L'abus de rebondissements est mauvais pour la crédibilité
Emily est retrouvée dans sa chambre, assassinée avec un oreiller durant son sommeil, après s'être disputée avec son père et son petit-ami. Le motif des deux disputes portaient sur une somme de cinq mille dollars que la jeune femme aurait emprunté, celle-ci essayant de venir en aide à l'une de ses camarades de classe victime de chantage. Pendant ce temps, Joe White doit faire face à un groupe de Yakuzas qui veulent sa mort, convaincu qu'il est coupable du décès de Noshimuri.
Résumé de la critique
Un épisode très moyen que l'on peut définir ainsi :
- une réalisation impeccable, pour un épisode rocambolesque
- un scénario peu crédible
- le cas inquiétant de Joe White
- un retour plutôt inquiétant
Des qualités esthétiques qui ne se démentent pas
Sans cacher que l'épisode de cette semaine est loin d'être satisfaisant, j'ai fait le choix de parler des quelques qualités de l'épisode, rares éléments qui viennent justifier le visionnage d'une intrigue vraiment décevante. Porté par une photographie toujours aussi superbe, cet épisode de Five-O est l'exemple idéal du savoir-faire de l'équipe de tournage, tirant parfaitement parti des décors superbes de Hawaii. Le problème est, qu'au bout d'une saison et demi, le spectateur s'est habitué à cette qualité de réalisation, déchirant le voile d'une apparence soignée pour mettre en lumière les autres failles du show.
La première partie de l'épisode était pourtant assez réussie, avec de bonnes associations entre Steve et Kono pour la partie action, Danny et Lorie pour l'investigation et Chin et Joe pour la mythologie. Bien en place, l'intrigue semblait nous orienter vers un épisode typique de la saison deux, utilisant une enquête anodine pour compléter une intrigue autour de Shellburne laissant l'espoir de nombreuses révélations. Malheureusement, la suite va vite doucher mes quelques espoirs, la faute à une intrigue qui va perdre lentement toute crédibilité.
Des rebondissements, l'intrigue principale ne va pas en manquer en comparaison d'une mythologie à minima, le cas de Joe White posant de plus en plus problème. Même la présence de l'excellent Christopher Cousins ne permettra pas de voiler les failles d'une histoire globalement décevante, bien loin du niveau de qualité de la réalisation.
Attention, les rebondissements sont à consommer avec modération
Le vrai souci avec cette intrigue repose sur sa construction, les auteurs partant d'un simple meurtre pour arriver à une histoire sans le moindre rapport sans que le lien soit vraiment mis en évidence. On se surprend vite à ricaner devant les embranchements multiples d'une intrigue qui fait clairement du remplissage, essayant de repousser le plus possible l'inévitable. Certaines transitions sont tirées par les cheveux, avec des preuves qui apparaissent à plusieurs reprises par miracle, donnant une histoire particulièrement tirée par les cheveux.
La technologie est le meilleur ami du Five-O dans cet épisode, les preuves apparaissant grâce à des justifications plutôt douteuses (la palme à la photo dans l'aéroport). Mais la plus étrange reste qu'au lieu de s'appuyer sur la routine de la série, le scénario effrite la bonne dynamique entre les personnages, n'offrant par exemple qu'une petite scène au duo entre Danny et Steve pourtant moteur du show. Un épisode vite à bout de souffle qui laisse en définitive un fort sentiment de déception, incapable de trouver un vrai fil directeur à ce récit grand-guignolesque et, dans son final, assez pathétique.
Une enquête qui joue à poser des fausses pistes et à égarer le spectateur, finissant par créer un sentiment de lassitude devant cette accumulation de retournements de situation. Un regret d'autant plus fort que les dix premières minutes laissaient espérer un bon divertissement, avant que l'intrigue ne s'égare complètement, peu soutenue par une mythologie beaucoup moins excitante que prévue.
White Blues
Si les fans de Five-O pardonneront sans problème les égarements de l'intrigue principale, le cas de Joe White représente le plus gros soucis de cet épisode, montrant une faiblesse inhabituel dans le registre mythologique. Difficile en effet de comprendre les intentions de celui-ci, ses allusions à Shellburne étant si flagrantes qu'il est difficile de croire à une simple maladresse de sa part. Jouant la carte du mystère, Five-O prend de très gros risques, surtout que la série ne semble pas avoir grand-chose à gagner vu son format en cherchant à construire un tel secret.
L'interprétation de Terry O' Quinn est à l'image de son intrigue, peu convaincante, malgré le charisme indéniable du comédien, son importance dans la série étant fonction du respect que lui voue Mc Garrett. De mentor en début de saison, il est lentement devenu un étranger à ses yeux, personnage de moins en moins cohérent donnant l'impression que les scénaristes cherchaient artificiellement à le maintenir au sein de l'intrigue. Le plus inquiétant est de constater que l'on devient de plus en plus indifférent à cette histoire qui peine à avancer, tandis que la crédibilité du personnage de Joe parait de plus en plus entamée.
Le cas de Joe White inquiète tant il semble impossible de lui trouver une cohérence, son opinion changeant un peu trop au gré des besoins des scénaristes. Cette incapacité à cerner ses motivations, à comprendre ses réactions fait que sa crédibilité s'effrite petit à petit, entraînant avec lui toute l'histoire autour de Shellburne. Le dernier espoir pour la série est que la révélation de ce secret soit d'un envergure suffisante pour expliquer le comportement très trouble de l'ancien mentor de Steve.
Une reprise en demi-teinte
Alors que H5O nous avait habitué cette année à des démarrages dynamiques et efficaces, ce retour du mois de janvier ne parvient pas à renouer avec les qualités habituelles de cette saison deux. Décevant, l'intrigue autour de Joe White n'a pas l'effet attendu, donnant l'impression d'une mythologie qui hésite fortement sur la marche à suivre. Un manque d'efficacité et de conviction qui nuit beaucoup à une intrigue inutilement compliquée, les scénaristes accumulant les rebondissements pour compléter tout le temps libre laissé par les silences de l'ancien mentor de Steve.
En conclusion, un épisode qui n'a pour lui que la qualité de la mise en scène et la bonne dynamique entre les personnages du Five-O. Très artificielle, cette histoire de meurtre accumule les rebondissements inutiles et perd lentement toute crédibilité jusqu'à une scène finale qui vire au grotesque pur et simple. Les scénaristes donnent clairement l'impression de ne pas y croire, en particulier l'histoire avec Joe White qui laisse l'impression de se faire mener en bateau, sentiment inhabituel dans cette série et peu rassurant pour la suite.
J'aime :
- la mise en scène efficace
- la photographie superbe
- les dix premières minutes plutôt convaincantes ...
Je n'aime pas :
- ... suivies de trente minutes de grand n'importe quoi
- le personnage de Joe White et son évolution
- le manque de crédibilité de l'ensemble
- les grosses fautes de raccord dans le final
Note : 10 / 20
Un épisode peu crédible et inutilement rocambolesque qui laisse l'impression d'être mené en bateau par des scénaristes qui peinent à donner de la crédibilité à cette intrigue. Reste la photographie superbe, la bonne dynamique au sein du Five-O qui vient pallier à une intrigue étonnamment maladroite, ne laissant pas espérer le meilleur pour la suite.