Critique : Sense8 1.01

Le 11 juin 2015 à 11:37  |  ~ 7 minutes de lecture
Les auteurs de Matrix débarquent sur le petit écran avec Sense8, un projet ambitieux, censé les relancer après plusieurs échecs. Cela donne quoi ? Planche de salut ou plancher savonneux ?

Critique : Sense8 1.01

~ 7 minutes de lecture
Les auteurs de Matrix débarquent sur le petit écran avec Sense8, un projet ambitieux, censé les relancer après plusieurs échecs. Cela donne quoi ? Planche de salut ou plancher savonneux ?
Par nicknackpadiwak

Pour tous ceux qui ont vu Matrix, au moment de sa sortie en 1999, ce fut une véritable claque dans la figure. Un film d’action aux effets spéciaux hallucinants accompagnés une idée folle, renversante : et si tout ce que nous vivions était faux ? Et si tout n’était que virtuel ? Et si nous étions les esclaves passifs d’un programme informatique qui nous simulaient une existence ? Matrix, c’était un concept novateur, effrayant et perturbant à donner le vertige. Et les auteurs, les quasis inconnus frères Wachowski firent avec ce film révolutionnaire une entrée fracassante dans le panthéon de nos cinéastes cultes en créant une mythologie moderne, un univers ultra référencié aux limites quasiment infinies et inépuisables.

Puis survint Matrix Reloaded...

« Reloaded » dont la traduction doit être Sacrilège ou Trahison. Car les yeux pleins de larmes, on a vu les Wachowski transformer un monde illimité en un minuscule cul de sac, plein de poubelles. D’une réflexion existentialiste, on est passé à un discours fumeux et incompréhensible qu’on croirait sorti d’un ado en terminal découvrant pour la première fois la beuh et Bob. Le questionnement sur le concept de la réalité devint un prétentieux charabia new age, aux dialogues risibles. Bref, les Wachowski avaient crée un magnifique jouet, mais en deux films, l’ont démonté, détruit et pissé dessus.

Après, un des deux frères est devenu une sœur et sans rapport, leur filmographie est allée de mal en pis, de Charybde en Scylla : bide financier (Speed Racer), puis pensum indigeste et bavard (Cloud Atlas). J’avoue ne pas avoir vu Jupiter : Le Destin de L’Univers mais les échos m’en dissuade.

Tel une dernière bouée de sauvetage, les revoilà, jouant leur va-tout dans l’univers des séries télévisées avec Sense8. Alors, est ce le retour en grâce ou une nouvelle étape de la descente aux enfers ?

 

 

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Un pour huit, tous pour huit.

 

Huit personnes, qui ne se connaissent pas, qui n’ont aucun lien entre eux, vivant aux quatre coins du monde (USA, Islande, Mexique, Corée, Kenya ou Inde), exerçant des professions totalement différentes (flic, DJ, chauffeur de bus touristique, cambrioleur) ont tous subitement la même vision : une femme blonde qui leur apparait, tel un mix ange-fantôme. Pire, certains la voient même se suicider. Qui est-elle ? Que leur veut-elle ? Pourquoi eux ? Suspense et boule de gomme.

 

 

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Car rien ne semble lier tous ces personnages qui n’ont en commun que le fait d’être âgés entre 20 et 30 ans, avoir un physique plutôt agréable et de tous……parler anglais. Oui, selon Sense8, que ce soit au Mexique, Inde ou Afrique, on parle la langue de Shakespeare, couramment et même en famille. Je taquine gentiment, je me doute qu’une série dialoguant les 2/3 de son temps en langues étrangères sous-titrés aurait effrayé les producteurs et les téléspectateurs. Mais c’est un peu dommage. Car qui a vu « A la poursuite d’octobre rouge » où les acteurs (dont Sean Connery !) incarnaient des officier russes, peut témoigner qu’on peut contourner l’obstacle grâce à une petite astuce de montage, un travelling avant sur un acteur récitant un texte en russe, jusqu’à ses lèvres, une interruption, puis la caméra s’éloigne tandis que le dialogue se poursuit en anglais. Un petit clin d’œil malin comme pour dire « on va vous épargner ça ». Sense8 s’embête moins et décrète que sur Terre, on parle tous english, où qu’on soit.

Soit.

 

 

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Donc plein de mystères, de suspenses et puis ….C’est tout. Sans trop spoiler, nous n’en serons pas beaucoup plus avec ce pilote qui se borne à positionner les personnages, à virevolter d’histoires en histoires et présenter sommairement les personnages. Forcément, certains personnages (le flic, le DJ) bénéficient d’un temps d’antenne plus long que d’autres, mais cela s’équilibrera sûrement avec les autres épisodes.

 

 

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Qui peut le plus, peut le moins.

 

 

De ce pilote fonctionnel, on peut quand même dégager quelques pistes : notamment un prologue très Lostien (la présence de Naveen « Sayid » Andrews aident) où semble se dessiner une dualité entre deux personnages un peu surnaturels, semblant représenter le sempiternel combat entre le bien et du mal. La consonance des prénoms Jonas / Jacob renforcent cette impression.

Il semble aussi y avoir une toile de fond très religieuse (Jonas, nom hautement biblique, ce plan en ralenti d’une main semblant porter les stigmates dans de l’eau bénite ou ces allusions diverses). La religion, le Christianisme même, est un thème très souvent présent en fond dans les séries américaines (Lost, True detective). Attention toutefois à l’excès de prosélytisme, certaines séries se sont déjà noyées dans l’eau du bénitier.

