Il est vraiment bien ce début de saison 5, non ? La mise en avant de la religion dans la série donne une certaine forme de cohérence narrative à l'ensemble des épisodes. Et ça, c'est exactement ce qu'on réclamait l'an dernier (et l'année d'avant, et celle d'avant aussi). Mais, ce qui rehausse surtout le niveau du show, ce sont les bouquins.
La fin d'une adaptation
Car oui, « Le Trône de Fer » arrive au bout de son adaptation en ce qui concerne plusieurs personnages. George R.R Martin dans les romans procède par atomisation progressive de ses personnages qu'il envoie se balader aux quatre coins d'Essos et Westeros. La saison 5 marque, semble-t-il, la fin de cet éparpillement chiant et change l'intrigue de personnages clefs pour tendre vers plus de regroupement (Jaime par exemple).
Il ne faut pas se mentir, ce qui a rendu parfois très pénible le visionnage des saisons 2 à 4, c'est le peu de temps passé sur chaque personnage. Par la trop grosse multiplicité de ses héros, Game of Thrones n'offre que peu de moments pour les creuser ou les développer. Résultat, à part les personnages emblématiques de la saison 1 (Tyrion, Jon Snow, Daenerys, Littlefinger…), on a toujours eu du mal à éprouver de la sympathie pour tous les autres qui sont arrivés ensuite (la team Jean Reno en tête).
Le fameux coup de fouet bienvenue sur la série !
Sur ce point, la saison 5 change la donne en divisant ses intrigues en quatre lieux géographiques (et un lieu bonus) : le nord, le centre, le sud et l'est. Chacun de ses endroits est porteur de sa problématique propre, ce qui rend ainsi le visionnage très facile à appréhender :
- Au nord, il s'agit pour l'ensemble des quatre forces en présences (Stannis/Les Bolton/Littlefinger/Brienne) de prendre le contrôle de Winterfell (chacun avec des moyens qui lui sont propres), puis de la région dans sa globalité.
- A King's Landing, on lutte pour le contrôle sur le trône dans une lutte à trois (Cersei/Les Tyrell/Les Moineaux).
- Au sud, on cherche à récupérer/garder une petite fille pour des enjeux opposés (l'amour/la vengeance).
- Enfin à l'Est, il s'agit d'apprendre à gouverner une ville, dans une forme d'apprentissage du pouvoir.
Au final, seule Arya, à Bravos, se retrouve (pour l'instant) isolée, ce qui est parfaitement logique compte-tenu de sa propre storyline (perdre seule son identité pour devenir quelqu'un d'autre).
La fin d'un plan
Il y a plusieurs bons moments dans cet épisode, mais un en particulier a retenu mon attention. Il s'agit de cette magnifique scène dans la crypte des rois où Littlefinger détaille son plan à Dark-Sansa ; plan qu'il avait prévu depuis le début de la série et même avant. La capacité d'adaptation constante de cet homme face aux bouleversements de son temps est proprement sur-humaine. Il a bien sûr provoqué lui-même bon nombre d’événements du show (la mort de Jon Arryn, la mort de Ned Stark, la mort de Jeoffrey et l'exil de Sansa). Mais, il y en a d'autres dont ce ne fût pas le cas (la mort de Renly, le Red Wedding, la mort de Tywin, etc). À chaque fois, Petyr Baelish a donné l'impression d'avoir anticipé ce qui allait se passer.
« How many ten of thousand people died because Rhaegar choose your aunt ? »
Dans ce monde de chaos permanent que représente la série, je cherche depuis le début, la personne ou l'entité qui « tire les ficelles » de l'ensemble. Le show a, pendant longtemps, laissé croire que c'était Tywin Lannister... Avant de montrer qu'il y avait plusieurs éléments qui n'étaient pas sous son contrôle (La banque de Fer et les Tully notamment). Littlefinger, l'homme de l'ombre par excellence semble désormais endosser ce rôle. Ce n'est donc pas tout à fait par hasard qu'il raconte à Sansa dans cette scène que l'entière existence des conflits (et par extension, de la série) repose sur le choix fait par un homme entre deux femmes lors d'un tournoi.
Sauf que, arrivé à ce stade de développement, Petyr Baelish semble être arrivé au bout de son plan. Pour la première fois depuis le pilot, il prend le temps d'expliquer à quelqu'un (Sansa, en l'espèce) ce qui va se passer ensuite. Le problème est que, ce faisant, il se retire lui-même de l'équation et se rend désormais presque inutile. Il le dit d'ailleurs lui-même : Sansa n'a intrinsèquement plus besoin de lui. Et, alors qu'il repart vers la capitale et retourne vers Cersei, je pense qu'effectivement, Petyr peut rapidement se retrouver en danger de mort. Ce qui laisserait, dans ce cas, la porte ouverte au futur personnage qui « tire véritablement » les ficelles. Les paris sont donc ouverts.
Encore un bon épisode qui confirme la bonne tenue de ce début de saison. Après deux bonnes années dans le noir, Game of Thrones relève la tête et ça fait plaisir à voir. Maintenant, ils ne leur restent presque que le plus gros chantier à effectuer : rendre Daenerys intéressante. Et ça, ce n'est pas du gâteau !
J'ai aimé :
- La très touchante scène entre Stannis et sa fille, Shôren.
- Le « You know nothing Jon Snow » de Mélisandre.
- Jonathan Pierce dans le rôle du Haut-Moineau, qui est absolument excellent.
- La bonne grosse bagarre dans deux scènes très différentes l'une de l'autre, mais vraiment cool.
Je n'ai pas aimé :
- Le free-boobs de Mélisandre. Même si c'est un peu plus justifié que d'habitude, l'actrice en fait des tonnes.
- Le peu d'intérêt des passages avec Daenerys (once again).
- L'introduction des trois filles d'Oberyn Martell qui restent pour l'instant des clichés sur patte : « Moi, je manie la lance ! », « Et moi, le fouet !», « Et moi, l'épée courte ! ». Su-per.
- Toujours pas de Sir Bondisseur (et, il y avait largement les moyens de le caser).
Ma note : 15/20.
Le coin du Fan :
Juste avant que Littlefinger arrive, Sansa ramasse un plume dans le caveau. On peut penser, à première vue, qu'il s'agit d'une des plumes du corbeaux aux trois yeux. En réalité, c'est plus subtile que ça. Car la plume n'est pas noire, mais blanche. Cela ne peut donc pas être unes des plumes du corbeau. D'où cela vient-il ? Rappelez-vous, cette scène dans ce même caveau, dans le premier épisode de la saison 1 :
C'est la plume que Robert Barathéon place sur la statue de son épouse décédée, Lyanna. La symbolique est désormais très claire : d'une position de pion du premier épisode (où les deux hommes parlent de la marier), elle est désormais en position de pouvoir. C'est par elle que passera désormais tout l'avenir du Nord et je pense que sa relation avec Ramsay sera très différente de celle qu'elle a eu avec Joeffrey. C'est donc non seulement un rappel très subtile du passé du show (comme la scène de décapitation de l'épisode précédent), mais une façon pour les scénaristes de montrer habilement leur maitrise de l'univers passé ou futur. Puisqu'on vous dit que Game of Thrones va mieux : cette scène en est la nouvelle preuve.
Bonus :
À la semaine prochaine et c'est l'ami Cail1 qui prendra le relais !