Synopsis
États Unis, entre 1870 et 1880. C'est une période difficile : le pays est en pleine reconstruction après la guerre de sécession et de nombreux évènements troublants ont lieux, notamment dans les états Sudistes. Le United States Secret Service est le service d'espionnage du président Ulysses S. Grant. Parmi les différents agents, deux sont nommés par le président pour effectuer les missions les plus délicates : James West et Artemus Gordon.
Le premier est un homme d'action et de femmes : il n'hésite pas un instant à se lancer tête baissée dans la bagarre d'où il ressort la plupart du temps victorieux. Sportif accompli et d'une intégrité sans faille, il fait régulièrement chaviré le cœur des demoiselles en détresse.
Le second est quant à lui plus réfléchi et plus posé. Véritable maître dans l'art du déguisement, il n'hésite pas à utiliser toute sorte de postiches et vêtements pour tromper l'ennemi et aider son comparse à se sortir de certaines situations délicates.
C'est également un formidable savant, capable de confectionner tout une panoplie de gadgets afin de l'aider, lui et James, à résoudre toutes les situations. Couteaux en bout de bottes, pétards cachés dans les talons de chaussures ou boules de fumées dans les manches sont autant d'ustensiles capables de faire mourir d'envie n'importe quel lecteur assidu de Pif Gadget. Nos deux compères voyagent le plus souvent à bord de leur train aménagé, luxueux palace roulant qui est lui aussi truffé de gadgets : doubles compartiments, tables pivotantes laissant découvrir une bonne bouteille de scotch ou encore panneaux amovibles, qui sont autant de cachettes utiles pour dissimuler tout leur matériel d'espion.
C'est donc dans ces conditions que James et Artemus parcourent l'Ouest sauvage pour mener à bien leur mission : faire régner l'ordre et préserver la paix. Complots politiques, meurtres, enlèvements, machines diaboliques et évènements surnaturels sont autant de problèmes et mystères que nos deux héros doivent résoudre au fil de leur aventure.
Face à eux, pléthore d'ennemis aussi coriaces que vicieux ; scientifiques psychopathes, dictateurs ou encore maniaques paranoïaques viennent régulièrement semer le chaos dans l'Ouest américain, donnant du fil à retordre à nos deux agents. Parmi la liste de ces génies du crime, l'un d'entre eux se distingue et deviendra le méchant emblématique de la série : le docteur Miguelito Loveless.
Le docteur Loveless
Nain névrosé, son seul souhait est d'asservir la société par tous les moyens. Véritable enfant gâté, il chante en préparant ses mauvais coups et est sujet à de fréquents sauts d'humeurs. Toujours entouré de jolies filles, celles-ci le conseillent et lui servent de nounou. Jaloux de West et de sa capacité à toujours sauver le monde, il en fera son ennemi juré, essayant régulièrement de le tuer par des moyens plus tordus les uns que les autres.
La série
Avant de commencer à parler de la série, un peu d'histoire pour situer le contexte. Nous sommes dans les années 1960, en pleine guerre froide. Les États-Unis d'un côté et l'URSS de l'autre se mènent une guerre silencieuse à coups de manœuvres politiques et d'espionnage massif. Il est donc tout naturel de retrouver dans le paysage culturel de l'époque de nombreuses histoires d'espionnages : James Bond, Destination Danger ou encore Max La Menace font la part belle aux espions et aux complots gouvernementaux.
Dans ce contexte, difficile pour une série d'espionnage de percer face à autant de concurrence. Pourtant, un jeune producteur, Michaël Garrison, propose une série racontant l'histoire de deux agents secrets au service du gouvernement américain mais à l'époque du Far West. Garrison souhaite offrir au spectateur tout ce qu'il peut voir dans un film (action, mystère, suspense, érotisme et exotisme) au format d'une série télévisée, à savoir des épisodes de 50 minutes.
C'est ainsi que le 17 septembre 1965 est diffusé pour la première fois sur CBS « Night of the inferno », épisode pilote de la série The Wild Wild West. Celle-ci met donc en scène les aventures de James West et Artemus Gordon, agents secrets, incarnés par Robert Conrad et Ross Martin. Ce pilote réalise une très bonne audience, malgré une concurrence assez rude ; diffusée le vendredi soir, la série a du se faire une place entre Tarzan et le Frelon Vert. Face a de telles audiences, et malgré la mort de son créateur en 1966, la série sera renouvelée 4 saisons.
En France, c'est la deuxième chaîne qui s'attribuera le succès de la série, rebaptisée « Les mystères de l'Ouest ». Chose assez rare pour l'époque, le doublage de la série est de très bonne qualité, ce qui est probablement l'une des causes du succès de la série dans l'hexagone.