 

 

sense8_pilote_flic

 

Mais on retrouve surtout une thématique chère aux Wachowski : ce besoin de révéler un monde plus complexe qu’il n’y parait. Et c’est en quoi ce pilote réussit sa tâche : montrer un panel de personnes de nationalités, de religions, d’orientation sexuelle différentes, qu’une chose encore inconnue liera entre eux. Les Wachowski semblent aimer l’idée d’un monde où les liaisons entre les personnes se font autant à travers les siècles comme dans Cloud Atlas que sur un plan géographique et planétaire. Pour eux, l’univers est un édifice impalpable mais connecté, une fresque gigantesque faite de mosaïques de personnes et de vies. Et Sense8 est là pour le démontrer.

Belle ambition, mais méfiance car nous savons, par expérience, que les Wachowski ont une prédisposition, à faire passer pour une architecte faussement alambiqué un échafaudage de lieux communs et d’idées déjà vus et revus.

 

 

sense8_pilote_sayid_daryl_hannah

 

 

Un petit mot aussi sur le casting très hétéroclite et réussi, de Daryl Hannah (cliquer sur le lien, pour voir combien elle était belle, sublimée par la musique de Kraftwerk) Bae Donna à la pétillante Freema Agyeman qui verra plaisir au fan de Doctor Who (d’ailleurs tous ceux comme moi qui ont fantasmé sur son fessier durant ses aventures spacio-temporelles pourront l’apercevoir subrepticement dans la scène un peu « too much » de lesbianisme).

 

 

Voulu par les Wachowski comme un film de 12 heures, le pilote n’en serait que le prologue, le pré-générique qui intrigue, allèche, pose des questions en prenant soin de ne fermer aucune porte. La série suscite de folles espérances quant à sa suite, mais aussi beaucoup de méfiance. Pour l’heure, Sense8 est le démarrage des travaux d’un ambitieux château de cartes (une cathédrale de cartes même, vu son côté religieux), dont il faudra beaucoup de rigueur et de sérieux pour qu’il ne s’effondre pas.

Mais la vie est faite d’espoir et à Serie-All, on y croit !

 


J'ai aimé : 

 

  • Un potentiel énorme.
  • Un casting solide.
  • Le gag du Van.

 

 

J'ai moins aimé :

 

  • Un épisode d'introduction, où il ne se pas pas grand chose

 

Mise en garde :

 

  • Attention à ne pas tomber dans l'excés religieux.
  • Attention à ne pas faire un second Cloud Atlas.

 

 

 

 

Note : 14/20.


 

sense8_pilote_bisous

L'auteur

Commentaires

Avatar Altaïr
Altaïr
mfff... le concept de matrix, c'était une idée classique en littérature SF (dès K. Dick à la fin des années 60, puis tout le courant cyberpunk). Quant à la patte graphique, elle rappelait beaucoup, en moins bien, celle de ghost in the shell sorti quelques années auparavant, lui même en plein dans l'esthétique cyberpunk. Et les scènes d'action étaient très fortement inspirées du cinéma de hong kong. Bref Matrix c'est un bon film, mais de là à parler de film révolutionnaire et novateur faut pas déconner, quand même ^^

Avatar nicknackpadiwak
nicknackpadiwak
ah bah alors..... voilà qui s'appelle "se faire remettre en place"..... et du coup tu penses quoi des suites?

Avatar Altaïr
Altaïr
(si j'avais l'air de mordre dans mon post c'était pas le cas hein) Les suites sont à l'origine de certaines de mes plus grosses crises de fou-rires dans un cinéma ^^

Avatar Tan
Tan
Cloud atlas est un outaun de chef d'oeuvre. Seuls les rustres ne le comprenent pas.

Avatar Stean
Stean
"[...] puis pensum indigeste et bavard (Cloud Atlas)" Aie la pique qui fait mal. J'ai adoré Cloud Atlas personnellement, comme quoi les goûts et les couleurs...

Avatar nicknackpadiwak
nicknackpadiwak
Oui, tout les goût sont dans la nature. Je me souviens, j'étais super enthousiasme avant de voir Cloud Atlas. Au début, j'ai vraiment été pris par ses histoires indépendantes distantes de plusieurs centaines d'années, puis au fur et à mesure, mon enthousiasme s'est dégonflé comme un ballon de baudruche et j'ai terminé le film à la limite du sommeil. La raison : comme je le dis dans ma critique, de loin, ça ressemble à un film complexe et philosophique, mais si on regarde de près, c'est beaucoup de lieux communs et d'idées déjà ressassées. @ Altair, t’inquiète je ne l'avais pas mal pris, c'est juste tes arguments (justes) qui m'ont laissés les bras ballants

Avatar JPhMaxx
JPhMaxx
C'est vrai que cela fait penser à Cloud Atlas... Pas bon signe...

Avatar Altaïr
Altaïr
@JphMaxx : j'ai détesté cloud Atlas et je suis fan de sense8, le mieux c'est que tu juges par toi-même :)

Avatar JPhMaxx
JPhMaxx
C'est sûr... Mais le premier ne m'a pas du tout convaincu... J'attends de confirmer...

Avatar nicknackpadiwak
nicknackpadiwak
Sense 8, c'est le Westworld de l'année passée, un série assez surcôté, où il y a beaucoup de longueur. Écoute ma sagesse.

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