Critique : Game of Thrones 2.03

Le 24 avril 2012 à 16:48  |  ~ 11 minutes de lecture
Malgré l'absence regrettée de Ros (sic), Game of Thrones revient cette semaine avec un épisode d'excellente facture, peut-être même le meilleur de la saison à ce jour !

Critique : Game of Thrones 2.03

~ 11 minutes de lecture
Malgré l'absence regrettée de Ros (sic), Game of Thrones revient cette semaine avec un épisode d'excellente facture, peut-être même le meilleur de la saison à ce jour !
Par CaptainFreeFrag

Ca y est, la saison est vraiment lancée avec ce troisième épisode ! Après deux épisodes de nécessaire exposition, qui avaient pour objectif premier de nous rappeler la situation de chacun et d'introduire de nouveaux personnages, de nouvelles relations et de nouveaux enjeux, cette deuxième saison peut enfin se permettre de prendre son rythme de croisière : et force est de constater qu'on retrouve là Game of Thrones à son meilleur niveau, avec un épisode de très haute volée, qui devrait refréner les réserves émises par certains lors des précédentes semaines.

 

En effet, libérée des contraintes propres aux épisodes de transition, cette nouvelle fournée se détache quelque peu du schéma narratif des scénettes multiples et fait montre d'une fluidité étonnante, d'autant plus surprenante que l'épisode nous fait encore une fois voyager aux quatre coins de Westeros : c'est que, au lieu d'accorder une place restreinte à chaque personnage, la saison commence véritablement à se focaliser sur certains d'entre eux, à explorer plus en profondeur leurs failles et leurs états d'âme par le biais de plusieurs actes qui, s'ils ont chacun leur identité propre, sont néanmoins articulés autour d'une thématique globale, celle du doute. Ainsi, si Stannis, Robb et Daenerys brillent par leur absence, l'épisode s'articule majoritairement autour d'un quatuor passionnant composé de Tyrion, Théon, Arya et Renly, dont les caractères ne manqueront pas de se dévoiler encore un peu plus au travers de scènes de coulisses et d'intimité particulièrement réussies.

 

On retrouve un Renly bien plus royal que dans la saison 1 !

 

Ours is the Fury !

 

S'il y a un arc qui mérite peut-être d'être mis à l'honneur cette semaine, c'est bien celui de Renly, et ce pour deux grandes raisons : tout d'abord, parce que c'est du côté de sa cour qu'on trouve les nouveautés les plus importantes, avec notamment l'introduction de deux importants personnages féminins (eh oui, car malgré tout, il y a aussi des femmes dans l'entourage de Renly !), aux apparences et aux personnalités tout à fait antithétiques. En effet, à Brienne de Torth, la grande ganache de guerrière aux airs rustauds et à la bonne volonté à toute épreuve, s'oppose Margaery Tyrell, la jeune et jolie soeur du Chevalier aux Fleurs, mariée à Renly afin de sceller l'alliance entre les Baratheon et les puissants Tyrell, et dont on devine, au détour d'une scène intime avec son jeune époux, l'étendue de la malice et de l'ambition.

 

Cela dit, même si les deux actrices sont tout à fait à la hauteur et apportent à leur personnage une crédibilité sans faille, c'est surtout du côté de Renly lui-même que notre intérêt se porte, en ce que le traitement de son personnage témoigne à lui seul de la totale maîtrise du format télévisuel par les scénaristes. Même si les comparaisons avec le livre de George R. R. Martin ne sont pas forcément toujours pertinentes, il n'est toutefois pas totalement inintéressant de mentionner que dans l'oeuvre originale, Renly n'est aperçu que de loin en loin par des points de vue extérieurs, et ne se détache jamais vraiment de l'image de jeune homme gâté et arrogant qui était la sienne lors de la première saison. Et pourtant, même si en public, le jeune prétendant au trône ne semble rien avoir perdu de sa confiance, et paraît même avoir gagné en prestance, on peut être amplement reconnaissant envers les scénaristes d'avoir choisi d'accorder de précieuses minutes à son personnage et de lui apporter une autre dimension en nous introduisant dans les coulisses de son pouvoir.

 

Eh oh, on oublie le téton, là ! C'est le doute qui nous intéresse ici, vous entendez ? Le doute !

 

Car alors même qu'il apparaît comme le plus puissant des cinq rois, à la tête d'une armée forte de 100 000 hommes, Renly nous est en même temps présenté comme l'un des plus fragiles, tout affaibli qu'il est par un secret de polichinelle qui l'empêche de s'acquitter de ses devoirs conjugaux et, par extension, d'accéder totalement à ses responsabilités de potentiel roi ; bien qu'encouragé par son compagnon et soutenu par une épouse plus ambitieuse qu'aimante, Renly apparaît ainsi comme un personnage plongé dans le doute, ce qui ne manque de le rendre plus profond et plus humain.

 

To be or not to be ?