En 1969, alors que les audiences de la série ne chutent pas, CBS décide de mettre fin à la série. La raison évoquée alors est la trop grande violence, qui est en désaccord avec les nouvelles lois sur la censure. Quand on revoit les épisodes à l'heure actuelle, il est difficile de se convaincre que s'en était la cause réelle d'annulation.
Il faut attendre 1979 pour voir revenir les deux agents secrets au travers d'un téléfilm : The Wild Wild West Revisited. Face au succès rencontré, la chaine CBS en produit alors un second More Wild Wild West qui fut lui aussi un succès.
Mais en 1981, l'acteur Ross Martin succombe à une crise cardiaque. Ayant déjà souffert de problèmes de cœur lors du tournage de la saison 4 de la série en 1969, il avait été remplacé par plusieurs acteurs dans son rôle de Gordon. Sa mort met fin à l'espoir des fans de retrouver le personnage dans de nouvelles aventures.
En 1999 sort le film adapté de la série « Wild Wild West ». Bien que reprenant de nombreux éléments de la mythologie de la série, le film de Barry Sonnenfeld avec Will Smith et Kevin Kline est un échec tant commercial que critique. Le film n'est qu'un énième blockbuster destiné à engranger de l'argent sur une licence juteuse et les fans ne s'y trompent pas, boudant très largement le film.
Affiche du film
Il recevra d'ailleurs cinq récompenses au Razzie Awards 1999 : pire film, pire couple à l'écran, pire réalisateur, pire scénario et pire chanson originale. Robert Conrad lui même viendra récupérer trois de ces prix, montrant ainsi le peu d'estime qu'il a pour le film.
Alors que l'on croyait la franchise morte et enterrée suite au fiasco du film, la série refait parler d'elle en cette fin d'année 2010. En effet, Ronald D. Moore, producteur ayant remis au goût du jour la série Battlestar au travers du remake Battlestar Galactica, prévoit un reboot de la série. Encore au stade de projet, on peut toutefois espérer, au vue du travail accompli pour Battlestar, que l'on aboutisse à un remake de qualité capable de faire oublier le film.
La recette d'un succès
Pourquoi la série a aussi bien fonctionné ? La première raison est, je pense, son côté inclassable ; la rabattre à un seul genre serait grandement réduire sa portée. Certes, elle peut être rattachée au western. Elle en reprend d'ailleurs de nombreux codes mais on est au delà des pilleurs de banques ou des échanges cowboys et indiens. Ici, les intrigues sont dignes d'un James Bond. D'ailleurs, les deux personnages principaux sont agents secrets et utilisent de nombreux gadgets.
Un autre lien très fort avec les séries d'espionnage sont les méchants. Exit le pouilleux sur son cheval tirant dans tous les sens. Ici, les ennemis sont des génies du mal, disposant d'une solide éducation et possédant un raffinement très poussé. Ce sont des cerveaux et rechignent souvent à s'abaisser à se bagarrer. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils sont toujours entourés d'homme de mains, toujours très costauds mais complètement stupides.
Mais la série s'attarde également du côté du fantastique et de la science fiction. Apocalypse nucléaire, monde dominé par des robots, expériences sur les humains, autant de thèmes traités habilement par la série et qui lui ont permis de se renouveler au fil des saisons. Les phénomènes surnaturels et inexpliqués sont ainsi légion et l'ambiance glauque qui s'en dégage est digne des productions d'horreurs des années 1920-1930. Village fantôme, gare abandonnée sont autant de décor propice à l'expression de puissances occultes que les deux héros doivent affronter.
A ces genres sont adjoints une bonne dose d'humour et de nombreux artifices du policier (rebondissements multiples, meurtres, trahisons), ce qui en fait une série définitivement inclassable.
L'autre raison qui fait que la Wild Wild West a su se démarquer des autres séries est le jeu des apparences auquel le spectateur est confronté. Toute chose cache un secret et il faut toujours être sur le qui-vive. Chaque élément de la série a plusieurs facettes et cache un mystère.
A commencer par les deux héros, de simples cowboys en apparence. Pourtant, ce sont des agents secrets et cachent souvent tout un attirail digne de James Bond, malgré leur tenues désuètes. Leur passé nous est également inconnu : on ne connait absolument rien d'eux, mis à part leur mission. D'où viennent-ils, qu'ont-ils fait auparavant, d'où leur vient leurs talents ? Aucune réponse n'est donnée au spectateur et le mystère autour des deux héros reste entier.
Ce sont également les lieux qui sont chargés de mystère. En apparence, nous sommes en présence d'un décor de western : vastes plaines, villes miteuses à la frontière mexicaine, grandes métropoles... Des lieux classiques pour le genre, qui nous sont montrées en premier plan. Pourtant, ces lieux cachent d'innombrables caves, passages secrets, labyrinthes, laboratoires ou pièges.
