Soyons honnêtes ! Cette saison, Game of Thrones n’a eu de cesse de jouer au yoyo, en nous proposant des épisodes la plupart du temps convaincants, mais rarement aboutis. Il faut dire que malgré des intrigues alléchantes, la série tarde un peu trop à leur offrir une véritable consistance, au risque de lasser ses fans. Et alors que cette saison peinait à tenir pleinement ses promesses, voilà qu’elle dégaine un huitième épisode d’une efficacité plutôt inattendue. C’est bien simple, un seul mot me vient en tête à la fin de cet épisode : Enfin !
- Enfin, la rencontre entre Daenerys et Tyrion !
- Enfin, les marcheurs blancs deviennent une véritable menace !
- Enfin, Jon Snow endosse pleinement son rôle de lord commandant !
- Enfin, Sansa décide de tenir tête à quelqu’un !
- Enfin, Cersei se retrouve à son tour dans une position délicate !
- Bref, enfin les choses avancent dans Game of Thrones !
C’est donc avec cette impression d’avoir enfin eu le droit à un épisode à la hauteur que je me lance dans cette nouvelle critique.
Daenerys & Tyrion : La réunion des « enfants terribles » de Westeros
Dire que nous attendions désespérément la rencontre entre Daenerys et Tyrion cette saison serait un doux euphémisme. Cet événement majeur, nous ne faisions pas que l’attendre, nous l’espérions et le rêvions, tel le Messie qui viendrait enfin redonner un bon coup de fouet à une série qui donne parfois l’impression d’être à bout de souffle.
Cet événement, il est enfin arrivé et il est à la hauteur de mes attentes. Si pour le moment cette rencontre entre les deux enfants terribles de Westeros reste relativement sage, elle permet néanmoins de redistribuer les cartes du côté de Daenerys qui trouve en Tyrion un conseiller de choix. Il est évident que cela aura un impact énorme sur les décisions futures de la mère des dragons. Une véritable aubaine pour celle qui depuis presque deux saisons enchaînait les erreurs stratégiques et les alternatives souvent douteuses.
À votre avis : que peuvent bien comploter deux enfants terribles lorsqu’ils sont réunis ?
Le passage durant lequel Daenerys demande à Tyrion de décider du destin de Jorah est particulièrement intéressant. On y voit clairement comment l’esprit critique, le flegme et la clairvoyance du Lannister peuvent permettre à Daenerys d’éviter de commettre des actes discutables sans en avoir évalué pleinement l’impact au préalable. En outre, les échanges entre les deux personnages sont souvent délicieux et bien écrits. La scène au cours de laquelle ils évoquent leurs pères respectifs et les alliances impossibles de Daenerys à Westeros en est le parfait exemple, avec une déclamation qui risque bien de devenir culte et qui annonce un programme qu’on a déjà hâte de découvrir :
Lannister, Targaryen, Baratheon, Stark, Tyrell… They’re all just spokes on a wheel. This one’s on top and that one’s on top and on and on it spins, crushing those on the ground. (…) We’re not going to stop the wheel. I’m going to break the wheel !
Bref, on peut affirmer que l’arrivée de Tyrion à Meereen a le don d’apporter un véritable vent de fraîcheur à un personnage (je parle bien de Daenerys !) qui faisait grise mine depuis plusieurs saisons. Pour être tout à fait honnête : je ne me souviens même plus depuis combien de temps je n’avais pas été aussi emballé par son intrigue. Mission réussie donc pour les scénaristes qui sont parvenus à la rendre de nouveau intéressante, en espérant que les prochains épisodes viennent confirmer cette tendance.
Pas de chance pour Jorah : il sort encore par la petite porte
Au milieu de ces deux personnages, il ne faut pas oublier d’aborder le cas de Jorah Mormont. Grâce à l’intervention de Tyrion, il parvient à échapper à la peine de mort, mais il est de nouveau condamné à l’exil. Rejeté une nouvelle fois par celle pour qui il éprouve une profonde affection, il cherche aussitôt un nouveau moyen de garder une proximité avec sa reine tout en essayant de briller à nouveau à ses yeux. Pour ce faire, il décide de combattre dans les arènes. Un choix désespéré, presque touchant, qui ne fait que confirmer le dévouement de cet homme dont la vie dépend entièrement de celle de Daenerys… Quelque chose me dit que cette formulation devrait prendre tout son sens dans les prochains épisodes.
