Pitch Elliott contre la mafia russe
Connell, un dirigeant de Fluid Dyn, vole la puce construite par un de ses employés en prétextant que celle-ci appartient à la compagnie. Seulement, il compte en fait l'utiliser comme un moyen d'extorquer à des clients Russes un gros pactole qui lui permettrait de résoudre ses soucis financiers. L'équipe de Nate Ford va alors se présenter comme une équipe de décorateur d'intérieur, pendant qu'Elliott va jouer la nounou pour la fille de Connell. Jusqu'à ce que celle ci se fasse enlever.
Un scénario contre-nature
Le concept de Leverage est simple: défendre le faible contre le fort, être la fronde qui permet à David de vaincre Goliath, grâce à des héros aux méthodes peu orthodoxes. Ce genre de série est donc manichéenne par nature, et joue toujours en forçant le trait du méchant pour obtenir un vrai divertissement de qualité. Dès lors, le spectateur comprend vite que plus le vilain est réussi et puissant, plus l'épisode sera passionnant car donnant du fil à retordre à Nate Ford et son équipe. Hélas, ici, le vilain est totalement raté, la faute à un scénario qui ne fonctionne pas et mise sur un twist trop tardif pour convaincre.
De plus, certains aspects du scénario relèvent de l'anecdote idiote et ne fonctionne absolument pas, tout comme cette histoire de robot Parker. Même si Beth Riesgraf fait de son mieux pour faire passer la pilule, cette séquence permet juste de revenir sur l'évolution vers une personnalité moins mécanique de la jeune voleuse sans pour autant se justifier vraiment. Tenter de changer sa dynamique, voilà le travail qu'entreprend Leverage, mais qui ici échoue à cause d'un manque de cohérence d'un script dont le principe de départ est juste idiot.
Bref, un show qui tente d'évoluer et se prend les pieds dans le tapis, tout en offrant une place de choix à Elliott Spencer, personnage particulièrement héroïque qui peine à fonctionner ici. Un épisode inquiétant, avec un Nate qui improvise, égarant le script dans des considérations inutiles pendant que la série cherche à faire preuve d'un sérieux qui ne lui va pas du tout.
Elliott, défenseur des faibles
Habituellement moteur de la série, Elliott est un personnage souvent intéressant à placer au premier plan, grâce à l'interprétation de Christian Kane, mélange élégant de finesse et de violence brute. Ici, le twist de mi-épisode parvient à redresser la barre d'un scénario jusqu'ici peu inspiré à l'aide d'un kidnapping inattendu, celui de la fille de la cible, victime innocente constituant un tournant qui aurait pu être salutaire. Sa motivation est alors démultipliée, offrant l'occasion à Spencer de jouer les héros au grand coeur, rôle dans lequel il excelle habituellement.
Leverage semble alors revenir dans le droit chemin du divertissement, mais va pourtant sombrer en multipliant les incohérences à force de surdramatisation. Le concept de la saison qui réside dans le fait de confronter chacun des membres à la possibilité d'un échec, confrontant Elliott à ses propres limites. Seulement, ce choix d'opter pour un ton particulièrement sombre va aboutir à un résultat particulièrement pathétique, transformant le final dans la galerie des glaces en un ballet grotesque aussi peu inspiré que ridicule.
La réalisation de Frank Oz est totalement hors sujet, alignant les clichés tout en perdant au passage le ton léger et élégant habituel pour un visuel prétentieux et extraordinairement balourd.
Une orientation inquiétante
Plus sombre, Leverage tente de surprendre mais n'y parvient qu'à moitié avec cet épisode prévisible et particulièrement incohérent. Le final grand guignolesque et prétentieux ne réussit pas à une série qui a toujours gagné à n'être qu'un divertissement sans prétention et sympathique. Le show tente d'évoluer, mais donne l'impression de céder à une certaine vanité, franchissant à plusieurs reprises les limites du ridicule. Mal maîtrisé, le récit est extrêmement maladroit et semble s'égarer régulièrement dans des impasses dont il ne parvient que maladroitement à se sortir.
Certes, la résolution finale renoue un temps avec l'esprit original de la série, sans pour autant éviter une accumulation de flash-backs plutôt balourd. La saison avance sans aucune direction particulière et le show semble perdre son équilibre et sa dynamique, là où d'habitude elle impressionnait par sa maîtrise et son efficacité. La mythologie sur Nathan Ford semble définitivement balayé, tout comme le twist de la semaine dernière à peine évoqué. Bref, je reste pantois devant la lente destruction d'un show qui me semblait pourtant insubmersible, surtout après une saison trois très réussie.
Un épisode décevant, surtout pour le fan de Leverage que je suis, avec un épisode mal réalisé et mal écrit qui ne s'inscrit pas du tout dans la continuité de cette saison. Dommage que le personnage d'Elliott subisse les conséquences de cette faute de parcours tandis que chaque épisode poursuit la descente en enfer d'une série en panne d'inspiration.
J'aime :
- Parker amène de bonnes touches d'humour
- le renversement à mi-épisode plutôt malin mais qui s'avèrera décevant
Je n'aime pas :
- la réalisation tape à l'oeil
- le scénario mal construit
- la dynamique de la série qui ne fonctionne pas
- aucune cohérence avec le reste de la saison
- robot Parker, une vraie mauvaise idée
Note : 07 / 20
Du mauvais Leverage, peu inspiré qui confirme la mauvaise dynamique de cette saison et la panne créative d'un show qui semble s'égarer de plus en plus. Reste le charme de Parker et certaines répliques pour empêcher le désastre, sans pour autant empêcher une réalisation hideuse de gâcher le peu de bonnes idées de l'épisode. Décevant.