Je me souviens avec quelle fébrilité j’avais attendu Game of Thrones l’année dernière : en tant que fan de longue date du bouquin de George Martin, et en tant qu’amoureuse des séries HBO, l’annonce du mariage de deux de mes marottes m’avait mise dans tous mes états. A l’époque, la série était réputée inadaptable, et les milliers de fans du livre ergotaient sur des dizaines et des dizaines de pages de forums du bien fondé du casque de la garde royale, ou bien de la couleur des cheveux de Tyrion et Cersei, que quelques rares images du tournage avaient laissé entrevoir. C’étaient les heures floues où toutes les spéculations et les craintes étaient permises.
Un an plus tard, force est de constater que ces débats n’existent plus. La saison 1 de Game of Thrones a réussi l’exploit de mettre quasiment tout le monde d’accord : l’auteur, les fans du livre, et, surtout, un public large que le bouche à oreille n’a cessé d’amplifier depuis. Intéresser le grand public à une œuvre de fantasy complexe, le pari était risqué : il a été relevé haut la main par Weiss, Benioff, et toute leur équipe.
Je l’avoue : j’ai attendu la saison 2 de Game of Thrones avec beaucoup moins d’anxiété que la première : malgré toutes leurs imperfections, les 10 premiers épisodes m’avaient rassurée sur le fait que la série pouvait être à la hauteur du livre.
Et si ce premier épisode m’a bien convaincue d'une chose, c’est celle-ci : ma confiance était bien placée.
rien de tel qu'une famille aimante et réunie...
Où l’on retrouve les anciens personnages… et où l’on en découvre de nouveaux
Ce premier épisode réussit tout d’abord magistralement à nous replanter le décor de Westeros : on se replonge dans ce monde imaginaire avec une facilité déconcertante, tous les décors nous semblent désormais familiers et les nouveaux s'intègrent naturellement, et on retrouve les personnages comme de vieux amis (ou ennemis, c’est selon). Les Lannisters et les Starks sont tous là. En quelques scènes, on se rappelle qui ils sont, où ils en sont. Certains se taillent la part du lion (ou du loup, c’est selon !) : Joffrey, Cersei, Tyrion et Robb, notamment crèvent l’écran.
On découvre aussi de nouveaux personnages, nouveaux arrivants dans le jeu des trônes : Stannis Baratheon, le très rigide frère de feu le roi Robert, héritier légitime du trône de fer, et ses deux fidèles acolytes, Mélisandre la prêtresse rouge, et Davos l’homme de confiance. Trois personnages chers aux fans du livre… inutile de préciser que les acteurs étaient attendus au tournant !
Et alors, que valent les nouveaux venus ? Eh bien ma foi j’ai trouvé que Stephen Dilane incarnait à la perfection un Stannis froid et glaçant (excellente scène de la missive !), et que Davos inspirait immédiatement la sympathie. Je suis un peu plus réservée pour le moment par Carice Van Houten dans le rôle de Mélisandre – elle m’est pour le moment assez indifférente… à suivre !
Ma plus grande satisfaction je l'avoue, c'est que dans cet épisode, les auteurs parviennent à trahir le livre tout en restant complètement fidèle à son esprit : la première saison "collait" souvent aux bouquins, dans la chronologie des chapitres et les dialogues repris mots pour mots... mais là, l'ordre des chapitres est modifié et asservi au meilleur effet narratif : ainsi, j'ai été très surprise que l'épisode s'ouvre sur Ser Dontos, le pitoyable chevalier alcoolique. Et qu'il se termine sur Arya et Gendry, après avoir bâti une véritable tension narrative autour du meurtre des bâtards du roi - tension absente des livres. L'ordre "logique" et attendu aurait été d'ouvrir et de finir sur Stannis, ou sur Tyrion - mais les scénaristes en ont décidé autrement et force est de constater que ça fonctionne parfaitement, et que ça permet de surprendre même les spectateurs qui connaissent le livre sur le bout des doigts, comme moi.
Plusieurs scènes ont été ajoutées, et la psychologie de certains personnages a été légèrement modifiée, toujours pour le meilleur effet. Les grands gagnants à ce jeu-là sont indéniablement Cersei et Joffrey : ainsi, la scène où Cersei donne une leçon de pouvoir à Littlefinger est excellente et lui donne une vraie stature politique ; celle où elle essaie de ramener Joffrey à la raison montre qu'elle n'est pas aveugle sur son fils... J'ai également adoré le fait que la tyrannie de Joffrey nous soit présentée comme une sorte de crise d'adolescence d'un enfant trop gâté à qui on aurait donné tout pouvoir. Et que dire du parallèle avec Catelyn et Robb, mère et fils aimants qui sont obligés de mettre leur famille de côté par sens du devoir ?
Tout ajout, toute modification par rapport au livre respire l'intelligence. Et c'est assurément la plus grande réussite de cet épisode.
c'est un bon dragounet, ça...
