Critique : Psych 6.11

Le 01 avril 2012 à 05:34  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode qui s'amuse à multiplier les références vers les films d'horreur pour une plongée de Carlton Lassiter dans le domaine de la folie.
Par sephja

Critique : Psych 6.11

~ 8 minutes de lecture
Un épisode qui s'amuse à multiplier les références vers les films d'horreur pour une plongée de Carlton Lassiter dans le domaine de la folie.
Par sephja

Terreur froide et réussite visuelle 

Le corps de Mark Waraftig est retrouvé mort pendu à l'intérieur de son appartement, la scène du crime portant tous les signes indiquant un suicide. Intéressé par son appartement, Lassiter se porte acquéreur malgré sa mauvaise réputation et va vite s'apercevoir que des phénomènes étranges s'y déroulent. Pendant ce temps, Shawn et Gus se disputent concernant leur problème financier et la question des intentions de celui-ci envers Juliet.

 

Résumé de la critique

Un épisode très réussi que l'on peut détailler ainsi :

  •  une histoire qui repose sur un concept efficace 
  •  une réussite visuelle et formelle indéniable 
  •  une performance collective remarquable 
  •  le passage à l'âge adulte comme limite 

 

 

Shawn versus Mick Garris 

Revenant sur le terrain des épisodes concepts, Psych se penche sur des films références du domaine de l'angoisse blanche comme le Shining de Kubrick et le Rosemary's Baby de Polanski, jouant autour du thème de la peur du paranormal. Evidemment, le duo vedette va apporter un contrepoint comique intéressant dans ce climat angoissant, les auteurs aimant à jouer avec les ambiances et les terreurs inconscientes. Loin des pannes d'inspiration de la saison passée, les scénaristes s'en donnent à coeur joie, multipliant les clins d'oeil et les références en jouant sur le décalage en jouant à justifier les différents phénomènes dont est témoin Lassiter.

Ainsi, l'enfant qui évoque le héros du chef d'oeuvre labyrinthique de Kubrick devient un garçon traumatisé et pathétique dans un second temps. La série se repose sur ce décalage pour fournir des gags malins où les deux héros se renvoient la balle de manière réjouissante, donnant de nombreuses répliques hilarantes qui font mouche à plusieurs reprises. Un épisode assez brillant qui va entraîner l'apparition de séquences oniriques plutôt réussies, jusqu'à une révélation finale un peu trop parachutée par un faisceau de preuves discutables.

Mais qu'importe les défaillances du scénario tant l'épisode est une vraie réussite visuelles, preuve que Psych est une série qui se plait à reposer sur des concepts et des références solides. Esthétiquement, le film emprunte aux univers visuels de Kubrick et Polanski, composant une plongée dans la folie d'une élégance particulièrement saisissante. Un standalone séduisant, confirmant l'influence du cinéma sur une série qui sait toujours autant s'emparer des codes des autres pour mieux les détourner.

 

Gus versus Ira Levin

Si l'hommage est ambitieux, la tâche la plus lourde de l'épisode concerne James Roday qui enfile la casquette de réalisateur et doit évoquer la structure géométrique et obsessionnelle de Kubrick sans pour autant plagier l'immense cinéaste. Ce travail de citation passera par l'utilisation de plan à la steadycam, par des cadrages très soignés et une photo lumineuse et étonnante, en particulier lors de la scène de la douche. Très équilibré, ces plans évitent le piège de la référence forcée, créant des variations par rapport au style glacial de Shining, marquant une progression très bien dosée dans le royaume de la folie. 

La scène du monocle, bizarrerie légèrement Lynchienne est par contre assez mal exploitée, n'apportant pas grand-chose dans une histoire dans l'ensemble plutôt cohérente. De victime, Lassiter devient un élément de cette grotesque mise en scène, ruinant une partie des enjeux de l'épisode reposant sur la santé mentale de Carlton. L'épisode bascule alors dans une course poursuite finale discutable et trop longue, la faute non pas à des décors absolument superbes, mais à une mise en scène confuse qui ne permet pas de visualiser la géographie des lieux. 