 

Le doute, on le retrouve également chez Tyrion, qui vit dans l'obsession de l'exemple de Ned Stark (combien de fois l'entend-on prononcer son nom par épisode ?) : ces incertitudes nimbées de crainte s'expriment tout d'abord au travers du personnage de Shae, dont Tyrion, à force de vouloir la protéger à tout prix, ne sait plus vraiment quoi faire. Et, on le perçoit bien dans le ton ironique qu'il emploie lorsqu'il feint de s'auto-congratuler auprès de Varys, la décision qu'il prend au sujet de sa courtisane (compagne ?) ne le satisfait que bien peu.

 

Tyrion : like a boss !

 

Mais ce doute est encore plus palpable dans la relation qu'entretient Tyrion avec son propre pouvoir, et dans sa volonté de survivre au sein du nid de vipères que représente le Donjon Rouge : le piège qu'il tend aux autres courtisans est ainsi particulièrement jouissif, et la scène dans laquelle il déploie son stratagème tout à fait bien pensée, mais l'intérêt de cette intrigue, outre de servir de prétexte aux facéties de notre Lannister préféré, réside surtout dans sa conclusion et dans ce dialogue absolument extraordinaire entre le nain et Varys sur la nature du pouvoir, scène qui prendrait presque des allures de confession de la part de Tyrion sur certains de ses doutes les plus profonds.

 

Du côté de Théon, c'est du tout bon également : les querelles de famille des Greyjoy n'ont pas grand chose à envier à celles des Lannister ou des Baratheon, et nous régalent tout autant ! Surtout, réussir à rendre crédible le retournement de veste de Théon en seulement deux scènes est un véritable tour de force, et tient beaucoup au talent de Alfie Allen, qui réussit sans mal à nous faire comprendre les déchirements intérieurs de son personnage : la scène où il brûle la lettre adressée à Robb est ainsi en elle-même une petite souffrance pour le spectateur (mais également une belle promesse d'évènements passionnants pour les épisodes à venir !). Quoi qu'il en soit, il fait vraiment plaisir de voir ce personnage sortir de l'arrière-plan, dans lequel il semblait engoncé pendant toute la première saison, et d'assister à son évolution et à sa prise d'ampleur au sein de l'histoire : à ce titre, la scène du baptême revêt une double portée symbolique, à la fois renaissance d'un Greyjoy et avènement d'un personnage dont les actes marqueront à coup sûr le cours des évènements à Westeros. Et puis, il faut avouer que cette scène m'a apporté quelque chose que je n'avais pas encore ressenti depuis le début de la saison : des frissons, voire de l'émotion.

 

"La Renaissance d'un Greyjoy", par HBO, 2012.

 

Starks not dead !

 

Et de l'émotion, il y en a aussi du côté d'Arya, dont l'intrigue occupe les dix dernières minutes de l'épisode ! Son petit jeu de confessions avec Yoren s'impose aisément comme l'une des plus belles scènes de l'épisode, en ce qu'il nous dévoile un peu plus l'intense noirceur des pensées de la jeune fille, et en ce qu'il nous permet de mesurer à quel point le jeu de Maisie Williams tend à s'affiner au fil des épisodes (quelle bonne pioche, cette petite !). Et toute cette fin d'épisode, si elle se permet une coupe franche de certains évènements du livre, fonctionne néanmoins parfaitement et ne devrait pas susciter de vague de mécontentement de la part d'aficionados en furie : au contraire, ce genre de décisions a plutôt tendance à montrer que les scénaristes sont à l'aise avec la cohérence de leur show et le format qui leur est imposé, et c'est tant mieux !

 

Enfin, même si ce quatuor de choc accapare une très grande partie de l'épisode, n'oublions pas que d'autres personnages voient leur intrigue évoluer, ou se contentent de se rappeler à notre bon souvenir : ainsi, au nord du Mur, Jon continue d'apprendre que dans le monde et dans la Garde de Nuit, rien n'est tout blanc ni tout noir (badam tss !), et Samwell place ses pions pour se la donner grave au retour de l'expédition. Bran fait encore un rêve pas très avouable, mais se confesse quand même à Luwin dans une scène qui nous permet d'en apprendre un peu plus sur les mestres (et c'est toujours bon à prendre !). Et Sansa, pour finir, confirme une fois de plus sa posture délicate par le biais d'un repas grinçant à souhait avec sa future belle-famille ; dommage que sa scène avec Shae soit, quant à elle, la plus faible de l'épisode.

 

Arya pleine de grâce !

 

All hail to the king, baby !

