Elle est toujours aussi bien cette saison, n'est-ce pas ? Et cette semaine, Game of Thrones s'attache à respecter ses promesses qu'elle annonce depuis le début de la série en dépeignant un Nord souffrant du grand Froid, tout en faisant grandement avancer les storylines de la saison. Dommage qu'elle retombe dans ses mauvaises habitudes vers la fin, on tenait là un très bon épisode qui reste néanmoins très satisfaisant et amorce des idées intéressantes. C'est parti pour un petit décryptage...
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"Winter is coming. Those aren't just the Stark words. It's a fact."
L'épisode centre toute sa première moitié sur ses intrigues glaciales dans la partie Nord de Westeros. Quasiment tous les personnages font une apparition pour donner lieu à quelques moments marquants et des révélations inattendues.
1) Petite baisse de régime au Mur
Jon Snow se prépare à partir avec Tormund Giantsbane et les sauvageons, au-delà du Mur. Il nomme Alliser Thorne chef en son absence et fait ses aux-revoirs (ses adieux ?) à Sam, qui lui donne le poignard en Verredragon, au cas où il rencontrerait des Marcheurs Blancs. Est-ce annonciateur de possibles événements à venir ? J'espère bien que la marche sera écourtée et que la prochaine fois que nous verrons Jon Snow, ce sera avec les sauvageons derrière le mur ou entre les mains des White Walker. Trop souvent nous l'avons vu marcher dans la neige pendant des épisodes entiers (dans ses aventures avec Ygritte notamment...) et ce serait dommage de reproduire les mêmes erreurs alors que son personnage et toute l'intrigue ont largement évolué dans le positif.
Lui parti, Sam va se retrouver presque tout seul. La mort d'Aemon Targaryen arrive en effet au pire moment imaginable pour lui. Cela restait néanmoins une autre entrée dans la liste des "moments qui n'ont l'air de rien comme ça mais qui sont en fait puissants" de la saison 5. Ici, le fait de ne pas l'avoir vraiment vu mourir est très malin : on passe de son lit de mort où il commençait à délirer sur son passé de dragon, à l'image de son corps glacial reposant sur son bûcher. Le contraste entre le feu et la glace est fort : si même le dragon du Mur s'est éteint, c'est bien le symbole que l'Hiver est déjà là.
"He was the blood of the dragon... but now his fire has gone out."
La chose qui m'a déçu de cette storyline dans cet épisode, ce sont toutes les scènes avec Gilly. Si la tentative de viol sur elle n'est pas surprenante et devait être abordée, la subtilité est rangée au placard, que ce soit avec Alliser Thorne qui a bien dit à Sam "You're losing all your friends" (comme si on ne pouvait pas s'en rendre compte nous-même). Autre exemple avec Sam qui après s'être fait battre, se relève et fait une petite tirade héroïque. La louve Ghost arrive pour sauver in-extremis la situation, j'avoue que je me serais bien passé de deus-ex-machina dans Game of Thrones. La réaction de Gilly ? Soigner Sam et... Et lui retirer sa virginité. J'avoue que je ne suis pas très bien la logique. Tout ça semble un peu incohérent, quel est le but ? Faire de Sam symboliquement un "homme" pour une nouvelle ère "sans Jon Snow" où il doit se débrouiller seul ? Je ne vois pas. Le personnage de Gilly mériterait plus d'attention, il est peut-être là le problème.
2) Des scènes chargées émotionnellement à Winterfell
L'épisode reste dans le cadre du Nord lorsque Sansa confronte Theon/Reek et prépare son évasion pour s'échapper de l'enfer qu'elle vit. Toute la beauté de cette scène réside dans le fait que l'ambiguité sur l'identité du personnage de "Theon" est conservée tout au long de la scène. On voit les signes des deux personnalités de Theon se manifester : "Reek" entre faire son rôle de serviteur mais c'est "Theon" qui constate que Sansa a froid et va fermer la fenêtre. "Reek" repousse Sansa et lui rappelle sans cesse son nouveau nom mais, "Theon" reconnait avoir trahit la famille Stark et promet d'allumer la bougie. L'ascension des marches de la tour nous donne vraiment envie de croire à l'émancipation de ces deux personnages, il suffit juste que Theon allumeune bougie... C'est peine perdue : le plan sur la chambre de Ramsay vient nous rappeler que la loyauté de "Reek" envers Ramsay est bien trop forte. Il faut saluer le fait qu'à chaque scène le trio principal d'acteur est incroyable et nous prend aux tripes.
