L’amour, c’est compliqué.
« Ouah ! Quelle aisance !
– Non mais... tu vas la fermer, ta gueule ?
– Oh ça va, fais pas ta bichette ! Je t’ai manqué, non ?
– Pas le moins du monde. Pourquoi t’es là en fait ?
– Bah c’est le week-end et tu fais rien de ta journée. Faut changer ça !
– T’as une série à me proposer alors ?
– Bah vu que tu parles de l’amour comme Trump parle économie, je te conseille une série sur le love.
– Hum. La dernière série que tu m’as conseillé, c’est Shadowhunters. Tu comprendras que je ne te fais pas forcément confiance.
– Non mais je te promets mon gars, ça vaut le coup cette série. C’est de Netflix.
– Scrogneugneu… C’est pas parce que c’est de Netflix…
– Tu tombes vite dans les pièges, jeune padawan.
– Bref, ça parle de quoi cette série ?
– Elle s’appelle Love, et elle a été imaginée par Judd Apatow, Lesly Arfin et Paul Rust. Elle suit les aventures de Gus et Mickey, deux personnes qui cherchent l’amour à Los Angeles, sans savoir réellement ce que c’est. L’idée est de donner un point de vue doux-amer sur les relations amoureuses du 21ème siècle.
– Ça ressemble pas mal à Casual et You’re The Worst quand même.
– Sauf qu’il y a Gillian Jacobs !
– Sérieux ? Ok, je m’y mets.
– Il t'a juste fallu ça pour te convaincre ? Fais gaffe, tu vas finir par apprécier les séries Netflix.
– Jamais. »
Mickey, la fragile effrontée
Je commence par Mickey non pas par galanterie, mais parce que le personnage est à mon sens le plus intéressant du pilote. En fait, j’ai l’impression d’assister à un spin-off centré sur le personnage de Britta Perry, qu’interprétait Jacobs dans Community. On retrouve la même jeune femme qui se bat pour ses convictions, qui n’hésite pas à rentrer dans la tronche des gens qui la déteste, mais qui est surtout dangereusement autodestructrice. La première scène avec son petit-ami donne le ton ; leur scène de sexe est violente, et c’est là-dedans que Mickey prend le plus de plaisir. Elle possède un travail dans une station de radio, où elle ne fait rien de ses journées et se fait draguer par son boss (Brett Gelman). Elle cherche à se sortir de toutes ses addictions. Elle mène une véritable lutte pour ne pas retomber dans ses démons.
Le personnage est fucked-up, mais Mickey veut aller mieux. Elle rencontre sa nouvelle colocatrice, Bertie (Claudia O’Doherty), l’archétype de la jeune fille gentille. En réalité, Love nous offre un point de vue sur ce que signifie avoir trente ans et ne pas savoir où l’on va. En ce sens, elle ressemble pas mal à Master of None, une autre production originale Netflix. Même si son petit-ami est cocaïnomane, il permettait à Mickey de posséder un repère qu’elle n’a plus désormais. Elle tente par tous les moyens de le trouver, allant dans une église psychédélique qu’elle pensait être une boîte de nuit. Le lendemain, elle va s’acheter un café, essayant de démarrer le premier jour du reste de sa vie du bon pied. Elle a oublié son portefeuille à l’église la veille. Et là, un homme lui propose de le lui payer. Fin de l’épisode.
Gus, le nice guy qui a du mal à le rester
De son côté, Gus représente le nice guy. Sauf qu’à mes yeux, il incarne plutôt la figure du faux mec gentil, ce qui est pire que d’être un vrai connard. L’équilibre entre ses deux côtés est compliqué à gérer, mais Paul Rust réussit parfaitement à capturer la lutte interne de son personnage, qui refuse d’être méchant, à tel point que cela le rend presque antipathique. Sa petite amie lui annonce qu’elle l’a trompé, précipitant la chute de leur relation. Tout comme Mickey, Gus perd son repère. Il se retrouve donc à vaquer, ne sachant pas vraiment où il va, et refusant de trouver un véritable chemin.
Il va donc s’installer dans une résidence. Il va errer, rencontrer de nouvelles personnes, faire la fête, presque remporter la ceinture... Il s’amuse, mais ne semble tout de même pas trouver sa voie. Après une monstrueuse gueule de bois, il va dans un magasin. Il prend une boisson énergétique, se balade dans les rayons. Il surprend une conversation entre une femme et le vendeur. Il s’approche, et propose de payer le café de la jeune femme. Fin de l’épisode.
Une réflexion sur ce que signifie l’amour
Par ailleurs, la construction du récit est parfaitement adaptée à un épisode pilote. On voit donc les histoires parallèles de Mickey et Gus. Lorsque Mickey est à l’église, Gus est à une fête. Lorsque Mickey fait l’amour, Gus fait l’amour. Leurs histoires sont parallèles, mais elles se rejoignent sur un point important : leurs vies ne sont pas complètes, il manque quelque chose : l’amour. Le tout est accompagné d’une bien jolie bande-son, ainsi que d’une photographie lumineuse. Los Angeles est vraiment filmée avec le cœur, avec douceur. On sent que les réalisateurs sont amoureux de cette ville.
Pour en revenir à l’amour, aucun des deux personnages ne sait ce que c’est, mais ils le recherchent tout de même, parce que cela leur donne un sentiment de repère. Notre société d’aujourd’hui est caractérisée par l’importance donnée au concept de l’amour, parce que l’on a peur d’être seul. Être maître de ses actions nous terrifie, on ressent constamment le besoin d’avoir quelqu’un à nos côtés.
It Begins se suit sans problème aucun. Il remplit parfaitement son rôle d’exposition, étoffant les personnages individuellement, avant de les faire se rencontrer. La série est pour l’instant inoffensive, dans le sens où elle reste un peu dans le monde des bisounours. Ce n’est pas une mauvaise chose, mais on va voir si l’acide fait sa rentrée par la suite !
J’ai aimé :
- Le choix scénaristique de réunir les personnages principaux à la fin de l’épisode.
- Gillian Jacobs.
- La photographie. Los Angeles est une jolie ville.
- L’épisode passe vite.
- Je sens que je vais bien aimer Bertie.
Je n’ai pas aimé :
- L’ex-copine de Gus.
- L’ex-mec de Mickey.
Mise(s) en garde :
- Le format. Entre trente et quarante minutes, c’est surprenant.
- Attention à ne pas être trop gentil. Les relations aujourd’hui ne sont pas gentilles.
Ma note : 13/20.