Des personnages attachants et des acteurs déjà très doués
Scrubs, c'est avant tout une galerie de personnages. Et le rôle du pilot, c'est de nous les rendre très vite familiers. Mission réussie, puisque les personnages principaux sont présentés rapidement. En cinq minutes, tous sont déjà apparus à l’écran et leurs caractères commencent à se dessiner : JD et ses rêves éveillés délicieusement absurdes ou encore Turk, très à l’aise et sûr de son objectif (en apparence). Accompagnés de quelques personnages secondaires encore un peu pâles, ils montrent tous un potentiel comique intéressant.
Mais la palme du meilleur personnage revient à Perry Cox -et à son cynisme- qui ouvre dès ce pilot un débat sur ce qu’il appelle la « médecine moderne ». Dès sa première apparition dans la chambre d’un patient, il se pose comme un personnage sans cœur, blasé, lassé de son métier. C’est seulement plus tard, lors d’un dialogue avec JD dans la salle de repos, qu’il développe plus son point de vue sur un débat qui est toujours autant d’actualité, et laisse entrevoir son fond humain, masqué par des années de pratique médicale.
La plupart des acteurs sont vraiment très bons. On soulignera en particulier les jeux impressionnants de Zach Braff (John Dorian) et John McGinley (le docteur Cox) qui ont déjà totalement apprivoisé leur personnage et nous font rêver tout au long de l’épisode.
« Have a terrific day ! »
Un cadre restreint mais clair
L’action se déroule entièrement dans un seul lieu : l’hôpital Sacré Cœur. En vingt minutes, on découvre aussi bien des chambres de patients que la salle de repos, en passant par les dortoirs pour les médecins de garde de nuit, ou encore l’unité de soins intensifs. La diversité de ces lieux nous fait comprendre une chose : cet hôpital n’est pas seulement un lieu de travail. C’est aussi un lieu de vie et des moments forts vont s’y dérouler.
L’exemple le plus évident concerne sans doute Carla qui, à travers un début de romance avec Turk et une scène remarquable avec Elliot, met en évidence les sacrifices que demande le travail dans un hôpital. Le docteur Cox appuie également cet aspect lorsqu’il parle avec JD lors de la scène évoquée plus haut. Il met en relief le danger constant de craquer dans un environnement très dur et qui ne fera pas de cadeaux.
C’est ce contexte, limité dans l’espace mais paradoxalement très riche, qui fait fonctionner la machine. Il permet à Bill Lawrence d’installer une ambiance propice à un aspect très important de ce pilot, ce mélange des genres comédie/drama qui est souvent esquissé dans d’autres séries mais qui est ici amené à un tout autre niveau.
Une sitcom avec un léger goût de drama médical
L’un des arcs principaux de ce premier épisode concerne l’un des patients de JD. Il s’agit d’un des premiers patients du jeune docteur, mais surtout du premier qui nous est vraiment présenté à nous, spectateurs. Après une scénette hilarante dans l’ascenseur, la relation entre JD et ce patient se construit doucement pour mener à une conclusion tragique inattendue.
Cette première apparition du thème de la mort, qui est inévitable dans un environnement médical, aurait pu être plus réussie. Le problème vient essentiellement du temps qui lui est consacré au milieu d’un pilot bien chargé. La mort du patient a visiblement un effet très fort sur John Dorian, mais elle ne provoque pas les sentiments attendus sur le spectateur, probablement à cause d’un personnage trop rapidement présenté.
« We just want to see if your gas could be harmful to others. »
Cependant ces événements révèlent la capacité du show à mélanger les genres. La comédie côtoie le drame, certaines scènes ne sont pas là pour faire rire mais pour nous faire réfléchir sur des thèmes importants qui sont tous abordés durant ces vingt petites minutes : la mort, l’amour ou la peur de la nouveauté.
Pari gagné !
Le premier épisode est toujours un élément crucial dans le lancement d’une série. Il n’est pas rare qu’il laisse une impression mitigée, même pour de très bons shows. Le manque de rythme, des enjeux pas assez expliqués ou des acteurs qui ont du mal à s’approprier leur personnage sont des problèmes récurrents dans les pilots.
Ce premier épisode de Scrubs évite ces écueils avec brio et se regarde très agréablement. Le rythme est soutenu, sans temps mort, le scénario et la narration sont efficaces et les personnages sont réussis et bien interprétés. Ces qualités font de « My First Day » un moment très agréable et posent toutes les bases nécessaires au développement d’une excellente série.
J'ai aimé :
- les personnages et les acteurs
- l'humour !
- le mélange comédie/drama
J'ai moins aimé :
- l'histoire autour du patient de JD qui n'a pas l'effet escompté
Ma note : 16/20