Ainsi, la scène où Ramsay force à regarder l'allié des Starks écorchée vive est d'une cruauté aussi grande que lorsque Joffrey l'avait forcée à regarder la tête de son père sur une pique (1.10 : Fire and Blood). La perversité de Ramsay n'a décidément pas de limites. On a de plus en plus de mal à imaginer une échappatoire pour Sansa. Le plan rapide sur Brienne vient peut-être nous éclairer sur l'issue possible à toute la situation. Le fait que Sansa apprenne que son frère est bien vivant et devenu Lord Commandant de la Garde de Nuit aussi... Pourrait-elle s'enfuir et le rejoindre ? L'avenir est incertain étant donné les multiples indices et ouvertures possibles que donne cet épisode.
"It can always be worse."
3) Sur la route du Nord
Enfin, Stannis peine à aller vers Winterfell et se rend lui aussi compte de la présence de l'Hiver. Ce roi continue de m'impressionner cette saison par sa volonté de fer et sa lucidité. Lorsqu'il explique qu'ils se doivent d'aller de l'avant peu importe qu'ils marchent vers la défaite ou vers la victoire, j'ai eu l'impression d'assister pour la première fois à la réflexion d'un vrai guerrier endurci. On est bien loin de la saison 3 où il avait boudé sa défaite à Peyredragon.
Parallèlement, il questionne Mélisandre et doit une nouvelle fois lutter entre décision militaire difficile et promesse religieuse fondée sur une croyance. Lui qui semblait aussi dur et sûr de lui devant Davos, doute bien plus des prophéties de la Dame Rouge qu'on ne le pense. Quand on ajoute sa vie personnelle dans l'équation, la situation se complique. Le roi apprend en effet (en même temps que nous) que le sacrifice de sa fille Shireen, de sang royal pur, serait nécessaire pour défaire Ramsay et conquérir le trône. C'en est trop pour Stannis qui rejette - enfin ! - Mélissandre. Révélation qui n'a l'air de rien, car faite subtilement, cette nouvelle donnée redistribue complètement les cartes. Surtout quand on se souvient l'échange Stannis/Shireen dans un épisode précédent. C'est qu'ils ont tout prévu cette saison !
Enfin, cet épisode, c'est aussi une des premières fois que l'on voit réellement une armée souffrir autant à cause du froid, concrétisant encore plus la devise des Starks. Dans ce contexte des tas d'éléments se bousculent dans la tête de Stannis. La suite des événements est, tout comme à Winterfell, quasiment imprévisible. J'aime ça !
" His army is out there now, suffering in the snow."
"I have a gift for you." "Quoi, un bon épisode ?"
Si toute la première partie de l'épisode se concentre au Nord, m'ayant même fait penser à un moment à un autre centric sur cette région comme on l'a (presque) eu dans l'épisode 5, la suite revient sur toutes les intrigues (si l'on excepte l'absence d'Arya). C'est là que l'épisode se perd un peu dans ses transitions et qu'on nous sert quelques scènes vraiment mauvaises, malheureusement, même si King's Landing est là pour rattraper l'affaire. En clair, la deuxième moitié de l'épisode ressemble plus à du Game of Thrones "classique" qu'on nous sert depuis plusieurs semaines. La bonne nouvelle, c'est que les multiples cliffs nous laissent penser que ce sera bien la dernière fois que ce sera le cas.
