue de cet épisode déçoit, c'est surtout par son aspect très morcelé, avec différentes storylines mal exploitées et assez pathétiques. Pour exemple, l'intrigue comique réunissant Henry et Carter est assez passable, se limitant à une séquence miroir avec un robot et une scène de paintball franchement décevante et gratuite. Le but est certes d'introduire l'idée d'un fantôme dans le système, mais les auteurs nous avaient habitué à une plus grande créativité dans le registre de la comédie, l'histoire autour des ondes cérébrales peinant à relancer une saison qui s'essouffle du point de vue mythologique.
L'autre intrigue va concerner Erica Cerra et Roger R. Cross, posant la question intéressante de la loyauté de Lupo, entre le corps militaire du DOD et les scientifiques de Global Dynamics. Un récit doté d'un certain potentiel, mais pas suffisamment exploité là-aussi, les auteurs privilégiant des scènes assez stériles autour de la question de la nature du fantôme d'Holly, plaçant Jo dans une position passive qui ne lui convient pas. En choisissant la voie du secret concernant l'existence d'Holly, les scénaristes se heurtent à un choix dommageable, tant il semble incompréhensible que Douglas ne partage pas plus sa découverte avec ses alliés au sein de GD.
Au final, l'intrigue se décompose lentement en bribes de petites histoires et de petits détails où je constate tristement mon attachement assez faible au personnage du docteur Marten et à son couple formé avec Douglas. Les scènes-clés ne déclenchent pas le sourire espéré et seul le numéro improbable de Fargo en cambrioleur vient briser la monotonie de l'ensemble, petite saynète étrange et plutôt agréable. Une transition triste et trop banale, en espérant que cette histoire de fantôme s'achève bientôt, fausse bonne idée montrant les limites d'une première partie de saison certes intéressante, mais achevée trop prématurément.
En quête du second souffle
La mi-saison est passée et Eureka montre clairement les signes de fatigue d'une série qui peine à se renouveler, la mythologie peinant à se relancer et à proposer un nouvel antagoniste convaincant. Avec la disparition de Beverly, c'est un personnage de poids qui s'est éclipsé, laissant un trou béant que les scénaristes peinent à combler. En se posant la question de la nature du docteur Marten, les scénaristes se heurtent aux limites de leur propre création, le retour d'Holly reposant sur des explications scientifiquement crédibles, mais sans véritable signification dans la progression du fil directeur de la saison.
En conclusion, un épisode assez décevant qui confirme le coup de fatigue qui touche la série dans cette deuxième partie de saison, les auteurs cherchant quoi faire de ce fantôme bien encombrant. Une intrigue assez prévisible et moyennement inspirée qui réserve quelques scènes intéressantes grâce à un Neil Grayson toujours aussi expressif et amusant. Tenu à l'écart, Jack et Jo peinent à exister dans cette histoire squelettique et assez pauvre en contenu, à l'image d'un show en panne d'inspiration.
J'aime :
- l'idée de départ est plutôt bonne
- la séquence de la main sur l'écran du système de sécurité
- l'allusion au "précieux" de Fargo
Je n'aime pas :
- la storyline de Jack
- les leçons de morale de Jo envers Fargo
- le déroulement trop prévisible
- l'intensité dramatique assez faible
Note : 10 / 20
Un petit épisode de transition pour Eureka avec une intrigue prévisible et assez fade qui confirme que les auteurs ne savent pas trop quoi faire du fantôme de Holly. Une intrigue inquiétante, en espérant que les scénaristes sauront retrouver l'inspiration pour achever cette ultime saison en beauté.