It’s a new world !
C’était prévu et attendu : cette dernière saison de Fringe se déroule dans le futur, en 2036 plus précisément. L'épisode 19 de la saison 4 avait préparé le terrain efficacement et c'est tout naturellement que l'on continue à découvrir ce nouvel univers, qui séduit toujours autant.
Il est amusant de relever ce qui est apparu et a disparu en une vingtaine d'années car ces petits détails permettent une immersion plus profonde. Par exemple les bâtonnets d'œuf sont une idée toute bête mais qui fonctionne très bien surtout qu'elle est associée de manière efficace avec le caractère particulier de Walter. De même la disparition des livres n'est guère étonnante et tend à donner un semblant de réalisme à ce nouvel environnement.
J'ai particulièrement aimé le principe des réacteurs de CO2 qui permettent aux observateurs de vivre. Déjà cela leur permet d'avoir encore plus d'emprise sur les humains, ces derniers ayant maintenant une espérance de vie de quarante-cinq ans. Mais surtout ces réacteurs nous montrent une faille bien visible chez les hommes aux chapeaux, point faible qui est déjà exploité dans cet épisode et qui reviendra sur le tapis.
Enfin on notera la noirceur qui se dégage sur chaque plan de la ville et la misère qui semble dégouliner dans les rues de New York. Le générique est une fois de plus au top avec des mots clés saisissants et qui mettent tout de suite dans le bain. On a la sensation d'être dans un univers cyberpunk (en même temps cela colle avec le registre de la science-fiction) et j'ai adoré le principe des gitans de l'ambre, totalement dans l'idée d'une anarchie dans le bas peuple qui vend tout et n'importe quoi. Fringe plonge en pleine science-fiction et le fait avec une grande réussite !
Les tags sont toujours aussi moches dans le futur !
2 Be 3
L’une des forces de la série a toujours été les relations entre les personnages et plus particulièrement celles entre Peter, Olivia et Walt. Une certaine appréhension se faisait ressentir quant à la disparition de ce trio, principalement dû au fait qu’il était très incertain qu’Olivia soit vivante en 2036. Heureusement les scénaristes nous rassurent rapidement sur ce point-là et il est fort appréciable de ne pas avoir consacré trop de temps à la recherche du corps perdu (bien que l'idée de réintroduire le nain libraire était une perspective bien sympa).
Je crois avoir assisté dans cet épisode à l’une des scènes les plus émouvantes de la série. En tout cas moi elle m’a beaucoup touché, je veux bien évidemment parler des retrouvailles entre Olivia et Peter puis de la rencontre Olivia/Etta. On sent une certaine retenue entre les deux amoureux, c’est beau à voir et en même temps intrigant car on se doute qu’il s’est passé quelque chose entre les deux personnages. Doute confirmé quelques temps plus tard par une sorte de pardon de Peter envers Olivia, une fois de plus la scène est très réussie. Par contre cela amène une question un peu surprenante : pourquoi Peter a « lâché » Olivia et son père dans la lutte contre les observateurs ? En tout cas l'explication rapide sur la mort de leur fils était nécessaire car je ne comprenais pas pourquoi dans le futur on retrouvait une fille comme descendante des deux personnages.
La scène de retrouvailles entre Olivia et Etta est la meilleure de cet épisode. J’avais trouvé celle entre Peter et sa fille un peu fade mais là le tir est rectifié. Il y a beaucoup d’intensité et d’émotion dans le regard des deux femmes. Une fois de plus Anna Torv est prodigieuse et est parfaitement secondée par Georgina Haig. Once Upon A Time aurait dû s’en inspirer.
On retrouve donc notre trio au grand complet avec Astrid en électron libre, et maintenant Etta en plus. Il est vrai qu’elle est un peu en retrait par rapport aux autres mais en même temps il faut bien avouer qu’il est extrêmement délicat de bouleverser la hiérarchie des personnages, surtout après quatre saisons. Je trouve qu’elle s’en sort plutôt bien mais je pense malheureusement qu’elle aura beaucoup de mal à s’imposer dans la suite des événements.
Walt a l'air d'avoir du mal à encaisser les crustacés de 2036...
Seuls contre des Supermen et leur armée nazie
On nous avait prévenu, cette saison va traiter de la bataille contre les observateurs qui sont au pouvoir. Si l’épisode m’a globalement satisfait, je ne peux pas nier qu’il soulève quelques interrogations, dont certaines assez agaçantes. En premier lieu, quel est le rapport avec tout le reste de la série ? Rappelons que Fringe traite de phénomènes à la limite du paranormal avec, certes, un fil rouge en fond. Ici nous sommes totalement dans un nouvel univers de science-fiction que l’on pourrait qualifier de spin off à la série. Si bien qu’on se demande encore quel est le lien avec les quatre précédentes saisons, si ce n’est les personnages. On jugera de tout cela avec la fin de la série mais je suis assez sceptique.
Une question sera assurément traitée tout le long de la saison : comment sommes nous arrivés à un tel résultat ? Pourquoi les observateurs (qui comme leur nom l’indique sont juste censés regarder ce qu’il se passe) ont pris le pouvoir ? Que s’est-il passé durant plus de vingt ans ? Ces questions méritent une réponse. Réponse qu’il sera délicat d'avoir en intégralité vu le faible nombre d’épisodes restants. Avec du recul on peut se demander si c’était une bonne idée ce saut dans le temps. Ou sinon, on ne se pose aucune question et on vit le truc pleinement. Mais du coup on perd beaucoup au niveau background de la série qui est d’une richesse importante.
Enfin le vrai élément scénaristique qui me titille pas mal c’est le cœur de cette nouvelle saison : la lutte contre les observateurs. De ce que l’on a vu, les hommes chauves ont la capacité de se téléporter à la Sangoku, connaissent l’avenir et peuvent plus ou moins lire dans les pensées des gens. Comment est-il possible de battre des gens qui connaissent toutes les possibilités futures ? Personnellement ça me dépasse un peu et donne un résultat un peu bancal et décevant. Espérons que la fin de série ne se résume pas à un vulgaire combat entre les deux clans mais je fais confiance aux scénaristes pour déboucher sur autre chose (bien que si on se remémore la saison 4 la crédibilité des scénaristes en a pris un coup !).
Pépouze le Walt, lui manque juste le bédo !
Je ne peux terminer cette critique sans parler de la performance de John Noble. Une fois de plus l'acteur est époustouflant, en particulier dans la scène de torture avec l'observateur, qui avait un côté un peu malsain. Et que dire de cette dernière scène, légère et porteuse d'espoir, totalement opposée à l'atmosphère ambiante ? J'ai hâte de savoir le plan de September et Walt (même si sur le principe, cette idée de rassembleur d'idées fait un peu trop penser aux bouts de cervelle de Walt éparpillés dans les saisons précédentes) pour battre les observateurs. La lutte s'annonce épique et haletante, Fringe a réussi à réveiller la flamme qui s'était éteinte peu à peu la saison précédente ! Malgré le nombre d'interrogations soulevées, la série reste un solide divertissement où finalement il ne faut peut-être pas se prendre la tête à essayer de comprendre tout ce qu'il s'y passe...
J'ai aimé :
- l'univers en 2036
- retrouver cette alchimie entre les personnages
- les retrouvailles Olivia/Etta
- John Noble
Je n'ai pas aimé :
- la crédibilité d'un combat contre les observateurs
- d'avoir l'impression de mettre à la poubelle les quatre précédentes saisons
Note : 14/20