Critique : Suburgatory 1.02

Le 07 octobre 2011 à 17:01  |  ~ 7 minutes de lecture
Une intrigue inégale sur fond de barbecue et de pulsions sexuelles irrépressibles.
Par sephja

Critique : Suburgatory 1.02

~ 7 minutes de lecture
Une intrigue inégale sur fond de barbecue et de pulsions sexuelles irrépressibles.
Par sephja

Assumer ses propres faiblesses 

Georges et Tessa tentent de garder leur distance avec leur voisin, les Shay, mais peine de plus en plus à trouver des excuses pour refuser leurs invitations. Obligé de dire oui, Georges va apprendre durant le repas qu'une convention oblige les nouveaux voisins à organiser un barbecue pour fêter leur arrivée. Pendant ce temps, Tessa se fait embrasser durant un jeu "action ou vérité" par Ryan Shay et découvre qu'elle n'est pas insensible à celui qu'elle considérait comme un crétin.

 

Résumé de la critique

Un épisode convenable que l'on peut détailler ainsi :

  •  une histoire de barbecue qui permet de réintroduire efficacement tous les personnages
  •  une histoire d'attraction assez simpliste mais qui présente un visage différent de Tessa 
  •  une introduction désastreuse qui révèle les principaux défauts de la série 
  •  une quête d'identité assez touchante

 

 

Le barbecue comme moyen d'intégration

Suburgatory continue de raconter l'intégration difficile des Altman, Georges découvrant lors d'un diner avec ses voisins qu'il est indispensable d'organiser un barbecue pour être accepté dans le quartier. Loin de New-York, il se retrouve pris au piège de règles dont il ignore tout, offrant aux auteurs l'occasion de réintroduire le personnage de Noah, qui va servir d'entremetteur entre lui et tous les habitants du quartier. Très isolé dans chaque scène, Georges fait preuve d'une bonne volonté assez touchante, celui d'un homme qui se fait violence pour s'intégrer, mais ne peut pas aller contre sa nature.

Très mesuré et crédible dans son jeu, Jeremy Sisto est assez irréprochable, apportant une touche de normalité à une série un peu trop hystérique qui oublie de donner de la crédibilité à ses personnages secondaires. Bourru et râleur, mais plein de bonne volonté, le fait de le voir perpétuellement le père de Tessa en position de faiblesse donne un côté assez touchant à cette histoire. Hélas, ce sentiment est contrebalancé par des personnages secondaires (à l'exception de Dallas) trop passifs qui n'apportent pas grand-chose à l'intrigue. 

On sourit sans vraiment rire, surtout devant la maladresse et la bonne volonté de ce père qui se bat contre sa nature, la série gardant cette énergie positive présente dans le pilot. 

 

Une histoire de pulsion maladroite

Pendant que son père tente de s'intégrer, Tessa essaie de rester le plus à l'écart possible et de se marginaliser toute seule en essayant de garder au maximum le contrôle sur son environnement. Contrairement à Jeremy Sisto qui reste excellent, Jane Levy est un peu décevante, incapable d'incarner ce mélange entre l'hystérie et une touche de fragilité qui commence à apparaître. Dès la première scène, elle peine à convaincre, cristallisant sur son personnage tous les défauts de la série, l'univers de Tessa se révélant assez pauvre en contenu. 

Ayant vécu sans sa mère, Tessa essaie d'apparaître comme un garçon manqué et fait preuve du niveau émotionnel d'une jeune collégienne ce qui amènera des scènes agaçantes au début, plus intéressantes à la fin. Par contre, la scène du lavage de voiture, si elle paraît drôle au premier abord, dessert une série qui sombre assez rapidement dès qu'elle verse dans la parodie balourde. Série comique assez attachante, Suburgatory devient mauvaise dès qu'elle abuse des certains clichés sur la banlieue pour fournir des effets comiques.

Présenter Tessa comme une fille pas si marginale que cela, mais juste en conflit avec sa propre féminité est une bonne idée. Par contre, l'intrigue autour du personnage de Ryan Shay est largement plus discutable.

 

 

Des défauts apparents, mais pas encore inquiétants 

La qualité principale du pilote de Suburgatory avait été de mélanger un récit réaliste et plutôt morose (un conflit père - fille qui aboutit à un déménagement) avec une comédie parodique sur l'univers de la banlieue. L'univers du show nous est présenté par le biais de son héroïne dont la vision est forcément déformée par ses propres préjugés, offrant l'occasion d'intégrer des éléments comiques. Seulement, à force de mêler réalité et parodie sans les différencier, les scénaristes se prennent les pieds dans le tapis, offrant avec la scène d'introduction un bel exemple de ratage. 

Trop lourde, trop vulgaire, cette séquence où les deux héros tentent de fuir leur voisine sonne horriblement faux, confirmant qu'une série doit d'abord se donner une vraie crédibilité avant de se risquer à ce type de fantaisie. Le reste de l'épisode rattrape un peu le tir, même si d'autres scènes comme celle du lavage de voiture confirme ce défaut récurrent. Pas toujours subtile, Suburgatory agace par instant et manque cruellement de personnages secondaires forts qui soient plus que de simples incarnations de clichés un peu trop faciles. 

 

Une histoire d'identité avant tout 

Le thème principal reste la force de la série, celui d'une fille en pleine crise d'identité, surtout par la façon dont elle subit l'influence du monde qui l'entoure. Quittant la grande ville de New-York, Tessa découvre une autre réalité dans laquelle elle parvient à s'épanouir à sa grande surprise ce qui la terrifie et lui permet de se découvrir sous un jour nouveau. Elevée par son père, elle manque d'assurance dans l'affirmation de sa féminité et doit apprendre à combler un vide dont elle n'avait pas encore conscience et qui va représenter une épreuve bien plus difficile que l'intégration dans cette banlieue. 

Ce nouveau monde a l'intention de faire souffrir Tessa, l'auteur Emily Kapnek sachant parfaitement que c'est dans l'épreuve que le soi parvient à s'affirmer. Trop chiche en personnages secondaires de qualité, la série abuse de certains effets comiques un peu lourd, perdant ce toux de comédie douce-amère qui faisait son charme pour des accents grossiers et un rien vulgaires. Une série en construction, qui commet quelques fautes, mais possède un thème de départ assez fort sur l'identité qui fait une bonne part de son charme. 

 

J'aime : 

  •  le thème sur l'identité intéressant 
  •  Jeremy Sisto impeccable 
  •  les dialogues plutôt bien rythmés 

 

Je n'aime pas : 

  •  la scène d'introduction horrible 
  •  le personnage de Ryan Shay assez lourd et trop présent 
  •  le manque de personnages secondaires solides 

 

Note : 12 / 20 

Un épisode de Suburgatory qui met bien en évidence les défauts du show tout en renouant avec certaines des qualités du pilot. Un démarrage désastreux avant une seconde moitié plus intéressante, pour une série qui se pose des questions plutôt subtiles sur l'identité. Sympathique, malgré quelques lourdeurs. 

L'auteur

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