Un petit coeur dans un grand aéroport
Linda, une jeune infirmière chargée de transporter un coeur pour un jeune garçon nommé Joshua, est surpris par Nate en train d'échanger sa glacière pour une totalement vide en plein aéroport. Ford découvre alors qu'elle est la victime d'un chantage dont le but est de récupérer ce coeur pour une personne mal classée dans la liste de transplantation. L'équipe va alors se charger de le récupérer, mais va devoir pour cela prendre le contrôle de l'aéroport.
Résumé de la critique
Un épisode convenable que l'on peut détailler comme suit :
- un épisode en huit-clos qui tire parfaitement parti du décor en exploitant chaque recoin de l'aéroport
- un récit efficace qui permet de mettre en valeur chacun des personnages
- mais un récit particulièrement manichéen et par moment agaçant
- une mythologie toujours autant à la peine concernant l'évolution de Nate Ford
Grand comme un aéroport
Pour cet épisode un peu particulier, Leverage propose une mission improvisée au groupe de Nate après que celui-ci ait observé un échange peu réglementaire de glacière en plein aéroport. L'intrigue se met vite en place et Tina Holmes est assez convaincante pour donner de la crédibilité à cette intrigue assez classique de chantage ayant pour enjeu la vie d'un jeune garçon. Sans attendre, Ford va se lancer avec conviction dans cette mission qui va ramener à la surface le souvenir du décès de son fils.
L'aéroport devient alors un terrain de jeu pour Parker et Elliott qui vole, dérobe et subtilise tous les éléments dont ils ont besoin pour construire un QG en catastrophe. Le but est d'en prendre le contrôle avant que la glacière reparte sur un autre vol tout en identifiant les responsables de ce chantage. De ce point de vue, le scénario est une vraie réussite, nous permettant de voir, étape après étape, l'équipe prendre possession de chaque morceau de l'aéroport, allant jusqu'à déclencher des tornades imaginaires grâce à un Hardison en très grande forme.
Une équipe imbattable
Entre Elliott et Parker qui subtilisent les badges de sécurité à la volée et Hardison qui est contraint de jouer le transsexuel pour s'infiltrer, Leverage nous propose un vrai divertissement de qualité, dans un récit parfaitement structuré qui met parfaitement en valeur chaque individu. Du pur Leverage, sympathique et réjouissant, proposant quelques idées comiques brillantes pendant qu'ils se rapprochent petit à petit du centre nerveux de l'aéroport : la tour de contrôle. Obligé d'improviser, l'équipe y va au bluff, avec un culot impayable et l'épisode retrouve ce soupçon de folie qui fait le charme de cette série.
Pourtant, l'enjeu est de taille car, plus que les habituelles histoires d'argent, le prix est ici la vie d'un jeune garçon, ce qui permet aux auteurs de ramener la série à son point de départ, à savoir la mort du fils de Nate. Le récit va alors lentement se teinter d'une certaine noirceur alors que le suspens croît ainsi que la pression pour retrouver ce coeur, poussant l'équipe à réaliser des exploits pendant que le ton se fait plus sérieux et moins léger. Et c'est sur ce point que la série va fortement décevoir, en faisant intervenir un méchant particulièrement mal choisi et en délaissant son ton habituellement léger pour un manichéisme grossier.
Le bien gentil contre le mal méchant
Si d'habitude, je ne m'insurge pas contre le côté simpliste de Leverage concernant le caractère toujours particulièrement vilain et cliché des méchants de service, cet épisode va pousser le bouchon trop loin et s'égarer jusqu'à un final ridicule. Sauver un enfant suffisait amplement à l'équipe, permettant de fournir le divertissement attendu, mais les auteurs décident d'enfoncer le clou inutilement et maladroitement. En faisant du responsable de ce vol un CEO particulièrement riche, la série abuse un peu trop des clichés sur les vilains puissants et oublient au passage que le coupable reste un homme essayant de survivre.
Pourtant, aussi moralisateur que soit le spectateur, cette façon de pointer du doigt un homme en pleine faiblesse et de lui mettre le couteau sous la gorge est particulièrement inutile et déplacé. Cette obsession de la série pour les vilains chefs d'entreprise commencent à ressemblent à une vision assez réactionnaire du monde, motivée par une haine exprimée par Ford particulièrement dérangeante. Là où, à l'origine, Leverage parlait juste de récupérer un bien volé, maintenant Nate s'octroie un rôle de juge de moralité assez insupportable, allant jusqu'à harceler sa victime sur son lit de mort.
Nate Ford et la menace du pouvoir
La mythologie de Leverage aura connu de nombreux soubresauts cette saison, la série n'arrivant pas à conserver une certaine cohérence par rapport à l'évolution de Nathan Ford. La scène finale va revenir sur l'orientation la plus sombre en présentant un héros prétentieux, fier du pouvoir qu'il a sur les autres et perdant ses repères concernant le bien et le mal. S'érigeant lui-même en juge et en bourreau, Ford aime cette capacité à détruire des empires, capable de renverser des multinationales d'un claquement de doigt, ce pouvoir lui montant lentement à la tête pour le mener près du précipice.
En conclusion, un épisode à deux visages, divertissement réjouissant porté par des héros au top de leur forme d'un côté et de l'autre, la noirceur de l'évolution de Ford pour un récit trop manichéen. La fin gâche un peu le plaisir, mais je souris malgré tout devant un Hardison particulièrement en verve pendant qu'Elliott et Parker s'amusent à investir chaque recoin de l'aéroport. Au final, du bon Leverage, confirmant le mieux aperçu la semaine précédente sans pour autant effacer les défaillances d'une mythologie horriblement bancale.
J'aime :
- Aldis Hodge particulièrement bon cette saison
- un bon divertissement, particulièrement réjouissant
- un récit dynamique qui tire parfaitement parti du décor
Je n'aime pas :
- un récit trop manichéen qui fait de la surenchère
- l'évolution de Nathan Ford particulièrement désagréable
- une mythologie qui manque de cohérence
Note : 13 / 20
Du bon Leverage, la prise en main par l'équipe de cet aéroport s'avérant être particulièrement réjouissante, mais gâché par un désir d'enfoncer le clou excessif et désagréable. En faisant de leur héros les défenseurs de la justice et du bien, les créateurs de Leverage s'égare sur une pente glissante. Sympathique malgré tout.