Deux/trois spoilers vont être disséminés dans cette critique. Désolé.
Chambre d’étudiant dans un lieu tenu secret par la milice secrète de Série-All, 22h02, heure française.
« Pom pom pom. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir me regarder ce soir ? J’ai pas trop envie de séries, je suis un peu fatigué, limite une migraine. J’ai le remède ! Je vais regarder des vidéos avec des hamsters sur Internet ! Alors, je tape, je tape. « Hamsters… ». Mais, pourquoi il y a un « X » devant ? Je suis curieux tiens…
– Grand fou ! Ne fais pas ça !
– Encore toi ? Roh, mais lâche-moi sérieux !
– Je te promets, fais pas ça, tu risques d’avoir des problèmes.
– Bah trouve moi quelque chose d’autre à regarder, alors.
– Ça te dit une série MTV ?
– Oh non… Franchement, vu le traitement qu’ils ont réservé à cette pauvre Kathryn Prescott dans Finding Carter, ils peuvent bien aller se faire…
– Oh ! Il est pas encore minuit là. On se calme sur les grossièretés ! C’est une série d’heroic-fantasy, ça peut être fun non ?
– Mouais, j’avais bien aimé Legend of The Seeker, donc pourquoi…
– Haha t’as aimé cette série ? Mais quelle honte ! Ce serait comme aimer Supergirl !
– Tu serais pas un peu obsessionnel avec cette série toi ? Si t’aimes pas, regarde pas !
– Eh voilà ! Monsieur RasAlGhul ramène encore tout à Supergirl ! T’es relou, change un peu ton disque !
– C'est toi qui es relou ! Autant qu’un lecteur d’heroic-fantasy qui voit sa série adaptée à l’écran.
– T’es sûr que tu veux t’aventurer sur ce terrain-là ?
– Euh… Ouais, non en fait.
– Moi j’te dis, regarde The Shannara Chronicles !
– Shanemanaquoi ?
– Arrête de faire l’idiot pendant une minute, veux-tu ? C’est donc une série d’heroic-fantasy, adaptée de la saga de Terry Brooks. L’œuvre est monstrueuse, mais la première saison ne se focalise que sur le deuxième livre.
– Bah il avait quoi de mal le premier ?
– Y avait pas de filles. Et l’auteur s’est tellement fait terraformer pour ça qu’il a mis deux femmes au centre de son deuxième bouquin.
– Ok. Je suis pas chaud quand même. C’est une série MTV non ? Donc ça veut dire que, même en pleine bataille, les acteurs principaux vont rester frais et beaux comme la rosée du matin ?
– Genre ça te dérange ! Arrête de râler pour des trucs comme ça ! En plus, la série est entièrement tournée en Nouvelle-Zélande ! C’est la classe, ça ne s’était jamais fait !
– Si, par Legend of the Seeker.
– Ça parle d’un jeune homme, le dernier fils d’une lignée très puissante, qui se voit confié par un druide une mission d’une terrible importance !
– Ouais, comme Legend of The Seeker.
– Et il sera accompagné par une Princesse des Elfes, qui doit sauver les Quatre Terres menacées par l’arrivée de démons !
– Tu vas aussi me dire qu’il y aura une nana un peu bitchy qui va pourrir un peu la vie des deux ? Parce que cela se passe aussi dans…
– Oui, comme dans Legend of The Seeker, j’ai compris*. Bah alors ? Justement, si t’aimes tellement cette série, tais-toi et mets-toi donc au visionnage ! Ce sera toujours mieux que les hamsters ! »
* Alors, après vérification, la saga Shannara a été écrite bien avant celle sur L'Épée de vérité (1977 par rapport à 1994). Ce qui signifie que si l'une avait effectivement copié sur l'autre, ce serait bien évidemment L'Épée de vérité. Mais je maintiens ma mauvaise foi.
Shannara, c'est de l'heroic-fantasy...
Première chose à dire : putain que The Shannara Chronicles est magnifique ! C'est juste à pleurer tellement c'est beau. Elle est donc totalement tournée en Nouvelle-Zélande, et tu sens que les gars derrière la série ont voulu profiter au maximum du cadre qui leur est offert. Les plans longs sur les paysages verdoyants, l’habituelle scène sur une plage, tout y passe. Mais c’est tellement beau qu’on laisse passer.
Parce que oui, The Shannara Chronicles est vraiment une série d’heroic-fantasy. Même moi qui ne suis pas un spécialiste du genre – et n’ayant lu aucun des livres –, je rigolais de retrouver autant de points communs entre Legend of The Seeker (on a les références qu’on peut, hein) et cette série. On nous parle donc d’Amberle (Poppy Drayton), une Princesse elfe qui réussit à rentrer au sein des chosen – d’où le nom du titre de ce double épisode –, ces jeunes gens censés protéger un arbre magique – l’Ellcrys – alors que celui-ci se meurt. De l’autre côté, nous avons Wil (Austin Butler), la parfaite réincarnation de Richard Cypher. Benêt, venant de perdre un parent, il rencontre un druide (Manu Bennett, cœur cœur amour amour) qui lui annonce qu’il est le dernier de la lignée des Shannara, une famille apparemment badass, et que son père était un grand héros.