Le retour spectaculaire de « ceux que l’on avait fini par presque oublier »
Au Nord, alors que Ramsay Bolton envisage d’envoyer un petit groupe d’hommes avec lui pour terrasser Stannis Baratheon, on assiste au deuxième événement majeur de cet épisode : l’attaque des sauvageons par les « White Walkers ». On avait presque fini par oublier la menace qu’ils représentaient et cet épisode m’a un peu pris par surprise. Cette attaque, je ne m’y attendais absolument pas et c’est sans doute ce qui la rend si passionnante. Dans mon esprit, j’avais imaginé plein de possibilités, notamment un affrontement musclé entre Jon et les sauvageons, mais ce retournement de situation, cette rencontre avec le roi des marcheurs blancs, je ne l’avais pas venu venir. Je dois avouer que ce fut très agréable d’être surpris. D’autant plus que cela faisait un petit moment que la série n’y était plus parvenue.
Pour ce qui est de la bataille en elle-même, il y a beaucoup de maladresses et/ou de facilités scénaristiques : l’attaque qui intervient au moment où Jon Snow vient recruter des sauvageons, la sauvageonne que l’on apprend à connaître et qui meurt un quart d’heure à près, l’embarcation qui attend sagement Jon et ses hommes alors que c’est la panique totale… Pour autant, il est hors de question que je boude le plaisir que j’ai pris devant cette scène. Game of Thrones conserve son sens du spectaculaire et elle est la seule série, à l’heure actuelle, qui est capable de nous offrir des moments épiques de ce genre. C’est un aspect de la série qui finit toujours par avoir son petit effet et qui happe la grande majorité d’entre nous. Cette scène est d’autant plus jouissive qu’elle intervient à un moment où la série commençait dangereusement à stagner. Alors oui, elle n’est pas parfaite, mais elle fait vraiment du bien et me redonne foi en cette aventure.
Ravi de faire votre connaissance mon cher !
Ce que je trouve intéressant dans cette attaque, c’est que pour la première fois dans la série, on mesure réellement la force de frappe de ces créatures qui jusqu’ici avaient été un peu mises de côté au profit de la guerre pour le trône de fer. Elle permet aussi d’explorer encore davantage ce fameux hiver dont on entend parler depuis le début de la série. Ici, les personnages concernés prennent enfin pleinement conscience de la menace qui les guette et plutôt que de s’affronter et se diviser, ils comprennent que leur véritable moyen de survivre sera de s’unir. La guerre des sept couronnes paraît bien peu de choses à côté de cette menace et c’est en cela que je trouve cet épisode primordial. Ce n’est pas pour rien que finalement les sauvageons se retrouvent contraints de rejoindre les rangs de Snow.
En réalité, l’un des seuls véritables reproches que je pourrai faire à cette scène, c’est qu’elle paraît un peu déconnectée du reste de l’épisode. Alors que les parties centrées sur Daenerys, Tyrion, Cersei, Sansa ou encore Arya misent principalement sur les dialogues, cette séquence-là, à part au moment où Jon Snow rencontre le conseil des anciens sur le camp des sauvageons, mise en grande partie sur l’action. Cela donne une impression un peu étrange et déstabilisante et au début je me suis même demandé si les scénaristes n’auraient pas mieux fait de dédier un épisode entier à cette bataille, comme ils l’avaient déjà fait la saison dernière lors de l’épisode 9.
Néanmoins et malgré mes doutes, je ne peux m’empêcher de penser que ce choix était volontaire et finalement assez judicieux. Il paraît évident que les scénaristes ont décidé de vraiment miser sur l’effet de surprise dont j’ai déjà parlé auparavant. Cela permet non seulement d’offrir une dimension encore plus spectaculaire à cette bataille, mais en plus cela renforce la menace des marcheurs blancs qui de ce fait sont présentés comme étant capables de débarquer soudainement et de terrasser un campement en à peine un quart d’heure. Du coup, ce qui pourrait être un reproche finit par devenir un compliment. Quand je disais qu’elle était déstabilisante cette bataille…
« My name is Jon Snow, i’m Lord Commander of the Night’s Watch »
L’autre gros atout de cet épisode, c’est Jon Snow lui-même. Qu’elle paraît loin l’époque ou le jeune homme n’était que le fils bâtard de Ned Stark. Cette saison, c’est bel et bien la sienne et le nouveau lord commandant se taille clairement la part du lion. C’est quand même très agréable de suivre l’évolution de ce personnage et je trouve que son statut de meneur lui réussit plutôt bien.
