Psychologie et cruauté
Après la mort de son père, un ex-vétéran du Viêt-Nam souffrant de syndrome post-traumatique, une jeune femme vient voir Nathan Ford pour lui demander d'élucider son meurtre. Elle suspecte Travis Zingram, directeur d'un groupe d'étudiants en psychologie, d'organisant des tests sur des sans-abris. Hardison va alors découvrir que le jeune homme recrute des membres au sein de la faculté pour organiser les séances de torture et possède la protection de la CIA.
Résumé de la critique
Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :
- un épisode tristement crédible qui éclate efficacement le récit
- un problème de mise en place et des personnages pas assez utilisés
- une intrigue qui place la morale avant tout
- une mythologie intéressante
Lavage de cerveau et jeu sadique
Pour son retour, Leverage nous propose de vrais méchants, avec une bande d'étudiants qui jouent à expérimenter des formes de torture sur la population la plus fragile, des sans-abris venus gagner un peu d'argent. Le but officiel est de tester la résistance à la torture en les soumettant à un régime drastique, mais va vite apparaître comme un défouloir pour une bande d'étudiants prétentieux. Evidemment, la torture psychologique évoque tout de suite Guantanamo et la série ne fait pas dans le détail en se plaçant contre la torture et les tendances perverses de la psychologie.
Sous couverts de test sur la résistance humaine, il va découvrir une entreprise d'aliénation où les étudiants adhèrent avec enthousiasme pour se soumettre à Travis, offrant un exemple d'expérience à la Ron Jones. La psychologie en prend pour son grade tandis que l'équipe de Nathan Ford se met en place pour réduire cette entreprise à néant, Elliott se faisant recruter comme cobaye et Hardison comme membre. La destruction du royaume de ce dictateur en herbe se révèlera assez jouissive, avec des scènes entre Elliott et son "tortionnaire" plutôt intense et bien écrite.
Le récit est évidemment manichéen et simpliste, mais s'avère autant efficace qu'il trahit une tendance de la psychologie à chercher les limites de l'esprit humain. Seulement, en creusant le cas de Spencer, il va découvrir que la quête de la vraie nature de l'homme et la découverte de ses secrets est une forme de perversité et de violence bien pire que la soif de meurtre.
Une intrigue difficile à installer
Si l'épisode est ambitieux, il ne possède que peu de temps pour tout mettre en place et va faire des choix, délaissant Sophie au profit d'Elliott et Hardison. Ce déséquilibre dans l'utilisation des personnages va se faire ressentir, servant avant tout à opposer la haute société des étudiants avec l'univers plus humain des sans abris qui se font recruter. L'occasion pour Leverage d'opposer le caractère humain et empathique de Spencer avec celui plus froid et cérébral d'Alec. Le scénario se double alors d'une réflexion sur la lutte des classes assez simpliste, mais bien dans l'esprit de la série de la défense du faible contre le fort.
Seulement, tout devient trop sérieux dans le second acte et perd de sa crédibilité, le show essayant d'explorer les méfaits et la déresponsabilisation qui proviennent de l'appartenance à une communauté. Le récit s'alourdit alors surtout que le méchant du jour apparaît assez faible, protégé par une CIA qui va être au coeur de la mythologie de cette seconde moitié de saison. Le final se révèlera un peu trop énorme et assez confus, les pièces s'assemblant trop bien, laissant apparaître quelques ficelles un peu trop visibles.
Au final, du pur Leverage qui offre un plan assez malin tout en versant dans le manichéisme qui sert de moteur à ce type de série. Le ton est un peu sombre, mais heureusement la série possède un atout qui va venir faire la différence avec une Parker en mode électron libre.
L'évolution de Parker Partie 3 : l'expérience de Milgram
Pour soumettre l'individu, la psychologie utilise l'esprit de corps ou la soumission, deux moyens de priver l'humain de son libre arbitre et surtout deux armes totalement inefficaces sur Parker. Si le ton est assez sombre durant tout l'épisode, Beth Riesgraf apporte une touche d'humour indispensable, transformant le test de Milgram en une catastrophe en n'obéissant à aucune règle. Irresponsable et très rigolote, elle est la caution morale d'un épisode, la preuve de la bonté de l'être humain lorsqu'il est un esprit aussi libre qu'elle.
Poursuivant son évolution vers une humanité de plus en plus grande, Parker apparaît au moment les plus sombres pour redonner la touche d'invraisemblance qui ramène le récit sur la voie du divertissement. La voir jouer les allumeuses avec les étudiants est un vrai bonheur, Beth Riesgraf s'amusant beaucoup avec la nouvelle évolution de son héroïne. Esprit libre dans un univers trop carcéral, elle incarne à merveille l'héroïne mélodramatique lorsqu'elle déchire le devoir d'Hardison, apportant une touche d'absurdité qui sont autant de respirations au sein de l'intrigue.
Comme toujours dans les bons épisodes de Leverage, le duo Hardison - Parker en est indéniablement le point fort, celle-ci trouvant toujours le mot juste pour lui venir en aide. Couple original et singulier, il est l'aspect le plus positif de cette saison, une série télévisée ayant besoin d'un peu de romance pour perdurer.
Leverage VS CIA
Pour cette saison, les auteurs ont eu du mal au début à trouver à Nate Ford une vraie opposition, l'équipe s'en étant pris à tous les vilains possibles et existants. Avec l'intervention de l'Agence gouvernementale, l'équipe de Ford s'est enfin trouvé un ennemi à leur niveau, surtout que leurs identités est parfaitement connues de ceux-ci. Privé de l'anonymat indispensable à l'exercice de leur talent, l'équipe va devoir se montrer encore plus ingénieuse, laissant espérer un final à la hauteur de celui de la saison trois.
En conclusion, du bon Leverage, offrant une plongée sombre dans l'univers de la manipulation psychologique et de la suppression du libre arbitre. Si l'histoire est assez manichéenne par principe, les faces à faces entre Elliott et son bourreau sont autant de très bonnes scènes qui viennent équilibrer celles plus moyennes avec Hardison. Heureusement, Parker apporte la touche de fantaisie et de légèreté pour donner au final un divertissement de qualité, même si la conclusion apparaît assez tirée par les cheveux.
J'aime :
- les scènes d'interrogatoire d'Elliott
- Parker en électron libre
- le background tristement réaliste
Je n'aime pas :
- la storyline d'Hardison assez moyenne
- la conclusion tirée par les cheveux
Note : 13 / 20
Un bon épisode de reprise pour Leverage qui nous offre un épisode divertissant malgré une tonalité d'ensemble assez sombre. L'apport de Parker est indéniable et les scènes d'Elliott très juste, avec quelques répliques très bien senties sur la torture et son inutilité. Amusant.