On a ainsi deux mondes : un premier, celui de la surface, celui que l'on connait tous plus ou moins, celui éclairé par la lumière du jour, ouvert sur de vastes espaces, celui où les gens normaux évoluent. Et puis nous avons le côté obscur, le monde souterrain, petit, étroit, clos, sombre, celui que l'on ne voit pas, celui où tout peut arriver, celui où les criminels officient. Une sorte de négatif de la surface, un monde où le mal est le maître. Et bien évidemment, il déborde de ce monde souterrain pour envahir le monde de la lumière, essayer de le détruire. Et dans ce duel, il pervertit les objets du quotidien pour les transformer en armes. Un piano, un stylo ou encore un parapluie deviennent ici des objets de mort, faisant naître chez le spectateur un sentiment constant d'oppression et d'insécurité. Tout peut être mortel et le spectateur est constamment sur le qui-vive.
Et les deux héros sont au final les protecteurs. En utilisant les mêmes méthodes que les criminels, ils parviennent à les repousser, à rendre l'environnement plus sur, à redonner confiance au spectateur. Et c'est ce jeu continuel sur ces sentiments qui fait que la série est toujours aujourd'hui très plaisante à regarder et garde sa force. On joue directement sur les sensations du spectateur et au final, il y a peu d'effets spéciaux. Ce sont les multiples facettes des lieux, des personnages qui font que la série est unique et autant appréciée.
Et c'est surement ce qui a manqué au film, cette sensation constante de ne jamais savoir ce qui va arriver, cette sensation d'oppression, injustement sacrifiée sur l'autel des effets spéciaux.
Les restes d'une série culte
Et au final, si l'on vous parle des Mystères de l'Ouest, qu'est ce qui vous vient à l'esprit ?
Le générique tout d'abord, extrêmement soigné et complètement en harmonie avec la série. Cinq cases, à la manière d'une bande dessinée. La case centrale s'active et un cowboy marche. Puis, les quatre autres s'activent tour à tour, chacune avec son piège et son danger. Tout est dit ici : on a un justicier au far west (vraisemblablement James West) qui doit affronter toutes sortes de péripéties. Les apparences sont trompeuses et les traîtres sont nombreux (la femme par exemple). Certaines menaces sont inconnues (la main) mais le héros s'en sort, notamment grâce à ses gadgets.
Nous avons ensuite un plan sur le train, nom des acteurs et personnages. En une minute, tout le décor est planté, aussi bien les personnages que l'ambiance. Le tout est également porté par une musique complètement en adéquation avec la série, qui n'est pas sans rappeler celle d'Indianna Jones (si, si, écoutez les deux côtes à côtes et vous verrez).
Le générique de la série
Le nom des épisodes aussi. Tous sont de la forme « The night of ... ». La encore, un gimmick caractéristique de la série. La série se déroulant la plupart du temps la nuit, les titres sont là encore en adéquation avec les épisodes et le côté obscur de celle-ci. Généralement, la seconde partie du message fait d'ailleurs souvent référence à un élément mystique, mystérieux ou surnaturel (« The night of Inferno », « The Night of the Falcon », « The Night of the Feathered Fury », … ). Là encore, un soin particulier est apporté sur cet élément, en apparence insignifiant.
Les autres points marquants sont la quantité incroyable d'inventions et autre gadgets. C'est surement l'une des caractéristiques les plus marquante de la série, ces incroyables bricolages qui permettent de tirer les héros de mauvais pas ou au méchant de tenter de dominer le monde. Toutes ses inventions fascinent les spectateurs et libèrent l'imagination. Il faut dire qu'au moment des premières diffusions de la série, nous sommes dans les années 60, en plein essor technologique. La population est de plus en plus tournée vers la technologie et la série suit le mouvement : petit à petit, le petit monde de Wild Wild West utilise de nouvelles technologies, rendant au final la série proche de son temps.
Au final, c'est un article un peu long que j'ai rédigé mais la série est tellement riche qu'il est difficile de faire une présentation très courte. Véritable jeu des apparences, la série possède une réelle maîtrise de son environnement et de sa mythologie, ce qui la rend, même aujourd'hui, très plaisante à regarder. Pour ceux qui n'auraient jamais eu l'occasion de voir un épisode, je ne peux que vous encourager à le faire, la série repasse d'ailleurs assez régulièrement sur la TNT. Pour les autres, je vous invite à partager vos souvenirs et votre opinion dans les commentaires.
Et surtout, méfiez vous des apparences !
Sources : wikipedia, aux frontières des séries, 6bears.com