Un nouvel échiquier
Mais Game of Thrones, ce n'est pas seulement une galerie de personnages. C'est aussi un tissus d'intrigues...
Nouvelle saison, nouvelle donne. Cet épisode permet de mettre les pions du jeu de trône en place pour la deuxième manche... et il apparaît que l’échiquier politique de Westeros n’a décidément plus rien à voir avec celui du début de la saison 1 (et il s’en trouve pour dire qu’il ne se passe rien dans cette série !). Faisons un petit bilan :
Si je compte bien, il y a désormais quatre (4 !) rois à Westeros : Joffrey, Stannis, et Renly Barathéon (qu’on n’a pas encore revu) se sont tout trois proclamés rois des Sept Couronnes, et Robb Stark veut faire sécession en tant que roi du Nord.
Comme si ce n’était pas déjà suffisamment compliqué, les camps sont divisés : trois Lannisters gouvernent à Port-Réal/King’s landing : un roi, une reine douairière, une main du roi. Un fils, une mère, un oncle.Trois personnages au pouvoir… probablement deux de trop. Par ailleurs, si personne ne semble contester l’autorité de Stannis, en revanche la question religieuse divise son entourage… Mélisandre amène avec elle une foi qui n’est pas du gout de tout le monde.
Et pendant ce temps là, à l’autre bout du monde, autre prétendante au trône de fer, Daenerys Targaryen rôtit au soleil d’un désert magnifique mais léthal, tandis que Jon Snow se gèle au-delà du mur chez Craster, un charmant personnage polygame pas du tout malsain (ironie inside), qui a pour habitude d’épouser (et engrosser) ses filles…
Ceci n'est qu'une situation de départ - et elle est déjà passablement compliquée, quoique présentée de façon limpide. Ce sera un des grands challenges du show pour cette saison : réussir à intéresser le spectateur à toutes ces intrigues parallèles, l'intéresser aux luttes de pouvoir sans jamais ni l'ennuyer ni le perdre. On a tous nos arcs préférés : ainsi, dans la saison 1, c'était surtout l'affrontement entre les Lannisters et les Starks qui captivait mon attention. Daenerys et Jon semblaient un peu à part (tout comme dans le livre, d'ailleurs). Ici, j'ai trouvé que la sauce prenait mieux, sans bien que je sache expliquer pourquoi.
Mais c'est bon signe pour la suite. Car si vous n'avez pas lu le livre, il faut que vous soyez préparés psychologiquement : tous les pions ne sont pas encore en place. Certains joueurs importants n'ont pas encore fait leur apparition : notamment Tywin Lannister, Renly Baratheon, et Balon Greyjoy, le père de Théon...
Quelques mots sur la réalisation
J’avoue que j’avais deux principales craintes pour cette deuxième saison de GoT :
- Comment allaient-ils gérer la ramification des intrigues et la pléthore de personnages nouveaux et anciens ?
- Allaient-ils produire des loups et des dragons convaincants ? Les loups ont beaucoup grandi, et les dragons apparaitront plus souvent… et on sait depuis Terra Nova que le ridicule n’est jamais loin quand un CGI est loupé…
Eh bien les deux craintes sont totalement envolées !
L’écriture et la réalisation de l’épisode sont d’une limpidité incroyable – surtout quand on réfléchit un instant à la complexité de l’intrigue qui nous est proposée. Le texte regorge de trouvailles d’exposition astucieuses, de dialogues brillants. Tout coule de source, les scènes s’enchainent parfaitement… que de progrès par rapport à la saison 1 de ce point de vue là ! Sans compter les décors, qui sont plus beaux, les costumes, les couleurs, les cadrages... Il n'y a aucune scène cheap, aucune transition abrupte, aucun temps mort (bon, un peu de cul gratuit, quand même, dans le bordel).
Quant aux effets spéciaux, si on excepte un mate-painting un peu foireux dans la scène de Shae, ils sont incroyablement convaincants pour une série télé. Moi qui craignait de voir Vent-Gris réduit à un loup en peluche mal articulée, j’ai presque frissonné en le voyant apparaître aux côtés de Robb, si impressionnant. Quant aux dragons, ils sont fidèles à ceux de la saison 1, donc… beaux !
peeeeeetit petit petiiiiiit !
Le mot de la fin
Pour conclure, cette entrée en matière constitue pour moi un sans-faute : je ne saurais citer une scène qui m’ait plu plus qu’une autre, il y en a trop. L’épisode semble durer un quart d’heure à peine ! On atteint une qualité quasiment cinématographique…
Après, je connais déjà les personnages et l’intrigue par cœur, peut-être que cela a facilité ma compréhension de l’épisode. Et vous, qu'en avez-vous pensé ?
J'ai aimé
- Tout ou presque
Je n'ai pas aimé
- La scène de cul WTF, et un mate painting raté, mais c'est bien parce qu'il faut trouver des défauts à l'épisode.
Note : 16/20