1) Ennui mortel à Dorne
Commençons par la seule chose que j'ai véritablement détesté dans l'épisode. Dorne. Qu'est-ce que c'est que cette bouse ? Jaime et Myrcella ont la conversation la plus prévisible de l'histoire. Après tout on pouvait s'y attendre depuis leur "intrusion" ridicule dans l'épisode précédent. Mais alors, ce dialogue Bronn/Soeurs Sands ? What the fuck ? Bronn pousse la chansonnette, Tylene montre ses seins, Bronn était empoisonné mais elle lui donne l'antidote car il dit qu'elle est la plus jolie des femmes. On est dans une parodie en fait, c'est ça ? C'est le summum de l'incohérence et de l'inutilité réunit dans une seule scène. Cela ne donne même pas envie de voir ce qu'il y a ensuite. C'est juste du vide qu'on ne cherche même pas à dissimuler. Les Martells méritaient tellement mieux.
2) Rencontre tant-attendue à Meereen
Passons à quelque chose de plus enthousiasmant. Tyrion et Jorah sont vendus à des maîtres d'escalve pour se battre dans les arènes de Meereen. On sait tous qu'il faut amener ces personnages d'un point A vers un point B, la série cherche à le faire le plus rapidement possible sans trop soigner les détails. C'est le bon choix selon moi si on ne voulait pas faire tarder la rencontre que tous les fans attendent avec impatience. Donc, Tyrion fait trois blagues et un marchant l'achète avec Jorah pour les emmener tout pile où ils veulent aller. C'est un peu facile mais c'est un raccourci que j'excuse facilement.
Pendant ce temps, Daenerys et Daario obtiennent leur première vraie scène utile. Comme quoi les miracles se produisent quand on les attend le moins.
Daario : "You are queen. You can do what you like."
Daenerys : "No, I can't."
Daario : "Then you are the only person in Meereen who's not free."
Les retrouvailles entre Jorah et Daenerys sont ensuite assez excitantes à voir et pour une fois Emilia Clarke m'a convaincu dans son glacial "Get him out of my sight", elle qui je trouve ne sait d'ordinaire pas jouer la colère froide. Encore une fois, l'intrigue peut partir dans des tas de directions opposées. D'autant que cette storyline se termine à peu près à ce point-là dans le livre ! Bien sûr il y a aussi des échanges avec la subtilité d'un éléphant ("I am a queen. Not a butcher") mais j'ai appris que ce n'est pas comme ça qu'il faut apprécier cette intrigue. Profitons juste de la rencontre entre notre nain et notre dragonne préférés et attendons donc toutes les scènes fan-service qu'on pourra nous servir dans les épisodes suivants. Il y a de bien meilleures intrigues pour ce qui est de la gestion du peuple et du pouvoir.
3) King's Landing
Comme à la capitale, où comme toujours, c'est génial. Lady Olenna commence sa quête pour sauver ses petits-enfants. Elle va voir le Grand Moineau. Celui-ci la stoppe net dans toutes ses tentatives. Très juste analyse du Septon (toujours merveilleusement joué par Jonathan Pryce) dans ce qui est probablement le meilleur dialogue depuis le début de la saison : Olenna utilise son esprit d'analyse et son don pour cerner les gens afin de tirer partie des motivations cachées de ses ennemis. C'est sa façon de procéder. Sauf qu'ici, elle fait face aux fidèles de Dieu. Il n'y a pas d'arrière-pensée ni de faiblesse à exploiter. Les servants de la Foi ne sont en fait qu'un simple outil des Dieux qui ne prennent pas parti.
