Ca n'a échappé à personne : l'épisode commence comme un Black Mirror classique. Pas celui de la BBC, mais celui de Netflix avant que ça ne devienne vraiment tout pourri. Pour être parfaitement honnête, j'ai cherché le nom de l'actrice parce que j'étais persuadée que c'était elle qui jouait dans l'épisode où toute la population est notée.

Personnellement, je trouve l'idée de base vraiment exceptionnelle. Un monde où chacun communique sans se voir, et où personne ne se rend compte que les gens disparaissent "dans la vraie vie", c'est très simple, mais ça fonctionne parfaitement. Et la manière dont sont introduits le Docteur et Ruby fonctionne très bien. 

La deuxième partie est effectivement un peu plus plate, mais elle est clairement balayée par la fin de l'épisode, où je me suis prise une vraie claque quant au racisme envers le Docteur. J'étais déjà convaincue par N'Cuti, mais cet épisode m'a achevé.

Je ne sais pas si c'est une bonne idée, et nécessaire de traiter de couleur de peau dans une série si ouverte et diverse que Dr Who. Mais, en revenant sur terre 5mn, en se remettant au coeur de l'actu, en vrai je dois dire que ça ne peut pas faire de mal d'en parler.

L'épisode commençait comme un pastiche un peu naze des pires heures de black mirror, et monte en puissance vers une histoire de valeurs et de communauté. J'ai vraiment apprécié l'exercice malgré des grosses longueurs.

Cette saison est définitivement surprenante !

RTD est revenu, aux commandes de pas moins de trois spéciaux, et d'une saison entière. Après tout ce temps. 

Après ses spéciaux anniversaires qui avaient un regard sur la série toute entière, RTD se décide à introduire son nouveau Docteur via toute une panoplie d'émotions qu'il ressent lui même.

La joie (Ruby Road), l'émerveillement (Space Babies), la mélancolie (Devil's Chord), la solitude (73 Yards), et ici la colère et frustration.

Plus que jamais, RTD nous prouve qu'il est le Docteur de sa nouvelle ère et est bien décidé à nous emmener dans des recoins qui ne ressemblent à aucun des précédents

Mais la question qui se pose ici est de comment nous faire ressentir cette colère ?

C'est bien simple, RTD ici se pose avec un épisode hyper-intelligent qui aurait été catastrophique dans bien d'autres mains mais qui chez lui, adepte des satires, fonctionne parfaitement.

RTD nous montre l'absurdité de la société du paraitre, prédominante chez les élites, au point où cela déborde au travers de la structure de l'épisode lui-même qui apparaissait en premier lieu comme un épisode boomer sur le danger des écrans, avant de briser tout ça petit à petit et finir sur un grand coup de marteau dans la vitre : Dans ce monde du paraitre, ce qui diffère physiquement de la norme sera toujours vu comme une anomalie, comme inférieur. Dans ce monde du paraitre, le racisme systémique l'emportera systématiquement sur le bon sens, la raison et même l'instinct de préservation.

Quand le refus de voir la réalité, en dépit même de la moralité de chacun, quand la Bulle est impossible à percer, même le Docteur ne peut rien y faire.

L'imbécile  préjudice l'emporte face à la raison, et c'est ce qui est aussi frustrant.

Royal épisode.

Pour la première fois depuis le début de la saison, RTD décide de terminer un script, en dépassant une simple décalque de Black Mirror par un twist assez (très) efficace. La rupture d'identification au personnage principal est d'autant plus brutal que tous les indices étaient là sous nos yeux (L'héroïne qui refuse de parler au Docteur parce qu'il est noir, mais qui accepte Ruby, par exemple). De fait, le cri, puis le rire du Docteur est de loin la chose la plus terrifiante que j'ai vue dans la série depuis des plombes. Comme le dit très justement Omar, il y a des monstres (le racisme systémique en l'espèce) que même le Docteur ne peut pas vaincre. Très bel épisode.

PS : Et on passera gentiment sur l'IA méchante, qui est, de loin, la chose la plus mal écrite (et incohérente) de l'épisode.

Manifestement, Ncuti Gatwa avait encore des engagements ailleurs, car il apparait moins de dix minutes dans cet épisode, dont neuf par écran interposé.

Sinon, un épisode très Black Mirror, qui souffre d’un tunnel de remplissage (lorsque Lindy Pepper-Bean se retrouve avec Ricky September), mais qui est bonifié par un propos assez corrosif (l’IA qui ne supporte plus les influenceurs et la superficialité des échanges sur les réseaux sociaux).

Un épisode dévastateur, avec le Docteur qui peut combattre des limaces badass, des poivrières, ou des draps volants mais qui sera toujours impuissant face aux vrais monstres.