On ne dirait pas comme ça, mais voici déjà quatre semaines que la cinquième saison de Game of Thrones a commencé. Une saison qui pour le moment est parvenue à susciter un certain enthousiasme au sein de notre équipe de rédacteurs. Pour certains d’entre eux, elle relève même clairement le niveau des deux précédentes. À mi-parcours de cette nouvelle saison, il est temps de vérifier si cet enthousiasme se confirme ou non. Let’s go !
Pas grand-chose de nouveau du côté de Westeros et d’Essos
Avec Kill the Boy, Game of Thrones continue doucement d’aligner ses pions et de mettre en place les ressorts dramatiques de cette cinquième saison. Seul petit problème : nous en sommes déjà au cinquième épisode et force est de constater que le rythme avec lequel avance le récit se révèle de moins en moins convaincant au fil des épisodes.
Déjà dans l’épisode précèdent et mis à part quelques intrigues, j’avais la fâcheuse impression que la série n’avançait pas vraiment et que nous n’apprenions pas grand-chose de plus par rapport à que ce nous savions déjà. Pour donner quelques exemples : Tyrion avançait doucement en direction de Daenerys comme depuis le premier épisode, Stannis préparait son départ pour Winterfell comme depuis le premier épisode, Elyria Martell préparait sa vengeance comme depuis le premier épisode… Seules les parties concernant Jaime, Cersei et Sansa apportaient leur lot de rebondissements et de manipulations en tout genre.
Attention, ça bouge dans Game of Thrones !
Kill the Boy fonctionne exactement sur ce même principe : l’épisode reprend encore une fois de nombreuses intrigues déjà en place, mais il se contente de les faire légèrement évoluer. Ainsi, la situation de Daenerys à Meereen est toujours un peu la même et elle prend toujours des décisions incompréhensibles ou illogiques avant de revenir dessus, Stannis donne ses dernières recommandations à Jon Snow avant de partir (enfin) pour Winterfell. Quant à Tyrion, il poursuit (encore) son périple qui le mène tout droit à la mère des dragons. Vous l’aurez compris : il ne se passe pas grand-chose de nouveau du côté de Westeros et d’Essos et je dois avouer que ces intrigues trop étirées commencent sérieusement à m’agacer. Nous sommes déjà à mi-parcours de cette cinquième saison et j’ai finalement l’impression que tout est fait pour retarder les grands événements à venir : l’affrontement entre Stannis Baratheon et les Bolton, celui entre Jaime et les Martell ou bien encore la rencontre entre Daenerys et Tyrion…
Le problème, c’est qu’à force de vouloir gagner du temps, les épisodes de Game of Thrones finissent par se suivre et se ressembler un peu trop à mon goût. Certes, le récit avance et il y a des personnages forts qui se révèlent, mais depuis deux épisodes maintenant, j’ai la désagréable impression qu’on est dans un épisode d’exposition à rallonge et que tout ce qui arrive ne prendra véritablement sens qu’à la fin de la saison. Et comme la série semble avoir fait encore une fois le choix d’étendre ses intrigues et de retarder les moments les plus spectaculaires pour la fin, on se retrouve donc avec des épisodes comme celui-ci, assez ennuyeux et où il ne se passe pas grand-chose. Et puis, il faut l’avouer : certains protagonistes au plus grand potentiel narratif manquent cruellement à l’appel. Je pense notamment à Cersei, Jaime ou encore Arya dont les intrigues ne demandent qu’à être développées davantage et qui auraient pu combler les quelques vides scénaristiques qui ponctuent cet épisode par moments.
L’art de divertir
Je vous rassure tout de suite, ma deuxième partie sera beaucoup moins sévère que la première dont le but était surtout de partager avec vous un sentiment de frustration qui me gagne d’épisode en épisode. Maintenant, il est évident que Kill the Boy n’a pas que des défauts et je vais donc m’intéresser aussi à ses qualités dont la principale serait sans doute son grand sens du divertissement.
On pourra dire ce que l'on veut : la mère des dragons a le sens du spectacle !
"Divertissement" vient du mot latin « divertere » qui signifie "détourner de". Ce mot était autrefois utilisé pour désigner les occupations, principalement des spectacles ou des pièces de théâtre, qui permettaient de détourner l’attention du peuple des véritables problèmes de société. C’était un moyen de le canaliser, un peu comme ce que souhaite faire Daenerys en rouvrant les arènes. Cet art du détournement, Game of Thrones semble le maîtriser à merveille et même quand il ne se passe quasiment rien dans un épisode, la série est parvenue à mettre en place un univers tellement addictif qu’on finit presque par oublier ses défauts. Grâce à une mise en scène toujours aussi spectaculaire, un univers foisonnant, des personnages passionnants et des thématiques fortes, la série tire toujours son épingle du jeu. C’est bien simple : il est souvent très difficile de ne pas aimer un épisode de la série et c’est en cela qu’elle demeure un bon divertissement. Vous l’aurez compris : Game of Thrones utilise l’art de divertir, à la fois comme un moyen de détourner ses fans d’une réalité souvent morose et en même temps comme un moyen de détourner ses fans des défauts de la série elle-même.
