What the fuck did I just watch ?

Oufffhhh, cette ambiance oppressante dans l'hôtel ! Je m'attendais à un établissement miteux avec que des couloirs tous serrés bien glauques, et au final, les pièces sont hyper larges avec un décor à la Shining qui m'a aussi étrangement fait penser à Bioshock (le meilleur jeu vidéo des années 2000, soi dit en passant). C'est hyper large et pourtant hyper oppressant.

La faute (ou grâce, selon comment l'on se place) à un gros travail sur la lumière. En effet, cette oppression dans l'hôtel n'arrive pas à chaque fois. Lorsque le nouveau propriétaire arrive (faisant quand même très redite de la saison 1), ou encore, lors de l'arrivée du flic dans l'hôtel sous fond d'Hotel California <3, cela allait beaucoup mieux.

Petit aparté : En parlant de la saison 1, c'est moi ou le personnage de la propriétaire est le même que pour Murder House ? Du coup, y'aurait-il un réel lien entre les saisons 1 et 5 comme il y en a un entre les saisons 2 et 4 ?

Mais du coup, je n'ai vraiment pas aimé cette ambiance hyper lourde, c'était vraiment dérangeant. Mais quelque chose me dit que c'était exactement l'effet souhaité... Du coup, quelle "bouffée d'air" lorsque l'on se retrouve dans des scènes extérieures avec le flic en mode Se7en !

Ce qui participe à l'ambiance malsaine, c'est aussi à cause des personnages présent dans l'hôtel semblant dénués de toute humanité. On a l'impression que ce sont des objets faisant partie du décor de l'hôtel. Mais encore une fois, je sens que c'était l'effet souhaité...

Comme à chaque début de saison, on s'amuse à deviner quel acteur est caché sous quel personnage. J'avoue que j'ai eu du mal à reconnaître l'acteur qui avait pris les traits d'Edward Mordrake dans la saison précédente. Bordel, il joue visiblement un gentil dans cette saison mais qu'est-ce que ses yeux sont flippants ! Même chose pour Denis O'Hare qui, comme chaque année, s'amuse comme un petit fou dans cette série en prenant toujours des costumes pour le moins... singuliers...

Pour ce qui est de Lady Gaga (que je vais enfin pouvoir arrêter d'appeler Lady Caca puisqu'elle n'est pas là pour chanter mais pour jouer !), comme pour tous ceux présents dans l'hôtel, j'avoue que j'ai un peu de mal à cerner son personnage. M'enfin je suppose qu'on apprendra à les connaître, elle et les autres, au fur et à mesure de la série... Elle a d'ailleurs déjà commencé avec le flashback assez inattendu de Sarah Paulson et Matt Bomer. Et puis, au moins, ça change de Jessica Lange qui, si elle est, en effet, une excellente actrice, avait tout le temps le même rôle depuis la saison 2 et ça commençait à devenir très lourd...

Bon, sinon, scénaristiquement, comme les personnages sont déshumanisés et que le tout est assez bordélique et confus, c'est un peu dur de tout piger et d'accrocher.

Je ferais en plus deux remarques :

- Pourquoi faire une mise en scène : "oh my God, ce qui va leur arriver est absolument horrible" alors que les deux filles ne vont qu'être forcées à avaler une huître et des rognons ? Bon, certes, c'est pas très râgoutant mais bon, ça va, y'a quand même pire comme torture...

- J'ai pas compris pourquoi le gamin du proprio est hyper apathique une fois qu'il se retrouve devant les écrans de Lady Gaga... Serait-ce une critique méta sur la télévision ?

Bref, il est clair qu'il y a du travail dans tout ce qui touche à la réalisation mais je n'aime vraiment pas le parti pris pour cette ambiance. Mais c'est clairement voulu donc je reste indulgent.

Je suis malheureusement pour le moment assez d'accord quasiment en tout point avec l'excellente critique de Cail1, cet épisode est bourré de défauts et manque de direction... mais je ne peux m'empêcher d'en être assez fan et d’en arriver à une conclusion différente ! Je trouve encore une fois impressionnante la capacité qu'a la série à se renouveler et j'ai pris un énorme plaisir à m'immerger dans un nouvel univers déjanté et débordant de créativité.

C'est un bon pilote en soi, au format assez long avec quelques scènes d'ailleurs un peu trop lentes de parcours dans les couloirs (l'hommage à Shining ne s'applique pas bien au rythme frénétique usuel de la série), mais là où celui de la saison 4 impressionnait par ses thèmes denses, ses personnages interconnectés intéressants et son ambiance à couper le souffle, Hotel ne possède pour l'instant que ce dernier point.