Malgré les mises en garde de ses propres hommes et leur méfiance vis-à-vis des sauvageons, il reste fidèle à son idée de rallier leurs ennemis à sa cause. C’est tout à son honneur et ça l’est d’autant plus qu’il se rend directement sur place pour tenter d’entamer des négociations avec eux. Pourtant, son arrivée sur le camp des sauvageons aurait de quoi en faire fuir plus d’un, puisqu’il n’est évidemment pas le bienvenu.
Vous savez à quoi on reconnaît les grands combattants ? Ils sont souvent à terre…
Sa rencontre avec les anciens est un moment fort de cet épisode. C’est aussi l’un des moments les plus passionnants et réussis. Le voir tenter de convaincre les sauvageons de sa bonne foi et devoir faire face à leur haine et leur colère suite à des années de conflit est particulièrement intéressant. De plus, il est toujours passionnant de voir comment deux camps opposés tentent de trouver ensemble un terrain d’entente.
Quoi qu’il en soit, cet épisode permet enfin à Jon Snow d’endosser son rôle de meneur et de prendre conscience de l’importance de son nouveau statut. J’ai beaucoup aimé le voir interagir avec les autres et faire en sorte de s’imposer. Brave, courageux, audacieux, téméraire, impressionnant… les adjectifs ne manquent pas pour parler de celui auquel je ne croyais pas vraiment il y a encore une saison. Continue donc comme ça Jon Snow et tu risques bien de devenir mon personnage préféré de la saison, si ce n’est pas déjà fait…
Sansa, Arya et Cersei : la belle, l’apprentie et la déchue
J’admets que le titre choisi à cette partie est totalement naze, mais que voulez-vous, je ne pouvais pas boucler cette critique sans évoquer les trois autres personnages de cet épisode. Qui plus est lorsqu’il s’agit de personnages intéressants, intrigants ou fascinants comme Sansa, Arya et Cersei. Si de nombreuses personnes se souviendront surtout de cet épisode comme étant celui de la véritable rencontre entre Tyrion et Daenerys ou celui de la bataille entre les marcheurs blancs et les sauvageons, il serait dommage d’oublier qu’il est aussi celui où Sansa a enfin décidé d’élever un peu la voix, celui où Arya franchit une nouvelle étape dans son apprentissage auprès des Sans-Visages ou encore celui ou Cersei se retrouve en prison et refuse de céder à la pression du Grand Moineau.
Mais c’est qu’elle peut être méchante quand elle veut !
Pour la première d’entre elles, il était grand temps que la fille aînée des Stark tienne tête à quelqu’un. Si ce n’est pas non plus la grande révolution que l’on attendait et que sa colère semble assez sage si on la compare à ce qu’elle a enduré, elle se montre très dure envers Theon et ose enfin dire ce qu’elle pense. J’avoue que son petit coup de sang m’a bien plu et j’espère que nous aurons droit à d’autres moments comme celui-ci à l’avenir. Sansa ne doit plus être une victime, il est grand temps qu’elle s’affirme et qu’elle ne se laisse plus marcher sur les pieds. De toute manière, les scénaristes n’ont plus trop le choix et il serait assez malvenu de leur part de faire machine arrière maintenant.
Cette scène, c’est aussi l’occasion pour Sansa d’apprendre que ses deux petits frères sont vivants. Après avoir appris la survie de Jon Snow dans l’épisode précédent, on peut imaginer à quel point cette deuxième bonne nouvelle lui redonne de l’espoir et de la force. Sansa a de nouveau une raison de se battre et l’on attend avec impatience de découvrir ce que la jeune femme va faire de ces différentes informations.
Arya, de son côté, poursuit son apprentissage auprès des Sans-Visages et semble franchir enfin une nouvelle étape qui la rapproche un peu plus du dieu Multiface. Si cette partie est toujours aussi fascinante et mystérieuse, notamment grâce à la présence de jaqen H’ghar, je dois avouer que je commence un peu à être lassé et agacé par la manière dont cet apprentissage progresse. Dans l’ensemble, cette intrigue reste quand même assez floue et ma fascination pour cette secte me suffit de moins en moins pour apprécier les parties qui lui sont dédiées. Il serait quand même peut-être temps d’en savoir un peu plus, sinon il y a de forte chance que la lassitude prenne le pas sur le reste.
