Nouveau départ
C'est la crise au sein de l'émission de Will Mc Avoy depuis que leur refus de couvrir l'affaire Casey Anthony leur a coûté la moitié de leurs spectateurs, plaçant leur présentateur vedette sur un siège éjectable. Malgré l'opposition farouche de Mackenzie, Charlie et Will décide de modifier la ligne éditoriale en laissant plus de place à cette affaire. Pendant ce temps, Will fait passer une audition à Brian Brenner, un blogueur qui va faire un reportage sur son émission vue de l'intérieur. Seulement, cet homme est aussi l'amant de MacHale, l'homme avec qui elle l'avait trompé.
L'information et le spectacle
Thème important de la série en début de saison, le rejet de l'information spectacle est le point autour duquel l'équipe de Mackenzie s'est construite, délaissant du coup l'affaire Casey Anthony portant sur une femme suspectée d'infanticide. Un décor idéal pour The Newsroom, l'affaire ayant fait pendant un mois la une des journaux tabloïds, se propageant même jusqu'à l'honorable New York Times, entraînant une frénésie qui a gagné l'Amérique entière. En refusant de la couvrir, MacHale fait sombrer les chiffres d'audience de Will, créant des tensions entre les deux têtes pensantes de l'émission.
La ligne éditoriale est donc rangée dans un tiroir, vaincu par l'audimat et la peur pour Mc Avoy de voir Leona Lansing sauter sur l'occasion pour justifier son renvoi. Le climat est donc tendu et le temps n'est plus au politesse, bonne nouvelle pour un épisode qui voit arriver un journaliste blogueur sur les lieux, venu pour raconter l'émission vue de l'intérieur. Un regard extérieur qui vient placer Mackenzie sur la défensive pendant qu'elle cherche à déterminer le jeu joué par Will en recrutant son ancien amant.
L'intérêt majeur de cet épisode, en plus de quelques dialogues vraiment amusants, est de redonner un peu de crédibilité au travail d'équipe en cassant les triangles amoureux stériles pour les pousser à se remettre au travail. Fini les histoires de Bigfoot, The Newsroom se concentre enfin sur un thème intéressant, à savoir les différents regards que l'on peut porter sur une information. L'occasion pour Aaron Sorkin de profiter du travail effectué dans les épisodes précédents sur les différences de sensibilité entre les personnages afin de lancer des débats intéressants, même si les affrontements restent encore un peu trop poli.
La scène le plus réussie reste la séquence de décryptage de Don où il explique comment la mise en image de l'information peut la vider de son contenu et mettre en avant le pathos, nous poussant à juger une femme innocente comme une vulgaire salope. L'occasion pour Thomas Sadoski de prouver qu'il est vraiment rentré dans son personnage, apportant une vision plus moderne du travail de journaliste en exposant toute l'importance de la mise en scène. Une vision purement technique de la réalisation d'une émission qui manquait jusqu'ici à The Newsroom, le show commençant à trouver ses marques et à sortir de la torpeur des deux derniers épisodes.
Le débat, l'arme fatale de The Newsroom
Si l'épisode n'est pas transcendant, il possède des qualités intéressantes en installant de nombreux rapports de force au sein de la rédaction, construisant chaque scène autour de l'affrontement entre deux personnages. Le discours est plus passionné, parfois maladroit, mais les personnages apparaissent plus matures, affirmant leur style en criant comme Mackenzie pour afficher sa frustration ou par le silence contenu pour Will. Une opposition de style très intéressante qui permet à Emily Mortimer d'affirmer plus son personnage, son opposition à Mc Avoy restant un des moteurs du show.
Mais ses oppositions peuvent prendre une forme moins passionnée, avec l'exemple des amusants dialogues de sourd entre Olivia Munn et Emily Mortimer, l'une parlant au travers de multiples sous-entendus pendant que l'autre ne parvient pas à les saisir. Une amitié improbable et intéressante, preuve que la série dispose d'un vrai potentiel lorsqu'elle confronte différentes sensibilités et cesse de se perdre dans des triangles amoureux totalement stériles. Ainsi, Don trouve pleinement sa place en opposition à MacHale, la volonté d'exploiter sans manipuler de celle-ci s'opposant à son goût de la mise en scène.
En confrontant les sensibilités, Aaron Sorkin commence à faire apparaître les bases d'une série plus plaisante à regarder, obligeant le spectateur à prendre parti et à choisir son camp. L'émission n'est plus un fleuve tranquille comme la semaine dernière, mais une bataille entre différents pour imposer un point de vue (on a la même chose sur SerieAll, mais avec de la boue pour les filles). Les personnages ne sont plus les meilleurs amis du monde, mais des rivaux tenaces qui défendent leur opinion, cherchant par la confrontation à trouver la lecture la plus pertinente de l'information.
