Pitch "no weapons, no fun"
Tom Mason et son équipe sont envoyés dans une armurerie, mais ils vont vite comprendre que le magasin est en fait un piège tendu par les Skitters à leur encontre. Malgré tout, le commandant Weavel le renvoie sur place pour s'assurer que le magasin est bien vide, afin de ne pas négliger la moindre opportunité. Le héros et son groupe vont alors être pris en otage par un petit groupe de survivants composés de marginaux dirigés par John Pope.
Un scénario toujours au point mort
Si la scène d'ouverture tente encore de nous faire croire à l'éventualité d'une série un peu plus sombre (les êtres humains utilisent des chiens comme éclaireurs), la scène bascule vite dans le n'importe quoi lorsque l'enfant se met totalement à découvert pour appeler le chien. Hantés par une tendance suicidaire assez forte, les personnages de Falling Skies ont le chic pour se placer volontairement dans des situations dangereuses. Saluons sur ce point le commandant Weavel qui, apprenant que l'armurerie est un piège, renvoie le héros sur place pour ensuite s'agacer qu'il ait été fait prisonnier.
En fait, le but de cet épisode est d'introduire de nouveaux personnages: John Pope, le leader d'un groupuscule de combattants marginaux et fascistes et Margaret, une survivante qui sait faire preuve d'opportunisme. La présence au scénario de l'excellent Graham Yost, le showrunner de Justified, devrait suffire à produire un scénario nerveux mettant en scène une humanité au bord du chaos. Mais plutôt que de chercher à faire avancer l'intrigue, l'épisode va beaucoup perdre son temps dans des dialogues pas très inspirés, dont le seul objectif est de combler une intrigue de base assez mince.
Toujours aussi prévisible, l'humanité au bord du précipice se pose des questions sur la morale, l'identité et la foi particulièrement saugrenues au vu de leur situation actuelle. L'image de la résistance qui nous est proposée ne correspond en rien à ce que nous disent les récits des combattants des heures les plus sombres de l'histoire (lire l'Armée des Ombres pour les curieux). Jamais vraiment mis en danger dans cet épisode, le groupe de survivant reprend le principe de BSG (des militaires protégeant des petits groupes de civils) mais ne parvient pas à donner une vraie identité aux différents groupes en présence, ni aux ennemis qui les menacent.
Peu angoissant, le récit se déroule avec une certaine platitude pour s'achever par une nouvelle référence sportive (encore la crosse, bon sang, ils m'énervent avec ce sport) plutôt lourde et répétitive. Loin de la grande aventure promise, Falling Skies semble peu pressé de faire avancer l'intrigue, ni de donner une vraie profondeur aux différents personnages.
Tom Mason, le patriarche
Ancien professeur d'histoire américaine, Tom Mason est à l'image de la série, personnage stéréotypé et clairement métaphorique (mais si, l'exode et Moise, rappelez-vous) sauvé par l'interprétation assez nuancée de Noah Wyle. Guidé par une motivation très familiale, il constitue la personnalité centrale d'une histoire qui semble incapable de se développer au delà, convaincue de tenir là un héros fédérateur. Pondéré et doté d'un réel optimisme, Tom Mason est plutôt sociable et possède une vraie propension à aller au secours des autres, qui sont les qualités nécessaires à un héros.
Trop respectueux de la hiérarchie, Tom ne semble pas assez concerné par la situation du groupe, s'intéressant essentiellement à la protection de ses fils, dont le plus jeune, Matt, vit carrément dans le déni de la réalité. Exemple parfait du personnage tête à claques, ce jeune garçon agace profondément par sa passivité, son égoïsme et sa propension à se plaindre à chaque milieu d'épisode. Le groupe de civils, pas du tout développé, servira à première vue uniquement à fournir des missions pour les épisodes solos dont l'objectif sera d'acquérir une ressource particulière.
Ni héros, ni anti-héros, Tom Mason est un personnage sympathique, "monsieur tout le monde" confronté à un péril gigantesque. Manquant cruellement de charisme malgré les efforts de Noah Wyle, il porte le poids d'une série beaucoup trop lourde pour lui, le retournement de situation venant à chaque fois d'une intervention étrangère qui ne lui permet jamais de prendre une véritable envergure. Espérons que le prochain épisode lui permette enfin d'accomplir un vrai acte héroïque, indispensable pour montrer la force de sa détermination face à une menace clairement trop discrète.
The Walking ET : Partie 2
Et les extra-terrestres dans tout cela, me direz-vous, que savons-nous d'eux ? Rien du tout, surtout que le scénario s'arrange ici pour les éviter le plus possible, reprenant le syndrome The Walking Dead où les zombies disparaissaient dès la fin du pilote. Totalement jetée aux oubliettes, la dimension SF du récit ne sert plus qu'à vendre un univers apocalyptique qui se satisfait des poncifs du genre. Sans essayer de faire dans la nuance, Falling Skies verse dans le cliché à outrance, incapable de donner une vraie identité à ces envahisseurs pour le moins ennuyeux.
Non, je suis trop dur et je vais me corriger: les extra-terrestres servent à quelque chose dans cet histoire, Pope les utilisant à plusieurs reprises comme élément de chantage pour faire avancer l'intrigue. Ami auteur de Falling Skies, tu es coincé, sans idées pour relancer ton histoire, alors insère un Alien (de nuit si possible) et découvre les bienfaits de la scène d'action bouche-trou qui ne sert à rien. Avant poste d'une armée d'invasion que les créateurs nous promettent comme terrifiante, les Skitters ont totalement perdus de leur mystère et semblent n'avoir qu'un potentiel très limité.
Passablement stupide (malgré leur surprenante avance technologique), les Skitters sont de loin les plus à plaindre dans cette histoire. Peu de scènes, aucun dialogue, ils sont les méchants pathétiques d'une histoire qui peine toujours à se doter d'une véritable envergure. Ni mauvaise, ni bonne, Falling Skies lasse déjà, ce qui n'est vraiment pas bon signe, gâchant toute son identité SF au profit d'un discours sur la vie en communauté et la morale peu original.
(Mieux vaut relire dans le même domaine: La Parabole du Semeur et des Talents d'Octavia Butler, petit joyau d'une grande auteur de SF)
J'aime :
- Ben Mason qui se montre sous un jour intéressant
- Colin Cunningham plutôt convaincant
- la crosse, le sport de l'été
Je n'aime pas :
- l'argument science-fiction totalement abandonné
- des considérations morales et religieuses hors de propos
- Tom Mason beaucoup trop passif
- Weavel, qui mise sur ses lunettes de soleil pour se donner du charisme
- les extra-terrestres réduits à l'état de seul gadget narratif
Note : 09 / 20
Heureusement que certains comédiens s'efforcent d'apporter un peu de vie à une intrigue particulièrement fainéante qui fait toujours preuve d'aussi peu d'ambition. Sacrifiant totalement sa dimension SF, la série commence à ressembler au récit d'un Exode où le héros est contraint d'exaucer les voeux des populations civiles et militaires. En centrant trop son histoire sur un seul personnage, la série montre qu'elle n'a en définitive pas grand chose à raconter pour l'instant.