Critique : Game of Thrones 2.02

Le 17 avril 2012 à 22:05  |  ~ 8 minutes de lecture
Où il est bien difficile d'être frères et soeurs, où Stannis ne gagne toujours pas en charisme, où l'on découvre l'utilité de Ros (ou pas).
Par Puck

Critique : Game of Thrones 2.02

~ 8 minutes de lecture
Où il est bien difficile d'être frères et soeurs, où Stannis ne gagne toujours pas en charisme, où l'on découvre l'utilité de Ros (ou pas).
Par Puck

Alors, autant le dire, cette saison 2 de GoT m'emballe moins que la précédente. Objectivement je n'ai rien de grave à reprocher à la production, aux acteurs, au réalisteur. Rien. C'est à moi que j'en veux. Quelle idée, mais quelle idée d'avoir lu les romans l'été dernier ! Maintenant j'ai des attentes impossible à satisfaire, je ne réagis plus aux twists et presque plus au cliffhanger. Il m'arrive même de suivre la série d'un œil, sachant parfaitement ce qui va se passer par la suite.

Comment ça j'exagère ? J'exagère ? Bon, oui, c'est vrai, j'exagère… Mais il m'arrive d'envier les feuilles vierges que sont encore certains d'entre vous. Maintenant que c'est dit, passons à l'essentiel.

Sur ce deuxième épisode, on commence à entrer dans le vif du sujet. Et pour les protagonistes, c'est l'heure des déconvenues. Tyrion découvre qu'il n'est pas facile de garder un secret à Port-Réal, surtout quand celui-ci est fait de chair et d'os ; Theon s'aperçoit qu'il n'est pas donné à tout le monde de jouer les fils prodigues ; Jon participe à une relecture du mythe du petit poucet ; et Stannis planifie les grandes batailles à venir. Bref, on avance. Et ça c'est bien !

Autre point positif, la cohérence de l'épisode. J'ai trouvé les transitions beaucoup plus agréables, certainement parce qu'on ne cherchait pas, justement, à les justifier par des plans un peu lourds – c'est d'ailleurs complètement dingue que l'on ne revoit plus la comète, pourtant omniprésente lors de l'épisode précédent, ou alors c'est moi qui ai la berlue.

 

Toi le frère que je n'ai jamais eu

 

Je disais donc que l'épisode était cohérent. Une thématique le traverse de part en part, celle de la fratrie, et de la place que l'on peut s'y faire. Pour Tyrion, comme pour Theon, c'est clairement une déchirure –et aussi un moteur- que de voir leur légitimité et leur autorité contestées par leurs sœurs. Arya quant à elle, assume et même revendique une position d'outsider par rapport à sa sœur et sa mère, et commence à établir un lien fraternel avec Gendry, basé sur la complicité et sur un sort partagé. Et quand Dany perd son sang-coureur, on la voit vraiment perdre un frère, contrairement à ce qui s'était produit dans la première saison.

Pour moi, ce sont clairement ces scènes qui fonctionnent le mieux. Parce qu'elles touchent à quelque chose d'universel, à une soif de reconnaissance familiale, à un besoin d'être bien parmi les siens. Ce n'est pas une surprise que ça me plaise quand il s'agit des Lannisters : les dialogues entre Cersei et Tyrion sont de mieux en mieux, et les acteurs s'en emparent de main de maître. Au final, on a des personnages de plus en plus complexes et intéressants, notamment pour Cersei, qui gagne des galons par rapport au roman. Mais ça m'a déjà plus étonnée quand il s'agit de Theon, qui est un personnage pour lequel je n'ai vraiment aucune empathie en temps normal, et qui dans cet épisode m'a fait pitié après la belle confrontation avec son père et sa soeur. Quant à Arya… je l'aime bien cette petite, elle joue juste et son duo avec Gendry fonctionne, pour moi.

Theon-GoT

Oui, mon gars, t'as de quoi te faire du mouron !

 

Va t'acheter une paire de charisme, Stannis

 

Voilà pour le positif. Le négatif, lui, vient de deux sources. La première, c'est Stannis. Il ne me convainc toujours pas. Tel qu'il est filmé et joué, il subit bien plus les événements qu'il n'en décide, et ça me pose un vrai problème. C'est vraiment l'un des points pour lesquels je regrette d'avoir lu le roman. Parce que je m'étais fait une idée bien précise du personnage, et qu'il en est, pour le moment, à des années lumières. C'est dommage, car sa storyline (et celle de ses proches) a vraiment un potentiel, elle aborde la loyauté, l'aveuglement religieux, la fanatisation… Autant de thèmes que j'aime. Mais là, j'accroche pô. Et ce n'est pas Mélisandre qui redresse la barre. Enfin si, en quelque sorte !

Stannis-GoT

 

Encart publicitaire

Ros-GoT

 

Je parlais tout à l'heure de deux sources d'énervement. La deuxième, c'est Ros, évidemment. J'ai beaucoup réfléchi, et j'ai fini par supposer que Ros, c'est en fait un placement produit. Il y a un quota à assurer par saison, c'est le contrat, c'est comme ça ! Mais j'aimerais simplement savoir ce qu'elle a à vendre.