Si l'épisode est loin d'être encore satisfaisant, avec en particulier une scène entre Neal et Sloan totalement ratée, The Newsroom offre un divertissement plaisant et largement au-dessus des deux précédents. La scène finale entre Jane Fonda et Sam Wasterton est à l'image de ce que devrait être la série d'Aaron Sorkin, un univers tendu entre la soif de vérité et le besoin d'attirer le plus grand nombre. Un affrontement qui existe à l'intérieur même de la tête de Will, résidu de sa liaison passée avec Mackenzie qu'il ne parvient pas à évacuer.
Des éléments moins enthousiasmants
Si la création d'Aaron Sorkin ne génère pas l'enthousiasme espéré, c'est que le show est loin des promesses entrevues en début de saison à cause de quelques tics regrettables de l'auteur. Le premier reste l'attaque perpétuelle contre les nouvelles technologies qui se place perpétuellement sur le terrain de la crédibilité, accusant Internet d'être un refuge pour ceux qui n'ont pas le talent pour travailler de manière professionnelle. Malgré une base intéressante, le personnage de Benner est assez anecdotique, hormis lors de sa scène avec Mackenzie qui n'amène pas le déclic espéré.
Le retour de l'informateur mystère prend heureusement une tournure un peu moins "JFK"-ienne que la semaine dernière, mais sert surtout à fournir une dimension supplémentaire au récit et à justifier le retour de Jane Fonda. L'astuce est grossière, mais la qualité des comédiens, surtout Sam Waterston, fait que l'ensemble passe, donnant les bases pour le conflit à venir entre Will et sa patronne. L'enjeu est évidemment la liberté d'expression et d'opinion aux Etats-Unis, Aaron Sorkin lançant sa croisade contre les lois du Patriot Act, profitant de l'atmosphère de suspicion après l'affaire News of The World.
C'est en rebâtissant un arc fort autour de Leona Lansing que The Newsroom retrouve son intérêt, donnant le divertissement attendu en plaçant Will devant un péril plus important que la révélation de sa rupture avec Mackenzie. L'occasion de constater le peu d'arcs développés cette saison par une série qui se cherche encore elle-même et commence petit à se trouver, donnant un divertissement toujours maladroit, mais qui redresse la pente. Une série qui a besoin de colère, de confrontation, d'affrontement, de débats d'idées pour exister pleinement, poussée par le danger que représente le choix de vouloir révéler la vérité.
Une première partie plaisante
Un double épisode est toujours un instant crucial dans une saison où le spectateur décide s'il va continuer ou arrêter le visionnage d'une série, où l'auteur doit étaler toute son ambition pour l'avenir. Après avoir déçu deux semaines de suite, la série d'Aaron Sorkin ne déclenchera pas l'enthousiasme avec cette histoire de NSA, mais retrouve quelques couleurs et un ton incisif qui avait lentement disparu. Seul reste à corriger certaines erreurs encore trop présentes, dont un rythme un peu trop lent qui pose la question du choix d'une durée de cinquante-cinq minutes légèrement trop longues.
En conclusion, un épisode plaisant qui renoue avec les thématiques du début de saison et des dialogues qui laissent entrevoir différentes oppositions au sein de la rédaction. Malgré un rythme un peu lent par instant et certains personnages mal exploités, la série revient à ce qu'elle fait le mieux, à savoir parler du traitement de l'information au travers de la couverture de l'affaire Casey Anthony. Un matériel bien plus riche que l'épisode raté sur l'élimination de Ben Laden, plaçant Will et Charlie dans une situation périlleuse assez intéressante.
J'aime :
- les confrontations entre Mackenzie et Will
- la scène de Don sur la gestion visuelle d'une information
- les dialogues très bien écrits
Je n'aime pas :
- un peu lent à cause d'une storyline Brenner assez décevante
- la scène entre Olivia Munn et Dev Patel
Note : 13 / 20
Une première partie correcte qui renoue avec une part de ce qui faisait le charme du show, à savoir des dialogues bien ciselés et des confrontations plus dynamiques entre les différentes sensibilités au sein de l'équipe de Mc Avoy. Malgré quelques maladresses et un rythme un peu lent, The Newsroom retrouve une part de son charme en délaissant en partie les intrigues romantiques stériles de la mi-saison.