Pitch die alone, live together
Une patiente âgée est affectée au docteur Bremnen à cause de problèmes cardiaques sérieux, mais ne semble pas vouloir se battre pour rester en vie. De son côté, Monroe se retrouve confronté à David Foster, un ancien soldat dépressif qui présente un caillot inquiétant dans le cerveau. Les deux chirurgiens vont alors surprendre leurs internes en choisissant des protocoles d'action plutôt risqués.
Une série médicale à la fois touchante et intelligente
Toujours piégé entre le coeur et le cerveau, Monroe se pose le problème du choix, entre opération agressive et surveillance de l'état du patient. La pression du choix retombe entièrement sur les épaules des deux chirurgiens qui vont connaître des fortunes diverses sans pour autant subir le jugement du spectateur. En faisant le choix de miser sur le duo Bremnen-Monroe, les auteurs ont eu une idée excellente tant leur interaction fournit un excellent moteur au show.
Du pré-op jusqu'au post-op, on va suivre l'évolution des deux patients qui vont chacun soulever une question morale sur l'opportunité de la chirurgie face à des corps plus ou moins fragiles, le coeur et le cerveau restant les seuls maîtres de la vie ou de la mort. Conscient tous deux des limites de leur pouvoir, les deux chirurgiens vont se montrer à la fois touchants et arrogants, refusant de laisser le doute s'insinuer dans leur évaluation du "bon choix".
Malgré sa passivité, Monroe va prouver qu'il sait faire confiance à son instinct, préférant soigner le patient en restant à son chevet, en se montrant attentif à son état psychologique. A la fois touchant et professionnel, James Nesbitt forme un excellent duo avec Matthew Needham (petite anecdote, le patient du jour connait bien les hôpitaux vu qu'il a participé à deux saisons de Casualty) et propose une histoire simple, efficace et réellement prenante.
Plus active, Bremnen va amener plus d'action, équilibrant parfaitement les séquences plus contemplatives de Monroe, permettant à Paul Mc Guigan de proposer son meilleur épisode, maîtrisant parfaitement chaque élément de mise en scène en multipliant les idées étonnantes. La découpe du cerveau en temps réel est un concept visuel fort, tout comme l'utilisation des transparences de plus en plus judicieuses. Plus ambitieuse épisode après épisode et dotée d'une identité forte, Monroe acquiert petit à petit un style propre, entre drame et comédie, d'une grande efficacité.
Monroe et les vertus de l'attente
Pris au piège dans sa vie privée par la destruction quasi-totale de sa famille, Monroe se focalise sur son travail et choisit d'apporter à son patient la chose la plus précieuse au monde : du temps. En prenant le risque de limiter l'action de Monroe au seul contrôle des constantes, la série nous permet de mieux cerner le neurologue et son fonctionnement. Instinctif, Monroe ne se fie qu'à lui-même et fait preuve une confiance totale dans sa capacité à traduire les signes que le corps renvoie.
Ce caractère particulier de son fonctionnement est typique de Monroe, le neurochirurgien aimant provoquer pour pouvoir analyser la réaction à la stimulation qu'il a lancé. Convaincu que la guérison du corps passe avant tout par la résolution des problèmes psychologiques, Monroe pousse le patient à faire évoluer sa propre image en trouvant la force de renouer avec ceux qu'ils aiment.
Seulement, il semble incapable d'appliquer ces conseils à lui-même, refusant de faire le deuil de sa fille. Il porte cette souffrance en lui et conserve son souvenir vivant à l'intérieur de lui au travers de chaque patient qu'il sauve.
Interne de Monroe numéro un : Daniel Springer
Souffre-douleur préféré de Monroe, Daniel Springer possède l'arrogance et la prétention pour faire un parfait chirurgien, mais il lui manque la maturité nécessaire pour croire assez en lui-même. Dans ce rôle entre la comédie et le pathétique, Luke Allen-Gale s'avère particulièrement convaincant, servant de sac de frappe à un Monroe tout à fait réjoui de le remettre à sa place.
Springer est un personnage qu'on aime détester, sa prétention et son arrogance ne donnant que plus de poids à la manière dont Monroe s'amuse à le torturer. Figure classique de la série médicale, l'utilisation de l'interne s'inscrit ici dans la continuité des relations JD-Cox ou Carter-Benton et sonne juste.
Bremnen ou la peur de l'hésitation
Soumis à une pression terrible par la famille, Bremnen est de plus confrontée à la dimension émotionnelle des évènements, montrant toujours cette insensibilité qui la caractérise. Son hémisphère gauche a totalement pris le dessus sur le droit et l'empêche de faire preuve de la plus naturelle empathie. Consciente que le coeur a des raisons que la raison ignore, elle le verrouille totalement dans son travail afin de chasser les sentiments comme l'indécision ou le doute afin de toujours garder le contrôle.
Il est regrettable que Sarah Parrish ne parvienne pas à fêler légèrement le masque de la chirurgienne, nous empêchant de bien percevoir la lutte perpétuelle dans son esprit. La scène où Monroe et elle baissent enfin leur garde, en pleine nuit à l'hôpital, est particulièrement réussie, donnant enfin l'occasion aux comédiens de montrer une alchimie étonnante.
Série assez addictive et plus complexe qu'il n'y parait, Monroe est avant tout un drama médical de haute volée qu'on se surprend à apprécier de plus en plus au fil des visionnages. A découvrir.
J'aime :
- un scénario bien rythmé et passionnant
- un casting parfait
- la réalisation superbe de Paul Mc Guigan
- des personnages qui gagnent en profondeur
- le coeur contre le cerveau round 2
J'aime pas :
- le cas du docteur Bremnen pas totalement résolu
Note : 15 / 20
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