Critique : Game of Thrones 6.02

Le 04 mai 2016 à 15:44  |  ~ 10 minutes de lecture
Cette semaine, Game of Thrones retombe encore et toujours dans ses mêmes travers et nous offre des comebacks.
Par Koss

Critique : Game of Thrones 6.02

~ 10 minutes de lecture
Cette semaine, Game of Thrones retombe encore et toujours dans ses mêmes travers et nous offre des comebacks.
Par Koss

Pendant longtemps, on a cru que la série irait mieux si elle se détachait du livre. Pour peu qu'on veuille bien oublier Ros, les initiatives allant dans ce sens étaient plutôt positives. Cette année, enfin, on allait voir ce qu'on allait voir. Et on a vu. Désormais, David Benioff et D. B. Weiss (Chapi et Chapô) sont en roue libre sur l'autoroute de la surenchère. Et à contresens.

 

Le scénario comme maître du destin

 

Plus le temps passe et plus Chapi et Chapô s'avèrent être de piètres scénaristes. Dans d'excellentes séries récentes (au hasard, Better Call Saul et The Americans), le scénario fait tout pour s'effacer. On a l'impression que ce sont les personnages qui, d'eux-mêmes, décident de leur destinée. Ils vont d'un point A à un point B, puis on s'aperçoit rétrospectivement que ce choix avait été préparé en amont par le script. Dans Game of Thrones, c'est l'inverse qui se passe. C'est le scénario qui va d'un point A vers un point B. Les personnages, eux, sont alors forcés de suivre.

Pourquoi Daenerys échoue-t-elle constamment là où Tyrion réussi ? Ce n'est ni l'âge (Emilia Clarke a 29 ans), ni une forme secrète de sagesse. Tyrion peut se balader dans les ruines fumantes de Meereen avec Varys sans protection, il ne lui arrivera rien. On le sait. Il arrive même à dresser les dragons de Dany là où elle échoue depuis plus d'une saison (si jamais la série ne confirme pas qu’il a du sang Targaryen...). Tyrion réussi parce que le scénario l'impliquait. Il aurait sans doute été très intéressant de sous-entendre les raisons de l'échec de Dany (au-delà de son âge, qui est une excuse bien trop facile). En saison 1, la fierté de Ned Stark et son intransigeance l'avaient conduit au pouvoir et, en même temps, à sa mort. C'était un joli paradoxe, bien construit et bien écrit.

Désormais, les décisions n'ont plus grand sens et les personnages subissent comme un destin ce que le scénario a décidé pour eux. Pourquoi Davos (a.k.a. Jean Reno) pardonne-t-il aussi facilement à Melisandre ? Pourquoi Théon Greyjoy décide-t-il de rentrer parmi les siens (où tout le monde le déteste) ? Pourquoi faire revenir à cet instant Bran Stark ? Pourquoi maintenant ? Quel sens narratif cela a-t-il ? Pourquoi Tormund ne brûle-t-il pas immédiatement le cadavre de Snow (alors que c’est dangereux de ne pas le faire) ? Pourquoi, d’ailleurs, le ressusciter dans cet épisode ? Pourquoi là ? Faire disparaître un personnage, puis le ressusciter deux épisodes plus tard n'a pas vraiment de sens. Au-delà d’avoir fourni à des tonnes de sites internet du clic facile, sa mort a eu un impact vraiment très limité sur l’ensemble de la série. Sansa en tête, la majorité des personnes n'en ont même rien su.

 

Jon Snow is dead

 

Elle a eu des conséquences pour trois groupes de personnages :

  1. Le Mur. Les membres de la Garde de Nuit sont désormais renforcés. Les traîtres tués ou en prison. Les sauvageons feront désormais allégeance à Jon Snow... Comme c'était le cas avant.
  2. Melisandre et Jean Reno. Le croisement des deux est la partie la plus intéressante de ce pauvre épisode. Melisandre qui doute est ramenée à la croyance par Davos, le personnage le plus païen de la série. Il aurait sans doute été plus intéressant symboliquement que ce soit par le contact des mains de ce dernier que le Lord Commander revienne à la vie.
  3. Jon Snow. Il a clairement renforcé son influence et ses hommes suivront désormais jusqu'à la mort ce chef qui ne peut mourir. Mais au-delà de ça ? On peut peut-être espérer un changement radical dans son caractère. En saison 2, Beric Dondarrion avait indiqué qu’il revenait différent à chacun de ses « retours ». On pourrait alors partir vers un Jon plus « froid ».

 

Show. Don’t tell.

 

Tout cela montre que la série est désormais sous écrite. Les dialogues ne sont plus que des remplissages où les personnages décrivent et expliquent ce qu’il se passe à l’écran. On avait eu un bel exemple la semaine dernière, où Varys et Tyrion décrivaient la situation à Meereen, que le spectateur connaissait déjà et voyait à l’écran.

