Ich Bin Ein Berliner
Les hôtesses de Pan Am s'envolent pour Berlin où le président Kennedy se prépare à tenir son célèbre discours sur le balcon de la mairie de Schöneberg. Pour Maggie qui fut l'une de ses activistes les plus ardentes pendant la campagne contre Nixon, l'occasion est immanquable et elle se doit clairement de rencontrer Kennedy en personne. Kate, par contre, se retrouve affublée d'une mission assez dangereuse, l'agent qu'elle est censée retrouver cherchant à éviter la STASI.
Résumé de la critique
Un épisode très réussi que l'on peut détailler ainsi :
- Maggie and JFK, une histoire épatante
- une intrigue d'espionnage trop timide malgré le décor idéal
- une histoire de pardon avec Colette pas vraiment concluante
- une intrigue romantique qui ne sert qu'à marquer le besoin d'indépendance de Laura
L'hôtesse de l'air et le président
Allons directement au but, le numéro de Christina Ricci est de loin la partie la plus remarquable de ce scénario, même s'il s'agit de l'intrigue la plus artificielle. Supporter fervente de JFK, la jeune femme a raté l'occasion de le rencontrer durant sa campagne et compte bien se rattraper à Berlin, alors que le président s'apprête à faire son célèbre discours. Malgré la nuée de journalistes et les nombreuses barrières devant elle, Maggie compte bien ne laisser rien la stopper, offrant l'occasion à la comédienne de nous proposer un numéro incroyable qui lance l'épisode sur d'excellentes bases.
Très superficielle et pourtant touchante, l'intrigue est celle d'une femme qui vient de se jeter avec passion dans la politique, à la fois militante farouche et groupie déchaînée. Comme une bourrasque, elle tire en avant un scénario qui ne va pas réussir à tenir ce rythme surprenant, jusqu'à une conclusion un peu facile, mais visuellement réussi. Comme un pur mélodrame américain de la même époque, cet épisode nous montre combien une histoire gagne toujours en magie lorsqu'elle mélange la petite histoire avec la grande, transformant un simple séjour en une course poursuite étonnante.
Après deux épisodes un peu timide, Christina Ricci s'empare de son personnage et montre l'étendue de son talent grâce à un scénario particulièrement ingénieux. De ce point de vue, un épisode remarquable porté par ce souffle romanesque qui fait le charme si particulier de Pan Am.
Une intrigue d'espionnage dans un décor idéal
L'autre aspect abordé par cette escale à Berlin va concerner Kate qui est censée récupérer un livre dans une bibliothèque proche du mur. Evidemment, la mission va vite dégénérer, la STASI ayant été informée de la venue d'une espionne de la CIA l'oblige à fuir avec son contact, une jeune est-allemande inexpérimentée. Les deux femmes vont se serrer les coudes et la jeune hôtesse va prendre les choses en main et agir comme une espionne maladroite poussée par une volonté de faire le bien. Très romanesque dans son premier acte, cet épisode nous plonge dans l'ambiance d'une Allemagne divisée par un mur honteux en pleine Guerre Froide.
Seulement, l'intrigue va être moins bien exploitée par la suite, les auteurs cherchant visiblement à produire le récit le plus simple possible pour ne pas encombrer les autres histoires. Incapable de maîtriser cette dimension géopolitique, les scénaristes restent au plus près de leur héroïne et ne pousse pas plus loin cette intrigue pourtant ambitieuse. Assez décevante, la conclusion donne l'impression d'une storyline avortée, marquant une simple étape en attendant que la jeune héroïne en paye les conséquences.
Une idée d'espionnage brillante et ambitieuse, mais mal exploitée, qui montre les limites d'un show qui essaie de trop en faire et se heurte à certaines difficultés narratives liées à son principe de construction.
"Pardonner peut-être, oublier je ne peux pas"
Si je prends cette citation d'Underground de Kusturica, c'est pour évoquer l'intrigue concernant la difficulté d'effacer le souvenir d'une guerre et des crimes commis durant cette période. Pour Colette, Berlin est hanté par son souvenir d'enfant où les nazis occupaient la France, le récit faisant preuve d'une vraie pudeur lorsqu'elle évoque cet évènement. Très convaincante, Karine Vanasse traverse Berlin comme un cauchemar, incapable d'accepter le discours de Kennedy qui absout l'Allemagne de ses crimes en faisant de Berlin Ouest un symbole de liberté.
L'idée est ambitieuse, complexe et suffisamment subtile pour qu'on passe sur certaines scènes maladroites qu'elle entraîne, jusqu'à un passage troublant où l'héroïne entonne avec fragilité le Das Lied der Deutschen. Contrairement à Kennedy, la jeune femme refuse de pardonner au peuple allemand, incapable de ne pas les voir comme les responsables de son drame personnel. Une façon élégante de replacer la série dans un contexte historique où l'Amérique était la terre promise pour les expatriés d'Europe, fuyant une terre natale devenue le coeur d'une guerre atroce.
Encore une fois, l'ensemble manque un peu de profondeur et ne se montre pas suffisamment à la hauteur de ses ambitions, mais d'approfondir le personnage de Collette qui apparaît comme une expatriée volontaire, fuyant le souvenir d'une enfance ruinée.
Le refus de la romance
Si les héroïnes de Pan Am connaissent des aventures folles à Berlin, Laura va se retrouver de côté, abandonnée par un scénario emporté par le souffle romanesque des autres intrigues. Sa relation avec Michael Mosley est intéressante, tout comme la façon dont elle le repousse, signe de son refus d'écouter son coeur pour l'instant. Le but de Laura est de vivre l'instant présent, rejetant le risque de se laisser emprisonner dans une relation pour profiter de la vie comme elle le souhaite.
En conclusion, un épisode complet, ambitieux, proposant quatre storylines étonnantes profitant particulièrement bien du contexte autour de ce séjour à Berlin. L'intégration de la petite histoire dans la grande est particulièrement réussie grâce à une Christina Ricci épatante, renversant tout sur son passage. Dommage que l'intrigue d'espionnage se révèle aussi faible au final, tant les quinze premières minutes semblaient augurer un épisode vraiment exceptionnel, prouvant que Pan Am maîtrise parfaitement le récit mélodramatique.
J'aime :
- les comédiennes, Christina Ricci en tête
- le choix du contexte vraiment brillant
- la storyline de Maggie pleine d'énergie
- le ton très romanesque et ambitieux
Je n'aime pas :
- une intrigue d'espionnage décevante dans sa conclusion
Note : 15 / 20
Un bel épisode de Pan Am qui nous projette en plein Berlin lors de l'important discours de Kennedy alors que l'Armée Rouge construit le mur de la honte. Doté d'une force romanesque indéniable, l'épisode démarre à toute vitesse avant de s'essouffler à cause d'une intrigue d'espionnage à la conclusion décevante. On saluera la performance des comédiennes, en particulier Christina Ricci vraiment épatante.