Au début, je croyais que c'était juste du cul (et ne mentez pas, vous avez tous pensé la même chose), mais maintenant que je la vois habillée, je dois me résoudre à l'évidence, il n'y a pas que le cul. Du coup, je pense qu'en fait elle bosse pour une grande marque de cosmétique capillaire, genre qui le vaut bien. Ce qu'il faut qu'elle montre, ce sont ses cheveux. Bouclés, colorés, coiffés, décoiffés, sur la peau nue, sur les étoffes… Peu importe, du moment qu'elle les montre.

L'autre solution, c'est qu'elle ne soit là que pour donner la réplique à Littlefinger, et nous permettre d'entrer dans sa tête. Autant ça pouvait être intéressant (enfin, s'il y avait eu moyen d'entendre le dialogue) quand il a tenté de faire l'éducation sexuelle de ses pensionnaires, et quand il a installé un joli parallèle entre son statut de courtisan et celui de prostituée dans la dernière saison. Autant, là, ça ne sert à rien. A rien. Littlefinger est sans coeur ? On le savait, merci ! Il n'hésitera pas à faire découper une fille en morceau ? On le savait aussi.

 

 

Il est minuit Docteur Craster

 

C'est dommage de s'attarder autant sur Littlefinger alors qu'au Nord, au delà du mur, certains personnages mériteraient un développement plus important. Craster et ses filles, par exemple, dont on a eu un aperçu dans l'épisode précédent, et qui auraient tout à gagner à être peints avec plus de finesse. Certes, le cliff est extrêmement efficace, et toute la scène fonctionne. Mais j'aurais aimé voir s'installer l'angoisse plus subtilement, j'aurais aimé que les soupçons grandissent avant que l'on nous dévoile le sort réservés aux petits d'homme, quand ce sont des garçons. Mais 57 minutes, c'est court pour tout caser, et l'installation des nouveaux personnages et des nouveaux décors en pâtit un peu. C'est dommage. J'espère que c'est une dérive qui sera corrigée dans la suite de la saison, mais j'en doute un peu, vu tout ce qu'il y a à caser.

Je n'ai pas parlé de Bron, je n'ai pas parlé de Davos et je n'ai pas parlé de Fantôme. Le premier emballe tout en une réplique, et cette efficacité-là, pour poser (ou rappeler) les fondamentaux d'un personnage, je savoure. Le second manque encore de densité, et ce que je regrette par dessus tout, c'est que l'on n'ait pas posé dès le premier épisode la scène de sa chevaliérisation. Elle raconte à elle seule qui est Davos, mais aussi qui est Stannis et la conception rigide que ce dernier a de la justice et du devoir. On aurait aussi compris le lien de vassalité fidélité qui les unit. Ca aussi, ça aurait été efficace, mais en attendant, on laisse les personnages vivoter leur vie. Un comble alors que l'on a le matériau scénaristique sous la main. On verra si les deux personnages prennent un peu d'épaisseur par la suite. Dans un cas comme dans l'autre, je pense que mes camarades auront largement l'occasion de développer dans les critiques ultérieures.

Et Fantôme ? J'ai oublié Fantôme... Mon seul regret à son sujet, c'est que j'ai beau pousser mes meubles dans tous les coins, je n'arriverai pas à le faire tenir dans mon salon. C'est con !


J'ai aimé :

 

  •  La thématique fraternelle
  •  Les Lannisters

 

Je n'ai pas aimé

  •  Ros la pleurnicheuse
  •  Stannis le mou

 

Au final ? 13/20

 

Note : critique complétée et éditée le 14/04, à 02h00.

L'auteur

Commentaires

Avatar Fitz
Fitz
Stannis le mou ? Il a l'air d'être suffisamment dur, nan ? Un épisode qui installe. Rien de si passionnant et toujours pas de Renly. Les scénaristes ont vraiment pris le parti de changer des choses, que ça soit dans la structure ou dans le récit, je ne me souviens pas que Stannis se tapait Mélisandre, et il n'est pas fait mention de la fille de Stannis. Mais peut être que ça vient par la suite dans les livres. Personnellement je trouve qu'il manque Sean Bean. Je l'aime bien cet acteur, il a une bonne gueule. Et puis c'est un peu agaçant de voir des nichons tout le temps, sans raison particulière. Ca me gêne pour les actrices (un peu comme dans Spartacus) .

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Puck
Le problème avec Sean Bean, comme ça a déjà été dit auparavant, c'est qu'il coule par sa seule présence une bonne partie du suspense. Inutile de prendre des paris sur le personnage qui va y passer, on sait que ça sera le sien !

