Holy Father
Dans le coma après avoir reçu une balle dans la tête de la part de Dick Roman, Bobby Singer est entre la vie et la mort, coincé dans son propre esprit et ses souvenirs. Un Reaper vient alors le chercher pour l'emmener, ses chances de survie étant particulièrement faibles, la balle causant la destruction de plusieurs zones du cerveau. Seulement, il a un dernier message à faire passer aux frères Winchester et a bien l'intention d'échapper aux griffes de la mort.
Résumé de la critique
Un épisode efficace que l'on peut détailler ainsi :
- une intrigue mythologique autour de Bobby intéressante
- des Léviathans peu convaincants
- la figure du père dans Supernatural
- l'impuissance des Winchester
De l'autre côté
Après avoir découvert les plans réels des Léviathans, Bobby se retrouve dans le coma, incapable de faire part de sa découverte à Dean et Sam. L'occasion pour la série de proposer un épisode centré sur Singer, les auteurs retrouvant toujours un certain enthousiasme dès qu'il est question de ce personnage. Les scénaristes délaissent les Léviathans et place à une course-poursuite entre le père adoptif des Winchester et un faucheur qui va rencontrer pas mal de résistance de la part de ce chasseur expérimenté, aidé dans sa quête par le souvenir de son ancien associé Rufus.
Réutilisant un format de narration vu dans "Eternal Sunshine of the Spotless Mind" de Michel Gondry, les créateurs de Supernatural nous offre un épisode en une suite de tableaux, chacun évoquant un instant de l'existence de Bobby. L'objectif est vite posé et a le mérite d'être parfaitement clair : dire à Dean et Sam ce qu'il a vu dans le bureau de Dick Roman et révéler ainsi le secret des Léviathans. Seulement, pour parvenir à sortir du coma, les auteurs vont imaginer une série d'épreuves venant de son passé qui vont s'inscrire dans une suite d'instants décisifs de la vie de Bobby.
L'homme étant d'un naturel mystérieux, découvrir les secrets de son passé s'avèrent vraiment intéressant, même si l'intrigue repose alors trop sur le coefficient de sympathie du personnage. Autant le dire, la force d'interprétation de Jim Beaver est clairement le point le plus positif de cet épisode, le comédien apportant toute sa bonhommie et une profonde humanité à un Bobby toujours aussi attachant. Le portrait d'un homme empreint de certaines faiblesses et la révélation des racines de sa relation avec Sam et Dean, mais qui, hélas, n'apporte rien de substantiel pour la suite de la saison.
Les Léviathans font plouf
Si l'épisode est très bon, il va souffrir d'une scène qui vient montrer les défaillances d'une saison plutôt morose du point de vue mythologique. La scène entre Dean et l'homme venu lui parler du don d'organe et surtout la réaction totalement disproportionnée du cadet Winchester qui donne à l'épisode un ton inutilement mélodramatique. C'est à ce moment que les Léviathans refont leur apparition, laissant apparaître leur incontestable manque de potentiel, Dick n'étant là que pour narguer et faire que les gens filment Dean en train de le menacer.
Créature sournoise et irritante, les Léviathans ne paraissent vraiment pas à la hauteur des démons habituels, Crowley par exemple, et ceux malgré les efforts de dentition de James P. Stuart. Le comédien est d'ailleurs plutôt bon, mais ces créatures sont juste irritantes, prétentieuses, comme un adolescent capricieux qui mériterait une bonne claque. Leur invulnérabilité les rend vraiment détestable et le seul espoir du spectateur pour la suite de la saison est que les informations véhiculés par Bobby puissent servir à faire apparaître leur point faible.
Cette année 2011 s'achève pour Supernatural sur une mauvaise nouvelle : les Léviathans sont toujours une impasse, laissant l'impression que l'équipe créative est incapable de trouver la bonne approche avec eux. Mais l'épisode a heureusement plein d'autres qualités, comme le retour de la thématique du père, élément central de la série qui avait un peu trop disparu avec Castiel. Après tout, cette saison avait commencé avec l'ascension passionnante d'un nouveau Dieu, un père à la fois brutal et généreux, avant que ces enfants capricieux et pénibles viennent semer la zizanie.
Au nom du père et du fils
C'est sur ce point que l'épisode va se montrer le plus convaincant, ramenant le thème du père au sein de la série, là où les Léviathans se revendiquent comme de mauvais rejetons. La confrontation de Bobby avec son paternel va permettre de révéler son secret le plus inavouable, expliquant son désir de chasser les monstres, mais aussi de s'en protéger. Trouvant un plaisir sadique à torturer sa femme et son fils, ce père devient l'incarnation d'une certaine vision de la virilité consistant à aimer soumettre les autres.
Bobby Singer chassait les monstres car les abattre faisait partie de sa destinée, seul moyen de trouver le pardon d'un Dieu beaucoup trop silencieux. Une histoire de rédemption intéressante, celle d'un homme qui aura choisi de faire de son père un monstre, refusant de lui accorder le droit au pardon, les pêchés du fils étant avant tout ceux du père. Sa rédemption aura passé par Sam et Dean, ces deux fils adoptifs à qui il aura essayé d'inculquer les bonnes valeurs, même si son affection avait inconsciemment l'objectif un peu égoïste de se racheter de sa faute.
En ramenant le thème du père au sein de la série, Supernatural revient à son point de départ, pour une saison qui donne l'impression d'avoir beaucoup échappée à Sam et Dean Winchester. L'impuissance devant l'autorité, un thème récurrent dans la relation à l'autorité paternelle, le contraire de la philosophie de Bobby qui aura passé sa vie à détruire tout ceux qui abusait de leur pouvoir.
Les dangers de trop subir une situation
Que ce soit lors de la réunion Buffy ou lors du season premiere, les Winchester se sont souvent retrouvés impuissants, en particulier face aux Léviathans. Leur participation à l'épisode une fois de plus se sera limitée à peu de choses, transformant lentement les héros en simple spectateur de la lente ascension de ces créatures. Une idée plus que discutable, qui avait bien réussi avec Lucifer, mais s'avère particulièrement stérile ici, donnant l'image peu reluisante de deux frères de plus en plus pathétiques.
Sans être totalement décevant, un début de saison pas très inspiré et qui marque ici une étape décisive en se privant d'un de ses principaux atouts, le personnage de Bobby ayant fréquemment servi à débloquer certaines intrigues. Une sortie qui va donner une vraie motivation aux Winchester, en espérant qu'ils en tirent profit pour arrêter de subir l'arrogance de ces Léviathans. L'occasion pour la série de marquer un vrai début de saison, avec le retour de la thématique du père trop vite écarté, mais qui reprend toute sa force dans l'évocation de la vie de Bobby Singer.
J'aime :
- Jim Beaver excellent comme toujours
- la construction en tableaux
- la révélation finale particulièrement forte
Je n'aime pas :
- les Léviathans
- l'impuissance et la passivité des Winchester
Note : 13 / 20
Un beau final de mi-saison qui repose beaucoup sur le talent remarquable de Jim Beaver et le profond attachement du spectateur envers Bobby. Hélas, la seule scène d'apparition des Léviathans confirme qu'ils sont vraiment le point faible d'une saison jusqu'ici assez inégale et à la mythologie assez décevante par rapport aux habitudes du show.