Leverage at the office
Nathan Ford est engagé par le propriétaire d'une entreprise de fabrique de carte de voeux pour enquêter sur leur nouveau patron, Bartley, qu'il accuse de truquer les comptes. Une fois sur les lieux sous l'identité d'une équipe de consultants, l'équipe découvre qu'une équipe de télévision est déjà sur place pour réaliser un docu-fiction. Le plan va donc devoir être réajusté surtout qu'Hardison et Elliott ne trouve rien qui permette de mettre en cause le jeune patron de la boîte.
Résumé de la critique
Un épisode agréable que l'on peut détailler ainsi :
- un épisode qui s'amuse à reprendre le principe de The Office
- un ensemble qui devient vite trop confus
- l'importance de l'anonymat et ses conséquences
- une greffe forcée qui ne prend pas
Cinq employés de bureau pas ordinaire
Adepte des épisodes expérimentaux, les auteurs de Leverage vont sur pencher sur le cas d'une entreprise de carte de voeux, avec un épisode lorgnant fortement du côté de The Office. Le mélange est singulier, un peu forcé au démarrage par des scénaristes qui misent plus sur le concept que sur l'histoire, la mission semblant en apparence trop simple pour l'équipe de Ford. Seulement, l'originalité de l'idée et la présence de Peter Stormare en réalisateur totalement allumé permet de rentrer dans cet épisode qui ne va pas vraiment réussir à atteindre son objectif.
Pourtant, les comédiens s'en donnent à coeur joie, entre Beth Riesgraf qui lance à l'objectif des regards meurtriers et Timothy Hutton qui cabotine avec pas mal de dérision, la première partie est assez convaincante. Mais c'est bien le duo Nate - Sophie qui profite le mieux de ce format du docu-fiction, ramenant à la surface une relation de couple complexe et beaucoup de tensions irrésolues. Toujours aussi adaptable, Leverage parvient à se greffer sur le format de la comédie multi-caméras, même si les disputes entre Elliot et Hardison sont assez décevantes.
L'idée est originale et sort la série de sa routine, ce qui n'est pas pour déplaire et prouve la vitalité retrouvée de la série en cette deuxième partie de saison. La réalisation en particulier est impeccable, les caméras ne laissant aucun répit à l'équipe qui doit agir sans être vue et multiplier les astuces.
Une histoire peu convaincante
Le problème de l'épisode vient en fait de son intrigue, laquelle peine beaucoup à se mettre en place et à installer des enjeux assez forts pour justifier tous les efforts de l'équipe. Difficile en effet de comprendre les raisons de leur présence, cette histoire de manipulation de bilan comptable ne suffisant pas à justifier un épisode de quarante minutes. La série va alors basculer sur une histoire de trafic de faux billets plutôt confuse, le récit s'égarant fréquemment dans des diversions inutiles liés à la présence envahissante des caméras.
Abusant de langage codé, le scénario finit par abandonner son idée de départ en mettant le personnage de Peter Stormare dans la confidence, aveu de faiblesse d'une équipe créative qui ne parvient pas à raconter sans dire. L'épisode retrouve alors du rythme et fournit un divertissement agréable, malgré un personnage de Parker à la storyline comique assez décevante. De même, le running gag du sandwich est assez médiocre pour un épisode qui ne laisse pas assez de place aux vrais habitants du bureau.
Pour construire un épisode à la manière de "The Office", les auteurs de Leverage auraient dû laisser plus de place aux personnages secondaires. Rarement exploités par une intrigue qui joue la facilité, les autres employés sont relégués au rang de figurant, la caméra se focalisant un peu trop sur l'équipe de Nate Ford.
Les dangers de la surexposition
Le point commun entre les deux épisodes de cette reprise de Leverage est la perte de cet anonymat qui est pourtant indispensable à l'équipe de Ford pour accomplir leur mission. Seulement, si le premier épisode l'utilisait intelligemment en plaçant vraiment Hardison en difficulté, celui-ci permet surtout aux acteurs de cabotiner légèrement, ce qui n'est pas toujours très agréable. En délaissant la mission au profit du divertissement, le récit de l'épisode se déséquilibre et n'installe pas suffisamment d'enjeux pour donner une intrigue efficace.
Trop exposé par un Peter Stormare en roue libre, l'intrigue perd une bonne part de sa crédibilité malgré un démarrage intéressant. Heureusement, le dernier acte ne conserve de l'influence de "The Office" que le style esthétique caméra à l'épaule et revient à un format de narration plus classique, concluant efficacement un épisode qui aura peiner à se mettre en place. Au lieu d'intégrer l'équipe à l'univers de bureau, les auteurs n'auront jamais donné assez de crédibilité et de contenu à cet univers ici purement décoratif.
S'il est normal que Sophie ou Nate jouent les divas, le trio Elliot - Hardison - ¨Parker ne sort pas valorisé de cette histoire, la faute à des storylines assez pauvres en contenu. De plus, l'histoire de Parker n'est pas vraiment cohérente avec l'évolution de son personnage, ratant l'occasion de montrer sa capacité actuelle à rentrer en contact avec des inconnus.
Deux formats inconciliables
Trop différente par leur nature et leur mode de construction, Leverage n'aura jamais réussi à prendre le principe de fonctionnement de The Office, donnant au final un épisode bancal et plutôt maladroit. Si l'idée peut paraître intéressante au premier abord, la greffe ne parvient pas à prendre, les ADN de deux séries étant trop différents. Malgré tout, l'idée avait le mérite d'être originale et de sortir de la routine habituelle, montrant une capacité de sortir des sentiers battus qui rassure sur la santé de la série.
En conclusion, un épisode convenable, qui ne se donne pas les moyens de ses ambitions, mais fournit le divertissement attendu tout en sortant de la routine du show. Le duo Nate - Sophie cabotine avec bonheur, offrant quelques scènes plutôt drôles, mais vite épuisées par un scénario qui fait assez vite du remplissage. Même la conclusion ne permettra pas d'éclaircir une histoire terriblement confuse, ne parvenant pas à donner une justification correcte à l'intervention de l'équipe de Ford.
J'aime :
- le concept original mêlant Leverage et le style visuel de "The Office"
- le duo Nate Ford - Sophie Devereaux
- la direction artistique impeccable
Je n'aime pas :
- l'intrigue terriblement confuse
- le gag du sandwich sans intérêt
- la storyline de Parker ratée
Note : 12 / 20
Si le concept de départ peut séduire et faire illusion les premières minutes, la suite de l'épisode s'avère plutôt poussive, la faute à une histoire confuse et mal construite. Dans un épisode qui fait du remplissage, les comédiens cabotinent avec plus ou moins de succès, fournissant au final un divertissement assez agréable grâce à une mise en scène plutôt réussie.