Kingdom est une série créée par Byron Balasco, composée de deux saisons (une première de dix épisodes, une deuxième de vingt, et une troisième qui va bientôt reprendre), ayant pour sujet un sport de combat ultra-violent : le MMA (anciennement free-fight), où tous les coups sont permis et dont les affrontements se passent sur un ring entouré d’une cage de métal. À l'occasion de la sortie en DVD de la saison 1, voici la critique des trois premiers épisodes.
Pour ceux qui aiment les bandes annonces (et les autres), la voici :
Thunderstruck
Le personnage principal de Kingdom n’est pas un humain, ni même un animal, mais un lieu : le Navy St. Gym installé à Venice, un des quartiers de Los Angeles, soit la salle de sport où se passent les entraînements de MMA et où se retrouvent les protagonistes de la série. Le chef de cette salle est Alvey, un ancien champion devenu entraîneur. Malgré une introduction du personnage poussive et clichée (lors de son footing, il se prend la tête avec des mexicains d’un gang qui pensent lui faire sa fête, mais c’est lui qui les défonce parce qu’il est trooop balèze), Alvey est LE moteur de la série, un personnage fort et attachant, interprété par le charismatique Frank Grillo qui jouait Nick Savrinn dans Prison Break – l’avocat de la première saison qui voulait innocenter Lincoln Burrows avant de se faire tuer.
Alvey est aussi le père de deux enfants d’une première union : Nate le fils prodigue (futur champion) et Jay le fils indigne (alcool et drogues). Lisa, sa copine actuelle, tente de tenir d’une main ferme la gestion de la salle, car celle-ci est en grande difficulté financière tant Alvey, par amour pour son sport, laisse s’entraîner un peu tout le monde et notamment les mauvais payeurs. Et pour ajouter un peu de piment, au début de la série sort de prison Ryan, ex-espoir de la discipline et accessoirement ex-amoureux de Lisa. Malgré cette rivalité, Alvey va aider Ryan à retrouver la gloire passée.
Alvey, sous les poings, un être sensible.
Honnêtement, la série ne se prend pas la tête à créer des caractères inédits et jamais-vus, mais arrive néanmoins à poser très rapidement ses personnages principaux. Le boulot est fait, on identifie clairement les tenants et aboutissants des futurs enjeux et les protagonistes sont suffisamment plantés pour qu’on s’y intéresse. En ce sens, le pilote réussit son premier combat : exister.
Quelqu’un qui m'ressemble
Et dès les premières minutes, ce qui est indéniable est la ressemblance de Kingdom avec une autre grande série sur le sport (foot US pour le coup) : Friday Night Lights. On ne peut qu’y songer : caméra à l’épaule, grain de l’image, lumière naturelle et image de soleils couchants. Cela crée une sympathie immédiate et on prend instantanément plaisir à suivre les personnages et flâner avec eux. D’ailleurs, même ceux-ci ont un air de familiarité avec la série sur les Panthers. Exemple : le couple Alvey et Lisa fait irrémédiablement penser à Coach Taylor et Tami (surtout Alvey, qui est à la fois un entraîneur hyper exigeant et une grande gueule qui cache un grand cœur). Dans le même ordre d’idée, Ryan a un faux-air de Matt Saracen en plus viril et musclé, tandis que Jay pourrait faire penser à Tim Riggins, à savoir le sportif talentueux plein de démons qui lui confèrent un comportement autodestructeur.
Pour le bonheur des femmes (et de certains hommes) : une photo de Ryan Wheeler.
Où sont les femmes ?
Et alors, qui sont les nouvelles Julie Taylor, Lyla Garrity ou Tyra Colette ? Bah nulle part, c’est un peu ici que le bât blesse. Dans Kingdom, les personnages féminins, à part Lisa, sont inexistants, trop souvent réduites à un trophée qu’on exhibe, que ce soit la sexy kiné qu’on convoite, ou ces corps nus sans nom qui se font prendre ici et là, apportant son lot de nudité gratuite. Et même Lisa, si elle est sur le devant de la scène, vaut aussi parce qu’elle est au cœur d’un triangle amoureux qui permet de complexifier les rapports entre les protagonistes mâles. Pour donner un autre exemple, dans l’épisode trois, on fait la connaissance de Christina, la mère de Nate et Jay, et on découvre qu’elle est une prostituée accro à l’héroïne qui fait des gang-bangs avec des jeunes de 18 ans. Encore une fois, j’ai l’impression que ce personnage n’existe pas par lui-même, mais par le biais de Jay, pour lui donner un background, une raison de sa dérive.
Peut-être l’avenir de la série me donnera tort, mais sur les premiers épisodes, on sent les musclés pas très à l’aise vis-à-vis de la féminité.
Lisa traitant probablement un des hommes de gros phallocrate.
Tous ces combats
Et comme Friday Night Lights, Kingdom se sert d’un argument sportif pour donner la parole à une certaine frange de la population américaine, la classe pauvre qui, entre alcoolisme et délabrement (présent sur des détails tels la cuisine où Ryan travaille à la plonge, infectée de moisissures), fait ce qu’elle peut pour s’occuper : c’est-à-dire participer à des sports ultra-violents ou se droguer. Car oui, la drogue est très présente dans la série qui n’évacue pas la question du dopage dans le milieu des combats. Tous les personnages sont touchés ou ont touché à ce fléau à différents niveaux, que ce soit les hormones de croissances pour Alvey, l’héroïne pour Jay ou le cannabis pour Lisa. Mais il n’y a pas vraiment de condamnation ou de morale, juste une observation. Et ce sujet de la drogue, associé à la probable guerre déclenchée avec un gang de chicanos, font que la série a aussi un petit côté Sons of Anarchy, une nouvelle fois pas déplaisant. Il sera donc intéressant de voir quelle direction la série va emprunter.
Une soirée normale pour Jay.
Un dernier point sur les combats de MMA, qui sont tout de même le thème central de la série. De manière surprenante, il y en a très peu et sur les trois épisodes vus, il n’y en a qu’un, celui de Nate lors du pilote. Toutefois, celui-ci est une réussite, la réalisation et le montage assurent et rendent cet affrontement très dynamique et exaltant. De même que lorsque les combattants s’entraînent sur les punching-balls, les coups sont secs et font mal, on sent vraiment la puissance se dégager au-delà de l’écran. Et comme tous souhaitent au plus vite retrouver le chemin du ring, il y a fort à parier que cela va re-castagner sévère dans les épisodes prochains.
Malgré un excès de testostérone, on s’attache très vite à ces titans, et on suit avec intérêt leurs combats sur le ring ou dans la vie. Sans être une révolution, Kingdom propose une série qui se laisse bien suivre, car elle arrive très vite à créer de l’empathie pour ses personnages.
J’ai aimé :
- De bons acteurs qui tiennent la baraque.
- Un rythme bien géré qui fait qu’on ne voit pas le temps passer.
- Retrouver l’esprit Friday Night Lights.
Je n’ai pas aimé :
- Que justement, Kingdom ait du mal à sortir de l’ombre planant de la série de Peter Berg.
- Les personnages féminins majoritairement réduits à un défilé de boobs et de fesses.
J’ai été étonné :
- Au final, ils combattent peu.
Note moyenne des trois premiers épisodes : 13,6/20.
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