Je suis ultra fan du style visuel, sorte de genre art-deco mélangeant moderne et rétro dans ces teintes de jaunes froides et sensuelles à la fois. C'est un cadre où les personnages hauts en couleur tous plus bizarroïdes les uns que les autres excellent : la réceptionniste malpolie (Kathy Bates), la femme de ménage folle dingue (Mare Winningham, dont le surjeu est pour une fois justifié), l'excentrique Liz Taylor (Denis O’Hare dans un rôle surprenant), et bien évidemment Lady Gaga... la Lady Gaga (interprétée par Lady Gaga).

C'est un peu la saison de Gaga et à raison. Gaga impressionne dans le peu de scènes qu'elle a, de par son charisme et sa prestance, même si on sent qu'elle est aussi fébrile et hésitante par moments, ce qui donne finalement une couche intéressante à son personnage - pour le moment trop brumeux pour être attachant cela dit. Matt Bomer lui convient parfaitement en sidekick décalé émo qui reste dans son ombre. Leur scène d'introduction totalement gore, visuelle et vulgaire dans tous les sens du termes, est très réussie et mémorable, avec une excellente bande-son comme durant tout l'épisode (Hotel California, She Gets Revenge... <3).

Le gros problème de cet épisode, le seul mais de taille, c'est qu'il n'y a aucune cohérence ou liant entre les intrigues. Ou très peu. Tout le but est bien sûr d'explorer les liens entre les personnages par la suite, et le pilote le fait petit à petit avec Kathy Bates qui est révélée être la mère de Donovan, amant de Lady Gaga, mort à cause de Sally, prisonnière de l'hôtel, etc. Un peu à la manière de Murder House à nouveau, on retrouve une galerie de personnages hauts en couleur dont les liens sont flous mais prometteurs.

Et il y a l'intrigue policière avec un tueur en séries. On a le plaisir de suivre le beau gosse Wes Bentley, et le plaisir de retrouver aussi Chloë Sevigny. Leur background sur la disparition de leur fils est assez touchant et constitue une bonne base. A nouveau c'est assez déconnecté du reste, mais cela fait du bien de retrouver un peu de "modernité sérieuse" dans la série, avec une intrigue policière qui semble travaillée et intéressante.

Côté réalisation la série se surpasse de saison en saison en livrant probablement son ambiance la plus belle et travaillée (purée ce qu'on revient de loin après Murder House à ses débuts !).

A noter que pour une saison dont on retient surtout Lady Gaga, elle apparaît peu. Elle a l'air déjà de faire graviter tous les personnages ensemble, certes. Mais il faut se rappeler que dans certaines séquences promos, ils avaient carrément REMPLACE le sous-titre "Hotel" par "Lady Gaga" (donnant donc American Horror Story : Lady Gaga). Finalement c'est très bien dosé ici. Bien que sa présence m'intéressait énormément, j'avais un peu peur de trop la voir. Finalement, le trash ambiant de tout l'épisode est amplement suffisant pour s’inscrire dans l’horreur (violences sexuelles voire viol, sang qui coule à profusion et sexe aussi explicite qu'un prime network ne l'autorise…). Et cela met en valeur les quelques scènes où elle est réellement là, vers la fin.

Comme toujours c'est inégal, il y a notamment le personnage de Sarah Paulson qui est probablement son pire de la série. Je trouve d'ailleurs que voir déjà que la junkie a pu mourir du haut de l'hôtel et pourtant continuer à rester dans les lieux sans vieillir, spoile déjà beaucoup trop l'inspiration de la saison à Murder House ? Les liens sont multiples (cela fait déjà plusieurs fois que je fais la comparaison avec la première saison), d'ailleurs on retrouve l'agente immobilier Marcy de la saison 1 revenir est un clin d'oeil subtil aux fans qui fait plaisir.

Je pense en plus que ce premiere ne sera pas représentatif de sa saison. Je suis persuadé que le trash va être réduit par la suite, et que les personnages vont être approfondis. C'est un peu bizarre de dire ça mais bon de toute façon ça ne relève que de la spéculation de ma part, on verra bien si je me trompe sur la question.

Je suis donc impatient de voir ce que Ryan Murphy et sa team nous ont concocté cette année, même si j'ai quelques réserves, car l'univers me plait beaucoup et succède pourtant à une saison que j'ai beaucoup aimé. J'ai notamment l'impression que cette saison souffrira du même défaut de la 4 qui a été de ne pas avoir de fil conducteur, mais a tout de même l'ambiance dingue qui va avec, des décors somptueux, une bande-son superbe et une originalité inégalable.

Cela force tout de même le respect de voir l'imagination des auteurs de la série, qui font un reboot chaque année sans jamais trahir l'identité de la série. Et cela n'a jamais été aussi vrai qu'avec ce premier épisode d'Hotel, où AHS sort de ses sentiers battus nommés Jessica Lange, Frances Conroy, cadre temporel très lié au passé, etc. Ici, c'est un grand pas dans la modernité sur tous les plans : casting, esthétique et scénario. L'histoire reste faible et l'intention de la saison peu claire, mais j'ai hâte de voir la suite.