Parce que oui, contrairement à ce que l’on pourrait croire en s’intéressant au pitch de Friday Night Lights, la série ne s’adresse pas uniquement aux fans du ballon ovale du pays de l’Oncle Sam. Forcément, sur le terrain ça parle de « linebacker », « QB one », « tactique Forty-Eight Blue ThrowBack ». Mais croyez-moi quand je vous dis que le cœur de la série n’est pas là.
This is Dillon, Texas.
L’action prend place dans la petite ville de Dillon, dans le Texas. C’est pas la peine de vous précipiter sur google pour chercher des informations sur la ville, elle est complètement fictive, mais tente de se rapprocher au mieux de la réalité et des petites villes texanes, avec leurs champs à perte de vue, les coutumes locales, et surtout : le football. Parce qu’il faut savoir qu’à Dillon, le championnat de football inter-lycées prend une place extrêmement importante dans les activités de la ville, tant chez les jeunes que les adultes, déchaînant souvent les passions, et presque aussi souvent les haines. Durant la semaine, les gens attendent avec impatience le vendredi soir, jour de match, et le week end, on refait le match et on prépare le suivant afin d’accéder au fameux chamipionnat d’état synonyme de succès tant pour les joueurs que l’entraîneur.
« TouchDown »
On a d’un côté les joueurs, extrêmement populaires tant dans la ville qu’au lycée, épaulés par les pom-pom girls si typiques des shows américains. De l’autre, ce que les américains appellent les « Boosters » (à savoir les sponsors) qui se chargent de récolter les fonds pour financer l’équipe de football, assez coûteuse à vrai-dire, et qui ont une immense influence sur la ville et les administrations municipales. Rajoutez à cela tout le reste de la ville en guise de supporters, rien que ça, et vous vous doutez bien que les sources de tensions peuvent être nombreuses, entre étudiants pour différents personnels, entre joueurs pour des problèmes sportifs, ou encore entre adultes pour tout et rien à la fois (même si ça a souvent à voir avec le football).
Un Teen Show sportif…
C’est dans ce cadre-ci qu’arrive un tout nouveau coach, Coach Taylor (avec sa femme et sa fille de quatorze ans) dans la ville pour entraîner l’équipe lycéenne des « Dillon Panthers ». Et il faut savoir que cette année, l’équipe est particulièrement prometteuse, avec sûrement le meilleur quaterback que l’équipe ait connu : Jason Street (ndlr : quaterback = meneur de jeu au football américain). Vous vous doutez bien que les attentes sont énormes de la part de la ville, et la blessure définitive de Jason dès le premier match ne va pas faciliter les choses. Le coach va devoir composer avec Matt Sarracen, quaterback débutant, pour essayer de décrocher les victoires tant attendues.
Alors forcément, chaque saison livre son lot de matchs, de tactiques, et de testostérone. Mais on n’est pas forcément obligé de connaître ou d’être un fan de football américain pour apprécier les matchs, la dimension tactique étant très peu abordée. 2 ou 3 règles suffisent à suivre les saisons des Dillon Panthers sans trop de soucis.
Coach Taylor à l’entraînement.
Le pitch est assez classique, et à vrai dire l’ensemble de la série aussi, avec une trame globale tellement prévisible qu’on se prétendrait presque scénariste ou devin. Mais justement, la série a tellement de qualités qu’elle nous pousse à continuer. Le fait de se douter de la fin n’empêche pas le téléspectateur de prendre son pied, parce qu’on est forcément content du dénouement heureux pour nos petits protégés.
Il faut savoir qu’aux Etats-Unis, entrer à l’université n’est pas chose aisée scolairement d’une part, mais le critère financier entre beaucoup en ligne de compte, avec des frais de scolarité exorbitants : des frais d’inscription de l’ordre de 30.000 dollars par an en moyenne. Le sport, et particulièrement le football, permet aux meilleurs joueurs d’obtenir une bourse scolaire attribuée par l’équipe de football universitaire et ainsi d’accéder aux études supérieures. Forcément, on comprend l’engouement prononcé des personnages autour du football, souvent considéré comme une porte de sortie afin d’échapper à cette petite ville et au monde fermier…
On regrettera toutefois certaines attitudes de certains personnages qui semblent exagérées, notamment les boosters, tout ça pour des histoires de football. C’est vrai qu’on a plus ou moins la même chose en Europe avec le football qui prend des proportions gigantesques, mais quand même, ce n’est qu’une équipe de lycée… Du coup, on est souvent confrontés à des situations manichéennes, à savoir l’équipe de football du Coach Taylor contre le reste du monde. Cela peut tout aussi bien être les boosters, que l’équipe adverse, ou que la fédération. D’un côté, ça renforce notre attachement à l’équipe qui semble souvent malmenée, mais j’ai eu l’impression que tout est noir ou blanc avec des situations bien marquées.
…mais pas seulement.
Mais même si la série prend pour toile de fond le football, ce n’est qu’un support pour aborder durant ces cinq saisons tout un tas de sujets et de problématiques du quotidien et de la vie, entre autres le handicap, l’avortement, la religion (Amérique oblige), la guerre, la solidarité, la discrimination, la drogue, et j’en passe. Le tout, toujours très justement et sérieusement abordé, sans vraiment donner d’opinion, ni juger, ni prendre parti, laissant le spectateur se faire sa propre idée. On est vraiment extrêmement loin des sujets de teens shows bateau où les intrigues restent cloisonnées au monde lycéen, avec des stéréotypes et des situations niaises. Non, Friday Night Lights, c’est vachement plus profond et mature que cela malgré qu’une bonne partie des personnages soit adolescente.
Oui oui, c’est un sportif de haut niveau, et pas qu’en termes de bières enfilées.
