Papa poule
Gary, Chris et Nick sont amis dans la vie et tous les trois sont pères d'enfants en bas âge qui les privent d'une bonne part de leur vie sociale. A la différence de ses deux confrères, Chris est divorcé, mais son ex possessive et manipulatrice tente de garder le contrôle sur sa vie en utilisant l'enfant pour l'empêcher de se rendre à un rendez-vous. Nick lui propose de lui servir de baby-sitter pour la soirée, oubliant que lui et sa femme avaient une sortie de prévue.
Virilité et paternité
Lancée par NBC cette saison, Guys with Kids est une série familiale qui prend comme point de départ l'amitié entre trois new-yorkais qui se trouvent être aussi de jeunes pères de famille. Une façon de s'inscrire dans un registre en apparence original alors que le show va employer tous les artifices classiques de la sitcom multi - caméra façon Papa Bricole ou Cosby Show. Peu alléchant sur le papier, ce programme se révèle plus regardable que prévu, malgré les nombreuses mauvaises idées proposées par les scénaristes.
L'épisode écume les clichés des sitcoms à tel point que cela devient un jeu de reconnaître les emprunts faits par ce programme aux autres sitcoms à succès. Le premier personnage est le célibataire de la bande qui vit pour et au travers de son enfant et s'avère être un dragueur médiocre victime d'une ex-femme castratrice. Evidemment, le personnage est une version positive d'Allan de Two and A Half Men, personnage à la fois pathétique et attachant, dont l'épanouissement devient le but de la série.
En fait, le titre de ce show devait être How I Met (The Women Who Takes The Place Of) Your Mother.
Dans son rôle, Jesse Bradford ne s'en tire pas trop mal, tant son jeu excessif et légèrement faux correspond bien aux attentes de la série. En effet, l'écriture pousse les comédiens à surjouer pour appuyer les effets comiques. Ainsi, Anthony Anderson s'en tire bien dans un rôle de père au foyer dépassé, obligé de prendre soin de quatre enfants intenables. Le show lorgne clairement du côté des séries familiales comme "Cosby Show" ou "Ma Famille d'Abord" avec un couple solide qui s'efforce de résister au chaos engendré par un groupe d'enfants fous furieux.
Le dernier comédien est Zach Cregger qui incarne le père au foyer classique, oubliant parfois d'être à l'écoute de sa femme en cherchant à mêler son épanouissement personnel et celui de l'enfant. L'interprète est clairement crédible dans le rôle de père, mais reste le cliché du meilleur ami casé qui pousse Nick à affronter son ex-femme pour vivre sa vie par procuration. Un personnage cliché et prévisible, mais qui a le mérite de pousser le héros à transgresser, reprenant sur ce point la mécanique Ted-Barney de How I Met Your Mother.
Un show peu original
Peu de surprises durant cet épisode qui se limite à présenter des personnages déjà vus, construits pour nous être immédiatement familiers. La phase d'exposition se limite à fournir un portrait de Chris et cherche à développer en parallèle de cette comédie familiale un humour plus new-yorkais autour d'une histoire de rencard sans aucun intérêt. Une fois sortis de leur rôle de père, ces personnages paraissent très creux, et participent aux scènes les plus pathétiques de l'épisode avec, en guest star, Kareem Abdul Jabbar dont la présence reste un réel mystère.
Si la série mérite par instant le goudron et les plumes, l'ensemble reste pourtant regardable tant le portrait de ces pères désespérés possède quelque chose d'attachant pour quiconque s'est déjà occupé d'un nourrisson. La façon dont les acteurs se servent de leurs enfants comme d'un prolongement d'eux-mêmes est amusante. C'est d'ailleurs la seule idée comique réellement drôle et originale de cet épisode. Malheureusement, les enfants occupent assez vite une place purement décorative, donnant la sensation que leur présence sert avant tout à masquer la vacuité du scénario.
Pourtant, l'idée de dresser un portrait moderne de la paternité est bonne et permettrait de s'amuser avec les clichés sur la virilité du père, un réel potentiel que les scénaristes n'ont pas du tout l'intention d'exploiter. La capacité de faire évoluer les personnages est condamnée par des couples pris au piège de la parentalité et dont l'avenir commun se limite à survivre à leurs enfants. La scène de la laisse, assez décevante, est l'exemple type des problèmes logistiques que représentent le tournage d'une sitcom avec des enfants aussi jeunes, pari absurde et suicidaire qui limite grandement les possibilités des scénaristes.
Un bilan passable
Si l'épisode n'est pas déplaisant en soi, son schéma particulièrement clos ne donne pas vraiment envie de revenir pour une suite qui sera forcément sans surprise. La série possède quelques personnages plaisants, mais la très mauvaise exploitation de l'intrigue et l'atroce scène Titanic montrent combien les auteurs sont obligés de forcer le trait pour arracher un sourire. Les acteurs sont plaisants, mais la série n'engendre pas le moindre enthousiasme.
Cette succession de décors d'appartements est le gros point faible d'une série théâtrale au possible, qui ne parvient jamais à trouver l'équilibre entre satire et réalisme. Pourtant, certaines répliques font sourire et viennent palier les manques d'une intrigue sans saveur et qui manque d'un contexte fort. L'histoire du jour n'est qu'un pâle prétexte pour nous introduire à trois univers familiaux clichés, présentant des parents dépassés par des enfants qui dictent leur loi au quotidien.
L'absence d'intérêt de NBC dans la promotion de Guys With Kids, la mécanique comique clichée ainsi que certaines mauvaises inspirations semblent condamner la série sur le court terme. Malgré les efforts de comédiens pour nous vendre cette histoire, on ressent une certaine tristesse devant le rapport de ces trois héros à une paternité qu'ils subissent sans en tirer réellement profit.
J'aime :
- le gag consistant à utiliser les bébés comme un prolongement de soi
- quelques bonnes répliques
Je n'aime pas :
- la scène de la laisse déjà vue et grotesque
- la scène Titanic décevante
- le manque de potentiel de l'ensemble
- une vision de la paternité trop simpliste
Note : 10 / 20
Précédée d'une réputation désastreuse, Guys With Kids est une sitcom très classique, clichée au possible, mais qui réserve quelques répliques amusantes. Hélas, l'absence de potentiel de ce projet et la vision simpliste de la paternité ne donne pas vraiment envie de revenir. A réserver aux amateurs du genre.
sephja