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CaptainFreeFrag
Je suis absolument d'accord avec toi pour la première partie de ta critique, je crois même que tu sublimes par tes dires ce que je pense de cet épisode (et du coup, tu me mets la pression pour la critique de la semaine prochaine !). Bon par contre, pour Stannis, je suis pas mal en désaccord : il correspond bien au personnage que j'imaginais dans le livre, un personnage qui essaye à tout prix d'être fort en tentant de dépasser des faiblesses pourtant bien présentes, et non un grand roi charismatique. Et pour Ros, je pense de plus en plus comme toi : elle n'est là que pour donner la réplique à Littlefinger, qui est complètement négligé pendant l'intégralité du tome 2. Aucun autre point de vue n'aurait pu le faire vivre à l'écran, et elle est certainement là pour ça. Cela reste cependant une erreur, étant donné que, comme tu l'as dit, on a capté l'essentiel du personnage (mais bon, faut pas qu'on l'oublie, alors...). Sinon, et pour finir, je m'étonne aussi que la série n'ait pas encore éclairé le passé de Davos (à part par bribes et par sous-entendus, notamment dans la scène avec Sallador). Enfin bon, le personnage est déjà très convaincant, mais je partage ton avis, il aurait pu être intéressant de dévoiler l'histoire bien plus tôt ! En tout cas, excellente critique ! Je vais avoir du mal à faire aussi bien après vous, les filles ! ;)

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Puck
Heu... merci (toute rouge). Oui, bon, bien sûr que je sublimes un peu les choses. Mais je crois quand même que cette thématique est présente dans l'épisode. Dans la série toute entière tu me diras (et l'héritage paternel aussi). Et pour Stannis, j'étais sûre que tu réagirais. Et je m'attends à voir arriver Altair, aussi. Je n'attends pas de Stannis qu'il soit un monstre de charisme. Mais où est la volonté ? Ou est cette attitude rigide, froide, voire même altière ? C'est quelqu'un qui met quand même une distance avec tout le monde. Enfin, bon, moi c'est comme ça que je l'imagine. Et là, ça le fait pas.

Avatar Altaïr
Altaïr
On m'appelle ??? Tout d'abord, super critique *pointe de jalousie*, ça se lit tout seul est c'est super intéressant. Pour Stannis, je l'ai déjà mainte fois développé dans les commentaires mais j'ai trouvé la scène de copulation avec Mélisandre totalement hors personnage, pour les deux. Leur relation n'est qu'implicite dans les livres, et vu les personnages il me semblait évident que l'acte en lui-même ne pouvait être dû qu'à une motivation d'ordre religieux/magique pour Mélisandre, et un devoir pour Stannis - Mél aurait pu voir des signes dans les flammes, par exemple. Et puis apâter Stannis avec une perspective d'enfanter des bâtards... c'est absurde ! Stannis tout dur en 30 secondes prenant Mel sur la table, c'est absurde ! Et 1000 fois d'accord sur tout le reste... si ce n'est que pour Davos j'ai bien aimé le dialogue avec son fils, une relation à peine évoquée dans le livre et qui rend bien à l'écran - et( j'ai bien aimé les scènes au delà du mur : le décor de chez Craster est superbe, Gilly m'a bien convaincue, on a vu Ghost... finalement le seul qui pêche un peu là-dedans, c'est Craster lui-même, pas suffisamment malsain à mon goût.

Avatar Koss
Koss
Excellente critique bardée d'imprégnation personnelle. Du beau boulot pour l'instant. J'attends de voir le 1er qui va se vautrer. Niark Niark. :) Sinon, d'accord avec toi sur Jean Reno et sinon Craster ferait une bonne marque de gâteau apéritif. J'imagine déjà la pub : "Avec les craquants Crasters, toute la famille est satisfaite !".

Avatar Taoby
Taoby
Effectivement Puck, très bonne critique et super boulot. Et c'est d'autant plus agréable à lire, qu'en règle général les gens qui ont lu le bouquin et qui y font référence m'agace, avec leur besoin absolue que l' adaptation doit être un calque et avec leurs comparaisons stériles et limite spoilante de l'oeuvre original. Rien de tout ça avec Altair et toi, et vous nous expliquer même l'apport de l'ajout de certaines scènes. Bon boulot les filles.

Avatar Gouloudrouioul
Gouloudrouioul
Ouep très bonne critique, super agréable à lire. Avec celle d'Altaïr la semaine dernière, ça nous met un peu la pression à Captain, Tan et moi ! (et puis Koss qui vient en rajouter une couche, comme d'habitude) Je suis tout à fait d'accord pour Ros, mais contrairement à toi j'ai trouvé que la scène permettait de développer le personnage de Littlefinger avec efficacité. Moi personnellement j'avais oublié à quel point il pouvait être cruel. Après ce n'était certainement pas la meilleure façon de le montrer, mais le passage ne m'a pas plus dérangé que ça.

Avatar CaptainFreeFrag
CaptainFreeFrag
"Et c'est d'autant plus agréable à lire, qu'en règle général les gens qui ont lu le bouquin et qui y font référence m'agace, avec leur besoin absolue que l' adaptation doit être un calque" Bah justement, je trouve que globalement dans les avis de serie-alliens, les innovations pertinentes sont plutôt bienvenues, non ?

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