Un peu comme Homeland lors de sa première saison, House of Cards, la deuxième série de fiction lancée par Netflix, a fait un carton lors de l'année 2013. Peu de récompenses, mais beaucoup de nominations et un succès public conséquent. Trop pour certains, qui la voient comme une série prétentieuse qui est loin d'être aussi complexe qu'elle pense l'être. Personnellement, je la prends comme une bonne série de divertissement haut de gamme, et la considère davantage comme un thriller dans le milieu de la politique plutôt qu'un vrai thriller politique complexe.
Il n'empêche qu'il fallait pour sa reprise que la série reparte de plus belle sans pour autant jouer dans la surenchère. Et pour moi, je dois dire que le pari est réussi.
Le système Netflix, avantage dans le processus d'écriture ?
Comme vous le savez, Netflix produit tous les épisodes de chaque saison de ses séries avant de les mettre à disposition tous en même temps. Ce procédé, qui possède ses avantages comme ses incovénients, à le mérite de donner la capacité aux auteurs de la série de construire un arc narratif de treize épisodes maîtrisés de bout en bout. Non pas que cela assure la qualité du produit, mais on ne peut pas nier que les erreurs de parcours non voulues sont du coup plus rares. C'est le cas de House of Cards, et cela se ressent dans cet épisode de reprise.
En effet, la fameuse mort de l'épisode est un événement marquant, non pas parce qu'il est particulièrement choquant (les amateurs de Game of Thrones ont déjà vu pire), mais surtout parce qu'il semble paralyser la principale intrigue de la série. D'autant plus qu'il s'agissait quasiment du seul élément mettant en danger notre anti-héros, qui du coup devient un peu en stand-by. Sauf qu'en sachant le mode de production de la série, ce qui pourrait n'être qu'une tentative de relancer une nouvelle saison apparaît à la place comme un élément prévu à l'avance et qui devrait, a priori, produire ce que souhaitent Beau Willimon et son équipe.
Surtout qu'au final, House of Cards ne semble pas en avoir besoin pour maintenir l'intérêt du spectateur. Cet épisode a d'ailleurs la bonne idée de reprendre presque exactement où la série s'était arrêtée l'année dernière, en laissant ainsi le meurtre de Peter Russo encore tout frais dans les esprits. De même, la progression politique de Frank suit parfaitement son cours sans avoir besoin de réintroduire les intrigues, et surtout ne se répète pas. Enfin, pour l'instant en tout cas. Le système des manigances de Frank sera probablement similaire à la première saison, mais les enjeux et notamment le contexte sont bien différents. Les personnages évoluent, et c'est bien.
Nouvelles intrigues et tensions à venir
Pour le reste, la série a l'avantage de posséder assez peu de personnages secondaires, qui tournent tous de près ou de loin autour de Frank sans n'avoir forcément que des liens directs avec lui. C'est le cas par exemple de Claire, qui forme un duo très intéressant avec son mari, mais qui dispose également d'une intrigue bien à elle. D'ailleurs, il faut bien avouer que celle-ci n'est pas très passionnante et ne sert pas à grand chose à part montrer la détermination de Claire. A voir si cette intrigue aura des répercussions sur la suite (sous réserve qu'elle se termine vite), mais pour l'instant ce n'est clairement pas la plus intéressante. Reste malgré tout l'image de fin qui annonce avec une certaine ironie des tensions entre celle-ci et Frank, ce qui constitue je pense au final la meilleure utilisation possible du personnage.
Il y a également, toujours en lien avec la saison précédente, la recherche de Rachel (dont je l'avoue, j'ai un peu de mal à me rappeler du rôle). Cela rejoint plus ou moins le danger qui traîne sur Frank et ses manigances, malheureusement cette intrigue est un peu confuse et reste pour l'instant en introduction. Il est possible que cela finisse par rejoindre disons la deuxième intrigue principale, à savoir la traque de Frank par Zoe et ses collègues. Enfin, juste ses collègues du coup maintenant, qui ne font pas grand chose dans cet épisode mais sont dorénavant les seuls moteurs de la traque au Frank.
Cela me semble d'ailleurs légèrement contre-productif pour un season premiere de ne pas resserrer l'étau autour de Frank mais au contraire de lui laisser le champ plus libre, dans la mesure où cela aurait permis de créer un peu plus d'impatience chez le spectateur. Non pas que la série en ait besoin comme dis plus haut, mais bon, un tel événement aurait peut-être eu plus d'impact plus tard dans la saison. Pour le moment, Frank est quand même plutôt tranquille donc, mais gageons que cela changera assez vite.
Cela dit, d'un point de vue psychologique, ce meurtre marque une étape importante chez le personnage toujours aussi bien interprété par Kevin Spacey. De plus en plus, ce politicien aux manières peu conventionnelles se transforme en véritable criminel au sang-froid. Difficile de prévoir quelle sera la prochaine étape, et même d'ailleurs si le personnage ira encore plus loin dans le machiavélisme, mais cela devrait être fort intéressant à suivre.
En tout cas, ce season premiere était réussi. Haletant, il continue efficacement la lancée de la fin de saison précédente sans pour autant relancer de nouvelles intrigues, même s'il est à noter qu'un nouveau personnage féminin plutôt intéressant est introduit. Bien entendu, à l'heure où je vous parle, certains ont peut-être même déjà vu le season finale...
J'ai aimé :
- La qualité globale, toujours au top
- La dernière scène
- La surprise de vous-savez-quoi
Je n'ai pas aimé :
- Quelques pans d'intrigues un peu confus
- Même si j'ai confiance, la peur que la série se soit tirée une balle dans le pied
- L'intrigue de Claire, un peu moins intéressante que le reste
Ma note : 14/20.