Eh bien le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'y parvient pas ! Certes, on évite la catastrophe car les personnes derrière cette série ont de l'expérience en matière de divertissement, mais la qualité est loin d'être au rendez-vous. Pourtant, la combinaison Erik Kripke (scénario), J.J.Abrams (production) et Jon Favreau (réalisation) n'avait pas l'air si mauvaise que ça à première vue, malgré un trailer peu encourageant. En effet, si J.J. Abrams a su nous convaincre depuis Lost que ses projets n'étaient pas nécessairement des mines d'or à chaque fois, l'ancienne création d'Erik Kripke (Supernatural) est depuis quelques saisons une assez bonne série, et Jon Favreau vient du monde du cinéma. Bon, certes, Spielberg est la preuve que ce n'est pas forcément un gage de qualité. Et malheureusement, ce premier épisode est, comme on pouvait le craindre, à l'image de son trailer : prévisible.
L'originalité est un plat qui ne se mange pas après un blackout
Au cas où vous ne le sauriez pas encore, Revolution raconte la vie de la population terrienne après une coupure d'électricité mondiale à durée indéfinie, soit le "blackout". A vrai dire, les séries post-apocalyptiques ne manquent pas en ce moment, et il était donc difficile d'être réellement original avec un sujet pareil. Tenez, par exemple, si je vous dis blackout, vous pensez tout de suite à FlashForward, cette fameuse série annulée au bout d'une saison qui reposait sur un bon potentiel de départ complètement annihilé par la suite. Bien que Revolution ressemble beaucoup plus à Terra Nova au niveau du pitch, l'impression que dégage ce pilote est la même : celle d'un postulat de départ intéressant dont le traitement déçoit. D'ailleurs, rien qu'à la vue du name dropping effectué ci-dessus, on peut voir que Revolution allait souffrir de comparaisons peu flatteuses. Mais tout de même, à ce point, ce n'est plus un manque d'originalité, c'est de la fainéantise.
Déjà, l'épisode commence avant le blackout histoire d'offrir au spectateur au moins une petite séquence façon film catastrophe avec des avions qui se crashent. On va dire que c'est l'Abrams' touch. Heureusement, l'épisode ne perd pas trop de temps avec ça, et puis il faut bien avouer que le résultat n'est pas trop mal foutu. Mais c'est du vu et revu.
Ensuite, vient, bien entendu, un discours en voix-off pour ré-expliquer ce qu'il s'est passé au spectateur à travers une discussion avec des enfants. On ne sait jamais, le spectateur dormait peut-être encore pendant la séquence d'introduction. On peut d'ailleurs se rappeler qu'un principe similaire avait été utilisé pour Falling Skies... comme quoi les scénaristes choisissent leurs inspirations avec soin !
Tout naturellement vient alors le moment de présenter les personnages, avec le père un peu beau gosse mais pas trop non plus (je ne me souviens pas de son nom mais de toute façon il meurt très vite), la jeune et jolie fille aventurière qui se balade (Charlie, parce que Charlotte ce n'est pas assez cool), et son frère un peu plus frileux mais qui la suit quand même (Danny). Exactement le même archétype que pour Terra Nova, en somme. Ah, non, le frère est asthmatique, et cette fois-ci c'est la fille qui se rebelle contre l'autorité parentale. Ca change tout. Puis vient le moment du fameux flashback pour soi-disant mieux comprendre le passé des personnages, alors qu'il est parfaitement inutile. Quoique, on ne sait jamais, peut-être que le parfum de la glace aura une importance dans la suite.
La liste des scènes cliché est encore longue, et je n'oserais point parler de la mort du père ou encore du jeune beau gosse vrai-faux-pas-tout-à-fait gentil, mais dîtes vous que cela ne correspond qu'aux cinq premières minutes et que ce pilot nous réserve encore bien des surprises.
Un principe narratif révolutionnaire
Après un début prévisible et dénué d'originalité, on est en droit de se demander si la série va enfin décoller et offrir un spectacle d'un meilleur niveau. La réponse est oui et non : oui, car on est content de quitter le petit village digne d'Astérix qui aurait pu inciter les scénaristes à créer des intrigues niaises. En effet, il faut bien reconnaître que Revolution réussit (pour l'instant) l'exploit de ne pas montrer de situations particulièrement insupportables à ce niveau-là, à part la mort du père. Non, car le reste de l'épisode nous offre un autre type de narration, mais qui ne manque pas non plus de clichés.