Bah alors, on fait moins la maligne maintenant !
Pour ce qui est de Cersei, j’avoue prendre un plaisir un peu coupable à voir la reine-mère dans une telle position de faiblesse. Malgré des passages peut-être un peu trop répétitifs par moments, ils n’en demeurent pas moins efficaces. Après tous ces coups fourrés et toutes ces manipulations, il était temps que la reine se retrouve enfin confrontée au Grand Moineau, ce monstre qu’elle a elle-même engendré. J’aime bien cette métaphore, car elle permet aussi de parler du docteur Qyburn Frankenstein, le conseiller de Cersei qui depuis la saison dernière travaille activement sur un projet impliquant Gregor Clegane, alias La Montagne. L’apparition de Qyburn dans cet épisode annonce de belles promesses et l’on a hâte de découvrir ce que vont donner ses expériences.
Avec Hardhome, Game of Thrones retrouve enfin des couleurs et s’offre un épisode particulièrement efficace et réussi. Si beaucoup s’en souviendront pour sa deuxième partie spectaculaire, chacune des intrigues se révèlent importantes. Mieux encore : elles sont toutes intéressantes et passionnantes. Qu’ils s’agissent de la rencontre entre Daenerys et Tyrion, de l’apprentissage d’Arya, de l’enfermement de Cersei, de la visite de Qyburn, de la colère de Sansa et de ses découvertes sur le destin de ses frères, tous ces événements offrent une certaine dynamique à cet épisode, et contribuent à l’élaboration d’un récit enthousiasmant. C’est bien la première fois cette saison que la série nous offre un épisode aussi complet et intense, dans lequel chaque personnage et chaque intrigue offrent son lot de moments forts. Ce huitième épisode de Game of Thrones, c’est un peu comme un neuvième épisode avant l’heure, une récompense pour ceux qui se sont montrés patients tout au long de la saison et qui sont enfin remiercés. Si depuis plusieurs épisodes, on annonçait une fin de saison spectaculaire, j’ai maintenant l’impression qu’elle sera dantesque ! Vite, la suite !
J’ai aimé :
- L’impression que les choses avancent enfin !
- La rencontre entre Daenerys et Tyrion qui vient redynamiser une intrigue à laquelle on ne croyait plus.
- Jorah Mormont, dont le dévouement pour Daenerys est toujours aussi touchant.
- L’attaque surprise des White Walkers, qui vient nous rappeler à quel point ils sont une menace.
- La visite du campement des sauvageons par Jon Snow et la confirmation de son statut de leader.
- Sansa qui tient enfin tête à Theon.
- Cersei en position de faiblesse.
- Le retour de Qyburn.
Je n’ai pas aimé :
- Même s’il demeure mystérieux et fascinant, l’apprentissage d’Arya commence à lasser.
- La scène de Sam et Olly à Châteaunoir était peut-être dispensable.
- Les quelques facilités scénaristiques qui gâchent la bataille entre les sauvageons et les White Walkers.
Ma note : 16/20
Le Coin du Fan :
Cette semaine, le Coin du Fan est double.
Il y a, tout d'abord, ce clin d'oeil à un personnage déjà apparu dans le show, que vous n'aviez pas vu. Quoi un personnage important apparait caché dans cet épisode ? Non non, calmons-nous. Game of Thrones reste Game of Thrones et c'est la seule série à faire créer de la "Continuité de prostituée". Jugez plutôt :
Et oui, la rousse qui apparait dans l'épisode avec le pirate Salladhor Saan à Braavos (épisode 6 saison 4) est la même qui croise Arya lors de sa livraison d'huitres. Imdb m'apprend qu'elle s'appelle Lhara. Les mecs ne sont pas foutus de créer une continuité temporelle (la fils de Gilly est bébé depuis 3 ans), mais par contre, en gestion des prostituées (vous vous souvenez de Ros ?), ça reste les meilleurs !
Il y a, ensuite, cette découverte que les White Walkers sont hyper balaises en géométrie. À mon avis, les Marcheurs Blancs sont des prof' de math' frustrés qui se sont retirés de toute civilisation. Je vois que ça :
- Épisode 1, Saison 1 :
- Épisode 3, Saison 3 :
- Épisode 4, Saison 4 :
- Et cet épisode donc :
Pas de Bonus cette semaine (mais on reviendra encore plus fort, promis). À la semaine prochaine avec Dewey pour l'épisode 9 tant attendu !