Risque de légers spoilers (mais, entre nous, who cares ?).
A thing of beauty ?
Après la catastrophe que nous a infligée NBC la semaine dernière avec le pilote de sa nouvelle série, je vous avoue que le Playboy Club, cette semaine, j'y suis allé un peu à reculons ; et pourtant, force fut de constater, aux prémisses de mon visionnage, que le show s'était quelque peu amélioré. La première scène de l'épisode, articulée autour d'un numéro musical dynamique et réussi de Carol Lynne, bénéficiait en effet d'une mise en scène assez punchy, quoi qu'un peu m'as-tu vu, et d'un rythme beaucoup plus maîtrisé.
Alors certes, cette histoire de compétition entre les Bunnies pour la première page de Playboy n'était pas forcément pour me passionner, et leurs piaillements hystériques à l'annonce du concours avaient tout pour me rebuter, mais je me plaisais toutefois à constater que cette fois-ci, le show prenait plus de temps à présenter les enjeux de son épisode et les motivations de ses personnages. Certes, la série abusait encore de moyens un peu éculés (le flashback moche, ou encore le traditionnel « Surprise ! Je suis derrière toi quand tu te retournes après avoir fait un truc secret ! »), mais la bande-son, démonstrative et lourdingue au possible dans le pilote, se faisait au moins bien plus discrète. Certes, The Playboy Club avait l'air toujours aussi chiant, mais il avait enfin le bon sens de teaser son spectateur un brin pervers avec des poses et des plans pour le moins suggestifs. Bref, j'étais prêt à passer l'éponge sur les défauts mineurs du show et à lui accorder une véritable deuxième chance : j'avais presque envie d'y croire, et c'était beau.
The Playboy Club ? I watch it for the plot …
Ce furent dix minutes de grâce, dix belles minutes d'innocence, de rires et de joie, un moment de bonheur absolu qui, comme dans toute bonne tragédie, était fatalement destiné à une interruption brutale. En effet, après un début d'épisode à peu près potable, The Playboy Club craque, comme un gamin idiot qui retient une envie de rire pressante pour faire bonne impression en public, et qui d'un coup, d'un seul, lâche tout, attirant les regards incrédules, indignés et outrés de l'assemblée : car oui, c'est bien d'indignation dont on parle...
Posons le contexte de la scène qui aura tout fait basculer : après avoir passé une douce nuit de sommeil à la Playboy Mansion (dont le décor rappelle étrangement un dortoir de maison close, mais passons), les Bunnies sont réveillées par leur boss, Carol Lynne, qui convie chacune d'entre elles à participer à un stage d'entraînement à l'éprouvant métier de Bunny (true story). La lapine en chef s'entretient plus particulièrement avec Maureen, la Bunny centrale du show, au travers d'un petit dialogue insipide qui met une énième fois en évidence la rivalité entre les deux femmes (l'ombre de Nicky n'est jamais loin). Avant de partir, l'oeil de Carol Lynne est attiré par un sac qui dépasse de sous le lit de Maureen, et elle s'avance alors jusqu'à cet objet de mystère et en retire le contenu, à savoir le costume de Bunny que la lapine blonde portait lorsqu'elle a accidentellement tué le méchant mafieux violeur : et là, elle se contente de sermonner cette dernière sur le prix du costume et sur l'état dans lequel elle le laisse, avant d'aller le mettre à la lessive ! La pauvre Carol Lynne ne comprendra que ces vilaines taches étaient en réalité du sang que lorsque sa femme de ménage viendra le lui montrer...
« Quoi ? C'est du sang, ça ?! No way … Vous êtes sûre ? »
Deux problèmes dans cette scène : tout d'abord, comment, mais comment peut-on être passablement con au point de laisser traîner bien en évidence sous son pieu la preuve directe d'un homicide involontaire dont on est le principal acteur ?! Et comment, je vous prie, peut-on être aveugle (ou débile) au point de ne pas remarquer que des taches rouge sang sur un vêtement souillé peuvent en réalité être… ben, du sang, quoi ?! Explication de l'accusée lorsque Carol Lynne la confrontera sur ce costume ensanglanté : « Je me suis fightée contre un hobo, et j'ai saigné du nez (sic). ». « I buy it ! », répondra grosso modo notre lapine en chef…
C'était plus que ne pouvait supporter mon engouement de critique enthousiaste et volontaire. Le monde tourbillonnait autour de moi, les questionnements se bousculaient dans ma tête : pourquoi, mais pourquoi ?! J'étais mal, et j'avais mal ; j'avais envie de me raccrocher à un élément de qualité, mais non, tout ce que le show avait à me proposer s'apparentait à des rictus mauvais et des bras d'honneur enjoués. Tout basculait, et je sombrai peu à peu dans un abîme de médiocrité et de folie, lorsqu'une révélation, une épiphanie, vint miraculeusement me tirer du gouffre de mon aveuglement. J'avais enfin compris la vérité sur cette chose télévisuelle, et cette découverte me rendait plus fort, plus vaillant. Car oui, cette série n'était, et ne pouvait être qu'une seule chose : un putain de nanar.