Le bijou de l'épisode est sans conteste la séquence du miroir, grande réussite formelle reposant sur une photographie superbe et des effets spéciaux réussis. Une scène qui met parfaitement en valeur la performance remarquable de Timothy Omundson, une nouvelle fois impeccable dans un rôle plutôt difficile, celui d'un homme réduit à perdre ses principales moyens de défense : la logique et un cynisme mis à mal par sa perte de repères. 

 

 

Lassie VS Joe Turkel  

Si un point est réellement remarquable dans cet épisode, c'est indéniablement la performance superbe de l'interprète de Lassiter, dont la lente métamorphose donne une vraie force à cette histoire. L'intérêt de l'épisode réside alors dans la lente désagrégation du personnage de Carlton, les auteurs offrant un début d'épisode où il apparait avec une apparence impeccable et un cynisme réjouissant. Timothy Omundson pose les bases de son jeu, à la fois séducteur et carnassier, séduisant et glacial, atteignant son sommet d'autosatisfaction avec l'acquisition de l'appartement. 

La suite voit son personnage perdre lentement son caractère, laissant apparaître une coiffure moins parfaite et un jeu déséquilibré, aux portes de la rupture. La sauvagerie de l'inconscient reprend ses droits jusqu'à la scène remarquable du miroir où le reflet tente d'abattre les dernières limites de la raison et de la logique. L'apparence de Carlton devient son pire ennemi, révélateur de ses peurs enfouis, d'une perte de repère qui vient troubler sa conception même de la réalité, donnant la séquence la plus réussie de l'épisode. 

La course poursuite s'avèrera plus anecdotique, la référence lors de la scène de la porte étant un peu trop évidente pour fonctionner pleinement. Surtout que Gus n'a pas l'expressivité de Shelley Duvall, seul moment où le décalage comique ruine en partie la crédibilité de la séquence sans pour autant nuire à la qualité de l'ensemble. Très bien tenu par d'excellents comédiens, en particulier Sara Rue, cet épisode de Psych est à classer parmi les meilleurs, exploitant parfaitement le thème de la folie grâce à un vrai travail dans la composition de l'image. 

 

Le passage à l'âge adulte 

L'autre storyline de l'épisode concerne Shawn et la question de ses intentions envers Juliet, cherchant à dissimuler une bague de fiançailles de plus en plus gênantes. Contrepoint comique intéressant durant tout l'épisode, ces séquences trouvent leur sens avec le retour de William Shatner, premier à poser la question de savoir si Shawn est digne de demander la main de sa fille. Son absence de maturité et son incapacité à avouer la vérité concernant ses propres capacités deviennent alors un obstacle à une absence de bénédiction qui vient mettre un peu plus la pression sur Spencer. 

En conclusion, une très bonne surprise avec cet épisode remarquable qui doit beaucoup à la performance superbe de Tymothy Omundson et au travail étonnant sur l'image qui parvient à évoquer Shining tout en évitant en partie le copier-coller. Une plongée dans la folie très réussie qui offre quelques scènes marquantes comme celle du miroir tout en proposant des dialogues vraiment drôles avec un duo Shawn - Gus en plein forme. Seul ombre au tableau, une scène de course poursuite un rien décevante et assez confuse, clin d'oeil trop lourd qui vient ralentir inutilement le rythme de l'épisode. 

 

J'aime : 

  •  Timothy Omundson excellent 
  •  le soin apporté à la composition des images
  •  le décalage comique réussi 
  •  la scène du miroir 
  •  les comédiens très bons 

 

Je n'aime pas : 

  •  la séquence de la course poursuite 

 

Note : 14 / 20 

Une belle réussite que cette intrigue de Psych qui propose une descente aux enfers remarquable pour Carlton Lassiter dans cette histoire visuellement très influencée par Shining. Porté par des comédiens convaincants, un épisode soigné à ranger parmi les meilleurs de cette saison avec un soin porté à la composition de l'image vraiment surprenant.

L'auteur

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Image Psych
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