Pitch welcome to Chicago
Plus jeune chef de la police de l'histoire de Chicago, Teresa Colvin est une femme déterminée et ambitieuse qui part en croisade contre la corruption qui gangrène sa ville. Elle se met en contact avec Jarek Wisocki, policier intègre et solitaire, et se lance dans une lutte sans merci contre Alderman Gibbons, politicien corrompu prêt à tous les coups bas.
Teresa Colvin, une femme ambitieuse dans un monde d'homme
Premier personnage à nous être présenté, Teresa Colvin (interprété par une Jennifer Beals vraiment convaincante) est la pierre angulaire du show. Elle a gravi seule les marches de la hiérarchie. Elle est la fille d'un épicier de Boston et a été témoin dans son enfance de la douleur générée par la corruption. Pourtant derrière le costume de prestige et son apparente droiture se cache une personne très fragile qui se berce d'illusions en croyant contrôler la situation.
A la fois sur le terrain de la rue et de la politique, elle se retrouve prise dans des luttes de pouvoir qui la dépassent encore et sur lesquelles elle désirerait avoir le contrôle. Cette dualité du personnage, inexpérimentée face aux politiques, mais forte sur le terrain, la rend étonnamment attachante. Et le fait d'avoir ainsi deux niveaux d'action possible pourrait en faire un bon moteur pour la série.
Espérons que la série saura utiliser les lacunes de l'héroïne en politique pour la mettre réellement en difficulté, car elle ne deviendra un héros crédible que si le destin s'acharne sur elle (sans spoiler la fin, cela commence plutôt fort).
Wysocki, un flic made in Shawn Ryan
Jarek Wysocki (interprété par un Jason Clarke impeccable) est un policier un rien marginal, adepte du fréquent changement de co-équipiers, opérant avec un vrai sens de la justice qui lui est personnel. Doté d'un caractère énigmatique et d'une conception bien à lui de son travail, il ne possède pas de réel ambition, excepté un besoin presque maladif de défendre les victimes.
Moins naïf que Teresa Colvin, il est son homme de confiance, celui que l'on ne peut remettre en cause. Personnage mystérieux et attachant, il fournit à la série ses meilleures scènes, aidé en cela par un co-équipier au comportement trés mesuré et équilibré, parfaitement en adéquation avec Jarek.
Les deux personnages fonctionnent vraiment bien ensemble, apportant une touche de comédie plutôt bienvenue à une intrigue qui abuse légèrement de son côté dramatique, insistant beaucoup sur le portrait peu sympathique de policiers corrompus antipathiques.
Un problème de taille : Aldermann Gibbons
Seulement, l'histoire a un problème, et un problème de taille à travers le personnage de Gibbons, symbole à lui seul du manque de subtilité de la série. Il est présenté dès l'ouverture comme un méchant, et le scénario ne va pas cesser d'appuyer ce propos, sans faire preuve de la moindre nuance ou subtilité. Loin d'être charismatique, le personnage ressemble à ces méchants de série B, transformant ce qui devrait être un personnage majeur en vulgaire cliché du vilain standard.
Attention, loin de moi l'envie de critiquer Delroy Lindo, acteur très intéressant qui multiplie les efforts pour donner une véritable épaisseur à son personnage. La faute à un scénario qui veut à tout prix cataloguer les gentils et les méchants, oubliant au passage que la part de séduction que tout politicien se doit d'avoir.
Ce manichéisme du récit transforme ce qui pourrait être une série prometteuse et intense en un duel direct, trop simple pour permettre un réel developpement de l'intrigue. Espérons que la suite me donne tort, tant le potentiel de ce personnage était réellement énorme si les scénaristes faisaient le choix d'une approche plus ambigüe, celle d'un vrai politicien, en proposant un développement moins simpliste.
Une réalisation impeccable et nerveuse
La patte du créateur de The Shield se retrouve surtout dans les cadrages et la mise en scène très dynamique avec une apparence de décontraction. L'image est soignée et la réalisation se permet même quelques effets particulièrement bluffants, sans pour autant céder au trop spectaculaire. Les scènes de course poursuite sont vraiment prenantes, avec ce grain si particulier de l'image qui donne au spectateur l'illusion d'une immersion totale dans le quotidien de ces policiers.
En résumé, The Chicago Code est un bon cop show, énergique et nerveux, possédant dans ses héros assez de potentiel pour nous donner envie de s'emballer pour la série. Hélas, le scénario pêche par un désir de trop plaire, préférant jouer la sécurité entre identifiant gentils et méchants sans créer ni trouble, ni confusion. Souhaitons que les auteurs n'oublient pas que dans les histoires de corruption, rien n'est véritablement blanc ou noir.
J'ai aimé :
- la direction artistique vraiment réussie
- Wysocki, un flic comme on les aime
- le style Shawn Ryan, parfaitement identifiable
Je n'ai pas aimé :
- le personnage de Gibbons pourrait être cent fois meilleur
- Le manichéisme excessif des scénaristes
- Le dernier plan parfaitement idiot
Note: 13 / 20