Le petit défaut de Chosen, que ce soit sa première ou sa seconde partie, c’est qu’il nous abreuve d’informations. Vu que la première saison ne durera que huit épisodes, c’est sans doute fait pour accélérer les choses, mais on en ressort assez confus, surtout si on ne connaît pas le matériel source. Mais il y a des Elfes, des rovers – des voleurs, que l’on nous présente notamment avec Eritria (Ivana Banquero) –, des Trolls, des démons tout moche (spécial dédicace au grand méchant) et des créatures de l’enfer possédant un niveau de street cred plutôt élevé. Du coup c’est cool, ça pète de partout, et ça ne rechigne pas devant l’usage de la violence. Ce qui est bien appréciable.
... qui se prend beaucoup, beaucoup trop au sérieux
Après, The Shannara Chronicles se prend bien trop au sérieux, ce qui nuit quelque peu au visionnage de Chosen. C’est vrai quoi, c’est une série d’heroic-fantasy. Où tu as un arbre. Qui semble diriger le monde des Elfes et les protège de démons. Enfin, c’est marrant non ? Non ? Moi perso, lorsque le Roi des Elfes (Jonathan Rhys-Davies, qui doit, depuis le temps, posséder sa carte gold sur les séries/films d’heroic-fantasy) est tout sérieux avec un accent sorti du plus profond de l’Écosse, et qu’il parle de la nécessité de sauver un arbre… bah je trouve ça drôle. Quoiqu’il en soit, le personnage de Wil sert comme point d’entrée dans cet univers spécial, et c’est bien là sa seule utilité pour le moment. Le jeu d’Austin Butler n’aide évidemment pas, mais son personnage n’est pas super intéressant pour le moment. Les scénaristes n’ont d’ailleurs pas été très inspirés niveau dialogues dans cet épisode. C’est un peu dommage, puisque du coup, cela contraste avec le sérieux voulu.
En revanche, du côté d’Amberle et Eritria, la donne est différente. J’aime beaucoup les deux personnages. Deux jeunes femmes avec un caractère bien trempé, ce qui promet pas mal de choses pour la suite. Ma préférence va pour Eritria parce qu’elle n’est pas trop sérieuse dans ce qu’elle dit, puisque c’est un peu le personnage bitchy qui ne s’en laisse pas conter. Et puis elle a joué dans mon film préféré. Le seul acteur qui maîtrise l’art d’être sérieux et que ça fonctionne parfaitement, c’est bel et bien Manu Bennett. Le mec élève l’austérité à un niveau jamais atteint, même en Grèce et en Espagne. Son duo avec Wil est plutôt marrant, et il faudra bien former ce cher benêt, parce que s’il veut aider Amberle à sauver le monde, bah il va falloir qu’il apprenne bien des choses !
Chosen est donc un double épisode d'introduction qui envoie visuellement de la pizza aux moineaux. Il possède un vrai souffle épique, qui se retrouve néanmoins gâché par des dialogues tout droit sortis des séries classiquement estampillées MTV. Néanmoins, le visionnage remplit largement ses fonctions et la violence de l'univers frappe efficacement. Aimant en outre ce type d'univers, je vais continuer à regarder, sans la moindre hésitation.
J'ai aimé :
- Manu Bennett. Quel homme. Quel. Homme. L'Homme même.
- Ce. Putain. De. Générique. De. Malade.
- Un univers magnifique.
- Un épisode qui n'a pas peur de la violence.
- La Fury. Bien creepy comme il faut.
- Une scène d'ouverture super efficace.
- Les personnages principaux sont tous intéressants, même s'il y en a que j'aimerais bien trucider (Wil, je te regarde).
Je n'ai pas aimé :
- Qu'est-ce qu'ils se prennent au sérieux les jeunes !
- Des dialogues quelquefois plus que moyens.
- La musique pop. Je sais, c'est du MTV, mais quand même.
- Un jeu d'acteur inégal.
- Le sang qui ressemble à du ketchup périmé.
Mise(s) en garde :
- Que cela continue à trop se prendre au sérieux. Enfin, je sais pas moi, mais lorsqu'un arbre protège une armée de démons et parle à des gens, faut avoir du recul sur la chose. C'est d'ailleurs à ça que sert Wil (sa seule qualité pour l'instant).
- Que cela devienne trop adolescent dans le ton. Y a vraiment moyen de raconter une belle histoire. Donc, les triangles amoureux, on enlève.
Ma note : 13/20.