Pitch Van Gogh
Un ancien associé de Nate vient lui demander de l'aide pour retrouver un tableau perdu de Van Gogh, disparu durant la seconde guerre mondiale et qu'un jeune GI nommé Charles Lawson aurait ramené d'Allemagne. Aussitôt que l'info s'ébruite, sa tête est mis à prix à la hauteur de la valeur inestimable du tableau, obligeant Ford à assurer sa protection. Seulement le soldat refuse de parler à quiconque, à l'exception de Parker, la jeune femme lui rappelant son amour de jeunesse disparu.
Une petite histoire dans la grande
Après un début de saison frustrant et décevant, Leverage nous livre un épisode très risqué qui tente de surprendre en intégrant l'histoire anecdotique du tableau dans un récit plus ambitieux et théâtral. Pour donner une crédibilité à tout ceci, la production a choisi de faire venir le formidable Danny Glover qui va servir de narrateur de luxe à cette histoire romantique bien plus importante que la seule recherche du Van Gogh. Avec cet épisode, le show parvient à surprendre mais ne parvient pas pour autant à renouer avec le succès des saisons précédentes.
Il sera donc question avant tout de reconstituer le passé pour comprendre où ce tableau a bien pu disparaître, Chris Downey s'arrangeant pour créer une relation spéciale entre Parker et Charles. Le souvenir de la femme qu'il a aimé, la ségrégation et la seconde guerre mondiale vont servir de background à cette histoire plutôt ambitieuse qui a la sagesse de sortir des clous. Plutôt décevante jusqu'ici, la mythologie laisse un temps de côté les problèmes comportementaux de Ford pour créer une histoire originale qui apparaît, hélas, plus comme un chant du signe que comme l'annonce d'un renouveau.
Chaque comédien est intégré dans l'histoire, campant un personnage particulier, les acteurs se permettant ainsi de sortir de leur personnage, avec Beth Riesgraf et Aldis Hodge en couple romantique. Le spectateur peut choisir de se prendre au jeu, comme une parenthèse ambitieuse et sympathique ou juste rester en dehors et attendre les petites vignettes typiques du show qui viennent marquer les temps de respiration. Difficile de dire si les spectateurs aimeront ou pas cet épisode particulier, mais le culot des auteurs et leur désir de créer du changement ne peut être que souligné.
Un épisode historique et ambitieux, qui séduit sans convaincre et rattrape un début de saison particulièrement décevant grâce à une histoire d'amour assez bien maîtrisée.
Une histoire se fonde sur une idée, un décor et des archétypes
Car le tableau est particulièrement bien caché, la résolution de cette intrigue va justifier cette parenthèse historique où Chris Downey va poser son histoire à minima, essayant de maîtriser au maximum le cadre de l'intrigue pour éviter les débordements. Pour cela, il pose un décor (un dancing du début du siècle), une idée forte avec cette amour impossible à cause de la ségrégation et des personnages facilement identifiables.
L'histoire marque surtout de points en ne perdant jamais de vue l'objectif de l'équipe de remettre la main sur la pièce de Van Gogh. Plutôt maitrisé dans sa progression, le script échoue juste à la dernière étape, peinant à proposer une conclusion à la hauteur de son ambition. Malgré tout, l'ensemble demeure étonnamment cohérent et prouve que les créateurs de Leverage peuvent encore faire preuve d'une créativité surprenante, quitte à sortir un instant des habitudes d'un show qui peinait de plus en plus à surprendre.
Même si certains resteront hermétiques à cet épisode, je ne peux que leur conseiller de jouer le jeu car l'histoire s'avère assez agréable et plutôt maligne. Un divertissement plutôt bien conçu avec quelques scènes réellement drôles qui permettent d'imaginer le temps d'un instant que Leverage est encore capable de surprendre.
L'évolution de Parker
Bon, je tiens à prévenir les pauvres âmes errantes qui se sont égarés sur cette critique que je vais partir dans une de mes divagations habituelles et qu'il est donc conseillé de passer directement à la conclusion. Continuer est à vos risques et périls.
Je vais donc discuter deux minutes de l'élément le plus intéressant de cet épisode, à savoir Parker et sa représentation du réel. Personnage central de la série (bien plus que Nate) Parker aura incarné des approches diverses et intéressantes de la narration du show. D'abord hermétique et glaciale à l'image de premières saisons où l'écriture volontairement schématique optait pour l'efficacité avant tout, la jeune femme a petit à petit penché vers une nature plus expressive, d'abord légèrement hystérique (saison deux) puis nostalgique (saison 3).
Personnage représentatif de l'orientation du show, Parker a basculé en ce début de saison vers une approche plus romantique de son personnage, cherchant à trouver dans ses actes un prolongement moral et dramatique. Parfaitement dans le ton de cette nouvelle orientation de son personnage, cet épisode est le symbole de ce nouveau besoin pour Leverage de se transcender, d'intégrer la grande histoire dans le divertissement. Parker devient lentement une héroïne romantique, cherchant à donner du sens à ses sentiments et à son évolution au sein du monde.
Faute est de constater que la série retrouve son inspiration dès qu'elle parvient à donner du sens à l'évolution de la jeune voleuse. Coeur d'artichaut qui se révèle à elle-même, Parker devient lentement maître de ses propres émotions et apprend à se laisser submerger et à marquer ses faiblesses. Une belle orientation que la série devrait suivre : perdre le contrôle et redonner une vraie place aux sentiments afin de donner plus de relief aux épisodes.
J'aime :
- le culot des scénaristes
- le duo Parker - Hardison plutôt bon
- Danny Glover et sa voix inimitable
- une réalisation très soignée
Je n'aime pas :
- un final pas à la hauteur des ambitions de l'épisode
- quelques facilités regrettables
- certains peineront à rentrer dans l'épisode.
Note : 13 / 20
Un épisode sympathique et original en forme de mélodrame qui permet aux auteurs de sortir un temps des habitudes du show. Danny Glover et une Beth Riesgraf surprenante porte un épisode plutôt réussi et qui permet d'oublier un temps la relative médiocrité de ce début de saison.