 

Au final, j'ai beau tâcher de justifier mon statut de rédacteur impartial et implacable en partant à la chasse aux défauts, je ne parviens qu'à rentrer bredouille : la mise en scène est tout à fait honorable, l'ambiance sombre et accrocheuse, et les décors toujours aussi plaisants et crédibles, quand ils ne sont pas tout bonnement magnifiques (le campement de Renly, par exemple, avec sa beauté sauvage aux petits airs de Cornouailles). Certes, on pourra toujours pinailler sur quelques petits détails, comme un relatif manque de clarté dans certains pans de l'intrigue (franchement, je ne suis pas certain que tout le monde ait bien pigé ce qu'était Dorne et qui étaient les Martell), mais soyons honnêtes, c'est bien peu de choses comparé au ravissement qui nous saisit comme des gosses devant ce nouvel épisode. Alors si Westeros peine encore à se trouver un roi, plus besoin de chercher celui du monde de la télé... si vous voyez ce que je veux dire !

 

J'ai aimé :


  • Toutes les scènes (y aurait-il une corrélation avec le fait que Ros n'apparaît pas dans l'épisode ?).
  • Le traitement des personnages, d'une justesse rare.
  • Le rythme de l'épisode, qui ne souffre d'aucune fausse note.
  • Peter Dinklage, Maisie Williams... mais aussi Alfie Allen, qui se révèle vraiment dans cette saison.
  • Ca démarre vraiment, et ce n'est pas prêt de s'arrêter !

 

J'ai moins aimé :


  • Quelques références un poil trop pointues.
  • Ca manque un peu de Clegane, cette saison, quand même !

 

Note : 16/20.

 

Tout le monde s'accordait à dire que cette saison représenterait un sacré défi pour les scénaristes, notamment en raison d'une intrigue qui explose et s'éparpille aux quatre coins de Westeros. Avec cet épisode, ils prouvent qu'ils maîtrisent totalement leur sujet, et enchaînent une à une les bonnes idées et les bonnes décisions : prenant le temps de s'attarder, avec raison, sur certains personnages, ils alternent les différents arcs et explorent les caractères divers avec une fluidité impressionnante. Un vrai bonheur !

L'auteur

Commentaires

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CaptainFreeFrag
Alors : 1) A ce stade de l'histoire, dans le bouquin, je ne suis même pas sûr qu'on en sache plus pour les Sept Dieux : on en apprend pas mal lorsqu'un personnage (Catelyn, il me semble) va se recueillir dans un septuaire et décrit les statues des Sept. Ce sont des figures symboliques, qui représentent toutes un aspect de la vie : je ne me souviens pas de tous (Altair ou Tan seront certainement plus exhaustifs), mais on a le Guerrier, le Forgeron, la Mère, la Vierge, l'Aïeule et l'Etranger, qui est le moins aimé car il représente la mort (et merde il ne m'en manque qu'un !). Je t'invite à aller sur le wiki de la Garde de Nuit pour en savoir plus, il est très bien fait ! 2) Tous les enfants de Cersei sont également ceux de Jaime : le cas échéant, la situation aurait sans doute été beaucoup plus simple ;) 3) Je ne peux que dire "Wait and see !" pour celle-là : les Martell prennent peu à peu de l'importance, et je préfère que te laisser les surprises. En tout cas, il y a chez eux un personnage extrêmement apprécié de la communauté, et j'ai vraiment hâte de le voir ! Et merci pour le compliment :)

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Tan
Les 7 dieux sont effectivement 7 aspect de la société. Le père qui représente l'authorité. La mère qui représente la famille et la protection. Le fils (ou le guerrier) qui représente la guerre et la bravoure. La fille (ou la jouvencelle) qui représente la virginité et l'innocence. L’aïeule qui représente la sagesse et la vieillesse. Le forgeron qui représente l'artisanat et l'art. Et enfin l'étranger qui représente la mort et les inconnus. Pour les enfants de la reine: ils sont blonds. Pour Dorne ils sont, au même titre que les Arryn, peu enclin à se lancer dans une guerre. Mais ne t'inquiète pas il ne sont point oubliés.

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Altaïr
Je ne connais pas de toiles de Vermeer avec un éclairage à la bougie contrairement à de la tour, Koss :) sinon, pour les 7 Tan a tout dit (de mémoire on apprend leurs noms lorsque Davos est témoin du feu de joie qu'on a vu dans l'épisode 1). Quant à Dorne, ils attendent... un truc qui n'a pas été dit dans la série mais qu'on sait très tôt dans le livre (du coup c'est un petit spoiler pour toi - ne lis pas si tu ne veux rien savoir) : la femme de Rhaegar, tu sais le grand frère de Daenerys qui avait enlevé Lyanna Stark et mis le feu aux poudres de la guerre précédente, la femme de Rhaegar, donc, était Elia de Dorne, la soeur du chef actuel du clan Martell.

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CaptainFreeFrag
Je pense qu'ils en parleront dans la série quand on s'intéressera de plus près aux Martell ! P'tin, j'ai hâte de voir ça aussi :)

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Koss
@Altair : C'est juste que je suis beaucoup plus familier de Vermeer et de Rembrandt. Alors oui, il n'y a pas de bougie dans Vermer, c'est juste que sur le coup, j'ai plus pensé à la peinture hollandaise qu'au français. (Trop tard, j;ai lu :) )

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