Excellent épisode. Vu l'actualité, traiter ce thème (comme c'est dorénavant LA chose à faire en ce moment) n'était pas spécialement original ou audacieux, mais le faire bien était en revanche périlleux. Je m'attendais à quelque chose de plus grossier, mais j'étais surprise : le pari est complètement réussi. Ce n'est pas forcément original, mais la série le fait à sa manière, avec de la retenue et de la précision.

Autant j'ai été parfois un peu déçue de la tournure que pouvaient prendre certains épisodes (je me souviens de cet épisode dans la troisième saison qui débutait par une fusillade dans un refuge pour femmes battues et qui avait dérivé sur quelque chose de totalement différent), autant un épisode qui commence par une opération de couverture sur fond de drogues et de gangs mais qui se dirige vers ce sujet-là, j'ai bien aimé. C'est beaucoup plus natural et prenant émotionnellement.

Le scénario et le déroulement de l'enquête ne pouvaient être plus parfaits. Le meurtre qui lance l'enquête, c'est le sujet sensible de l'épisode, à savoir le viol et le meurtre d'une jeune fille. Mais au lieu de se contenter de s'apitoyer sur le sort de ces femmes, on passe à un triple-meurtre de vengeance. On a d'ailleurs affaire à Q., très bien portée par son actrice, extrêmement sobre et froide. Et c'est là que l'épisode s'offre l'opportunité d'exploiter le sujet : au travers de Kim et de ce qu'a vécu sa sœur Nicole l'an dernier (en plus ça approfondit le background et l'univers de la série), mais aussi au travers de l'enquête en elle-même. Car tout l'épisode, paradoxalement, consiste à retrouver le responsable de ces meurtres, tout en sachant très bien qui est le commanditaire des viols et qu'il est en liberté. Et c'est en ça que l'épisode excelle car c'est le thème premier, la base fondatrice de la série : le questionnement sur la moralité, les lignes floues entre ce qui est dans la loi et ce qui est bien ou juste.

Kim représente parfaitement cette réflexion dans cet épisode, avec beaucoup de justesse (la dernière scène est magnifiquement jouée par Marina Squerciati), et cela permet aussi au personnage d'évoluer parce que ce qu'elle avoue à Voight, il le sait et le comprend parfaitement : c'est l'essence même du personnage et au-delà de ça, de la série. Donc nous, on ressent tout ça depuis cinq ans, mais Kim, elle, se découvre au fur et à mesure, et c'est très touchant de la voir évoluer comme ça (au passage).

Pas de dialogues un peu con-con sur l'égalité entre les sexes ou les problèmes de harcèlement, mais quelques remarques justes (tout le monde a tout de suite pensé que Q. était un homme, notamment), pas de confrontation d'opinions etc., pas vraiment d'opinion tout court (paradoxal encore une fois, mais intéressant de ne pas faire intervenir les personnages dans ce sujet, c'est d'ailleurs ce qui fait la qualité de l'épisode à mon sens).

L'enquête avance a un rythme assez lent mais pourtant soutenu, on ne voit pas les fils du scénario, c'est très fluide et toujours très sobre et juste.

Voilà, cet épisode arrive à traiter un sujet d'actualité sensible mais sur lequel tout le monde surfe en ce moment, tout en faisait évoluer ses personnages, questionner l'aspect moral de certaines actions et leur légitimité, c'est-à-dire revenir aux fondations de la série. L'occasion d'avoir des nouvelles indirectes de Nicole et beaucoup de petits détails qui enrichissent l'univers de la série (Voight au téléphone à la fin de la série, qui prouve que tout est encore très surveillé question paperasse).

Il manquait peut-être un peu d'émotion, mais il y en avait quelque part, c'était juste différent. Très bon travail... Ça fait plaisir.

Et le titre, bien que paraissant niais, est parfait.