Escale au Nanar Club
Tout devenait plus clair. Je comprenais enfin pourquoi, dans cet épisode, tous les acteurs jouaient comme des tanches, accompagnant leurs bien pauvres répliques de mimiques dignes de mauvais acteurs de cabaret (sauf peut-être Leah Renee Cudmore, qui campe une Bunny Alice convaincante et ambigüe dans la scène de la séance photo) : mention spéciale à notre ami Eddie Cibrian, qui cabotine à mort, et auquel votre serviteur prévoit de réserver une rubrique hebdomadaire (cf bonus).
« He has no idea where I am, but he has a subscription to Playboy ! » : réplique nanar.
Les storylines ne sont pas épargnées par cette nanardise ambiante, et le show a bien du mal à maquiller leur profonde vacuité : l'histoire de la course à la couverture est en effet totalement vide d'intérêt, l'aspect policier est ridiculissime (est-il encore besoin de préciser pourquoi ?), l'arc autour de Nick Dalton et de sa campagne soutenue par des puissants corrompus est ultra-poussiéreux, le pitoyable triangle amoureux occupe encore une place d'honneur dans l'épisode, et, pire encore peut-être, l'intrigue homosexuelle autour d'Alice, qui était l'un des seuls aspects prometteurs du pilote, commence à ressembler à une mauvaise farce de potache. Les personnages principaux, enfin, sont peut-être l'exact contraire de ce qu'on serait en droit d'attendre d'eux : Carol Lynne, qui devrait présenter une certaine maturité due à son statut d'ancienne au sein de Playboy Club, se révèle être en fait une véritable cruche, et Maureen, personnage central auquel on devrait s'attacher, n'est rien d'autre qu'une détestable pintade pétrie d'ambition.
Pour finir, il apparaît nécessaire de pointer du doigt la médiocrité de la reconstitution historique : tout sonne faux, de cet univers de mafieux qu'on voudrait nous vendre comme menaçant aux soi-disant vêtements d'époque bien clichés, censés nous rappeler que l'intrigue se déroule bien dans les années 60. Car il est vrai qu'on serait vite tenté de l'oublier : il n'y a absolument aucune scène en extérieur, toutes les séquences se déroulant dans des environnements intérieurs (club, entrepôts, hôtel de ville…) qui fleurent bon le carton-pâte, et encore une fois, les seules références aux évolutions de la mentalité féminine sont contenues dans le rêve de chaque Bunny de poser à poil sur une couverture de magazine et dans certains dialogues peu inspirés (mafieux pas beau : « You're a thing of beauty », Maureen : « I'm actually not a thing »). Ah si, il serait injuste de ma part de ne pas mentionner ce joli passage engagé où Brenda explique à Maureen qu'elle aimerait être la Playmate du mois et gagner les mille dollars promis pour défendre la cause noire et devenir l'une des rares femmes noires à vraiment posséder quelque chose, scène qui trouve sa conclusion dans un mignonnet câlin de besties ; ouais, engagé, c'est le mot.
Allez, on pronostique un Emmy pour la qualité des costumes.
En bref, The Playboy Club a fait l'exploit d'exacerber ses plus grandes tares, et honnêtement, on en rit beaucoup, ce qui rend paradoxalement l'épisode moins intolérable que le précédent.
J'ai aimé :
- Le numéro musical de la première scène
- Eddie Cibrian, dont le cabotinage effrené justifie à lui seul de regarder la série
- La nanardise de l'épisode, qui fait souvent rire et chasse l'ennui
Je n'ai pas aimé :
- Le traitement des personnages
- Amber Heard, insupportable
- Les storylines insipides
- Les décors en huis-clos étouffants
- Les pathétiques tentatives d'humour volontaires
Malgré un début d'épisode qui laissait présager une petite amélioration, The Playboy Club retombe bien vite dans ses vieux travers et confirme son statut de soap poussiéreux et ridicule. Heureusement, des éclats de rire impromptus ponctueront régulièrement le visionnage de l'épisode, laissant raisonnablement penser qu'on s'oriente encore vers quelques bonnes poilades dans les épisodes suivants.
Note : 08/20 (faut pas déconner, non plus…)
Bonus : l'instant Cibrian de la semaine
Eddie Cibrian est vraiment l'acteur qui porte le show, à mes yeux : j'ai ainsi décidé de lui consacrer une petite rubrique bonus hebdomadaire, afin de rendre hommage à ses immenses talents de comédien. Chaque semaine, nous découvrirons donc ensemble la mimique de Cibrian qui aura vraiment marqué l'épisode.
Cette semaine, j'ai longuement hésité entre deux grands moments de bravoure de notre ami Nicky : le « Coucou, c'est moi ! » surprise et le « Je me prends pour De Niro parce que c'est la méga classe et que ça fait grave bad boy ». Comme je suis un mec sympa, je vous ai fait une petite compil' des deux : à vous de choisir la mimique la plus grandiose !
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