Critique : Spartacus: Blood and Sand 2.10

Le 08 octobre 2012 à 11:17  |  ~ 12 minutes de lecture
Des morts, du sang et de la stratégie... Tous les ingrédients sont réunis pour un final en apothéose.
Par Cail1

Critique : Spartacus: Blood and Sand 2.10

~ 12 minutes de lecture
Des morts, du sang et de la stratégie... Tous les ingrédients sont réunis pour un final en apothéose.
Par Cail1

Cette saison, les créateurs de Spartacus : Blood and Sand devaient prouver au public qu’ils en avaient sous le capot, et que le succès de leur série n'était pas uniquement dû au charisme de feu Andy Whitfield. Dix épisodes plus tard, on peut dire que leur contrat est rempli et qu’ils sont parvenus à satisfaire les fans de la première heure. Petit tour d’horizon sur le final de cette deuxième saison charnière.

 

La boucle est bouclée…

 

Ce qui me frappe dans le dernier épisode de cette saison, c’est ce sentiment de déjà-vu qui m’a poursuivi jusqu’à la dernière seconde. La mort de Mira fait écho à la mort de Sura, la femme de Spartacus. De la même manière, la mort de Glaber rappelle celle de Batiatus et la situation d’Ilithyia est presque semblable à celle de Lucretia à la fin de la première saison. Même le discours final de Spartacus semble être un copier-coller de celui qu’il avait prononcé après leur rébellion contre Batiatus.

Qu'elle soit volontaire ou non, cette boucle narrative semble piéger les personnages au lieu de les faire évoluer. Le spectateur a ainsi l'impression que, malgré leur "liberté" chèrement acquise en s'échappant du Ludus, ils sont condamnés à rencontrer inlassablement les mêmes situations, et qu'ils n'ont pas fini de tourner en rond. Même Glaber affirme que d’autres ennemis attendent encore notre bande de rebelles, et il est donc probable que la saison 3 fonctionnera (encore) sur le même principe que les saisons précédentes.

En réalité, ce sentiment de répétition révèle un problème inhérent à la série et que les créateurs ont bien compris, Steven S. DeKnight le premier, qui justifie la fin de la série (prévue la saison prochaine) par le fait que l’histoire de Spartacus est répétitive. Car oui j’ai beau aimer la série, son univers, son style et ses personnages, je ne suis pas sûr d’être capable de supporter 5 saisons supplémentaires : il ne faut pas exagérer quand même et ma patience a ses limites.

Ce final, pourtant sensationnel, a au moins eu le mérite de révéler les faiblesses et les limites de la série, et ce n’est pas plus mal comme ça. En effet, mieux vaut trois saisons géniales que huit saisons en demi-teintes (à ce sujet, Heroes ou Prison Break sont de parfaits exemples). Néanmoins et c’est un peu contradictoire, cette narration en boucle est aussi un moyen pour les scénaristes de faire avancer les personnages. Entendez par là que maintenant que la boucle est bouclée, ils peuvent maintenant passer à autre chose…

 

Spartacus Vengeance

 Bah alors Glaber, on fait moins le malin maintenant...


La vengeance est un plat qui se mange froid

 

Dans ce dernier épisode, le titre de la saison prend vraiment tout son sens et la « vengeance » est vraiment au centre de toutes les intrigues. Qu’il s’agisse de Spartacus avec Glaber, de Naevia avec Ashur ou de Lucretia avec Ilithyia, chacun de ces personnages parvient à se venger de l’autre et de ce qu’il lui a fait subir. Et ce que l’on peut dire, c’est que la vengeance dans Spartacus est toujours aussi sanglante. Ainsi Glaber finit avec une épée dans la bouche tandis qu’Ashur se la joue Nick-Quasi-Sans-Tête…

Dans le cas de Lucretia, sa vengeance est particulière puisque plus qu’une vengeance sur Ilithyia, c’est une vengeance sur la vie elle-même qu’elle prend. Souvenez-vous bien, Lucretia c’est LE personnage incompris de la série, une femme passionnée qui est toujours restée dans l’ombre de son mari et de ses fausses amies. Enfin, dans l'ombre... pas tant que ça au final. Au milieu de toutes ces Romaines hypocrites, Ilithyia y compris, elle est la seule à être sincèrement amoureuse. Sincère mais non point fidèle, car dans Spartacus les deux mots ne sont que rarement corrélés...