Ainsi, après la mort de son père, la jeune Charlie part à la recherche de son oncle Miles avant que le tyrannique Monroe, à la tête de la milice, ne le trouve à l'aide de son capitaine Neville (Giancarlo Esposito). En effet, le père de Charlie lui a communiqué une information de la plus haute importance avant de mourir. On a donc ici un récit typique d'aventure avec des gentils très gentils qui se battent avec des arcs, des méchants très méchants qui se battent avec des armes à feu, mais aussi un méchant qui se transforme en gentil lorsqu'il est face à la fille. Et Gus à cheval (pour ceux qui ne connaissent pas Breaking Bad, il s'agit du capitaine Neville). Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, c'est le meilleur personnage de la série pour l'instant.
En somme, pour vous donner une idée de la série, ça donne quelque chose comme le mélange entre Terra Nova sans dinosaures, Hunger Games et Robin des Bois. Ah oui, et en plus de ça, les scénaristes se sont sentis obligés de rajouter une dimension mystique supplémentaire avec la présence de médaillons magiques qui redonnent de l'électricité à l'infini. D'ailleurs, je ne sais pas trop quoi penser du cliffhanger de fin d'épisode, qui laisse supposer l'existence d'un personnage mystérieux qui disposerait lui-aussi d'un médaillon, en plus des deux autres qu'on a pu voir dans l'épisode.
Mais, malgré tout, les scénaristes nous rappelent de temps en temps que, quand même, c'est un monde post-apocalyptique et que c'est pas de la rigolade. Du coup, vers le milieu de l'épisode, Charlie et la copine de son père sont sur le point de se faire violer dans des débris d'un avion, bien entendu par des méchants très méchants. Mais heureusement, le beau gosse à la fois gentil et méchant décoche une flèche à temps parce qu'il ne faudrait pas non plus que la série devienne trop glauque. La scène aurait donc pu être bonne, mais encore une fois les scénaristes ont voulu rester grand public.
Au niveau des intrigues, un pilot ne peut pas être parfait et il arrive que le tir soit rectifié à temps. Mais au niveau du ton général de la série, il est très rare que cela change.
Une série à regarder au second degré
Cependant, Revolution arrive à ne pas être totalement déplaisant grâce à un certain sens du rythme. En effet, entre les nombreux changements de décors, le montage plutôt efficace, le charisme de Giancarlo Esposito et les quelques combats, il est assez difficile de s'ennuyer, malgré des personnages à la psychologie inintéressante. Mieux, certaines scènes comme le combat final sont tellement ridicules qu'il est possible de se mettre à en rire et du coup à les apprécier. Pas de la bonne façon, certes, mais bon on fait comme on peut avec ce qu'on a sous les yeux. Et on ne peut pas dire que la réalisation particulièrement fade et appuyée de Jon Favreau, notamment au niveau de l'accompagnement sonore, nous aide à prendre Revolution au sérieux.
Au final, à travers la vision de son premier épisode, la série de Kripke nous apparaît comme peu prometteuse sur le long terme et ratée si l'on considère son potentiel de départ. Mais elle peut encore devenir un divertissement sympathique pour peu qu'elle assume son côté combat à l'épée et à l'arbalète et que Charlie ne devienne pas trop insupportable. Reste à voir si cela suffira à maintenir notre intérêt lorsque la rentrée des séries sera à son apogée et qu'il faudra faire des choix. En tout cas, ce qui est sûr c'est que Revolution ne révolutionnera pas l'avenir des séries.
J'ai aimé :
- Giancarlo Esposito
- Le t-shirt AC/DC
- On ne s'ennuie pas
- Un potentiel nanardesque
Je n'ai pas aimé :
- A peu près tout le reste
Ma note : 09/20. Je continue pour l'instant car c'est plutôt divertissant, mais si elle ne s'améliore pas elle risque de vite partir à la corbeille.