 

Bran avec Brynden Rivers

 

Cette semaine, rebelote. Dans ce qui est des deux pires scènes de ce second épisode, Balon Greyjoy croise son frère Euron Greyjoy sur un pont. On n’a absolument jamais vu ce personnage. Les Greyjoy dans leur ensemble avaient disparu du show depuis pas mal de temps (la saison 4). Leur retour n’a été ni correctement préparé, ni imbriqué dans les storylines d’autres personnages. Du coup, la scène sur le pont est assez hallucinante. En deux minutes, on nous déballe tout le background d’un personnage à voix haute : « Toi, mon frère que je n’ai pas vu depuis longtemps et dont j’ai entendu dire que tu étais devenu fou sur un bateau lors d’une tempête – tout à fait inhabituel et indigne pour un Greyjoy – te voici face à moi ! ». Thierry la France n’est pas loin. J’exagère un peu, mais à peine. En deux épisodes, il y a déjà eu pas mal de scènes où les personnages commentaient leurs actions. Par exemple, on a le droit à la scène de Bran avec Brynden Rivers (a.k.a. la corneille à trois yeux) où ils annoncent les personnages qu’on voit apparaître à l’écran. C’est assez nouveau pour la série.

 

La violence comme solution

 

Cette relative fainéantise se retrouve également dans la violence déployée par la série. Game of Thrones est une série violente. Depuis le début, c’est établi. Sauf qu’on semble désormais être partis dans une surenchère. Plutôt que de prendre le temps de développer des personnages, de créer une empathie autour d’eux, la série multiplie les rebondissements sanglants comme la plus putassière des Hollywood Night. Il est bien plus fort de montrer le Mestre de la maison Bolton forcé de faire venir Walda et son fils que de rajouter une scène où ils se font dévorer par les chiens. Dans la première scène, on retient que Ramsay fait peu de cas de la tradition (ce qui va peut-être lui coûter la vie). Dans la seconde, on retient que c’est un total sadique, chose qu’on savait déjà. Ça fait un bon moment que la série persiste à faire des choix de la sorte, mais cette année, j’ai un peu l’impression qu’on a passé un cap. La violence nuit à la qualité de la série.

 

Un second épisode qui confirme la grosse faiblesse d’écriture de la série. Entre les téléportations de personnages, les incohérences (Cersei qui "oublie" un enfant), les facilités créées pour boucler des intrigues et la faiblesse des dialogues, Game of Thrones ne semble pas vraiment engagée sur une bonne pente. Et contrairement aux saisons précédentes, j’avoue ne plus trop avoir d’espoir. On verra… Je préfèrerais avoir tort.

 

J’ai aimé :

 

  • Jaime face au Grand Moineau. Noblesse contre Clergé. Aristocratie contre peuple. Libéralisme contre conservatisme. En une scène, la série tenait quelque chose. Dommage qu’elle fasse le choix de ne pas creuser cet aspect.
  • Tyrion face aux dragons. Même lorsqu’il n’a personne avec qui interagir, Peter Dinklage est bon.
  • Les flashbacks Bran-Brynden. Ça va apparemment être une sorte de fil rouge de la série et enfin lui permettre de clarifier ce qui est assez flou depuis le début : son passé. En prime, Max Von Sydow est comme d’hab’ excellent.
  • Hodor. Il n’a absolument qu’un seul mot à prononcer depuis le début du show, mais il le fait à merveille : Kristian Nairn est très bon dans le rôle d’Hodor. Le revoir m’a fait bien plaisir.
  • L’émotion de Sansa lorsque Brienne lui raconte qu’elle a rencontré sa sœur. Allez, faites un team-up avec les deux sœurs et on n'en parle plus.

 

Je n’ai pas aimé :

 

  • Les blagues sur l’absence de bite de Varys. Digne des heures les plus sombres des Grosses Têtes.
  • Les cadrages de plus en plus limite. On est bien loin de la construction méticuleuse des plans de la première saison.
  • La lourdeur du soulignement des plans sur Jon Snow et sur Ghost.
  • Théon qui rentre à la maison. Absolument rien de rien dans le développement de ce personnage depuis le début de la série ne justifie ce choix.
  • Les scènes d’Arya. Bâclées, répétitives et on ne comprend toujours pas ce qu’elle a appris.
  • On est toujours sans nouvelle de : Littlefinger, Sam, Gilly, Bronn, Osha, Rickon, Gendry, Thoros de Myr, Beric Dondarrion et Sir Bondisseur. Ça fait quand même beaucoup de personnages…

 

Ma note : 10/20.

 


Le coin du fan :

 

  • Jon Snow. Le fait de ne pas brûler immédiatement Jean Neige peut être vu comme un clin d’œil de la part des scénaristes à son supposé sang Targaryen, et la résistance aux flammes de ceux-ci. Pour rappel, une théorie de la série (et du livre) veut que l’ami Jon soit le fils de Rhaegar Targaryen et de Lyanna Stark (sœur de Ned que l’on voit d’ailleurs dans cet épisode).
  • La traduction (en anglais) de la prière de résurrection de Jon : 

We ask the Lord to show his light and lead his soul from darkness. We ask the Lord to share his fire and reignite the candle that has gone out. Light from darkness. Fire from ashes. Life from death. Light from darkness. Fire from ashes. Life from death. Light from darkness. Fire from ashes. Life from death.

  • Le doute de Melisandre. Le fait que la sorcière rouge parvienne même en crise de foi à ressusciter Jon renvoie directement à ce qu’expliquait Thoros de Myr en saison 2 :

 

Thoros de Myr citation

 

Bonus :

 

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À la semaine prochaine, avec le retour de l'ami Captain Free Frag !

L'auteur

Commentaires

Avatar Koss
Koss
" Mouais, un exemple qui me passe par la tête, les scènes à la cité répondent vraiment aux scènes sur le port dans la saison 2 ?" Avec du recul oui. Je crois que je l'avais même mis dans un des mes avis d'ailleurs. C'est même le propos phare de la série : tout est connecté.

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