Critique : Torchwood 4.04

Le 01 août 2011 à 16:09  |  ~ 7 minutes de lecture
Sentiment mitigé malgré une mythologie toujours aussi passionnante. Mais la mission du jour n'est pas vraiment inspirée. Au programme, Harkness arrive à LA, Oswald gagne la bataille de l'opinion et Rex continue de faire la tête.
Par sephja

Critique : Torchwood 4.04

~ 7 minutes de lecture
Sentiment mitigé malgré une mythologie toujours aussi passionnante. Mais la mission du jour n'est pas vraiment inspirée. Au programme, Harkness arrive à LA, Oswald gagne la bataille de l'opinion et Rex continue de faire la tête.
Par sephja

Pitch Los Angeles 

La nouvelle équipe de Torchwood part à Los Angeles où se trouve les bureaux et le serveur informatique de la compagnie Phicorp, suivi de près par un mercenaire qui a l'ordre de se débarrasser de Harkness. Au même moment, un mouvement politique issu du "Tea Party" menée par Ellis Monroe, se permet de voler la vedette à l'ascension d'Oswald Danes. La jeune femme réclame de créer des camps pour regrouper les morts et éviter ainsi la propagation de maladies. 

 

 

La petite histoire dans la grande 

Les dégâts du miracle continuent à s'amplifier, engendrant une mutation colossale de la société humaine qui se cherche de nouveaux leaders. Le groupe de Torchwood continue d'enquêter sur Phicorp qui semble être le principale bénéficiaire de cette situation, utilisant les données trouvés sur l'ordinateur de Jilly pour localiser la maison mère. Mais alors que l'équipe se focalise sur cette mission, un plan d'une grande ampleur se met lentement en place, obligeant les scénaristes à gérer une intrigue à deux niveaux.

L'histoire de Torchwood s'inscrit dans une intrigue à très grande échelle et les scénaristes tentent de construire le maximum de lien entre les deux, que ce soit avec le duo Rhys-Gwen, ou Rex avec le docteur Juarez. La première scène tente d'étoffer le personnage d'Esther avec une intrigue familiale concernant sa soeur, mais celle ci arrive trop tardivement et viendra alourdir une scène finale peu inspirée. A la recherche de son second souffle, les scénaristes de Torchwood essaient de trop bien faire et propose une partie mission plutôt ratée, au contraire d'une mythologie toujours remarquable.

Commençons donc par la partie la moins passionnante avec l'équipe Torchwood qui peine à fonctionner vraiment, la faute à un mauvaise dynamique au sein d'un récit qui s'égare surtout avec l'idée farfelue de mettre un tueur à leurs trousses. Moins maitrisée que d'habitude, cette histoire ne fonctionne que grâce à un duo Eve Myles - John Barrowman assez épatant, les deux complices faisant preuve d'une complicité indéniable. Il ne reste plus qu'à regretter de voir les scénaristes s'égarer dans des histoires sans grand intérêt, insistant outre mesure sur l'opposition entre l'efficacité du duo historique de Torchwood avec les scènes peu inspirés des petits nouveaux.

L'épisode reste divertissant, mais possède quelques lourdeurs assez flagrantes dues à la passivité de Rex et Esther ainsi qu'à l'irruption saugrenue et ridicules de cet assassin particulièrement pathétique. Les ficelles sont trop grosses et la scène du serveur inutilement lente, touchant même au pathétique quand Gwen est obligée de poser deux fois la même question. Moins dynamique, Torchwood semble vouloir insister sur l'ampleur de la menace en jeu, là où l'histoire du miracle remplit parfaitement ce rôle. 

Exemple typique d'un scénario déséquilibrée, l'équipe de Torchwood se montre assez désunie, Rex s'acharnant à vouloir la jouer solo. Moins inspiré que la storyline du miracle, l'assaut de l'équipe sur le serveur de Phicorp prouve que les scénaristes ont du mal à intégrer la petite histoire dans la grande, refusant de dévoiler le vrai visage d'une menace qui, heureusement, se précise un peu. Donner une identité aux commanditaires du miracle devrait permettre de ressouder ce groupe trop hétérogène qui peine à fonctionner et empêche la série de décoler vraiment. 

 

La bataille pour le miracle

Toujours au coeur de la lutte, le docteur Juarez va constater l'ampleur des dégâts d'un service public abandonné par des politiciens paniqués, laissé aux mains d'illuminés intégristes partisant de la création de camps pour enfermer les "non morts". Si la mort ne se charge plus de réguler la population mondiale, l'humanité peut le faire à sa place en se débarrassant des rebus dont notre société n'a plus que faire. La femme à l'origine de cette idée va venir voler la vedette à Oswald Danes, créant une tension entre lui et son attachée de presse. 

