Pitch rupture et conséquence
Après des mois d'une relation asphyxiante à ses yeux, Georges parvient à rompre avec Marlène et vient célébrer sa nouvelle liberté chez Jerry. Seulement, terrifié à l'idée d'une nouvelle confrontation, il lui demande de passer récupérer ses affaires et va petit à petit commencer à flirter avec elle.
Une reprise sous le signe de la continuité
Après un final de saison un plutôt raté, la série revient en pleine forme avec une première scène Georges-Jerry totalement hilarante, Georges faisant encore une fois preuve d'une mauvaise fois totale en devenant la victime d'une rupture qu'il a engendrée. Ce moment de bravoure typique de Costanza est un régal à lui tout seul, Jason Alexander s'avérant toujours aussi grandiose dès qu'il s'efforce d'enfiler la tenue de la victime.
Durant tout l'épisode, Georges va occuper une place centrale, reléguant à différentes reprises Jerry au simple rôle de figurant, la star se faisant beaucoup égratigner par un scénario plutôt cruel. Toujours champions de la mauvaise foi, Georges et Jerry forme le duo central, le pivot d'un épisode mal équilibré où Kramer et Elaine seront relégués au rang de second rôle de luxe. Si Kramer, habitué à ce type d'apparition furtive, parvient à tirer son épingle du jeu, Elaine va se retrouver étrangement mise de côté d'une histoire où elle avait logiquement sa place.
Bref, même si l'épisode demeure très drôle et possède une chute excellente, Seinfeld tend encore à s'égarer en courant trop de lièvres à la fois, refusant obstinément de donner leur indépendance aux personnages secondaires. Défaut courant d'une série qui cherche à trop bien faire pour ce début de saison deux, elle essaie de réaffirmer ses qualités sans pour autant échapper à son principal défaut : l'omniprésence passive de Jerry.
Une vedette nommée Gorges Costanza
Pour un personnage aussi égoïste que Georges, dire "je t'aime " à quelqu'un ne peut être que l'expression d'une certaine forme de politesse tant il est incapable d'exprimer le moindre sentiment sans y voir un signe de faiblesse. Obsédé par sa propre liberté, Georges refuse de s'engager dans le seul but de ne jamais être redevable de quoi que ce soit. Le hasard est pour lui une source d'angoisse sans limite, permettant à Jason Alexander de créer des moments de panique total férocement drôles.
Seulement, Georges, par le refus de la série de l'émanciper de la présence de Jerry, occupe tellement le devant de la scène qu'il commence à devenir un peu lassant. Il serait urgent que le show rééquilibre les différentes prestations, la scène du chiropracteur étant clairement inutile, signe d'une histoire qui ne sait pas où elle va.
Savoir choisir un fruit selon Cosmo Kramer
Nul doute qu'en écrivant cette histoire qui tourne autour d'un melon plus ou moins frais, les auteurs ont du se féliciter de disposer d'un personnage comme Cosmo Kramer, seul d'incapable d'apporter de l'humour dans une intrigue aussi insipide. Le "show about nothing" commence à prendre forme sans trouver encore l'équilibre parfait, cette balance entre l'anecdotique et l'universel qui fait le charme de Seinfeld.
Pour Jerry, choisir un fruit signifie accepter le hasard car il sera obligé de le manger, qu'il soit bon ou totalement écoeurant. Du coup, même si sa relation avec Marlène est horriblement pathétique, Jerry s'en accommode, quitte à ne pas voir en quoi cette liaison est artificielle et pathétique. La révolte sonne à ses yeux comme une provocation inutile, donnant encore plus de passivité à un personnage déjà trop statique.
Car à trop vouloir imposer Seinfeld dans chaque scène, les auteurs sont en train d'asphyxier le personnage, le privant de toute existence en dehors des caméras. Kramer, à l'opposé, est l'ennemi de la fatalité et fait le choix de prendre son destin en main, même pour défendre son droit à manger des melons de qualité. Sa vie semble trépidante, pleine d'aventures, et ses apparitions limitées lui permettent de se montrer très énergique.
Il est vraiment dangereux d'imposer un personnage dans chaque plan et chaque scène d'une série sans connaître ce syndrome de l'asphyxie qui empêche le héros de prendre totalement part aux évènement autour de lui. Cristallisant la lassitude des comédiens et des spectateurs, le personnage de Jerry est omniprésent et perd petit à petit toute présence à l'image.
Difficile de se faire de la place au milieu des garçons
Victime d'une intrigue bâclée, manquant cruellement de consistance, Elaine est réduite à faire du remplissage, ne possédant que quelques répliques peu efficace à fournir. Ce personnage éprouve des difficultés à exister autrement qu'à travers le prisme de Jerry, et son manque d'exposition gâche l'énorme potentiel de son personnage. Les mêmes erreurs que la première saison se répètent et les dégâts commencent à être inquiétants, gâchant un épisode de bonne qualité par cet acharnement à ne pas lâcher son acteur principal d'une semelle.
Car malgré toutes ses qualités, ce premier épisode de la saison deux ne parvient pas à convaincre, les auteurs ne maîtrisant pas assez leur histoire. Heureusement l'épisode suivant (devenu rapidement culte) va apporter un nouveau souffle à une série qui ne parvient pas encore à décoller.
J'aime :
- les dialogues Georges - Jerry toujours excellents
- Kramer et son style imprévisible
- une chute absolument hilarante
- une première scène d'une mauvaise foi remarquable
Je n'aime pas :
- un mauvais équilibre entre les personnages
- un récit mal maitrisée
Note : 12 / 20
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