Une vengeance personnelle
Emily Thorne poursuit son opération de vengeance, mais opte cette fois pour une cible plus personnelle, à savoir le docteur Michelle Banks qui fut son psychiatre qui l'a éloigné de son père alors qu'elle était enfant. De son côté, Tyler Barrol, le copain de chambre à Harvard de Daniel, montre son vrai visage et annule le rendez-vous d'Emily avec le fils Grayson, menant visiblement sa propre mission contre le fils de Victoria.
Résumé de la critique
Un épisode prometteur que l'on peut détailler ainsi :
- un épisode qui oscille entre passé et présent, posant des bases solides pour l'avenir
- le personnage de Tyler Barrol comme une révélation
- des faiblesses qui commencent à disparaître
- une série qui monte en puissance
Un récit entre souvenirs, témoignages et conséquences
Après une mise en place poussive, mais prometteuse, Revenge se rapproche enfin de ce que j'en attendais, à savoir une série plutôt complexe, mélange entre trois époques très bien maîtrisées. D'un côté, l'enfance d'Amanda, logiquement perçue comme utopique, représente un paradis perdu, celui d'une relation très forte avec un père, à l'abri du monde extérieur. Légèrement onirique, la mise en scène garde le point de vue d'Emily sur ce point, chaque scène passant par le prisme déformé de son propre regard.
Ces scènes sont importantes, car elles nous permettent de pardonner la cruauté d'Emily en partageant son point de vue sur les évènements, laissant du coup la possibilité de réinterpréter ces faits avec un regard objectif. La seconde époque concerne l'enfermement de la jeune femme, privée de son père, commençant à construire le personnage d'Emily et sa vocation à détruire les responsables de son propre malheur. Le passé devient alors sa seule référence, la jeune femme apprenant à maîtriser sa colère pour la transformer en une impitoyable cruauté.
Le but de l'épisode et de la cible du jour est de nous permettre de comprendre comment est né Emily Thorne, personnage glacial portant en permanence un masque de protection pour Amanda. A la recherche ni d'un pardon, ni de la vérité, Emily n'a comme souhait que de retrouver son père dans un quelconque au-delà en tenant comme cadeau le scalp des responsables de leur propre malheur. Prenant en main son destin, elle construit avec précision un plan monstrueux qui commence à apparaître dans toute sa complexité lors de cet épisode particulièrement ambitieux.
Après un mois, je ne peux que constater que Revenge est enfin digne de mes attentes, même si la mécanique pure de la série est encore loin d'être parfaite. Le potentiel est là, la stabilité et la qualité d'écriture aussi pour nous fournir une deuxième partie de saison particulièrement prometteuse. Par encore la série de la rentrée, mais sans le moindre doute un vrai coup de coeur personnel pour un show particulièrement attachant.
Un nouveau joueur qui change tout
Si la vengeance d'Emily ne fait pas preuve cette fois-ci d'une grande originalité, son intérêt tient surtout dans le rapport assez intime qui la lie à sa victime. Mais surtout par la façon dont le scandale qu'elle déclenche montre qu'Emily cherche non pas la vérité ou à dénoncer les coupables, mais bien à réduire à néant Victoria. Plus que la vengeance, il y a la jalousie contre cette femme que son père a aimée, chose inadmissible pour la petite-fille qu'elle était, transformant cette confrontation en une bataille bien plus personnelle et forte que les premiers épisodes le laissaient croire.
Mais là où l'épisode est épatant réside dans sa capacité à introduire un nouveau personnage décisif en la personne de Tyler Barrol, le copain de chambre de Daniel, qui va se révéler aussi trouble qu'Emily. Poursuivant son propre but, il s'interpose entre les deux, faisant perdre à Emily le contrôle des évènements tout en sortant le show du soap pour emprunter la voie du thriller. Devant l'oeil hilare d'un Nolan qui s'amuse autant devant le spectacle d'une telle cruauté, Emily perd la maîtrise des évènements tandis qu'apparaît une seconde storyline ambitieuse grâce à la qualité remarquable du jeu de Ashton Holmes.
Revenge commence à tisser de nombreux fils d'intrigue, donnant un récit plus dynamique et réjouissant, premier pas vers un récit plus complexe et passionnant, surtout au vu des informations que l'on a sur le destin tragique de Daniel. Plus ambitieux et dynamique, cet épisode prouve que la série sait construire des personnages forts et n'a pas peur de sortir de sa routine pour prendre une direction inattendue.
Des défauts qui s'atténuent
Le point où Revenge confirme son potentiel réside dans sa capacité à atténuer ses défauts et à faire preuve d'un enthousiasme grandissant pour ses personnages. Evidemment, ce point de la critique porte sur la famille Porter qui commence à s'intégrer un peu mieux dans l'intrigue principale, surtout Declan qui sort un peu de son rôle pathétique pour enfiler un nouveau costume plus intéressant. Sa scène avec la bague de sa mère et la fille de Victoria est une vraie réussite, très subtile où l'on voit une alchimie apparaître entre les deux comédiens.
Difficile de savoir s'il est intéressé par l'argent ou s'il est sincère, créant un personnage plus trouble et enfin intéressant dès qu'il sort de l'emprise de son frère. Tout comme Nolan et Victoria (Gabriel Mann et Madeleine Stowe impeccable), les meilleurs personnages de Revenge sont ambigus, masquant leur objectif et leur sentiment derrière un masque plutôt cynique. Seul Jack semble incapable de sortir de son rôle de gentil, ses scènes se révélant assez répétitives et pas vraiment excitantes, même si le triangle romantique pourrait entraîner des jalousies intéressantes.
Personnage faible, Jack Porter n'apporte pas suffisamment à la série et reste le défaut du show, ne parvenant pas à troubler Emily autant qu'il le devrait.
La série de la rentrée sur les grands networks ?
Certes, beaucoup vont s'énerver en me reprochant mon excès de sympathie pour le show, mais je suis de plus en plus convaincu de tenir en Revenge la réussite de cette rentrée (si l'on excepte les séries du câble comme Homeland). De plus en plus ambitieuse, elle progresse avec une vraie efficacité et parvient à s'installer dans le paysage, mélange judicieux entre un soap cynique et un concept show cruel. Seul reproche, certains clins d'oeil inutiles comme le fait qu'Emily Thorne peigne, hommage un peu trop forcé au Caméléon, surtout que les peintures de Jarod était vraiment l'oeuvre de Michael T.Weiss.
Le mélange entre les deux genres commence à prendre et les scénaristes font surtout preuve d'une maîtrise de plus en plus grande de leur création. Revenge s'impose lentement comme un show à la fois classique dans sa forme et moderne dans son propos, une bonne surprise armée de personnages à la fois menteurs, cyniques et attachants. Laisser tomber les dinosaures en effets spéciaux et venir découvrir une série racontant l'histoire d'une vengeance froide, cruelle, brutale et qui devient, épisode après épisode, fascinante et excitante.
J'aime :
- la maîtrise du récit qui jongle entre les époques avec adresse
- la révélation Tyler Baroll et l'évolution de Declan
- un récit très dynamique et prenant
- une belle description de la création d'Emily Thorne
Je n'aime pas :
- Jack Porter toujours aussi agaçant
- une vengeance du jour trop prévisible
Note : 13 / 20
La note peut paraître dure, mais la série possède un tel potentiel qu'il est normal de faire la fine bouche face à certains défauts récurrents. Sûrement le meilleur épisode jusqu'ici qui montre une nette amélioration dans la gestion du récit, faisant de Revenge le coup de coeur de cette rentrée parmi les nouveautés sur les grands networks.
sephja
