Critique : Switched at Birth 1.01

Le 20 juin 2011 à 07:06  |  ~ 6 minutes de lecture
Une série familiale mielleuse sans être dégoulinante. Ce pilote s'avère assez agréable pour quiconque est à la recherche d'un show inoffensif et chaleureux. Au programme, la simplicité des liens du sang, la complexité des liens du coeur et la difficulté à être soi-même.
Par sephja

Critique : Switched at Birth 1.01

~ 6 minutes de lecture
Une série familiale mielleuse sans être dégoulinante. Ce pilote s'avère assez agréable pour quiconque est à la recherche d'un show inoffensif et chaleureux. Au programme, la simplicité des liens du sang, la complexité des liens du coeur et la difficulté à être soi-même.
Par sephja

Pitch mélange 

Suite à de nombreuses réflexions concernant certaines anomalies physiologiques entre elle et ses parents, Bay leur demande de subir un test génétique afin de dissiper le doute qui lui empoisonne l'existence. Seulement, le test va révéler que son père et sa mère ne sont pas ses vraies parents biologiques : leur vraie fille, Daphne, a été échangée avec elle à la maternité. Cette révélation va entraîner un bouleversement au sein de la famille et causer un grand trouble chez les deux adolescentes.  

 

Les liens du coeur et les liens du sang 

Mélodrame familial estampillé ABC family, Switched at Birth s'adresse avant tout à un public féru de bons sentiments et d'une idée assez forte de la famille. Ce préambule effectué, il est certain que les fans de drame n'ont aucune raison de se pencher sur cette chronique mielleuse de deux adolescentes ayant grandie sous le mauvais toit. A des années lumières du film d'Etienne Chatiliez, La vie est un long fleuve tranquille, cette série laisse de côté toute connotation politique et sociale pour s'intéresser avant tout à la réaction de ses deux héroïnes face au trouble identitaire que cette situation provoque. 

Bay Kennish (Vanessa Marano, qui surjoue légèrement) possède des caractéristiques latines qui ne correspondent pas à l'image d'une famille WASP américaine classique. Artiste amateur, elle possède une vie idéale, celle d'une jeunesse aisée qui ne peut s'empêcher de défier la loi pour vaincre l'ennui d'une vie surprotégée. Rebelle par principe pour se donner l'apparence de sortir du lot, elle sert de point de départ à l'intrigue, mais va vite s'avérer être un handicap pour la série par ses réactions agaçantes et stéréotypées. 

Vivant sa révélation comme une exclusion et une libération, Bay se met rapidement à jalouser Daphne, la vraie fille de ses parents, une jeune fille de la middle-class devenue sourde suite à une infection survenue durant la petite enfance. Ce choix de proposer une immersion dans l'univers de la surdité constitue la meilleure moitié de l'épisode, Daphne permettant à l'intrigue de se doter d'enjeux assez forts. Très mélodramatique, son personnage possède un vrai charme, surtout lorsqu'elle est contrainte à tenter de sortir de sa zone de confort et de se confronter à un nouveau monde, celui de ses vraies parents biologiques.

Katie Leclerc réalise une bonne performance, apportant tout son talent à une storyline vraiment intéressante, centrée sur la nécessité de réussir à surmonter son handicap. Son personnage possède le courage et la volonté pour avancer, et s'affirme comme une héroïne de mélodrame vraiment crédible. Difficile de dire la même chose de Bay, tant son apprentissage de l'importance de savoir au delà des apparences s'avère plutôt cliché et ennuyeux. . 

 

Un traitement du handicap surprenant mais maladroit 

Si l'idée d'intégrer une sourde au sein du show est une vraie originalité, elle laisse vite craindre un surplus de pathos et de larmoyant qui, heureusement, n'arrivera pas. Une scène beaucoup trop courte nous plonge au milieu d'un groupe de sourds, laissant entrevoir tout le potentiel narratif de cet univers sous-exploité par l'univers des séries. Avec simplicité et humilité, Switched at Birth essaie avec plus ou moins de réussite à nous introduire à un monde silencieux où l'exclusion demeure la règle. 

S'amusant des clichés, la série trouve le ton juste pour captiver et propose une vision assez acerbe du monde des entendants où le contact humain tend de plus en plus à s'effacer avec l'utilisation de la technologie. Hélas, cette vision ironique de notre monde s'efface rapidement pour laisser la place à la valse des bons sentiments, amorçant un discours sur la lutte des classes assez pauvre et maladroit. Avec un manque totale de subtilité, le show propose une vision des différences entre les deux familles d'une grande maladresse, embrassant les clichés sur la lutte des classes qu'elle tentait auparavant de dénoncer. 

 

Bay ou l'absence d'individualité

Si la révélation de ses origines entraîne Daphne à se confronter à un monde nouveau pour elle, Bay va se refermer sur une vision assez simpliste d'une famille de la classe moyenne qui donne clairement envie de lui mettre deux gifles. Cette histoire d'adolescente qui doit apprendre à voir au delà des apparences ne nous épargne aucun cliché et n'apporte aucun élément constructif à l'intrigue. Rebelle mais pas trop quand même, Bay est trop banale et ne semble porter en elle qu'un maigre potentiel pour les épisodes à venir. 

Si le scénario parvient à se montrer plus subtil sur l'argument de la lutte des classes, il pourrait facilement nous éviter les séquences inutiles comme ce psychodrame ridicule autour d'un piercing. La jeune femme est pour l'instant le maillon faible de l'histoire par son insupportable manie à toujours prendre le rôle de la victime, empêchant du même coup toute possible évolution de son personnage. 

Adolescente gâtée en pleine crise, Bay s'avère trop fréquemment agaçante, Vanessa Marano ne parvenant pas à trouver la bonne approche de son personnage pour lui donner une vraie présence. Visant clairement un public adolescent, le show fait fréquemment dans la guimauve, surtout que la famille Kennish s'avère trop idéale pour être vraiment crédible. Privée de tout personnage négatif, la série ne crée aucune tension et peine à trouver un vrai moteur une fois Daphne sortie de la scène.

Le grand défi de Switched at Birth va consister à trouver la synergie parfaite entre les deux héroïnes en recoupant leurs deux histoire sur une thématique commune où elles pourront exprimer leur différence. Une série touchante, mais qui manque de cette force nécessaire au vrai mélodrame.   

J'aime :

  •  le personnage de Daphne assez réussi 
  •  l'idée du handicap risquée mais payante 
  •  les quelques séquences du scénario dans le monde des sourds 
  •  Bay est un exemple assez crédible d'adolescente pourrie gâtée 

 

Je n'aime pas : 

  •  Vanessa Marano encore à la recherche de son personnage 
  •  La famille Kennish trop parfaite pour être crédible 
  •  un univers mélodramatique à réserver aux fans de comédie familiale 
  •  une approche de la lutte des classes assez ridicule et clichée

 

Note : 11 / 20 

Une série familiale à la guimauve, pleine de bons sentiments, qui serait particulièrement insupportable sans le personnage assez touchant de Daphne, jeune femme atteinte de surdité. Trouvant le ton juste pour parler du handicap, la série surprend alors en proposant une histoire plutôt intéressante, celle d'une héroïne qui tente de surmonter son handicap pour découvrir ses vraies racines.  

L'auteur

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