Premier pas dans la rue
Un groupe de jeunes policiers viennent de finir leur formation et se retrouvent, dès leur premier jour, lâchés dans les rues de New-York. Venant d'horizons différents, ils ont tous leurs preuves à faire et doivent apprendre à découvrir leur nouveau territoire et à s'affirmer dans un milieu où les provocations sont légions. Surtout qu'une bagarre générale entre gangs est sur le point de se déclencher, créant une tension palpable et troublante.
Résumé de la critique
Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :
- un récit initiatique plaisant qui s'efforce de poser les personnages
- un problème de crédibilité
- une ville qui manque de vie
- un show "entre Seattle et Baltimore"
Rookie Blue 2
Nouvelle série arrivée sur CBS, NYC 22 est un cop show classique qui suit les premiers pas d'un groupe de six jeunes policiers débutants, effectuant leur premier jour dans les rues de New-York. Le but est qu'ils apprennent la langue de la rue, qu'ils s'imprègnent du climat particulier d'une ville sous tension, surtout que les réseaux sociaux annoncent une bagarre générale à venir entre deux gangs de la ville. Les six bleus rencontrent alors Daniel Dean, leur instructeur qui va se charger de leur apprendre le métier, organisant des duos pour les contraindre à apprendre à se faire confiance.
Très vite, la série va utiliser ce mécanisme pour dresser un portrait rapide de chacun des personnages, s'efforçant de les exposer à des situations qui vont permettre de révéler une part de leur caractère. Le rythme est rapide et les auteurs n'hésitent pas à piocher dans certains clichés, du jeune pakistanais venu trouver refuge en Amérique à l'ancienne vedette du basket en quête de rachat. Heureusement, ces clichés simplistes vont vite être équilibré par une révélation personnelle plus profonde, laissant apparaître les causes de leur engagement dans les forces de l'ordre.
Les acteurs sont convaincants et donnent à la série un cachet d'authenticité auquel les scénaristes tiennent visiblement, filmant en extérieur pour appuyer le sentiment d'immersion. La présence de Terry Kinney au casting est un plus indéniable pour un show marqué par l'influence de séries plus sombres comme Oz ou The Wire. Seulement, à force de vouloir bien faire, l'équipe créative se heurte à un gros problème de crédibilité, surtout lors de quelques scènes particulièrement maladroites.
Maladroit comme tout débutant
En tant que pilot, NYC 22 a fort à faire et s'en sort plutôt bien au premier abord, avec une image soignée, un rythme assez prenant et un tournage en extérieur qui prouve la volonté d'imposer une identité forte. Le personnage de Jennifer, joué par Leelee Sobieski, est le premier à être mis en avant, la vedette du show campant une ancienne MP rentrée du Moyen-Orient pour intégrer les forces de l'ordre. Cherchant à s'affirmer au plus vite, elle hérite d'une scène de confrontation avec un garçon un peu insolent et va évidemment prendre le dessus, exemple typique de la volonté du show de proposer une point de vue globalement positif de leurs héros.
Ainsi, les quelques bavures dont le spectateur est témoin sont des maladresses causées par la bonne volonté des apprentis policiers, les auteurs s'interdisant le moindre développement dramatique ou tragique. Très loin de la référence The Wire, mais un peu plus sombre que Rookie Blue, NYC 22 se prend fréquemment trop au sérieux, surtout lors des confrontations entre la police et la population. Les rapports de force sont permanents, là où les supérieurs se montrent beaucoup plus convaincants en esquivant la confrontation au profit d'un travail de prévention assez bien rendu.
Quant à l'agent Sanchez, l'épisode va la plonger dans une histoire de violence conjugale totalement parachutée, cherchant à appuyer l'idée d'une différence entre un policier et un justicier. Pour la seconder, l'ancien journaliste Ray Harper, joué par un très bon Adam Goldberg, laisse voir la ligne de démarcation entre l'agent en uniforme et le civil caché en dessous, cassant l'idée du policier super-héros. Une nuance bienvenue, mais vite contrariée par une conclusion tirée par les cheveux, où les créateurs ont la mauvaise idée de faire résoudre l'intrigue par leurs seuls héros, sans aucune aide ni renforts.
La progression du scénario est aussi parsemée de maladresses, comme cette séquence où Jayson voit son ancien camarade d'enfance apporter une plante à un couple de blanchisseurs. La confrontation finale entre les deux est d'ailleurs peu crédible, et nous montre que le show cherche à donner une image trop lisse du métier de policier qui nuit à la crédibilité de l'ensemble.
Une ville traitée comme un simple décor
Située à New-York et tournée en décor naturel, NYC 22 avait l'occasion de proposer un portrait réaliste d'une ville changée par l'ère Juliani - Bloomberg. L'occasion d'explorer un monde en proie à une politique sécuritaire dure après vingt ans de domination démocrate, mais vite refoulée par des auteurs qui considèrent la ville comme un univers en vase clos. Là où l'on s'attendrait à voir les personnages se faire écraser par la dimension des lieux, les réalisateurs s'efforcent de limiter la profondeur de champ et la taille du cadre, offrant la sensation d'un univers maîtrisable et rassurant.
Même la scène de bagarre générale manque de caractère, les nouvelles recrues ne subissent aucun coup malgré leurs présences au beau milieu de l'émeute. Une séquence qui abuse du hors-champ pour faire croire à un combat d'envergure et apparaît comme la scène la moins réussie de l'épisode. Pas une goutte de sang versée dans un pilot beaucoup trop lisse, montrant les limites des ambitions d'une série qui voudrait se mesurer aux séries du câble tout en proposant une vision assez manichéenne du monde.
Loin des ambitions affichées par les producteurs, NYC 22 apparaît plutôt comme un récit initiatique léger et confortable, mais qui se prend beaucoup trop au sérieux pour convaincre vraiment. Sans aucune note d'humour et un style poseur assez gênant, la série se lance dans la mauvaise direction et gagnerait largement à miser sur ses personnages en proposant un style plus décontracté.
Souriez un peu, bon sang !
Maladroit, ce pilot de NYC 22 l'est assurément, la faute à une ambition trop forte des scénaristes qui veulent imposer un style sombre et mature à une série qui gagnerait à faire preuve de plus de légèreté. Surtout que les acteurs sont assez bons, mais trop crispés à la manière d'une Leelee Sobieski robotique qui porte son uniforme comme une carapace. Trop moralisateur à plusieurs reprises, le show en demeure malgré tout assez plaisant grâce à un scénario bien rythmé et une écriture soignée, mais beaucoup trop ambitieuse.
En conclusion, une nouveauté qui n'a rien de très originale par son concept, mais possède des qualités esthétiques et une richesse de casting suffisante pour offrir un divertissement agréable. Seulement, trop crispé, ce scénario est à l'image de ces héros, cherchant à s'affirmer en oubliant de proposer la touche de nuance d'un scénario particulièrement manichéen. Une série qui pourrait devenir attachante si elle fait le choix de plus de légèreté, sortant ainsi d'une ambiance pesante qui devient rapidement anxiogène.
J'aime :
- les acteurs sont plutôt bons
- le décor de la ville de New-York
- une image très soignée
Je n'aime pas :
- un récit terriblement monocorde
- des situations assez peu crédibles
- une bagarre générale totalement ratée
- l'absence total d'humour
Note : 11 / 20
Sans être mauvais, ce pilot laisse une sensation mitigée, la faute à un scénario monolithique qui manque cruellement de nuances. Un divertissement correct malgré tout, mais qui ne tire pas assez profit du décor de la ville de New-York et de son caractère, posant à plusieurs reprises quelques problèmes de crédibilité.