Mon but n’est pas de chanter les louanges de Lucretia ou de lui lancer des fleurs qu’elle ne mérite pas forcément plus que les autres, mais il me paraît évident de lui reconnaître cette qualité trop rare dans la série. Toutes ses relations, qu’ils s’agissent de relations matrimoniales ou de relations extra-conjugales, ont toujours été des relations d’amour, et c’est même d’ailleurs cet amour qui très souvent la pousse à la folie et au crime. C'est son amour pour Crixus par exemple et la jalousie qui en découle qui la pousse à se séparer de sa protégée Naevia.

Le problème dans Spartacus : Blood and Sand, c’est que l’amour est un tort (autant pour les esclaves que pour leurs maîtres), et elle sera souvent confrontée à la mort de l’être aimé (Batiatus mais aussi Gaïa dans Spartacus: Gods of the Arena). Elle débute cette saison 2 dans la peau d’une femme brisée par la mort de son mari et surtout par la perte de son enfant, qu’elle désirait par-dessus tout. Sa vengeance est donc différente de celle de Spartacus et Naevia car son désir est tout autre… Ce que Lucretia souhaite, c’est accéder au bonheur dont on l’a privée : celui de devenir mère.

La vengeance lui permet ici d'accomplir son désir, puisqu'elle rejoint son mari dans la mort avec un enfant dans les bras. Elle sera donc restée fidèle à elle-même jusqu'au bout. Et s'il y a bien un personnage qui a dupé les romains cette année, c'est elle : puisque ce faisant elle a mis la noblesse à ses pieds, via le personnage d’Ilithyia qui la supplie en rampant sur le sol. Elle réalise par la même occasion l'un des rêves de son mari, qui n'avait de cesse d'affirmer qu'il ferait un jour plier le Sénat... Vous voyez donc toute la symbolique de ce suicide. Sa mort restera pour moi l’un des moments les plus mémorables de la série.

 

Spartacus Vengeance S2E10

C'est qui la plus maligne maintenant ?


Une hécatombe de trop ?

 

Mais au final  trop de morts ne viendraient-elles pas gâcher notre plaisir ? On sait bien que la série aime ça et qu’elle est connue pour ça, mais avec ce final, c’est tout simplement l’hécatombe. Entre Mira, Lucretia, Glaber, Oenomaüs et Ashur, on se dit que beaucoup de personnages sont morts un peu gratuitement. Et si certaines morts semblent nécessaires pour faire avancer l’histoire (celle de Glaber par exemple), d’autres semblent trop « gratuites » à mon goût, comme celle de Mira qui, selon moi, est totalement inutile (je parle bien de sa mort).

Était-il vraiment nécessaire de tuer ce personnage ? Je n’en suis pas si sûr et pour moi, c’est l’exemple typique d’un personnage mal exploité, que l’on développe sur deux saisons, la faisant passer du statut d’esclave à celui de véritable guerrière, avant de tout bonnement la tuer alors qu’elle commençait à peine à prendre confiance en elle. Plus qu’un personnage mal exploité, je pense surtout qu’il s’agissait avant tout d’un personnage instrument, en ce sens qu’elle n’était qu’un prétexte pour accentuer davantage la colère de Spartacus au moment où les scénaristes décideraient de la supprimer (comme-ci que la mort de Sura et Varro dans la première saison n’avait pas suffi, on va lui supprimer sa nouvelle gonzesse). Pour le coup, je trouve que les scénaristes ont vraiment manqué de finesse…

Concernant la mort d’Oenomaüs, on peut dire qu’elle colle parfaitement au personnage. Et bizarrement, on s’attend à le voir mourir depuis le début de la saison. Ce « pauvre » homme, fidèle à ses principes, s’est rebellé contre sa propre maison, et il passe ses dix épisodes à chercher comment se racheter une conduite.