Olenna n'a plus qu'une chose à faire : utiliser les moineaux et dénoncer Cersei, se servant ainsi de la Foi pour faire tomber la Couronne. C'est par l'aide de Littlefinger, son partenaire dans le crime contre Joffrey en saison 4, qu'elle va parvenir à défaire Cersei. Littlefinger est un personnage fascinant, balançant sans cesse d'un côté ou de l'autre du jeu des trônes à chaque nouvel épisode. Il donne ici à Olenna la possibilité de se venger et de renverser le pouvoir à King's Landing grâce à Lancel Lannister (encore un coup que la série avait préparé à l'avance, décidément). Cersei se fait donc emprisonner. En jouant au même jeu que l'imprudente Reine-Mère, Olenna n'a pas encore sauvé sa famille mais a pu évinscer une partie de ses ennemis sans vraiment risquer de répercussions en retour. 1 partout, balle au centre pour le jeu des trônes, mais pas sûr que le peuple puisse se remettre de la rupture...
"We are the many. You are the few. And when the many stop fearing the few..."
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De manière générale, le rythme est toujours lent, en tout cas plus lent que dans les anciennes saisons, certes. Jusque là, aucun épisode n'est vraiment sorti du lot par rapport aux autres. Malgré cela, je ressens une montée en puissance. Depuis le début de la saison le rythme est crescendo. À la fin de cet épisode les pièces de l'échiquier ont changé de place. Jon est parti de la Garde. Stannis doit prendre une décision très importante avant sa bataille à Winterfell. Daenerys et Tyrion se rencontrent enfin. Cersei est emprisonnée. Il est très difficile de prédire ce qu'il va se passer dans la plupart des cas, ce qui nous laisse imaginer le meilleur à venir.
Oui, je choisis de croire à une fin de saison tonitruante qui justifie le rythme lent depuis le début. Si j'ai raison, le prochain épisode devrait nous réserver quelques scènes très puissantes, l'épisode "événement" 9 devrait marquer nos mémoires et le final devrait être à la hauteur de celui de l'an dernier, voire encore plus mémorable. Ainsi, la saison aurait eu un démarrage lent, loin d'être aussi riche en rebondissements que les deux précédentes, certes, mais aurait su pallier à ce manque d'événements sensationnels par une qualité d'écriture, des thèmes clés autour du pouvoir et de la religion et des épisodes axés sur des intrigues précises. Le tout pour balancer la sauce à la fin.
En clair je m'imagine que la saison quasi-parfaite est toujours possible même si aucun épisode ne s'est détaché plus qu'un autre. Bien sûr je peux me tromper et la saison pourrait se révéler décevante et molassonne dans sa conclusion. Auquel cas la qualité des précédents épisodes ne changerait pas, mais l'impression générale serait forcément moins forte. Je serais tout de même surpris par ce cas de figure, tant les scénaristes semblent avoir fait des effort de narration très appréciables.
The Gift est un épisode dans la continuité des précédents, qui bouge néanmoins toutes les pièces de l'échiquier pour nous laisser dans un équilibre incertain. Après un départ exclusivement centré sur le Nord d'un très bon niveau, les intrigues faibles telles que Dorne repointent le bout de leur nez mais, ne gâche pas un ensemble toujours aussi entraînant et prometteur pour la suite.
J'ai aimé :
- Le départ de Jon Snow avec les sauvageons.
- La mort d'Aemon Targaryen, symbole de la fin de l'été.
- Sophie Turner dans des scènes extrêmement puissantes.
- Theon et Reek, une lutte intérieure qui semble perdue d'avance.
- La sensation que l'Hiver n'a jamais été aussi proche.
- Stannis qui est poussé à bout mais n'en démord pas.
- La rencontre fanservice ultime : Tyrion et Daenerys, motherfucker !
- Les événements à King's Landing.
- La continuité dans le scénario, qui reprend de nombreux éléments introduits il y a plus ou moins longtemps dans la série.
- Une réalisation magnifique tout au long de l'épisode.
Je n'ai pas aimé :
- Gilly, sous-dévelopée et Sam, héros du dimanche.
- Les soeurs Sands et Dorne, ca-ta-stro-phique...
- Un rythme toujours un peu lent qui ne compte que sur l'envie des fans idiots comme moi de croire à un changement imminent...
Ma note : 14/20
Bonus :
À la semaine prochaine avec le come-back de Cail1 !