Délicieusement ironique, ce passage doit beaucoup au duo Bill Pullman - Lauren Ambrose, les deux comédiens incarnant avec délice le symbole d'un monde qui va de travers, où la réussite revient aux monstres et non plus aux hommes de vertus. Ici, le rêve américain est descendu en flammes, celui d'une société du mérite qui laisse place à une société de l'opportunisme, incarné par ce duo diabolique et malfaisant. Le cri de joie de Jilly Kitzinger est un moment formidable, qui montre toute l'ambition de ce "miracle day" passionnant qui a bien l'intention de modifier la face du monde.

Le plus incroyable demeure l'aspect irréversible de la catastrophe en cours, laissant espérer un final à la hauteur de cette idée remarquable que les auteurs tentent au mieux de lier avec l'intrigue de Torchwood par le biais d'intrigues familiales plus ou moins inspirées.

 

La famille comme valeur commune

Si le duo entre Rhys et Gwen fonctionne toujours, la série renouant ici avec ses racines en montrant une Gwen mélangeant sans difficulté travail et vie privée, les autres histoires de famille vont s'avérer bien pathétiques, voire agaçantes. Entre Esther et sa soeur malade et Rex et son père égoïste et marginal, la série s'égare dans des intrigues inutiles, même si la séparation d'une famille semble être un thème important de cette saison. Le miracle est un évènement suffisamment important qui ne nécessitait pas, pour l'instant, de se rajouter des sous-intrigues clairement ici hors de propos.

A un épisode de la mi-saison, Torchwood peine à lancer son intrigue, la faute à une phase d'introduction qui s'allonge inutilement, créant des discontinuités pénibles au sein du récit. L'épisode n'est pas mauvais pour autant, le miracle et ses conséquences suffisant à nous ravir comme chaque semaine, mais le script est très maladroit et semble incapable de gérer correctement les personnages d'Esther et Rex. Torchwood a besoin maintenant d'un évènement majeur pour obliger l'équipe à passer à l'action et permettre de souder réellement cet assemblage d'individualité. 

Les scénaristes insistent beaucoup sur les liens du sang et la souffrance liée à la séparation d'une famille, confirmant l'importance de ce thème dans les évènements à venir. Espérons que la suite saura mieux mettre en valeur cette thématique que cet épisode intéressant certes, mais aussi particulièrement maladroit.   

 

J'aime : 

  •  toutes les scènes avec Oswald sont remarquables 
  •  Gwen et jack en bonne forme 
  •  un "Miracle Day" qui prend une tournure inattendue 
  •  le Rêve américain laisse place au cauchemar 

 

Je n'aime pas : 

  •  des histoires de famille peu inspirées 
  •  la scène du serveur particulièrement ratée 
  •  les scènes entre Rex et Esther 
  •  une certaine monotonie qui s'installe peu à peu 

 

Note : 12 / 20 

Si l'épisode s'avère étonnamment réussi dès qu'il est question du miracle ou d'Oswald Danes et son duo terrifiant avec Jilly Kitzinger, il peut aussi décevoir avec une intrigue Torchwood vraiment maladroite. L'équipe n'en est pas une, n'ayant pas eu d'actes fondateurs pour prouver sa cohésion. La scène du serveur est étonnamment ratée et vient entamer la crédibilité d'une série rattrapée par ses vieux démons. Agréable, bien qu'un peu décevant.

L'auteur

Commentaires

Avatar Koss
Koss
Je suis assez en accord avec toi. C'est pour l'instant très poussif, là où la saison 3 allait directement à l'efficacité. On a l'impression que les scénaristes préservent encore leurs munitions pour nous sortir de leur poche, une révélation flamboyante. Une saison avec trop d'épisodes ? Je commence à le croire.

Avatar Gouloudrouioul
Gouloudrouioul
Complètement d'accord pour le tueur, à chaque fois que je le voyais avec ses lunettes noir et son costard en plein soleil j'avais vraiment envie de me marrer (et j'imagine que c'était pas l'effet voulu). Bref, là où Children of Hearth avec ses cinq épisodes faisait l'effet d'un coup de poing, on a l'impression que Miracle Day s'attarde sur des choses inutiles sans prendre la peine de développer réellement le sujet qu'elle aborde. Il serait temps qu'elle mette la main à la pâte.

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