La diversité des personnages fait qu’il y en a absolument pour tous les goûts. Le Coach Taylor mérite à lui-seul qu’on s’intéresse à la série. Avec des répliques toujours percutantes, une agressivité contenue mais bien présente, et un brin macho avec sa femme (et la gente féminine en général), il reste cependant toujours de bon conseil et sait conduire son équipe, parler aux jeunes et les forger grâce aux valeurs transmises par le sport. Après, certains diront que les personnages sont des clichés, à savoir la capitaine des cheerleeders,Tim RIggins le footballer rebelle un peu (beaucoup) alcoolique, Matt Sarracen un peu timide qui tente de trouver sa place dans l’équipe, Smash qui veut à tout prix percer pour mettre sa famille à l’abri…
Comme je l’ai dit, il ne faut pas s’arrêter à cette couche extérieure qui fait paraître le show on ne peut plus bateau, mais voir comment toutes les intrigues relient les personnages entre eux. Parce que justement, tout ce petit monde est décrit avec tellement de réalité qu’il est difficile de ne pas accrocher et s’attacher aux différents personnages et à leurs histoires. Souvent conventionnelles, elles sont tellement bien mises en scène qu’on s’y attache très facilement et qu’il est difficile de ne pas enchaîner sur l’épisode suivant pour savoir comment leur vie va évoluer.
Au fil des saisons, des personnages apparaissent et d’autres sont éclipsés. Forcément, certains élèves sont diplômés, d’autres partent à l’université ou changent de voie. Une des forces indéniables de Friday Night Lights est de sans cesse renouveler son casting au fil des saisons ainsi que les relations entre les personnages tout en gardant une certaine continuité dans la série. Forcément, les personnages « clés » comme Coach Taylor ou Tim Riggins restent bien présents et permettent de garder une certaine identité à la série. On déplorera quand même les retours de certains personnages pour le final de la série qui ne semblent pas forcément naturels, mais qui font revenir des personnages clés pour un « happy ending ». Ce n’est qu’un détail qui ne remet pas en cause la cohérence générale du scénario mais qui semble un peu sorti de nulle part…
Coach Taylor sait parfois se montrer sentiental…
Pour le reste…
Autre gros point fort de la série : sa réalisation. Les réalisateurs ont vraiment, je le pense, voulu décrire la ville de Dillon avec un souci d’authenticité, en peignant la petite ville texane typique. Bon après, je n’ai jamais mis les pieds au Texas, mais c’est le sentiment qui se dégage durant le visionnage de la série. Les scènes sont très souvent filmées caméra à l’épaule, ce qui ajoute vraiment un plus et renfonce le sentiment d’immersion, tellement qu’on se croirait véritablement devant un documentaire avec des personnes bien réelles. Chacun des personnages a en quelques sortes ses habitudes, ses hobbies, sa vie en somme. Et on se plaît à voir évoluer et aller de l’avant au jour le jour les différentes personnalités. Le tout avec beaucoup d’attention, on en devient vraiment curieux de savoir ce qu’il va advenir de nos petits protégés.
La bande originale sait se faire remarquer, avec des thèmes parfois « cowboy » (Texas oblige), d’autres plus classiques ou plus dramatiques, s’alliant parfaitement avec les situations. La musique sait toujours accompagner de fort belle manière les moments de la série, qu’ils soient anodins ou non. Elle est cependant assez discrète, et ce sont assez souvent les mêmes thèmes qui reviennent.
Dès le début de la série, le ton du Drama est donné.
Au niveau des audiences, la série a failli être annulée après la première saison (22 épisodes), malgré les nombreuses critiques positives. Il a fallu une mobilisation des fans pour qu’elle soit renouvelée. Des actions plutôt rigolotes ont été organisées, comme envoyer des ballons de football miniatures aux producteurs afin de montrer le soutien des fans à la série. Elle a finalement été renouvelée pour une seconde saison, même si elle n’est pas complète et s’arrête en plein milieu de la saison des Dillon Panthers (15 épisodes) pour cause de grève des scénaristes (la fameuse). Le reste des saisons arbore un format plus court, comptant chacune seulement 13 épisodes. Cela ne nuit pas forcément à la série, même si la partie footballistique est un peu moins présente, et qu’une bonne partie des matchs est expédiée.
Pour information, la série est tirée d’un film et d’un livre (le film est sûrement lui-même tiré du livre). Je ne sais pas dans quelle mesure la série respecte l’histoire originale, je ne me suis pas plus renseigné que cela. Mais ça reste bon à savoir s’il y en a qui veulent approfondir la chose.
« Clear Eyes, Full Heart, Can’t Loose ».
Pour résumer, Friday Night Lights est bien loin de ce que je pensais avant d’avoir commencé la série. Forcément, ça parle de sport et de teenages, mais comme je l’ai répété précédemment, ce n’est qu’un outil pour développer des intrigues à la fois intéressantes et touchantes. En fait, c’est l’authenticité et une certaine forme d’humanité qui se dégagent de cette petite ville de Dillon qui fait que l’on suit la série avec grand plaisir, malgré une certaine redondance dans certaines situations et une trop grande prévisibilité dans le scénario. C’est qu’au final, on est peut-être nous-mêmse devenus supporters de l’équipe de football de Dillon et qu’on les suivrait quoiqu’il advienne…
Et pour finir, un clip sur une des chansons phares de la série…
Les plus :
- Les valeurs abordées par la série
- La réalisation toujours au top
- La palette de personnages, sans cesse renouvelée avec justesse
- Le sentiment « d’authenticité »
- Coach Taylor
Les moins :
- Scénario souvent prévisible : assez peu de surprises
- Quelques personnages « clichés »
- Certaines attitudes qui semblent exagérées, notamment des boosters