Après un détour par la fosse où il espère clampser et où finalement il jouera le monsieur muscle qui tue tout le monde sur son passage, il échappera à la mort qu’il recherche et rejoindra les rangs de Spartacus où il retrouvera son vieil ami Gannicus (un super bon pote, hyper sympatoche, qui s’est envoyé sa bonne femme avant qu’elle ne meure empoissonnée). C’est auprès de lui qu’il apprendra le pardon (c’est qu’il n’est pas rancunier notre doctore…), et c’est cet apprentissage qui lui permettra d’accéder à sa rédemption, puisque dans un dernier excès de courage, il se sacrifiera pour sauver la vie de son (infidèle) allié. Sa mort est donc super cool, digne des plus grands gladiateurs. Par ailleurs, on sautera le passage où il va même jusqu’à dire à son pote que lui et sa femme l’attendront au paradis (tu ne veux pas lui donner un baiser tant que tu y es ?).

 

Spartacus Vengeance S02E10

 En voici une qui n'a pas eu de chance...


Il ne faut pas vendre la peau d’un Thrace avant de l’avoir tué 

 

Ce qui est plaisant dans cet épisode, c’est de voir comment la bande de Spartacus, qui se trouvait en fâcheuse posture au début, parvient à trouver un moyen de reprendre l’avantage sur leurs adversaires. Grâce à un coup de pirouette des scénaristes (c’est donc à ça que sert la mort de Mira ? A révéler la présence de vignes leur permettant de descendre la montagne ?), les esclaves réussissent à prendre le contrôle sur les armes de Glaber, afin de s’en servir contre lui.

Ce « coup de poker » comme certains pourront l’appeler, nous révèle une chose indéniable : l’armée romaine de Glaber est vraiment bête, inefficace et surtout pathétique. On en vient même à se demander comment ils ont pu arriver jusqu’ici (il faudrait que quelqu’un pense à vérifier si des Romains ne se sont pas perdus dans les bois, on ne sait jamais). Tout ça pour dire que Spartacus est super malin, qu’il est le meilleur et que rien ne peut l’arrêter, alors même que l’on sait très bien que sa lutte le mène tout droit au casse-pipe.

Après et malgré toutes mes différentes critiques (répétition, facilité du scénario…), la série remplit bien la mission qui est la sienne : celle de divertir son public dans une profusion de sang et de mensonges. Et sur ce point, il faut avouer que Spartacus est vraiment toujours au top. C’est d’ailleurs une série que l’on regarde non pas pour la qualité de son scénario prévisible à souhait (après tout, chaque personne connaissant un tant soit peu le personnage sait ce qu’il advient de lui sur le long terme), mais davantage pour son panache et son énergie débordante.

 À ce propos cette saison, tout comme la première, est vraiment attrayante et l’on prend plaisir à suivre cette lutte qui ne devrait plus s’éterniser trop longtemps (message à ceux qui sont déjà blasés).  Ce final est tout de même grandiose, à la hauteur de la série, avec de grands personnages tragiques et une lutte sans pitié pour la sauvegarde d’un idéal de liberté. La série est finalement comme un plaisir coupable qu’on aime consommer sans trop savoir pourquoi et dont on redemande encore et encore (peut-être parce que c’est le kiffe de voir ces idiots de soldats romains se faire corriger par des esclaves) … Et c’est donc avec une impatience non dissimulée que j’attends la saison 3, qui sera rappelons-le la dernière.

 

Spartacus Vengeance S02E10

Y'a pas à dire, ils sont vraiment trop forts ces esclaves...


J’ai aimé :

  •  La mort de Lucretia : digne des plus grandes tragédies, une mort grandiose à la hauteur du personnage
  •  La chute de Glaber et la prise de pouvoir sur les romains : inattendue et à peine crédible, elle est kiffante quand même
  •  Les fourberies de Glaber et son épouse : c’est tellement sympa de voir ces deux-là comploter en douce
  •  Du sang, du sang et encore du sang…

 

Je n'ai pas aimé :

  •  La mort de Mira : une mort vraiment inutile
  •  Cette impression de déjà-vu
  •  Le scénario parfois trop prévisible et trop facile

 

Ma note : 15/20. Malgré les quelques défauts soulignés, le final est spectaculaire et l’ensemble tient la route.

L'auteur

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