Ce cinquième épisode est le parfait exemple de cet art du détournement que pratiquent les scénaristes. Malgré toutes les réserves que je peux avoir sur cet épisode (cf. partie 1), je ne peux m’empêcher d’être malgré tout embarqué par ce récit toujours aussi spectaculaire. Il faut dire que les raisons qui empêchent cet épisode de sombrer totalement dans l’ennui sont nombreuses.
Il y a d’abord les personnages dont la plupart sont intéressants et dont on apprécie de suivre l’évolution. C’est le cas notamment de Jon qui poursuit son apprentissage du pouvoir et prend de plus en plus de risques pour imposer ses choix. C’est le cas également de la famille Bolton qui depuis le début de cette saison avait été un peu mise de côté alors qu’elle sera très certainement un élément majeur dans la suite des événements. La jalousie de Myranda envers Sansa n’est franchement pas la partie la plus intéressante, mais la scène du repas pleine de tension relève clairement le niveau. Concernant Stannis et Tyrion, il n’y a finalement pas grand-chose à dire de plus par rapport aux épisodes précédents si ce n’est qu’ils poursuivent leur route. Quant à Daenerys, je crois que j’ai abandonné tout espoir concernant ce personnage. Non seulement, je ne comprends rien à ces choix, mais en plus, ils sont tellement mal amenés dans le récit qu’ils n’en deviennent plus crédibles du tout.
Sympas les repas de familles chez les Bolton
Autre raison qui empêche cet épisode de sombrer : la narration. C’est fou à quel point les scénaristes ont nettement amélioré cet aspect cette saison. La narration est plus structurée, les transitions plus fluides et le récit est moins fragmenté et surtout plus cohérent. C’est quand même agréable de regarder des épisodes où les différentes scènes semblent s’enchaîner naturellement. Pour prendre un exemple précis : cet épisode s’ouvre avec Daenerys à Meereen qui prend la décision de faire capturer les chefs de famille nobles pour les donner en dessert à ses dragons. Un choix stupide qui amène à une scène se déroulant à Châteaunoir et au cours de laquelle le mestre Aemon parle de sa tristesse de savoir une Targaryen seule et livrée à elle-même. Il est rejoint ensuite par Jon qui vient lui demander conseil sur un choix difficile qui risque de diviser ses hommes. Cette transition entre la partie Daenerys qui fait un mauvais choix et la partie Jon qui hésite à prendre des décisions est bien menée et elle permet de lier ces deux protagonistes par une seule et même thématique, celle qui est au cœur de cette saison depuis le premier épisode : la difficulté de gouverner et de prendre des décisions.
Enfin, troisième raison pour laquelle je ne peux me résoudre à détester cet épisode : la découverte de l’ancienne ville de Valyria par Tyrion et Jorah Mormont. Cette saison est une véritable invitation au voyage et chaque épisode nous donne à voir du pays. Entre les villes de Dorne et de Braavos dans le premier épisode, l’île de Torth dans l’épisode précédent et l’ancienne capitale de l’empire valyrien dans cet épisode, Game of Thrones déploie peu à peu l’étendue de son univers et c’est un vrai régal pour les yeux. On ne peut donc que se réjouir !
Game of Thrones où l'art de voyager depuis son canapé
Ce cinquième épisode de Game of Thrones est surtout décevant en terme d’évolution narrative. Il ne s’y passe pas grand-chose de nouveau et il est surtout là pour renforcer certains personnages et certaines situations. L’objectif des scénaristes est clair : préparer un maximum le terrain pour proposer une deuxième partie de saison qui s’annonce spectaculaire. La guerre du nord aura bel et bien lieu, la rencontre entre Daenerys et Tyrion aussi, sans parler de celle entre Jon et les sauvageons. C’est avec ces belles promesses que la série parvient à faire face et à maintenir l’effet de curiosité. Il ne reste plus qu’à espérer que tout ceci ne soit pas qu’une illusion, car si le spectacle reste plaisant, une certaine lassitude commence à s’installer doucement et il est grand temps qu’il se passe véritablement quelque chose…
J’ai aimé :
- La narration structurée.
- Jon qui prend des risques.
- Le petit détour du côté de Winterfell et des Bolton.
- La découverte de Valyria.
- Les promesses toujours présentes pour la suite.
- Les choses bougent enfin du côté de Stannis et de Jon.
Je n’ai pas aimé :
- Le rythme avec lequel avance le récit cette saison.
- Les choix toujours aussi incompréhensibles de Daenerys.
- L’histoire d’amour entre Missandei et Ver Gris.
- L’absence de certains protagonistes.
Ma note : 13/20.
Le coin du Fan :
On l'a vu, depuis le début de saison, Game of Thrones fait des rappels constants à son propre passé. Cette semaine encore donne matière à voir de ce côté là. Et, c'est encore de Sansa dont il s'agit :
Celle-ci prend exactement la même place que sa mère avait dans l'épisode 2 de la série (après la chute de Bran). Encore une subtile manière de souligner l'évolution de la fille Stark. Well done Game of Thrones. Well done.
Bonus :
Ce que Jorah Mormont avait réellement de caché sous son bras
À la semaine prochaine et c'est Dewey qui prendra le relais !
Cail1
