Pitch a l'âme d'un Hell's Angels
Tom est envoyé avec son groupe inspecter un magasin de moto, guidé par Pope qui affirme connaître parfaitement le chemin pour s'y rendre. Sur le chemin, ils vont croiser un groupe de Skitters ainsi que des enfants sous harnais qui obéissent aux ordres de leur maître. Pendant ce temps, à la base des Humains, Anne se dispute avec le docteur Harris pour trouver quoi faire du prisonnier alien : le traiter comme une créature intelligente ou comme un vulgaire animal.
Redéfinir le vivant
Si l'argument de départ (aller chercher des motos) s'avère particulièrement faible, la suite de l'épisode va changer intelligemment la relation entre les Skitters et leurs prisonniers. L'idée que Rick préfère porter le harnais et rester connecté avec les Aliens est le premier moment intéressant d'une série qui cherche visiblement à passer au stade supérieur, en apportant un vrai dilemme au sein de l'histoire. Bien moins ennuyeux que les précédents, cet épisode met enfin en valeur l'aspect science-fiction du show avec l'usage encore mystérieux mais intéressant des ondes radios.
Entre l'oncle Scott et ses transistors, la guerre morale entre Anne et Harris et les soldats de Tom sur le terrain, le récit se déploie comme un éventail qui permettra de donner un nouveau statut aux harnais et aux enfants soldats des Skitters. Loin d'être de simples envahisseurs, ces aliens sont en fait des conquérants qui prennent aussi d'assauts l'âme et l'esprit des prisonniers. Dommage que le traitement de cet aspect s'avère trop théâtral, sans une once de subtilité.
Un épisode bien meilleur que les précédents qui fait enfin preuve d'une certaine originalité dans le traitement du rapport entre l'homme et la créature. Ni dominés, ni soumis, les humains sont convertis à la cause de leur maître, qui leur apporte en retour quelque chose que les auteurs gardent pour l'instant secrets et qui pourrait s'avérer vraiment intéressant.
Des enjeux toujours aussi faibles
En trois épisodes, Falling Skies a commis beaucoup d'erreurs, le récit s'est vite résumé à l'histoire d'une seule famille plutôt qu'à celle de l'humanité tout entière. Si la relation entre Tom et ses enfants reste au centre du récit, l'histoire cherche maintenant à s'enrichir en essayant de développer un plus grand nombre de personnages. La scène finale, malgré sa lourdeur symbolique, montre que la notion de famille classique vole en éclats dans une situation comme celle-ci, agrandissant le cadre de la série à tous les survivants.
Les références à la foi, classiques dans ce type de récit, prennent leur sens par rapport à la nouvelle condition des enfants sous harnais. S'ils n'étaient que de simples esclaves drogués, la série aurait proposé une vision terriblement manichéenne où la religion aurait pris le sens d'une simple lutte entre bien et mal. Mais en choisissant de traiter le thème de la corruption de l'esprit des hommes par les Skeeters, la religion ne redevient qu'un simple acte de foi, l'expression d'une certaine identité qui veut avant tout résister à la peur.
L'un des principaux points faibles de l'épisode résidait dans le traitement raté et idiot de certains personnages comme John Pope, réduit au statut de simple cuisinier alors que son potentiel de départ dépassait largement ce simple cadre. Avec cette histoire ridicule de motos, la série donne vraiment l'impression de tâtonner, usant de stratagèmes scénaristiques à peine masqués pour faire avancer l'intrigue dans le sens voulu. Malgré la dimension importante du projet, il est triste de voir l'amateurisme dont font preuve les scénaristes par moments, faisant avancer l'intrigue avec une subtilité de bulldozer.
Il en résulte des enjeux faibles mais qui, grâce aux changements concernant la nature de la soumission des enfants avec harnais, pourrait se renforcer assez rapidement si les auteurs parviennent à donner une vraie orientation à leur récit. J'espère aussi que la série va proposer d'intégrer Pope au sein du récit, permettant ainsi de sortir le temps d'un instant du cadre très strict du groupe de survivants.
The Walking Alien : dernière partie
Ayant beaucoup fustigé les mauvaises habitudes du début de saison de Falling Skies en les plaçant en parallèle avec The Walking Dead, je dois avouer que cet épisode est le premier où la série de TNT semble prendre le chemin inverse du show zombifiant (et lénifiant) d'AMC. En créant un lien fort entre les Aliens et nous, les auteurs de Falling Skies montrent une tendance à une vraie amélioration du récit qui gagne en complexité et en intensité. Là où The Walking Dead sombrait dans la bêtise et l'absence d'idée, Falling Skies tente avec maladresse de créer une tension au sein du récit appréciable.
Donc je mets fin provisoirement à The Walking Alien, conscient malgré tout des nombreuses maladresses dans les dialogues qui, comme la réalisation, jouent trop souvent la carte de la surenchère. Après des débuts très maladroits, la série semble petit à petit trouver sa vraie dynamique et une mythologie encore embryonnaire, mais plutôt intrigante et troublante. Il ne reste qu'à espérer que Falling Skies saura poursuivre en trouvant d'autres idées directrices ayant le même potentiel et permettant de tirer profit de tous les personnages du show.
A noter le final totalement raté et plutôt idiot qui prouve combien les auteurs n'ont vraiment exploité cette histoire de moto que comme un vulgaire prétexte.
J'aime :
- la nouvelle relation entre humains et Skitters
- la tension entre Annie et le docteur Harris
- un récit plus éclaté et plus dynamique
Je n'aime pas :
- des tics de mise en scène plutôt lourds
- quelques dialogues pathétiques
- le magasin de motos et son final totalement ratés
Note : 12 / 20
Enfin de bonnes idées dans un show qui en manquait cruellement, donnant à cet épisode une richesse supérieure malgré un manque de subtilité toujours aussi flagrant. Un épisode de recentrage plutôt bienvenu qui propose une nouvelle orientation assez intéressante à la série.
Bon, je vais marquer une petite pause dans Falling Skies et passer la main à un vrai fan qui sera bien meilleur que moi pour parler de la série : le magnifique et l'unique Chuck44.